samedi 31 juillet 2021

The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

 

The Age of Surveillance Capitalism, - T - Shoshana Zuboff



“Can the digital future be our home?”

« L'avenir numérique peut-il être notre maison ? »

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information civilization. Will this emerging civilization be a place that we can call home?

Civilisation de l'information. Cette civilisation émergente sera-t-elle un endroit que nous pourrons appeler chez nous ? The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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The sense of home slipping away provokes an unbearable yearning. The Portuguese have a name for this feeling: saudade, a word said to capture the homesickness and longing of separation from the homeland among emigrants across the centuries.

Le sentiment d'un chez-soi qui s'éloigne provoque un désir insupportable. Les Portugais ont un nom pour ce sentiment : saudade, un mot dit pour capturer le mal du pays et le désir de séparation d'avec la patrie parmi les émigrants à travers les siècles. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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the goal now is to automate us.

L'objectif est maintenant de nous automatiser. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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Instrumentarian power knows and shapes human behavior toward others’ ends.

Le pouvoir instrumentaire connaît et façonne le comportement humain vers les fins des autres. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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We are the sources of surveillance capitalism’s crucial surplus: the objects of a technologically advanced and increasingly inescapable raw-material-extraction operation. Surveillance capitalism’s actual customers are the enterprises that trade in its markets for future behavior.

Nous sommes les sources du surplus crucial du capitalisme de surveillance : les objets d'une opération d'extraction de matières premières technologiquement avancée et de plus en plus incontournable. Les clients réels du capitalisme de surveillance sont les entreprises qui échangent sur ses marchés pour un comportement futur. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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the message of the surveillance capitalist companies barely differs from the themes onceglorified in the motto of the 1933 Chicago World’s Fair: “Science Finds—Industry Applies—Man Conforms.”

Le message des entreprises capitalistes de surveillance diffère à peine des thèmes autrefois glorifiés dans la devise de l'Exposition universelle de Chicago de 1933 : « Science Finds—Industry Applies—Man Conforms. » The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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As competition intensifies, surveillance capitalists learn that extracting human experience is not enough. The most-predictive raw-material supplies come from intervening in our experience to shape our behavior in ways that favor surveillance capitalists’ commercial outcomes. New automated protocols are designed to influence and modify human behavior at scale as the means of production is subordinated to a new and more complex means of behavior modification.

Alors que la concurrence s'intensifie, les capitalistes de la surveillance apprennent qu'il ne suffit pas d'extraire l'expérience humaine. Les approvisionnements en matières premières les plus prédictifs proviennent de l'intervention dans notre expérience pour façonner notre comportement de manière à favoriser les résultats commerciaux des capitalistes de la surveillance. De nouveaux protocoles automatisés sont conçus pour influencer et modifier le comportement humain à grande échelle, car les moyens de production sont subordonnés à un nouveau moyen plus complexe de modification du comportement. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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The youngest members of our societies already experience many of these destructive dynamics in their attachment to social media, the first global experiment in the human hive. I consider the implications of these developments for a second elemental right: the right to sanctuary.

Les plus jeunes membres de nos sociétés connaissent déjà bon nombre de ces dynamiques destructrices dans leur attachement aux médias sociaux, la première expérience mondiale de la ruche humaine. Je considère les implications de ces développements pour un deuxième droit élémentaire : le droit au sanctuaire. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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The human need for a space of inviolable refuge has persisted in civilized societies from ancient times but is now under attack as surveillance capital creates a world of “no exit” with profound implications for the human future at this new frontier of power.

Le besoin humain d'un espace de refuge inviolable a persisté dans les sociétés civilisées depuis les temps anciens, mais est maintenant attaqué alors que le capital de la surveillance crée un monde sans issue avec de profondes implications pour l'avenir humain à cette nouvelle frontière du pouvoir. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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Just as Ford tapped into a new mass consumption, Apple was among the first to experience explosive commercial success by tapping into a new society of individuals and their demand for individualized consumption. The inversion implied a larger story of a commercial reformation in which the digital era finally offered the tools to shift the focus of consumption from the mass to the individual, liberating and reconfiguring capitalism’s operations and assets. It promised something utterly new, urgently necessary, and operationally impossible outside the networked spaces of the digital.

Tout comme Ford a puisé dans une nouvelle consommation de masse, Apple a été parmi les premiers à connaître un succès commercial explosif en puisant dans une nouvelle société d'individus et leur demande de consommation individualisée. L'inversion impliquait une histoire plus large d'une réforme commerciale dans laquelle l'ère numérique offrait enfin les outils pour déplacer l'attention de la consommation de la masse vers l'individu, libérant et reconfigurant les opérations et les actifs du capitalisme. Il promettait quelque chose d'absolument nouveau, d'urgente nécessité et d'impossible sur le plan opérationnel en dehors des espaces en réseau du numérique. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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Erik Erikson, once described it, “The patient of today suffers most under the problem of what he should believe and who he should—or . . . might—be or become; while the patient of early psychoanalysis suffered most under inhibitions which prevented him from being what and who he thought he knew he was.”

Erik Erikson l'a décrit un jour : « Le patient d'aujourd'hui souffre le plus du problème de ce qu'il devrait croire et qui il devrait – ou . . . pourrait—être ou devenir; tandis que le patient de la première psychanalyse souffrait le plus d'inhibitions qui l'empêchaient d'être ce qu'il croyait savoir qu'il était. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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Everything must be reviewed, renegotiated, and reconstructed on the terms that make sense to us: family, religion, sex, gender, morality, marriage, community, love, nature, social connections, political participation, career, food . .

