mardi 3 mars 2020

Le crépuscule de l'universel, Chantal Delsol, Ed du Cerf


Le crépuscule de l'universel, Chantal Delsol, Ed du Cerf


Nous trouvons en face de nous, pour la première fois, des cultures extérieures qui s’opposent ouvertement à notre modèle, le récusent par des arguments et légitiment un autre type de société que le nôtre. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Du temps où les Occidentaux se distribuaient le monde comme des gangsters se partagent une banlieue, les pays colonisés ne rêvaient souvent que de nous ressembler. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La société musulmane est communautaire et organique, tissée par des liens primordiaux, comme toutes les sociétés historiques. Elle n’a pas, comme les sociétés occidentales, mué vers la société façonnée par les contrats, où la solidarité est volontaire et acquise. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le discours asiatique sur les valeurs a pour but et pour conséquence de proposer une autre manière de comprendre les droits, appuyée sur une autre anthropologie, dans laquelle l’homme est social avant d’être un individu, défini par ses relations et non par son autonomie.  Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

On peut dire que la vision humaniste moderne a produit une vision humanitaire postmoderne Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

On sent toujours une sorte de jubilation intérieure quand un contemporain constate que l’homme est tombé de son piédestal après les trois révolutions de Galilée (la terre n’est plus le centre du monde), Darwin (l’homme n’est plus au centre de la création) et Freud (l’homme n’est plus au centre de lui-même Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel


Pendant que l’humanitarisme occupe toutes nos pensées et structure nos croyances, l’humanisme en tant que tel s’éloigne de nous. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Lorsque la transcendance s’efface, puisqu’ici il s’agit d’une religion transcendante, reste la morale correspondante. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Aucune culture ne vit sans morale. Corrélativement, on sait bien qu’aucune culture ne vit sans une forme ou une autre de religion. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le désir de bien absolu qui s’exprime à travers l’humanitarisme postmoderne, pourrait compenser la perte de Dieu, servir à soi seul de religion pour des esprits dépouillés de leur Dieu qui quêtent un sens et un idéal. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Une croyance peut s’effacer, une foi peut s’effondrer, mais une morale est affaire d’habitude et fait pour ainsi dire, partie des meubles. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le christianisme s’effondre en tant que religion commune, mais il laisse, comme la vague en se retirant, l’universalisme et le personnalisme qui vont engendrer les droits de l’homme et l’humanitarisme actuel. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Des saints ou des personnages vénérables de la religion, qui, s’ils apportent un discours répondant aux attentes contemporaines, sont mis en avant et célébrés pour la valeur de leur message. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Aucune nouvelle religion ou sagesse ne saurait faire table rase du passé : toujours elle récupère l’état des lieux, le reprend à son compte et lui prête de nouveaux fondements, de nouvelles significations. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La pensée humaine est une succession de prolongements, seule une idéologie totalitaire peut croire à la tabula rasa, Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Un récit qui donne sens à l’existence – un mythe – est toujours idiosyncrasique, c’est-à-dire inscrit dans une particularité, propre à un territoire. Seule la vérité est universelle, et c’est d’ailleurs sa caractéristique. Or nos mythes tentent de fonctionner comme des vérités universelles : ils se veulent valables pour toutes les cultures et prétendent s’imposer partout. Ils peinent à accepter la pluralité, et même se comportent parfois de façon fanatique. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Il n’y a plus de fin de l’histoire, mais les conquêtes morales se sont figées en religion. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’homme, dignifié en « personne » par le judéo-christianisme, devient un individu sous la religion humanitaire, avec toutes les conséquences afférentes en termes d’oubli du bien commun. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Une société purement individualiste n’est pas viable – le terme même de société requiert le lien. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’humanitarisme est « en guerre avec l’être », parce qu’il veut s’émanciper de tout, mais il a tort de penser que l’humanitarisme est capable de détruire l’humanité de l’homme. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

On peut décrire l’humanitarisme comme un héritier déçu de l’humanisme judéo-chrétien, qui a remplacé la sacralité de l’homme par la sacralité du monde (d’où l’écologie radicale ou le veganisme) ; qui a remplacé l’humanisme stricto sensu par la philanthropie ; qui a remplacé la personne par l’individu, avec toutes les conséquences afférentes – substituant la victimisation personnelle à la responsabilité personnelle ; qui a évincé la foi monothéiste et a élu pour religion la ferveur moralisatrice. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les autres siècles étaient moins sensibles que le nôtre, du moins ils avaient une optique plus profonde, ne serait-ce qu’à travers les yeux aveugles, prophétiques et inattendris, de l’acceptation, autrement dit, de la foi. Faute de cette foi, nous gouvernons désormais par le sentiment. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel.