Tout doit être revu, renégocié, et reconstruit dans les termes qui font sens pour nous : famille, religion, sexe, genre, morale, mariage, communauté, amour, nature, liens sociaux, participation politique, carrière, alimentation. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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the individual as the author of his or her own life is the protagonist of our age, whether we experience this fact as emancipation or affliction.

L'individu en tant qu'auteur de sa propre vie est le protagoniste de notre époque, que nous ressentions ce fait comme une émancipation ou comme une affliction. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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We live in this collision between a centuries-old story of modernization and a decades-old story of economic violence that thwarts our pursuit of effective life.

Nous vivons dans cette collision entre une histoire de modernisation vieille de plusieurs siècles et une histoire de violence économique vieille de plusieurs décennies qui contrecarre notre quête d'une vie efficace. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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mid-century the large corporation appeared to be a deeply rooted and durable modern social institution.

Au milieu du siècle, la grande entreprise apparaissait comme une institution sociale moderne profondément enracinée et durable. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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we are left to contemplate the future in a bewilderment that erupts into violence with increasing frequency. Our expectations of psychological self-determination are the grounds upon which our dreams unfold, so the losses we experience in the slow burn of rising inequality, exclusion, pervasive competition, and degrading stratification are not only economic. They slice us to the quick in dismay and bitterness because we know ourselves to be worthy of individual

Nous sommes laissés à contempler l'avenir dans un ahurissement qui se transforme en violence de plus en plus fréquemment. Nos attentes d'autodétermination psychologique sont les fondements sur lesquels se déroulent nos rêves, de sorte que les pertes que nous subissons dans la lente combustion de l'inégalité croissante, de l'exclusion, de la concurrence omniprésente et de la stratification dégradante ne sont pas seulement économiques. Ils nous tranchent au vif dans la consternation et l'amertume parce que nous savons que nous sommes dignes d'individus The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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New companies such as Google and Facebook appeared to bring the promise of the inversion to life in new domains of critical importance, rescuing information and people from the old institutional confines, enabling us to find what and whom we wanted, when and how we wanted to search or connect.

De nouvelles entreprises telles que Google et Facebook sont apparues pour donner vie à la promesse de l'inversion dans de nouveaux domaines d'importance critique, sauvant les informations et les personnes des anciennes limites institutionnelles, nous permettant de trouver ce que nous voulions et qui nous voulions, quand et comment nous voulions The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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The opportunity for “my life, my way, at a price I can afford” was the human promise that quickly lodged at the very heart of the commercial digital project, from iPhones to one-click ordering to massive open online courses to on-demand services to hundreds of thousands of web-based enterprises, apps, and devices.

L'opportunité de « ma vie, à ma façon, à un prix que je peux me permettre » a été la promesse humaine qui s'est rapidement logée au cœur même du projet numérique commercial, des iPhones à la commande en un clic en passant par les cours en ligne ouverts et à la demande. services à des centaines de milliers d'entreprises, d'applications et d'appareils basés sur le Web. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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The dramatic success of Apple’s iPod and iTunes instilled internet users with a sense of optimism toward the new digital capitalism, but Apple never did seize the reins on developing the consistent, comprehensive social and institutional processes that would have elevated the iPod’s promise to an explicit market form,

Le succès spectaculaire de l'iPod d'Apple et d'iTunes a insufflé aux internautes un sentiment d'optimisme envers le nouveau capitalisme numérique, mais Apple n'a jamais pris les rênes du développement des processus sociaux et institutionnels cohérents et complets qui auraient élevé la promesse de l'iPod à un marché explicite. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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The credo of digital innovation quickly turned to the language of disruption and an obsession with speed, its campaigns conducted under the flag of “creative destruction.”

Le credo de l'innovation numérique s'est rapidement tourné vers le langage de la disruption et une obsession de la vitesse, ses campagnes menées sous le signe de la « destruction créative ». The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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“The capitalist process, not by coincidence but by virtue of its mechanism, progressively raises the standard of life of the masses.”

« Le processus capitaliste, non par coïncidence mais en vertu de son mécanisme, élève progressivement le niveau de vie des masses. » The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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companies began to explain these violations as the necessary quid pro quo for “free” internet services. Privacy, they said, was the price one must pay for the abundant rewards of information, connection, and other digital goods when, where, and how you want them.

Les entreprises ont commencé à expliquer ces violations comme la contrepartie nécessaire pour des services Internet « gratuits ». La confidentialité, ont-ils dit, était le prix à payer pour les récompenses abondantes de l'information, de la connexion et d'autres biens numériques quand, où et comment vous les voulez. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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the rise of surveillance capitalism betrayed the hopes and expectations of many “netizens” who cherished the emancipatory promise of the networked milieu.

La montée du capitalisme de surveillance a trahi les espoirs et les attentes de nombreux « internautes » qui chérissaient la promesse émancipatrice du milieu en réseau. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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Surveillance capitalism commandeered the wonders of the digital world to meet our needs for effective life, promising the magic of unlimited information and a thousand ways to anticipate our needs and ease the complexities of our harried lives.

Le capitalisme de surveillance a réquisitionné les merveilles du monde numérique pour répondre à nos besoins de vie efficace, promettant la magie d'une information illimitée et mille façons d'anticiper nos besoins et d'alléger les complexités de nos vies tourmentées. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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This left us wholly unprepared to defend ourselves from new companies with imaginative names run by young geniuses that seemed able to provide us with exactly what we yearn for at little or no cost.

Cela nous a laissé totalement mal préparés à nous défendre contre de nouvelles entreprises avec des noms imaginatifs dirigés par de jeunes génies qui semblaient capables de nous fournir exactement ce à quoi nous aspirons à peu ou pas de frais. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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market process in which individuals are definitively cast as the means to others’ market ends.

Processus de marché dans lequel les individus sont définitivement jetés comme les moyens des fins marchandes des autres. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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Google’s mission to “organize the world’s information and make it universally accessible and useful”—starting with the web—changed all of our lives. There have been enormous benefits, to be sure. But for individuals it has meant that information that would normally age and be forgotten now remains forever young, highlighted in the foreground of each person’s digital identity.

La mission de Google d'« organiser l'information mondiale et de la rendre universellement accessible et utile », à commencer par le Web, a changé toutes nos vies. Il y a eu d'énormes avantages, c'est sûr. Mais pour les individus, cela a signifié que des informations qui normalement vieilliraient et seraient oubliées restent désormais toujours jeunes, mises en évidence au premier plan de l'identité numérique de chaque personne. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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“the mine-field of human rights in the digital age. . . .”90

« le champ de mines des droits de l'homme à l'ère numérique. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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Google CEO and cofounder Larry Page recited the catechism of the firm’s mission statement, assuring the Financial Times that the company “still aims to ‘organise the world’s information and make it universally accessible and useful.’” Page defended Google’s unprecedented information power with an extraordinary statement suggesting that people should trust Google more than democratic institutions:

Le PDG et cofondateur de Google, Larry Page, a récité le catéchisme de l'énoncé de mission de l'entreprise, assurant au Financial Times que la société « vise toujours à » organiser l'information mondiale et la rendre universellement accessible et utile « . déclaration suggérant que les gens devraient faire confiance à Google plus qu'aux institutions démocratiques : The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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technological inevitability is as light as democracy is heavy, as temporary as the scent of rose petals and the taste of honey are enduring.

L'inéluctabilité technologique est aussi légère que la démocratie est lourde, aussi temporaire que l'odeur des pétales de rose et le goût du miel sont durables. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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these computers have several other uses.”8 He then identifies four such new uses: “data extraction and analysis,” “new contractual forms due to better monitoring,” “personalization and customization,” and “continuous experiments.”

Les ordinateurs ont plusieurs autres usages. »8 Il identifie ensuite quatre de ces nouveaux usages : « l'extraction et l'analyse des données », « les nouvelles formes contractuelles grâce à un meilleur suivi », « la personnalisation et la personnalisation » et « les expérimentations en continu ». The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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Google’s lead. The company describes itself “at the forefront of innovation in machine intelligence,” a term in which it includes machine learning as well as “classical” algorithmic production, along with many computational operations that are often referred to with other terms such as “predictive analytics” or “artificial intelligence.”

L'avance de Google. L'entreprise se décrit comme « à la pointe de l'innovation en matière d'intelligence artificielle », un terme dans lequel elle inclut l'apprentissage automatique ainsi que la production algorithmique « classique », ainsi que de nombreuses opérations de calcul qui sont souvent désignées par d'autres termes tels que « l'analyse prédictive ». » ou « intelligence artificielle ». The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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in addition to key words, each Google search query produces a wake of collateral data such as the number and pattern of search terms, detailed stories about each user—thoughts, feelings, interests—could be constructed from the wake of unstructured signals that trailed every online action.

En plus des mots clés, chaque requête de recherche Google produit un sillage de données collatérales telles que le nombre et le modèle de termes de recherche, des histoires détaillées sur chaque utilisateur - pensées, sentiments, intérêts - pourraient être construites à partir du sillage de signaux non structurés qui ont suivi chaque action en ligne. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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What had been regarded as waste material—“data exhaust” spewed into Google’s servers during the combustive action of Search—was quickly reimagined as a critical element in the transformation of Google’s search engine into a reflexive process of continuous learning and improvement.

Ce qui était considéré comme un déchet – « l'épuisement des données » craché dans les serveurs de Google pendant l'action comburante de la recherche – a rapidement été repensé comme un élément essentiel de la transformation du moteur de recherche de Google en un processus réflexif d'apprentissage et d'amélioration continus. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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it is inaccurate to think of Google’s users as its customers: there is no economic exchange, no price, and no profit.

Il est inexact de considérer les utilisateurs de Google comme ses clients : il n'y a pas d'échange économique, pas de prix et pas de profit. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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people often say that the user is the “product.” This is also misleading, and it is a point that we will revisit more than once. For now let’s say that users are not products, but rather we are the sources of raw-material supply.

Les gens disent souvent que l'utilisateur est le « produit ». C'est aussi trompeur, et c'est un point que nous reviendrons plus d'une fois. Pour l'instant disons que les utilisateurs ne sont pas des produits, mais plutôt nous sommes les sources d'approvisionnement en matières premières. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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Selling search results would also have set a dangerous precedent for the firm, assigning a price to indexed information that Google’s web crawler had already taken from others without payment.

La vente de résultats de recherche aurait également créé un dangereux précédent pour l'entreprise, en attribuant un prix à des informations indexées que le robot d'exploration de Google avait déjà récupérées auprès d'autres sans paiement. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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With Google’s unique access to behavioral data, it would now be possible to know what a particular individual in a particular time and place was thinking, feeling, and doing.