C’est bien parce que ce culte du progrès moral est intolérant et prosélyte, qu’il se heurte à des adversaires dans le monde entier. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les mises en cause de l’esprit moderne se redéploient aujourd’hui tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’espace occidental. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’individu des Lumières, dont on revendique l’autonomie face à ses groupes d’appartenance, n’est plus capable de dépasser son intérêt égoïste – il se noie dans sa propre image, tel Narcisse, et ne façonne aucune société digne de ce nom. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’individu libéré de ses groupes d’appartenance est tombé esclave de soi : Du self au selfie, une nouvelle forme d’aliénation, Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Aristote s’oppose à son maître Platon : il y a une différence de nature entre une grande famille et une petite cité… C’est à partir de la différenciation aristotélicienne que les gouvernements libéraux, ou constitutionnels-pluralistes, deviendront possibles en Europe. Pourtant, jamais la thèse platonicienne n’en sera effacée. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le paternalisme, et à sa suite l’autocratie, repose sur une croyance de l’inégalité en maturité. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Reproche à la démocratie de ressembler trop souvent à de la démagogie, et, ce qui revient au même, de donner la parole à des gens incompétents et trop livrés à leurs intérêts particuliers. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Il n’y a pas de droits en dehors du contexte historique. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La démocratie ne nie pas qu’il existe des vérités en religion ou ailleurs, mais elle instaure la politique en dehors de la vérité, dans le paysage du bon sens ou de l’opinion, en un lieu sans certitude et humble dans ses assertions. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Holiste est la société qui place la valeur du Tout au-dessus de la valeur de l’individu (qu’il soit considéré ou non comme une personne). Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La démocratie est vue comme un régime qui donne la parole aux opinions erronées et dangereuses, suscitant ici le chaos, et là l’hérésie. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Pendant très longtemps, on supporte et accepte avec vaillance les sévices des communautés sur l’individu (le père ou le grand-père incestueux, les prêtres pédophiles, l’épouse battue), faisant taire le cœur et ses souffrances pour respecter un ordre reconnu indispensable et presque sacré. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La démocratie est précieuse uniquement si elle débouche sur les autres gains sociaux préférés – ordre public et prospérité économique. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La philosophie personnaliste confère la dignité à la personne individuelle, mais celle-ci se comprend dans son lieu et dans son temps, dans son environnement global, au contraire de l’individu qui règne souverainement sur son temps et son espace. La liberté de l’individualisme est totale (« ma liberté s’arrête là où commence celle des autres »), celle du personnalisme est située (ma liberté est auto-limitée selon ma vocation, mes devoirs et mes liens). Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Par excès de douceur et d’humanitarisme, les individus des États providence n’ont plus de « motivation à se donner de la peine ». C’est l’éternel argument, déjà présent chez Aristote. Il ne s’agit pas seulement du fameux « pragmatisme » asiatique : mais de l’énoncé d’une anthropologie naturelle, assortie d’une morale naturelle qui lui correspond. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’homme est un être qui a besoin de liens et de solidarité, qui devient paresseux si on l’entretient abusivement, qui accroît ses capacités si on lui demande des efforts proportionnés, etc. Pour l’ordo-libéralisme comme pour Lee Kuan Yew, le système libéral et le système providentialiste sont idéologiques, c’est-à-dire éloignés des réalités humaines. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’individu a besoin d’ancrages dans ses responsabilités, mais celles-ci, de fait, le restreignent et l’obligent, et c’est pourquoi l’Occident postmoderne a tendance à l’en exonérer. La sacralisation de la liberté individuelle mène à la déresponsabilisation à tous les niveaux. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Simone Weil avait écrit que si ces besoins de l’âme sont interdits ou étouffés, ils produisent des « nourritures psychiques empoisonnées » qui sont des ersatz meurtriers, comme peut l’être le nationalisme quand l’amour pour la patrie est interdit. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Depuis les Lumières, la conception française de la nation est contractuelle, émanant d’une convention et d’un engagement – ce qui lui confère un caractère froid et abstrait, presque artificiel, en tout cas distant. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Exécution de la nation, prononcée par les Occidentaux de la deuxième moitié du XXe siècle, au prétexte que tout attachement à la nation susciterait le nationalisme, lequel nous a valu un siècle de guerres et de totalitarismes. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le « patriotisme constitutionnel » défendu par Habermas suscite le rejet, car ce n’est pas une constitution que l’on peut aimer, mais seulement une patrie avec ses paysages et ses figures humaines. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le ricanement et l’indignation permanents qui accompagnent des phrases comme « America first » de Trump, soulignent le caractère impolitique de l’Occident institutionnel. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

On connaît trop peu, outre nos Déclarations, les Chartes et Déclarations islamiques, la Charte africaine et la Déclaration russe orthodoxe. Une certaine figure de l’homme émane de chacun de ces textes. Ils parlent tous de liberté, d’égalité, de dignité, mais n’interprètent pas ces notions de la même manière. Toute énonciation d’un droit s’appuie sur l’anthropologie propre de la culture qui l’énonce. Qui est donc l’homme des droits, au détour de ces textes ? Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Figure humaine probablement marquée par les monothéismes occidentaux. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Toutes les Déclarations clament que chaque homme a des droits. Mais qui est cet homme ? Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’écologie profonde, les théories défendant les droits des animaux, les courants évoquant les « impersonnes » humaines, sont en contradiction avec toute philosophie des droits, et à court ou à moyen terme, travaillent à desceller les droits de l’homme, puisqu’ils descellent la royauté de l’homme. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’homme, qui n’est plus image de Dieu depuis la laïcisation de la saison révolutionnaire, tient sa dignité intrinsèque de ses facultés : la faculté connaissante et la faculté morale le distinguent des autres vivants et accompagnent sa dignité, s’il n’est pas dit qu’elles la démontrent. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La description de l’être humain dans la Charte du Manden : celui qui possède une « âme » ou un « esprit », et un désir de liberté dans tous les domaines. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les Occidentaux pensent couramment que leurs Déclarations sont les plus universelles de toutes, voire les seules réellement universelles. Cela, parce que leur seul fondement en serait la « raison », Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les droits de l’homme à l’occidentale auraient atteint une sorte de rigueur scientifique, une objectivité absolue, grâce à quoi leur universalité ne saurait se voir mise en doute. C’est au nom de la science (puisque brandissant la raison) que les Occidentaux s’arrogent la légitimité de dicter un droit international, ou de définir pour la terre entière les crimes imprescriptibles. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La science ne peut pas donner le pourquoi des choses, seulement le comment. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les Déclarations occidentales s’appuient donc davantage sur une éthique affichée que sur des dogmes ou postulats, religieux ou rationnels. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La Déclaration de 48 marque clairement ce qui est premier et fondateur : la volonté de mener le monde à la liberté, à la justice et à la paix. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