Avec l'accès unique de Google aux données comportementales, il serait désormais possible de savoir ce qu'un individu particulier à un moment et à un endroit particulier pensait, ressentait et faisait. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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Google’s invention revealed new capabilities to infer and deduce the thoughts, feelings, intentions, and interests of individuals and groups with an automated architecture that operates as a one-way mirror irrespective of a person’s awareness, knowledge, and consent, thus enabling privileged secret access to behavioral data.

L'invention de Google a révélé de nouvelles capacités pour déduire et déduire les pensées, les sentiments, les intentions et les intérêts des individus et des groupes avec une architecture automatisée qui fonctionne comme un miroir à sens unique indépendamment de la conscience, des connaissances et du consentement d'une personne, permettant ainsi un accès secret privilégié aux données gouvernementales. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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Behavioral data, whose value had previously been “used up” on improving the quality of Search for users, now became the pivotal—and exclusive to Google—raw material for the construction of a dynamic online advertising marketplace.

Les données comportementales, dont la valeur était auparavant « épuisée » pour améliorer la qualité de la recherche pour les utilisateurs, sont désormais devenues la matière première essentielle et exclusive de Google pour la construction d'une place de marché dynamique de la publicité en ligne. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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Google is the übermensch. They operate in obscurity, indifferent to social norms or individual claims to self-determining decision rights.

Google est l'übermensch. Ils opèrent dans l'obscurité, indifférents aux normes sociales ou aux revendications individuelles de droits de décision autonomes. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff



 

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This new Google assures its actual customers that it will do whatever it takes to transform the natural obscurity of human desire into scientific fact.

Ce nouveau Google assure à ses clients réels qu'il fera tout ce qui est en son pouvoir pour transformer l'obscurité naturelle du désir humain en fait scientifique. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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enormous computing power and leading-edge algorithmic programs to produce powerful predictions of user behavior that became the criteria for estimating the relevance of an ad.

Une énorme puissance de calcul et des programmes algorithmiques de pointe pour produire des prédictions puissantes du comportement des utilisateurs qui sont devenues les critères d'estimation de la pertinence d'une publicité. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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users were no longer ends in themselves but rather became the means to others’ ends.

Les utilisateurs n'étaient plus des fins en eux-mêmes, mais devenaient plutôt les moyens des fins des autres. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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We are no longer the subjects of value realization. Nor are we, as some have insisted, the “product” of Google’s sales. Instead, we are the objects from which raw materials are extracted and expropriated for Google’s prediction factories.

Nous ne sommes plus les sujets de réalisation de valeur. Nous ne sommes pas non plus, comme certains l'ont insisté, le « produit » des ventes de Google. Au lieu de cela, nous sommes les objets dont les matières premières sont extraites et expropriées pour les usines de prédiction de Google. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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The hour of birth their only time in college, They were content with their precocious knowledge, Google’s former CEO Eric Schmidt credits Hal Varian’s early examination of the firm’s ad auctions with providing the eureka moment that clarified the true nature of Google’s business: “All of a sudden, we realized we were in the auction business.”1 Larry Page is credited with a very different and far more profound answer to the question “What is Google?”

L'heure de naissance de leur seul temps à l'université, Ils étaient satisfaits de leurs connaissances précoces, l'ancien PDG de Google, Eric Schmidt, attribue à Hal Varian l'examen précoce des enchères publicitaires de l'entreprise d'avoir fourni le moment eurêka qui a clarifié la véritable nature de l'activité de Google : « Toutes les tout d'un coup, nous avons réalisé que nous étions dans le domaine des enchères. »1 Larry Page est crédité d'une réponse très différente et beaucoup plus profonde à la question « Qu'est-ce que Google ? The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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end which was no part of his intention.” That end is the efficient employ of capital in the broader market: the wealth of nations. The individual actions that produce efficient markets add up to a staggeringly complex pattern, a mystery that no one person or entity could hope to know or understand, let alone to direct: “The statesman, who should attempt to direct private people in what manner they ought to employ their capitals, would . . . assume an authority which could safely be trusted, not only to no single person, but to no council or senate whatever. . . .”1 The neoliberal economist Friedrich Hayek, whose work we discussed briefly in Chapter 2 as the foundation for the market-privileging economic policies of the past half century, drew the most basic tenets of his arguments from Smith’s assumptions about the whole and the part. “Adam Smith,” Hayek wrote, “was the first to perceive that we have stumbled upon methods of ordering human economic cooperation that exceed the limits of our knowledge and perception. His ‘invisible hand’ had perhaps better have been described as an invisible or unsurveyable pattern.”2 As with Planck, Meyer, and Skinner, both Hayek and Smith unequivocally link freedom and ignorance. In Hayek’s framing, the mystery of the market is that a great many people can behave effectively while remaining ignorant of the whole. Individuals not only can choose freely, but they must freely choose their own pursuits because there is no alternative, no source of total knowledge or conscious control to guide them. “Human

Fin qui ne faisait pas partie de son intention. Cette fin est l'emploi efficace du capital dans le marché plus large : la richesse des nations. Les actions individuelles qui produisent des marchés efficaces s'ajoutent à un modèle incroyablement complexe, un mystère qu'aucune personne ou entité ne pourrait espérer connaître ou comprendre, et encore moins diriger : « L'homme d'État, qui devrait tenter de diriger les particuliers de quelle manière ils devraient employer leurs capitaux, le feraient. . . assumer une autorité qui pourrait être confiée en toute sécurité, non seulement à aucune personne, mais à aucun conseil ou sénat. . . . »1 L'économiste néolibéral Friedrich Hayek, dont nous avons brièvement discuté des travaux au chapitre 2 en tant que fondement des politiques économiques privilégiant le marché du dernier demi-siècle, a tiré les principes les plus fondamentaux de ses arguments des hypothèses de Smith sur le tout et la partie . « Adam Smith », a écrit Hayek, « a été le premier à percevoir que nous sommes tombés sur des méthodes d'ordonnancement de la coopération économique humaine qui dépassent les limites de notre connaissance et de notre perception. Sa « main invisible » aurait peut-être mieux été décrite comme un modèle invisible ou insondable. »2 Comme pour Planck, Meyer et Skinner, Hayek et Smith associent sans équivoque liberté et ignorance. Dans le cadrage de Hayek, le mystère du marché est qu'un grand nombre de personnes peuvent se comporter efficacement tout en ignorant l'ensemble. Les individus peuvent non seulement choisir librement, mais ils doivent choisir librement leurs propres activités parce qu'il n'y a pas d'alternative, aucune source de connaissance totale ou de contrôle conscient pour les guider. "Humain The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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Surveillance capitalism’s successful claims to freedom and knowledge, its structural independence from people, its collectivist ambitions, and the radical indifference that is necessitated, enabled, and sustained by all three now propel us toward a society in which capitalism does not function as a means to inclusive economic or political institutions.

Les prétentions réussies du capitalisme de surveillance à la liberté et à la connaissance, son indépendance structurelle vis-à-vis des personnes, ses ambitions collectivistes et l'indifférence radicale qui est nécessaire, permise et soutenue par tous les trois nous propulsent maintenant vers une société dans laquelle le capitalisme ne fonctionne pas comme un moyen de institutions économiques ou politiques inclusives. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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Surveillance capitalism’s antidemocratic and antiegalitarian juggernaut is best described as a market-driven coup from above. It is not a coup d’état in the classic sense but rather a coup de gens: an overthrow of the people concealed as the technological Trojan horse that is Big Other. On the strength of its annexation of human experience, this coup achieves exclusive concentrations of knowledge and power that sustain privileged influence over the division of learning in society: the privatization of the central principle of social ordering in the twenty-first century. Like the adelantados and their silent incantations of the Requirimiento, surveillance capitalism operates in the declarative form and imposes the social relations of a premodern absolutist authority.

Le mastodonte antidémocratique et anti-égalitaire du capitalisme de surveillance est mieux décrit comme un coup d'État impulsé par le marché. Il ne s'agit pas d'un coup d'État au sens classique du terme mais plutôt d'un coup de gens : un renversement du peuple déguisé en cheval de Troie technologique qu'est le Grand Autre. Fort de son annexion de l'expérience humaine, ce coup d'État réalise des concentrations exclusives de savoir et de pouvoir qui entretiennent une influence privilégiée sur la division de l'apprentissage dans la société : la privatisation du principe central de l'ordre social au XXIe siècle. Comme les adelantados et leurs incantations silencieuses du Requirimiento, le capitalisme de surveillance opère sous la forme déclarative et impose les relations sociales d'une autorité absolutiste prémoderne. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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Surveillance capitalism’s tyranny does not require the despot’s whip any more than it requires totalitarianism’s camps and gulags. All that is needed can be found in Big Other’s reassuring messages and emoticons, the press of the others not in terror but in their irresistible inducements to confluence, the weave of your shirt saturated with sensors, the gentle voice that answers your queries, the TV that hears you, the house that knows you, the bed that welcomes your whispers, the book that reads you.

La tyrannie du capitalisme de surveillance n'exige pas plus le fouet du despote que les camps et les goulags du totalitarisme. Tout ce qu'il faut se trouve dans les messages et émoticônes rassurants de Big Other, la presse des autres non pas terrorisée mais dans leurs irrésistibles incitations à la confluence, le tissage de votre chemise saturée de capteurs, la voix douce qui répond à vos questions, la télé qui vous entend, la maison qui vous connaît, le lit qui accueille vos murmures, le livre qui vous lit. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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Surveillance capitalism is a boundary-less form that ignores older distinctions between market and society, market and world, or market and person. It is a profit-seeking form in which production is subordinated to extraction as surveillance capitalists unilaterally claim control over human, societal, and political territories extending far beyond the conventional institutional terrain of the private firm or the market. Using Surveillance capitalism’s expropriation of human experience has faced no such impediments.

Le capitalisme de surveillance est une forme sans frontières qui ignore les anciennes distinctions entre marché et société, marché et monde, ou marché et personne. Il s'agit d'une forme de recherche de profit dans laquelle la production est subordonnée à l'extraction alors que les capitalistes de la surveillance revendiquent unilatéralement le contrôle de territoires humains, sociétaux et politiques s'étendant bien au-delà du terrain institutionnel conventionnel de l'entreprise privée ou du marché. L'expropriation de l'expérience humaine par le capitalisme de surveillance n'a pas rencontré de tels obstacles. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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Facebook’s Mark Zuckerberg offers his social network as the solution to the third modernity. He envisions a totalizing instrumentarian order—he calls it the new global “church”—that will connect the world’s people to “something greater than ourselves.” It will be Facebook, he says, that will address problems that are civilizational in scale and scope, building “the long-term infrastructure to bring humanity together” and keeping people safe with “artificial intelligence” that quickly understands “what is happening across our community.”