©ette volonté de bien est elle-même appuyée sur l’indignation devant les maux récents. Cette Déclaration est hantée par les désastres du XXe siècle et entièrement fondée sur eux. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La révolte de la conscience devant les désastres du XXe siècle représente le cœur de cette nouvelle « religion Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La théorie des « besoins essentiels » qui forment le socle de l’universel humain : les instincts, les actes physiologiques, les satisfactions. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La culture n’est plus qu’une immense métaphore de la reproduction et de la digestion11. » La volonté d’éradiquer la violence, incite au matérialisme et à échapper aux croyances, visions ou pensées. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La Déclaration russe répond à un refus d’alignement sur l’Occident considéré comme moralement décadent. Ce qui est fustigé ici, c’est clairement ce qu’on peut appeler l’humanitarisme, ou si l’on veut la morale postmoderne, à laquelle la Déclaration orthodoxe reproche d’anéantir impitoyablement les valeurs traditionnelles pour laisser place à des droits « inventés ». Le métropolite Cyrille veut bien des droits de l’homme qui respectent la morale traditionnelle, pas des droits de l’homme qui la renversent et la remplacent par le relativisme et le laxisme. Toute la querelle actuelle des Occidentaux avec Poutine, se trouve déjà là. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Dre que « les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants » (Article 26), ne vaut pas pour la culture islamique, où le père décide de l’éducation des enfants. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La Déclaration de 48 place l’homme en situation dans l’espace tout autant que les Déclarations islamiques – en tant que successeur des Lumières, ici, et là, en tant que serviteur du Dieu du Coran. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La Déclaration de 48 est la seule à ne pas se croire l’expression d’une vision du monde, mais le couronnement, et le dépassement, de toutes visions du monde : un absolu dans le monde humain. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Droits et devoirs sont réciproques. Si j’ai des droits, c’est que quelqu’un a des devoirs envers moi. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Nul n’aurait de droits s’il était seul. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’homme n’a pas de devoir gratuit, de devoir qui fonctionne comme don. Il ne doit à d’autres que pour garantir ses propres droits. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Si l’on affiche pour chacun la liberté de penser et d’exprimer ses opinions, cela implique le devoir pour chacun d’être tolérant. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Si l’on affiche le droit pour chacun d’être soigné et secouru en cas de détresse physique, cela implique le devoir pour chacun d’appliquer une solidarité concrète. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’homme africain est décrit comme un être endetté. Selon la Charte, il est tenu de protéger sa famille, de soutenir sa communauté nationale et de se mettre au service de l’indépendance nationale, de défendre les « valeurs culturelles africaines ». Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Dans la Déclaration de 48, par comparaison, le vide des devoirs est abyssal : l’individu est créancier mais jamais redevable de rien. Il confie aux instances de gouvernement la charge de garantir les droits auxquels il peut prétendre. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

A part la famille considérée comme « élément naturel et fondamental de la société » (Article 16), les autres groupements sont artificiels et dépendent de l’individu, primordial. Ils n’existent qu’à titre de moyens, artificiels et temporaires, au service exclusif de l’individu. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Dans les Déclarations africaine et islamiques, les peuples ont des droits, et apparaissent ainsi comme des personnes morales, parfois plus importantes que l’individu lui-même, et mises au service non seulement de l’individu d’ici et maintenant, mais de l’avenir, des valeurs humaines, de tout ce qui est censé dépasser l’individu. Rien de tout cela dans la Déclaration de 1948. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’obligation de l’« aumône légale » qui, comme on sait, est l’un des piliers de l’islam. Mais elle ne présente pas ce partage comme une charité, plutôt comme un droit que les plus pauvres ont sur le patrimoine des plus riches. Ce que nous appellerions ici la charité, est justice au regard de l’islam. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La Déclaration de 1948 nomme les droits-créances que l’individu peut revendiquer, qu’il s’agisse des biens élémentaires (alimentation, habillement, logement), du droit à la santé, à la sécurité sociale, à l’éducation ou au niveau de vie en général. Dans la plupart des cas, elle ne s’occupe pas de savoir de quelle manière ces créances seront produites. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Il  (Déclaration de 1948) s’agit de droits pour ainsi dire abstraits, bien qu’ils concernent des biens concrets. Ils sont exigibles sans qu’on sache bien auprès de qui. Ce qui laisse l’impression d’une clameur au ciel davantage que d’un discours raisonnable. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

À travers le rôle dévolu aux droits-créances, on aperçoit à quel point la vision occidentale postmoderne diffère des autres visions culturelles. Les Déclarations, documents officiels, traduisent clairement les divergences qui séparent l’anthropologie occidentale de celles des autres cultures. Le point central de la divergence se situe en effet dans la description de l’homme. Individu abstrait défini seulement par sa liberté individuelle, personne inscrite dans ses groupes d’appartenance, sujet inclus et assujetti des sociétés holistes : ces différences marquent bien la faiblesse et même l’hypocrisie d’un prétendu universalisme dicté depuis l’Occident. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel  

Le malaise et la conscience malheureuse de ces peuples saisis par la modernité sans avoir vécu le processus historique qui y mène. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Il faut sortir du holisme pour accéder à des régimes de liberté. Ce ne sont pas les régimes de liberté, instaurés par décret, qui permettront aux sociétés de sortir du holisme comme par enchantement. Car il y a là un long effort de mise en cause de soi, issu d’une volonté intérieure. Et dans ce cas, un véritable bouleversement de croyance . Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Il faut être riche déjà pour aspirer à la démocratie : chercher autre chose que la simple subsistance. Seul un pouvoir stable et sûr de lui peut accepter de conférer des droits aux citoyens. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

lQuestion du temps et de la patience. C’est une sorte de démenti infligé aux Occidentaux, qui voudraient concrétiser des principes par décret. C’est probablement parce que nous étions si pressés, si impérieux, si maîtres du monde, que nous avons provoqué partout des raidissements et des refus. Notre universalisme se récuse lui-même à force de se prendre pour un planning d’entreprise. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Il n’y a pas d’institution bonne en soi, chacune répond aux besoins d’une époque. On peut alors « comprendre le rôle de l’esclavage dans la démocratie athénienne, mais non dans la république moderne. Le relativisme historique est au service d’une morale de l’émancipation. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Ranke : « chaque époque est immédiate à Dieu », « aimée de Dieu ». Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

« Suivre sa propre voie » : tel est le programme, affirmé et fier, de ces cultures fatiguées de voir l’Occident leur adresser le mode d’emploi de la « bonne vie ».
Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

« Seul celui qui porte les chaussures sait si elles lui conviennent ou non », caractère relatif justifié par l’intrinsèque dignité de chaque pays ou peuple Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Tout à fait absurde de refuser le statut de démocratie au régime de Périclès, en raison de l’esclavage, comme le font nombre d’auteurs occidentaux. C’est du provincialisme, relatif au temps et non à l’espace, que de croire sa propre époque la seule valable et bonne historiquement Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel                                                                          


Le moment postmoderne, celui d’aujourd’hui, n’est pas l’antichambre de la perfection, occupé à nettoyer les inégalités « qui restent ». Il suscite des perversions nouvelles, dues à l’imperfection humaine. Il est certainement « immédiat à Dieu »,
Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel l     

La plupart des Occidentaux, cependant, croient à leur idéologie au point qu’ils ne savent pas qu’il s’agit d’une idéologie : ils voient là une réalité. Ce qui est le propre de l’idéologue : il croit qu’il sait mais ne sait pas qu’il croit (Alain Besançon). Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les prétendus principes universels occidentaux ne sont qu’un subterfuge en vue de l’hégémonie, un prétexte avancé pour justifier des guerres impérialistes, comme celles d’Irak ou de Lybie, aux conséquences désastreuses22. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’argument utilisé par les courants de pensée critiques de l’Occident depuis les Lumières. Les Allemands usèrent de ce qu’on a appelé le sonderweg pour légitimer leur sortie de l’orbite occidentale des Lumières : différents en cela des Européens de l’Ouest, ils tenaient à leur État autoritaire et féodal. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Comme si l’homme occidental portait en lui ce désir permanent de dépasser la nature, caractérisée par l’inégalité et les hiérarchies. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel


On a le sentiment que rien ne peut être fait contre le « moderne », qu’il avance pour ainsi dire sur les ailes de l’ange, Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Confrontés à un processus d’une puissance inouïe et littéralement irréfrénable, dont ils sont sûrs qu’il les mène à l’abîme, les esprits affolés se jettent au néant. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Irving Kristol parle d’exaspération : « Le phénomène fasciste du XXe siècle est une expression d’une rébellion exaspérée et irrationnelle contre la tyrannie, actuelle ou future, du rationalisme radical-utopique. » Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le nazisme englobe le christianisme dans « le moderne », au titre de sa principale racine, et dans sa folle volonté de retour en arrière, revient à l’âge païen à travers ses mythes, ses coutumes et ses cruautés. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’universel menacerait les particularités (autrement dit les cultures, les nations, les familles, les coutumes, bref la vie concrète). La modernité, visant toujours plus d’individualisme libéral et d’égalité à tous égards, présagerait la dilution de ce qui fait la réalité de la vie humaine, aussi bien par la nature que par l’histoire. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Dresser un rempart pour sauver la nature est considéré comme un comportement progressiste, tandis que dresser un rempart pour sauver une culture est un comportement rétrograde, donc infamant. Il faut voir ici l’empreinte marquée du matérialisme dans notre monde, où les réalités spirituelles n’ont plus de poids et ne valent plus d’être défendues. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les anciens soixante-huitards sont des apôtres de l’Ordre moral.

Après 1968, Daniel Cohn-Bendit et Serge July (et tant d’autres) font l’apologie de la pédophilie dans un cadre typiquement sadien, et très peu de temps après, la pédophilie devient le crime par excellence – ici et là au nom de la modernité. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Comment se fait-il que l’âge de la rationalisation soit aussi celui de la grande moralisation. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Il est impossible qu’une culture demeure longtemps privée de morale. Le nihilisme et le pur relativisme meublent seulement des passages. La culture occidentale, une fois coupée de l’arrimage de la chrétienté, a flotté hors de ses gonds et a été tentée ici ou là par toutes sortes de néants. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’émancipation ne ressemble pas du tout à une lente conquête, fruit de la conscience humaine et de l’épanouissement moral, mais au contraire à un produit qu’il faut obtenir aussitôt, en tordant les réalités, par l’outil de la loi. La différence est visible : un produit acquis par la force laisse derrière lui des aigreurs et des frustrations qui ne resteront pas inactives et feront des dégâts. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Vouloir décréter les coutumes, c’était l’une des prétentions des idéologies utopiques.
Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Aujourd’hui, on glorifie le plus vertueux. C’est le triomphe de l’humanitarisme, qui suscite ailleurs la récusation de l’Occident, et le déni de ses prétentions universelles.
Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les guerres menées par l’Occident sont à présent des guerres de la vertu ou des chantages à la vertu. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’Allemagne aurait bien accepté d’être battue, mais elle n’accepta pas d’être criminelle. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Gouverner, pour les pays occidentaux, c’est désormais agir en censeur de la moralité des nations, et les récompenser ou les punir sur les critères d’application des droits de l’homme, de protection de leurs minorités, de réformes sociétales, etc. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Ceux qui sont contrôlés nous accusent de dissimuler nos intérêts sous le pieux manteau de la vertu, et de ne pouvoir nous targuer, en l’affaire, que d’hypocrisie. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La politique internationale, aspect extérieur de la politique proprement dite, consiste à défendre les intérêts de sa propre société/culture, face aux entités extérieures, sans pour autant en arriver à la guerre. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La volonté de se trouver du côté du Moderne, de la nouveauté, a fait plier bien d’anciennes coutumes. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La transformation de l’humanisme en humanitarisme, traduit une forme de subversion de la religion originelle, l’humain se trouvant réduit à sa dimension biologique et matérielle. C’est une continuation de la morale de l’Évangile, mais dans la négation de la transcendance. Ce qui engendre une perversion : les préceptes de l’Évangile sont des idéaux qui n’ont de sens que par leur rattachement à un monde transcendant – ils n’attendent pas une application totale dans ce monde-ci, ils sont inspirateurs. Les sociétés occidentales contemporaines, qui n’ont plus aucune idée de la transcendance mais voudraient appliquer la morale inscrite dans notre héritage, celle chrétienne, en viennent à aspirer à une pureté qui n’existe pas sur cette terre.
Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Probablement nous trouvons-nous, avec l’humanitarisme, devant une nouvelle expression religieuse. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La recherche de la perfection temporelle, remplace la foi perdue – la ferveur change de place. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les vertus, orphelines de leurs fondements sacrés et inébranlables, se sacralisent à la place des fondements, et acquièrent par là leur certitude. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Comme si les Occidentaux ne pouvaient survivre que dans une sempiternelle restauration et ravaudage des principes chrétiens toujours revus et corrigés. L’humanitarisme n’est pas une falsification au même titre, mais c’est encore une fraude au sens d’une contrefaçon. L’anthropologie sur laquelle s’appuie cette morale est tronquée, puisque le physique et le biologique sont sublimés pendant que les fonctions spirituelles de l’homme sont atrophiées ou plutôt supprimées. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’absence désormais de fondement métaphysique et religieux, l’amour de l’autre puisse devenir pure bienveillance, finalisée à rien sinon à son objet, et naturellement, à l’aspect matériel de son objet. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La fraternité universelle chrétienne, qui réclame de dépasser l’amour pour sa propre particularité afin de considérer tout homme comme un prochain, est comprise comme la nécessité d’abandonner les particularités pour devenir seulement un citoyen du monde. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’Antéchrist apparaîtra comme un prophète de l’humanitarisme. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Quels que soient nos griefs envers Trump, Poutine ou Xi Jinping, il faut constater simplement qu’ils font de la politique, c’est-à-dire qu’ils défendent les intérêts de leur société, tandis que nos gouvernants croient que la politique consiste à faire de la morale. Celle-ci cherche le bien de l’autre, tandis que la politique est foncièrement égoïste : elle défend son propre intérêt. La CPI, comme l’ensemble de nos politiques étrangères, ne se situe pas dans le domaine de la politique mais de la morale. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Pourtant, l’Occident porte la marque de l’excès en toutes choses, du prométhéisme et de l’illimité – c’est bien ce que lui reprochent les cultures extérieures. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le criminel dangereux par excellence, c’est le criminel bien élevé. Nous prétendons que le plus dangereux des criminels, aujourd’hui, c’est le philosophe moderne, affranchi de toutes les lois. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel


Le bon sens, ou sens commun, représente cette sagesse des nations qui fait reposer le jugement non sur la raison abstraite, mais sur la connaissance intuitive des réalités humaines et sociales. L’abandon du bon sens au profit de la seule raison, engage les décisions vers des choix radicaux et sans rapport avec les réalités. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Croyance selon laquelle on peut avantageusement remplacer la sagesse par la connaissance, produit un dénuement nouveau. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La maturité consiste à tenir tous les fils de l’universel tant dans le temps que dans l’espace. Sinon, c’est soit l’étroitesse du sauvage soit celle du décadent23. L’Occident postmoderne qui envoie aux poubelles de l’histoire les religions, les liens communautaires, les nations et les conflits, injurie l’humanité en lui confisquant une grande part de son existence. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

« L’émancipation se retournait en domination tyrannique dès lors qu’aucun statut propre n’était plus reconnu à ce que Hegel appelait la substance… Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le rationalisme est une mutilation, ce qui explique le sous-développement du moderne, son incapacité morale27. L’Occident est ainsi décrit, de l’extérieur, comme une vaste culture décadente, tout occupée à « pourrir » calmement, dans l’amour de soi. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La maladie de l’Occident est une mutilation du réel par exagération des principes.
Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Notre monde naturel et culturel est formé d’antagonismes complémentaires qui commencent par jour/nuit, et se poursuivent avec homme/femme ou bien familier/étranger, sacré/profane – les Chinois parlent du yin et du yang pour traduire l’immense complexité de ces oppositions structurantes. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La vie concrète est à la fois singularité et totalité, particulier et universel, processus et réalisation, intimité et publicité, et qu’elle doit avancer, selon les mots de la sagesse « comme si on devait à la fois vivre toujours et mourir demain ». Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La vie habite sur les bords de la mort, et tient donc toujours son contraire entre ses mains. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’éthique de l’hospitalité se heurte à l’avenir d’une culture. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Un monde composé d’apatrides ne produira que de la barbarie, car l’indifférenciation emporte l’éthique dans son brouillage. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La systématique de l’inégalité favorise des perversions inouïes, mais la systématique de l’égalité, aussi : On ne sait comment approcher des quatorze mois qui ont suivi la proscription de la Gironde, le 31 mai 1793. Il semble qu’on descende comme le Dante de cercle en cercle, toujours plus bas dans les enfers. À l’acharnement contre les nobles et les prêtres on voit succéder l’irritation contre les propriétaires, puis contre les talens, puis contre la beauté même ; enfin, contre tout ce qui pouvait rester de grand et de généreux à la nature humaine. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Aujourd’hui, observant que l’Europe ne fonctionne pas bien on en tire la certitude qu’il faudrait encore plus d’Europe, quand la liberté ne donne pas satisfaction on en tire la conclusion qu’il faut plus de liberté, et ainsi pour tous les principes, toutes les valeurs. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Jusqu’où pouvons-nous aller sans détruire le tissu humain. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Lorsque la récente nouvelle constitution hongroise affirme que le mariage est une union entre un homme et une femme, et que la vie sera protégée dès sa conception, elle pose des limites à la liberté individuelle. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’individu moderne ne se voit plus comme créature, mais comme monade à la puissance illimitée, stoppée seulement par la puissance illimitée de l’autre. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Je suis un humain, donc civilisé, si je suis capable de me limiter moi-même : « un homme, ça s’empêche », disait Camus. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Dieu qui est le grand renonçant, puisqu’en créant des êtres libres il s’est pour ainsi dire autolimité. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le monde moderne est saturé de vieilles vertus chrétiennes virant à la folie. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Vico : vouloir le prolongement des valeurs du progrès à l’excès et sans frontières, entraîne une rechute dans la barbarie, ce qu’il appelle une autodestruction civilisée.
Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Pavane irréaliste des vertus sans loi ni frein. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Ce qu’on appelle le progrès : le déploiement de la douceur qui ne consiste pas seulement à refuser de faire couler le sang, mais à prendre en compte le bien-être des personnes. Le progrès s’établit par la récusation du duel et des vengeances privées, l’abolition de la peine de mort, la mise au ban de la torture. Mais aussi par la fin du travail des enfants, l’abolition de la traite et de l’esclavage, la lutte contre la prostitution et la pédophilie. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Il fait envie – parce que le vice fait envie. L’Occident est vicieux en raison de sa décadence. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

En tout cas, une partie de la pensée russe en tire la certitude selon laquelle le « retard » de civilisation est un gage d’avenir. La Russie, préservée de l’individualisme et du matérialisme des Lumières, ayant conservé son enracinement et sa spiritualité, peut ainsi devenir un modèle pour une Europe en mal de régénérescence. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La pensée conservatrice européenne a tendance à faire confiance à Poutine pour sauvegarder les principes chrétiens mis en cause par la postmodernité. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Ivan Ilyine (inspirateur de Poutine, outre Douguine), pense qu’avec le communisme, la Russie a servi de champ d’expérience pour appliquer le matérialisme athée, utopique et antinaturel, inventé par l’Occident. Elle doit cesser d’être cobaye et retrouver sa vraie nature spirituelle et religieuse. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel.