Mark Zuckerberg de Facebook propose son réseau social comme la solution à la troisième modernité. Il envisage un ordre instrumentiste totalisant – il l'appelle la nouvelle « église » mondiale – qui reliera les peuples du monde à « quelque chose de plus grand que nous-mêmes ». Ce sera Facebook, dit-il, qui s'attaquera aux problèmes d'ampleur et de portée civilisationnelles, en construisant « l'infrastructure à long terme pour rassembler l'humanité » et en assurant la sécurité des gens grâce à une « intelligence artificielle » qui comprend rapidement « ce qui se passe dans notre communauté." The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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The aim now is not to dominate nature but rather human nature. The focus has shifted from machines that overcome the limits of bodies to machines that modify the behavior of individuals, groups, and populations in the service of market objectives. This global installation of instrumentarian power overcomes and replaces the human inwardness that feeds the will to will and gives sustenance to our voices in the first person, incapacitating democracy at its roots.

Le but maintenant n'est pas de dominer la nature mais plutôt la nature humaine. L'attention s'est déplacée des machines qui dépassent les limites des corps aux machines qui modifient le comportement des individus, des groupes et des populations au service des objectifs du marché. Cette installation globale du pouvoir instrumentaire surmonte et remplace l'intériorité humaine qui alimente la volonté de vouloir et nourrit nos voix à la première personne, invalidant la démocratie à ses racines. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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There can be no law to protect us from the unprecedented, and democratic societies, like the innocent world of the Tainos, are vulnerable to unprecedented power.

Il ne peut y avoir de loi pour nous protéger du sans précédent, et les sociétés démocratiques, comme le monde innocent des Tainos, sont vulnérables à un pouvoir sans précédent. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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The weakening attachment to democracy in the United States and many European countries is of serious concern.

L'affaiblissement de l'attachement à la démocratie aux États-Unis et dans de nombreux pays européens est très préoccupant. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

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that surveillance capitalism takes an even more expansive turn toward domination than its neoliberal source code would predict, claiming its right to freedom and knowledge, while setting its sights on a collectivist vision that claims the totality of society.

Le  capitalisme de surveillance prend un virage encore plus large vers la domination que son code source néolibéral ne le laisserait présager, revendiquant son droit à la liberté et à la connaissance, tout en jetant son dévolu sur une vision collectiviste qui revendique la totalité de la société. The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff

 

vendredi 30 juillet 2021

Une philosophie pour vivre sur la Terre , Ayn Rand

 

Une philosophie pour vivre sur la Terre,  - T - , Ayn Rand, Les Belles Lettres



L’objectivisme, soutient que : 1. La réalité existe en tant qu’absolu objectif – les faits sont les faits, indépendamment des sentiments, souhaits, espoirs ou peurs humains… 2. La raison […] est le seul moyen qu’a l’homme de percevoir la réalité, sa seule source de connaissance, son seul guide pour l’action et son moyen basique de survie. », (chronique parue dans le Los Angeles Time du 17 mars 1962), et, encore plus décisivement éclairant : « Je ne suis pas primordialement une avocate du capitalisme, mais de l’égoïsme, et pas primordialement de l’égoïsme, mais de la raison. Si on reconnaît la suprématie de la raison et l’applique avec cohérence, tout le reste suit. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

 

 « Je ne me reconnais envers les hommes aucune autre obligation que celle-ci : respecter leur indépendance. » Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Ce qu’expose John Galt n’est en effet rien moins qu’une « philosophie première » à validité pour survivre et vivre, les hommes ont impérativement besoin d’un « code moral » (une « échelle de valeurs ») conforme à leur nature et à la nature des choses, lequel leur fait cruellement défaut dans le monde moderne. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Seul un processus rationnel est moral Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Rechercher son propre bonheur à condition d’en être soi-même l’agent rationnel Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Le seul objectif moral de la vie d’un homme est son propre accomplissement, et le bonheur est la preuve de son intégrité morale, attestant qu’il vit conformément à ses valeurs. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Le « cannibalisme » moral qui se traduit par la réduction de l’homme à l’état d’« animal sacrificiel » à qui est inoculée une « culpabilité imméritée Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

L’importance majeure des « concepts axiomatiques » que sont l’existence, l’identité et la conscience : ce sont pour elle « les gardiens de l’esprit humain et les fondements de la raison ». Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

L’égoïsme revu et corrigé par Rand a pour mission de sauver l’homme de cette abomination de la désolation qu’est la conception « sacrificielle » de l’altruisme, l’avatar le plus corrosif du collectivisme. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Contrôler ce mécanisme » pour le transmuer en « une philosophie consciente de la vie », où, par un travail rationnel sur soi, il se choisit et choisit le cours et le sens à donner à sa propre existence. L’objectivisme se veut ainsi une philosophie des possibles de la liberté intérieure et du « free will » avant d’être sociale, économique ou politique. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Réalité première (« Les choses sont ce qu’elles sont, elles sont dotées d’une nature spécifique, d’une identité… ») indépendante de la conscience, Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Rand rappelle qu’il n’y a d’authentique égoïsme que procédant d’« un accomplissement conceptuel et philosophique », donc calé sur un ego substantiel qui a mérité sa valeur en ayant construit son autonomie morale dans le respect du sain égoïsme d’autrui. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

L’objectivisme peine à prendre place aux côtés des autres grands courants de pensée ayant pignon sur rue et à bénéficier d’un plein droit philosophique de cité, souvent a priori refusé pour cause d’apologie du capitalisme et de l’égoïsme Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Remobilisés et réactualisés, le réalisme « métaphysique » et le rationalisme épistémologique de l’objectivisme ont de quoi contrecarrer les ravages cognitifs provoqués par le relativisme déconstructeur ambiant (pour lequel tout n’est plus que « construction sociale », « narrations » et « grands récits », les faits étant réduits à n’être que dérisoires interprétations contingentes), le règne de la « post-vérité », l’infantilisation par addiction aux écrans et destruction des capacités d’attention et de ce « focus » auquel Rand attachait tant d’importance. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Les concepts sont des abstractions ou universaux, alors que tout ce que perçoit l’homme est spécifique, concret. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

D’un point de vue chronologique, la conscience humaine se développe selon trois étapes : celle des sensations, puis la perceptuelle et la conceptuelle – d’un point de vue épistémologique, la base de toute connaissance humaine se situe au niveau perceptuel. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Une sensation est la sensation de quelque chose, par opposition au rien des instants qui ont précédé et suivi. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Une sensation ne dit pas à l’homme ce qui existe, mais signale simplement le fait que ça existe.) Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

L’opération de mesure est un processus qui permet d’intégrer un éventail illimité de connaissances dans l’expérience perceptuelle limitée de l’homme – processus qui permet de rendre l’univers accessible au savoir en le plaçant à la portée de la conscience humaine, en établissant le lien qui existe entre lui et l’homme. Ce n’est pas un hasard si les toutes premières tentatives chez l’homme d’opérer des mesures (nous en conservons la preuve jusqu’aujourd’hui) ont consisté à tout ramener à lui-même – comme lorsqu’il prit la longueur de son pied comme unité de mesure de longueur, ou lorsqu’il adopta le système décimal, qui est censé devoir son origine au fait que les dix doigts humains aient servi d’unités de comptage. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

L’homme est la mesure de toute chose. » L’homme est effectivement la mesure, mais dans un sens épistémologique, et non métaphysique. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La réunion dont il est question n’est pas une simple addition, mais une intégration, c’est-à-dire la fusion des unités en une unique entité mentale nouvelle, qui peut servir après coup d’unique unité de pensée (mais que l’on peut toujours réduire à ses composantes lorsqu’il le faut). Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Apprendre à parler, ce n’est pas une question de mémoriser des sons – cela, c’est la façon dont le perroquet apprend à « parler ». Cet apprentissage se fonde sur la compréhension du sens, c’est-à-dire celle des référents des mots, les types d’existants que les mots désignent dans la réalité. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Jaune surlignement | Emplacement: 867

Organisme » (en termes généraux) serait la suivante : « Entité possédant les capacités de produire une action générée de manière interne, de croître grâce au métabolisme, et de se reproduire. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Concept d’« homme » ne se résume pas à « capacité rationnelle » (si c’était le cas, les deux seraient équivalents et interchangeables, ce qu’ils ne sont pas), mais englobe absolument toutes les caractéristiques de l’« homme », Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La conscience, c’est la faculté de se sentir présent au monde – la faculté de percevoir ce qui existe. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Lorsqu’un homme voit une femme marcher dans la rue, l’acte de sa conscience relève de la perception ; lorsqu’il remarque qu’elle est belle, l’acte de sa conscience tient de l’évaluation ; lorsqu’il éprouve en lui-même un sentiment de plaisir, de satisfaction et d’admiration, l’acte de sa conscience relève de l’émotion ; lorsqu’il s’arrête pour la regarder, et se livre, à partir de ce qu’il voit, à des spéculations sur son tempérament, son âge, sa position sociale, etc., l’acte de sa conscience tient de la pensée ; lorsque, plus tard, il se rappelle cette occasion, l’acte de sa conscience tient de la réminiscence ; lorsqu’il se dit que cette femme paraîtrait sous un plus beau jour si elle avait des cheveux blonds plutôt que bruns, et si sa robe était bleue plutôt que rouge, l’acte de sa conscience relève de l’imagination. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Mesure implique qu’on ait recours à une unité de référence adéquate, Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La motivation expliquant cette attitude hostile à la mesure paraît évidente : c’est le désir de préserver un sanctuaire pour tout ce qui est indéterminé au profit des ennemis de la raison – le désir, d’un point de vue épistémologique, de se soustraire à la responsabilité de la précision cognitive et de l’intégration à grande échelle ; Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Il est impossible à l’homme de posséder un savoir qui dépasserait la somme de ses découvertes Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

L’école platonicienne commence par accepter la primauté de la conscience, inverser le rapport entre la conscience et l’existence, poser comme hypothèse que la réalité doit se conformer au contenu de la conscience, et non le contraire – selon le postulat que la présence de toute notion dans l’esprit humain constitue une preuve de l’existence d’un référent correspondant dans la réalité. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

L’école platonicienne montre toujours une trace de respect pour la réalité, ne serait-ce qu’avec cette idée qui reste inexprimée : on y déforme la réalité dont on fait une construction mystique pour mieux faire passer l’idée et justifier le subjectivisme.

On ne peut analyser (ou « prouver ») l’existence en tant que telle, pas plus que la conscience en tant que telle. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Il faut se rappeler que la prise de conscience conceptuelle est la seule de sa catégorie à pouvoir intégrer le passé, le présent et le futur. Les sensations ne sont rien d’autre qu’une conscience du présent, et il n’est pas question de les conserver au-delà de l’instant immédiat Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

L’« existence », « l’identité » et la « conscience » n’ont pas de contraires – ou alors c’est le néant. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La non-existence en tant que telle, c’est le zéro que ne suit aucun nombre, c’est le rien, c’est le néant total.