Soljenitsyne, qui rappellent les affirmations des slavophiles concernant la décadence européenne. Dans le « Discours de Harvard12 », il décrit l’Occident dans lequel il a dû s’exiler, comme une culture décadente par son matérialisme et son goût servile du plaisir immédiat. Le symptôme patent de cette situation est le déclin du courage – c’est le titre du livre.Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Soljenitsyne est persuadé qu’une société ainsi amollie est proche de la fin. Car aucun organisme vivant ne peut perdurer sans la soif et le courage de vivre. Mais il va plus loin. Il pointe cette mollesse non comme un abandon, mais comme un caractère inhérent à l’Occident, que les Lumières ont rendu athée et matérialiste.
Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Tout au long de son œuvre politique, Lee Kuan Yew s’est attaché à récuser l’État providence occidental qui stérilise le courage des individus et les dissuade de travailler, à récuser la douceur des démocraties occidentales qui suscite la paresse et le laisser-aller. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La permissivité des lois et de la morale ambiante y engendre toutes sortes de comportements déviants, en général tolérés. La drogue, le divorce, la famille sans mariage, les familles monoparentales, qui sont considérées en Occident comme des signes de progrès, valent ailleurs pour des signes de déclin. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Pour le confucéen Tu Weiming, par exemple, la pensée occidentale des Lumières, dont la Chine a beaucoup à apprendre, doit cependant rejeter ses dévoiements que sont l’anthropocentrisme, l’individualisme et le matérialisme. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Raymond Aron : notre Europe est peut-être décadente, mais si cela signifie qu’elle incarne les libertés, alors la décadence est un bienfait. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les partisans de la moralisation se préoccupent seulement de l’insertion des populations accueillies sans poser la question de la légitimité de l’accueil. Les courants dits populistes brandissent l’inquiétude de la décadence en regrettant que des cultures se sabordent par vertu. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le gouvernant n’est pas une mère. Or la douceur démocratique s’étend au point d’ériger la sensibilité en moyen politique. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Sommes-nous cet homme de Nietzsche – « l’homme apprivoisé, incurablement débile et navrant33 » –, qui ne vise que sa propre destruction par dégoût de soi ?, ou bien une société heureusement affranchie du désir de violence, dans laquelle la morale maîtrise enfin la politique ? Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’éloge de l’homosexualité, qui remplace si vite sa criminalisation, répond à une récusation de la virilité comme source de violences. Il faut supprimer la virilité pour l’empêcher de nuire, comme en témoignent nombre d’œuvres contemporaines – par exemple les films d’Almodovar où tous les pères sont absents, violents, incestueux. On en vient à des généralités cocasses « la masculinité est toxique », Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La réapparition aujourd’hui d’une certaine violence verbale et d’une violence des arguments, a bien pour causes les mêmes que celles des années 1930 : l’affolement devant le Moderne irrésistible. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Poutine est brutal, voire violent, et tricheur – il utilise tous les moyens, comme un ancien du KGB sait le faire, ce qui n’est pas de bon augure pour ses voisins ou adversaires. Mais cela n’incommode pas ceux qui pensent que si un politique est sans scrupule et brutal, c’est qu’au moins il ne cède pas à ce comportement de petit énarque bien élevé, dissimulant sous des paroles polies une idéologie souterraine et intolérante (celle du mondialisme). Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

À force de s’approprier la politesse au sens étymologique de « poli », on gomme les aspérités, ce qui dépasse, on arrondit tous les angles : outre qu’on en vient à effacer l’originalité, on écarte surtout les vérités qui dérangent… et dont on pourrait avoir besoin pour améliorer le monde. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’Occident tente d’imposer la repentance soi-disant pour des raisons morales, mais en réalité c’est le vainqueur qui assène encore sa victoire – le prétendu universel n’est qu’un particulier subtilement déguisé. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les pressions occidentales pour aligner tous les peuples au régime de la justice transitionnelle, traduisent un excès d’universalisme. Les cultures diffèrent au point que par exemple, l’attitude des Cambodgiens face aux crimes de Polpot ne ressemble pas du tout à la nôtre, en raison de la culture du Karma. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La revanche historique contre les représentants d’anciennes catégories dominantes, et la réparation historique en faveur des représentants d’anciennes catégories dominées. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Notre vision utopique, et idéologique, de la morale totale, nous entraîne dans des excès auxquels nos confrères humains des autres continents n’ont pas envie de se livrer, parce qu’ils ne se sont pas départis de leur simple bon sens. Les institutions internationales européennes et onusiennes pensent que la repentance historique traduit la maturité des peuples, et que les autres peuples nous suivront dans cette voie. On peut penser, a contrario, qu’il y a des limites au déploiement de la morale, et qu’ici cette limite est franchie. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Il est étrange de demander à ceux qui n’ont rien fait de demander pardon, à ceux qui n’ont pas subi de demander réparation. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel.

Le monde s’avance, les mœurs changent, pendant que le vieillard demeure enraciné dans celles de sa jeunesse et de son âge mûr. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La paix civile et même la viabilité d’une société se mesurent à l’ampleur de ceux qui l’acceptent, au nombre et à la ferveur de ceux qui, à l’intérieur, la refusent. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Beaucoup « falsifient leurs préférences » pour s’adapter aux versions officielles. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Toute société devrait se préoccuper de ses non-contemporains. Devrait s’enquérir de savoir si ce sont seulement des vieillards inaccoutumés et inaccoutumables, ou bien des cohortes de citoyens en désaccord avec l’évolution du temps, et pourquoi. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les principes moraux ont entièrement changé de visage. Des comportements ou des actes qui étaient des crimes, comme l’homosexualité ou l’avortement, sont devenus des droits et sont applaudis. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le « monde » musulman sur lequel il vient se maroufler, possède lui aussi une origine et une histoire, mais bien différentes. On vient imposer les mœurs et les coutumes d’un monde post-hégélien, à un monde pré-galiléen, dit l’auteur éloquemment3. Comment imaginer de pouvoir produire des démocraties là où il n’y eut pas de sécularisation des esprits, pas de sortie du holisme de l’Umma. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Devenir moderne est une sorte de devoir humain, qui signifie aujourd’hui, devenir occidental et postmoderne, c’est-à-dire rallier l’humanitarisme légitime, qui signifie essentiellement le déploiement sans limite de la liberté individuelle. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La modernité, mais surtout la postmodernité, vide de leur sens les groupes identifiants, les définit essentiellement par leur capacité de domination ou d’asservissement Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’individu se risque pour sa patrie ou sa famille, il ne se risque pas pour la liberté abstraite ou pour une constitution. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les burqas aujourd’hui présentes dans nos rues, racontent une radicalisation due à la crainte de voir les femmes échapper à l’autorité des hommes. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les Occidentaux se sont trompés en croyant que la liberté économique suscitait d’emblée la liberté politique. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La nécessité du repentir et de la rétribution fait bien apparaître la pensée postmoderne comme une religion/idéologie. Il existe ici un dogme, une vérité à laquelle le passé tout entier se compare à son désavantage et dont les errements doivent être punis dans le temps. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel


Les Américains élisent Trump non parce qu’ils détestent les femmes ou les noirs et ne veulent pas qu’ils ou elles occupent de hautes fonctions, mais parce qu’ils jugent ridicules et néfastes les politiques de quotas, politiques forcées qui remplacent les critères de compétences par des critères de genre ou d’origine ethnique. C’est le caractère radical de la postmodernité, autrement dit son caractère idéologique, qui fait surgir ses ennemis. Le caractère idéologique de l’universalisme occidental tient à son irréalisme : tous ses adversaires croient, chacun à sa manière, en une condition humaine substantielle. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Comme nous ne souhaitons plus utiliser la terreur physique, nous sommes contraints de reconnaître ce reflux de vieilleries (la nation, les aspirations identitaires) et d’attendre la prochaine occasion de les faire disparaître définitivement. La différence entre les universalistes et leurs détracteurs consiste donc essentiellement en une croyance philosophique sur la nature humaine, ce qui n’est pas rien. Les premiers croient que les humains pourraient, si ce n’est pas aujourd’hui au moins dans un futur pas trop éloigné, se détacher de leurs enracinements spatiaux et culturels et s’identifier seulement à soi sans autres référents. Les seconds ne croient pas que ce soit simplement possible, et pensent que toute tentative de cet ordre aboutit à l’échec, voire à des désastres pires. La dévalorisation des attachements culturels produit une valorisation extrême de la santé biologique et de la liberté individuelle, une sacralisation de la nature qui par définition est culturellement neutre. Il en résulte une véritable idéologie, marquée par la ferveur qui anime ses croyants et leur capacité d’aller jusqu’au fanatisme, comme on le voit chez certains écologistes, vegans ou animalistes. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

lMépris dans lequel est tenu le jugement de ceux qui connaissent les choses de près : seule compte la conviction des théoriciens sans liens avec les réalités de terrain. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’humanisme valorise l’homme entier, avec son histoire et ses passions, et c’est pourquoi il va par exemple juger excessive cette passion qui s’attache à l’interdiction de fumer13. L’humanitarisme valorise la santé biologique au-delà de toute autre considération, au point de lui sacrifier les joies de l’existence. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

« Pas de liberté pour les ennemis de l’islam » n’est pas davantage exclusif que « pas de liberté pour les ennemis de la liberté15 ». Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les régimes totalitaires se permettent de tuer au nom de la race (nazisme) ou au nom de la classe (communisme). L’interruption médicale de grossesse légitimée par certaines sociétés occidentales contemporaines, répond à une légitimité de tuer en référence aux valeurs de santé biologique et de liberté individuelle. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La passion politique des États d’Europe centrale serait davantage la peur de disparaître en tant que culture, d’où le problème crucial de l’immigration musulmane qui forme le nœud du conflit avec l’Europe institutionnelle. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La pensée postmoderne, que j’ai appelé l’humanitarisme, fonctionne comme une idéologie : c’est une interprétation du monde structurée et complète, sûre de sa vérité et de son bon droit, toujours prête à humilier ou bannir ses opposants. Les courants qui s’opposent à elle, dits populistes ou antimodernes ou illibéraux, ne constituent pas une idéologie unique qui les réunirait. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Nous avons vécu depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale dans un pacifisme très partagé, pendant que montait au zénith le courant postmoderne. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le courant postmoderne n’accepte pas les altérités ni les rivalités, il traite toute différenciation de discrimination, et il entre cependant en conflit avec ceux qui opèrent les différenciations. Autrement dit, au nom du pacifisme instruit par l’indétermination, il inaugure un front de combat contre les non-pacifistes. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Même si nous n’en sommes pas à parler deux langues distinctes (quoique la connaissance de l’Anglais par l’élite rappelle ces anciennes situations), nous vivons au jour le jour, dans tous les pays d’Occident, cette fracture béante entre les classes.
Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La classe gouvernante, qui comprend l’ensemble de ceux qui gouvernent, pensent, écrivent, donc aussi les médias, considère que les partis dits populistes représentent, non pas des courants politiques avec lesquels on doit débattre comme c’est la loi en démocratie, mais des dangers pour la démocratie, qui doivent donc être éradiqués.
Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les classes populaires considèrent que les élites les entraînent trop loin dans le libéralisme, l’individualisme et le cosmopolitisme. Les élites ont le sentiment que les peuples veulent les faire régresser. Autrement dit, le débat se situe à un niveau très profond, au niveau du processus de civilisation. Ce qui permet peut-être de comprendre pourquoi le combat est si violent. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Nous nous trouvons sans aucun doute, encore aujourd’hui et plus que jamais, au cœur de ce débat qui concerne le déploiement des Lumières, et leur teneur. Jusqu’où faut-il aller dans l’émancipation et la liberté des individus ? Dans le cosmopolitisme et le matérialisme ? Cette question vieille de deux siècles engendre aujourd’hui un clivage mondial qui déstabilise et sape l’universalisme occidental.
Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel


La culture européenne a été longtemps, ou s’est crue, la figure de proue de l’universel humain. Pendant deux siècles, la conquête et la fascination ont joué ensemble pour faire d’elle le parangon mondial auquel tous devaient ressembler, faute d’interrompre leur course historique. Ce moment est passé. Par une mystification dont nous sommes les témoins, l’universel européen s’est mué en idéologie, avouant par là une nature désormais tronquée. Il prétend imposer à la terre entière une vision du monde propre à son évolution particulière (que j’ai appelée l’humanitarisme). Il se croit définitif, ce qui est le propre de l’idéologie, par sa prétention de pureté et de perfection : tantôt le marxisme et tantôt la démocratie comme « horizon indépassable. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le commun de l’Europe n’est pas dans l’identité comme racine, mais uniquement dans un futur commun. C’est bien à ce titre que l’on interdit la mention des racines chrétiennes et que toute référence religieuse est volontairement omise. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’enracinement volontaire dans le seul avenir traduit une utopie idéologique arrachée à l’humanité tragique et terrestre. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La postmodernité ignore ce qu’est un idéal, elle écrase les perspectives et veut la perfection ici/tout de suite. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Une nation est une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Tocqueville : « Le passé n’éclairant plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres. » Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les cultures non-occidentales veulent de l’Occident ce qu’elles estiment positif et favorable – le progrès technique et médical, la recherche scientifique –, mais désirent éviter ou au moins freiner ce qui leur paraît contredire leur culture : le libéralisme des opinions et des mœurs, l’État de droit. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le développement économique de l’Asie devient alors un puissant argument pour séparer les libertés les unes des autres, pour réclamer une modernité d’un autre type. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le fait que toutes les attentes d’une « autre modernité », qu’elles viennent de la Chine, de la Russie ou des pays de l’Europe réfractaire, convergent vers les mêmes critiques et expriment les mêmes exigences. Ici et partout, c’est toujours l’excès de la liberté individuelle, destructeur d’humanité et de société, qui est mis en avant. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Devant la fatigue avérée de nos modèles de démocratie, elles vantent leurs modèles comme des alternatives possibles aux faiblesses occidentales, suggérant l’avènement d’« un ordre post-occidental et post-démocratique. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le reproche constant que fait la Chine à l’Occident est son libéralisme extrême sur tous les plans : économique, politique, sociétal. La liberté conférée à l’individu est vue comme la conséquence d’un aveuglement anthropologique : dans la réalité, aucun d’entre nous n’est une île. L’insuffisance de l’individu et son exigence absolue de relations et de solidarité, le besoin d’ordre social, rendent la pensée occidentale irréaliste et finalement peu viable. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La Chine, ses gouvernants et en grande partie ses intellectuels, légitime l’autocratie. Le pouvoir politique n’est pas par le peuple, mais pour le peuple, Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Autant le confucianisme doit apprendre de l’Occident la primauté du droit et les droits de l’homme, la science et la démocratie, autant l’Occident devrait apprendre des Confucéens le goût du bien commun et l’attachement à la communauté, l’ascétisme et l’amour du travail. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Ces pays qui ont survécu au communisme, vont-ils survivre à l’abondance du capitalisme. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les peuples d’Europe centrale, en intégrant l’Europe institutionnelle, ont parfois l’impression d’intégrer une entreprise de démolition, le pédantisme en plus. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La modernité occidentale n’est pas capable de proposer un sens après les totalitarismes : constatant que le monde post-chrétienté est devenu une tragédie sans signification, elle se propose alors de supprimer la tragédie (par le culte de l’instant, le consumérisme effréné, voire le post-humanisme qui supprimerait la mort). Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

La modernité « autre » sera un déploiement de l’éthique commune au sein même des identités. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le principal défaut de la vanité civilisée est d’être privée de sens commun : elle s’instaure sur des universaux abstraits et détachés de l’existence des peuples, sans fondation vivante. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Ce à quoi les Lumières ont rendu la plupart d’entre nous aveugles, et que nous devons à présent retrouver, est une conception de l’investigation rationnelle incarnée dans une tradition, et selon laquelle les critères mêmes de la justification rationnelle émergent d’une histoire dont ils font partie. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Il ne s’agit donc ni de demeurer rivé au passé, ni d’inventer un bien hors sol : mais d’avancer dans le sens de ce qui nous a faits. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le nœud de discorde entre l’Europe occidentale et l’Europe centrale, face à la postmodernité. La première part du principe que toute relation est oppression, aussi supprime-t-elle tous les liens afin de libérer l’individu. Elle ne préserve que les liens voulus par l’individu, et aussi longtemps qu’ils sont voulus : elle efface donc les appartenances pour produire une société de réseaux, où l’individu surfe d’un groupe à l’autre au gré de ses envies et dans l’irresponsabilité. Pour de nombreux auteurs d’Europe centrale, cela s’appelle jeter le bébé avec l’eau du bain, grossière erreur, car beaucoup de contraintes ne proviennent pas des tyrannies d’appartenance, mais de la responsabilité personnelle. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel.

Ma liberté s’arrête quand je m’autolimite, alors tout change. Je m’autolimite parce que je suis conscient de mes responsabilités. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le salut est dans l’interrelation. La relation devient un espace sacré. Que Dieu existe ou non, l’homme est humain par la relation. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les appartenances relèvent de notre être et on ne peut pas les détruire, on ne peut que les dénaturer en voulant les supprimer. Les responsabilités relèvent de notre devoir-être : on peut les détruire (c’est ce que fait aujourd’hui l’Occident), favorisant l’émergence d’une société catastrophique. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Andrzej Stasiuk écrit dans Fado : Voici peut-être quel sera l’avenir : nos patries, nos pays disparaîtront en tant que points de référence spirituels et culturels. La Pologne disparaîtra, l’Italie disparaîtra, la France disparaîtra. Pourquoi pas ? De plus en plus de choses disparaissent, et il en apparaît de plus en plus de nouvelles. Il restera Fiat, Coca-Cola, Microsoft, Nike et Johny Walker. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le rôle des institutions et des gouvernants n’est pas de chercher à construire un individu hors sol par passion idéologique, mais de créer les conditions d’existence des appartenances, des émancipations et des responsabilités. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Il n’est même pas permis d’avoir une réflexion ni un débat sur l’étendue de nos responsabilités : le langage des droits est si péremptoire qu’il envahit tout l’espace. Toute mise en cause est jugée fanatique, réduite à une discrimination. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Le rêve de bien des cultures est de réaliser sa propre modernité, sans devoir tomber dans les travers de l’Occident. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les États-providence peuvent répondre matériellement aux dégâts engendrés par la solitude individuelle. Mais ils ne peuvent répondre spirituellement. Ainsi, la postmodernité engendre-t-elle des sociétés aux citoyens rassasiés de nourriture, mais affamés de connivence, et donc, de sens. Des sociétés moins guettées par la pauvreté que par le désespoir et par le dégoût de vivre. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Seule la responsabilité individuelle (à condition qu’elle soit valorisée et non constamment ridiculisée), peut sauver une société de rôles (c’est-à-dire de liens réels et durables) tout en garantissant l’émancipation. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’humanitarisme occidental postmoderne, qui fait suite à l’humanisme des Lumières, joue un grand rôle dans cette évolution : en suscitant un universalisme radical et intolérant, il contribue à lever contre nous les détracteurs. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’humanitarisme contemporain est un dévergondage de la vertu qui se défait des situations et se croit toute-puissante. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

L’universalisme européen extrémisé jusqu’à l’abstraction et l’utopie, est une idéologie. En face, les cultures extérieures ont tendance à se transformer en idéologies afin de résister à l’Occident. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel

Les oppositions à l’Occident ne concluent pas généralement à un retour aux traditions, mais à la recherche de modernités différentes, capables de prendre en compte des identités spécifiques et en général des enracinements considérés comme essentiels. La dispersion de la Modernité en modernités, marque la fin de l’universalisme culturel. Delsol, Chantal. Le crépuscule de l'universel