Seule la conscience humaine, susceptible de commettre des erreurs conceptuelles, ressent la nécessité d’identifier de façon particulière le donné immédiat, d’embrasser et de délimiter le champ entier de sa présence au monde – de le délimiter par rapport au néant de l’irréalité auquel conduisent les erreurs conceptuelles. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Les concepts axiomatiques sont les gardiens de l’esprit humain et le fondement de la raison – la clé de voûte, la pierre de touche et le label de qualité de la raison – et si la raison doit être détruite, ce sont les concepts axiomatiques qu’il faut détruire. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

L’une des conséquences (variante vulgaire du pillage de concepts, pratique courante chez les mystiques et autres irrationalistes), c’est un sophisme auquel je donne le nom de réification du zéro. Il consiste à considérer « rien » comme une chose, un genre spécial, différent d’existant. (Par exemple, je vous renvoie à l’existentialisme.) Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Les concepts représentent des concentrations de savoir, qui ouvrent la voie à de nouvelles analyses et permettent la division du travail cognitif.

 Chacun de nous doit se sentir tenu de savoir ce que contient son fichier mental qui concerne tout concept qu’il exprime, de veiller à ce qu’il reste intégré à ses autres fichiers mentaux, et de se mettre en quête de toute information complémentaire lorsqu’il lui faut vérifier, corriger ou améliorer ses connaissances. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Nul esprit n’est capable à lui tout seul d’intégrer toutes les connaissances à la disposition du genre humain aujourd’hui, et encore moins d’en retenir les détails les plus subtils. Il faut bien, pourtant, que ce savoir soit intégré et puisse se prêter à la compréhension et à la vérification de chacun, si l’on ne veut pas que la science s’écroule sous le poids de détails infimes sans liens entre eux, non corroborés, et contradictoires. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Les concepts représentent un système de classement mental avec recoupement, qui est à ce point complexe que le plus gros ordinateur électronique n’est, en comparaison, qu’un jouet d’enfant. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Ce système fournit le contexte, le cadre de référence, grâce auxquels l’homme assimile et classe (et étudie plus avant) tous les existants qu’il rencontre et tous les aspects de la réalité. Le langage réalise la mise en œuvre physique (visuelle et sonore) de ce système. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La finalité première des concepts et du langage, c’est de mettre au service de l’homme un système de classification et d’organisation cognitives, qui lui permette d’accumuler du savoir en quantité illimitée ; en d’autres termes : d’assurer que l’esprit humain conserve toute sa clarté et soit en mesure d’exercer sa pensée. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La fausse définition du concept d’« apprentissage » a conduit certains à mettre sur un même pied le « comportement » d’un morceau de fer aimanté et celui de l’homme. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Les langues, pour la plupart d’entre elles, utilisent des mots qui n’ont pas d’équivalent exprimé par un seul terme dans d’autres langues. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Il faut se garder de multiplier les concepts plus que de besoin. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La plus grande responsabilité des philosophes consiste à servir de gardiens et d’intégrateurs du savoir humain. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Si, dans le domaine des mathématiques, les nombres n’étaient pas affectés de valeurs fixes et fermes, s’ils étaient de simples approximations dépendant de l’humeur de ceux qui les manient – tant et si bien que « 5 », par exemple, pourrait signifier cinq dans certains calculs, mais six et demi ou bien quatre trois quarts dans d’autres, selon que cela « arrange » ou non celui qui manipule les chiffres – la science des mathématiques n’aurait pas lieu d’exister. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Et pourtant, voilà bien là l’usage que la plupart des gens font des concepts, et l’enseignement qu’on leur inculque. Ils se montrent incapables de faire la distinction entre réflexion et émotion, connaissance et évaluation, observation et imagination, incapables encore de voir la différence entre existence et conscience, objet et sujet, incapables d’interpréter le sens d’un état d’âme – et ils passent leur vie, comme s’ils étaient, atterrés, retenus captifs à l’intérieur de leur propre boîte crânienne, effrayés à l’idée de regarder la réalité en face, paralysés par le mystère de leur propre conscience. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Ce ne sont pas les sciences spécialisées qui apprennent à penser ; c’est la philosophie qui définit les critères épistémologiques utiles dans toutes les sciences spécialisées. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Il est grand temps qu’on accorde à la conscience de l’homme le même respect qu’on témoigne vis-à-vis de son corps – en d’autres termes, qu’on fasse preuve de la même objectivité. L’objectivité naît lorsque l’on commence à comprendre que l’homme (avec toutes ses fonctions et facultés, y compris sa conscience) est une entité d’une nature spécifique qui doit dans ses actes se conformer à cette réalité, qu’il ne saurait se soustraire à la loi de l’identité, ni dans l’univers qui est le sien, ni dans le fonctionnement de sa propre conscience, et que s’il doit apprendre à connaître le premier, il doit pareillement découvrir la bonne méthode lui permettant de faire usage de la seconde ; que l’arbitraire n’a sa place dans aucune des activités humaines, et surtout pas dans sa démarche de la connaissance – et de la même manière qu’il a appris à se laisser guider par des critères objectifs quand il fabrique ses outils manuels, il doit se laisser guider par des critères objectifs lorsqu’il élabore les outils de sa connaissance : ses concepts. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Vous avez continué de prétendre que votre code moral était noble, mais que la nature humaine n’était pas assez bonne pour le mettre en pratique. Nul ne s’est levé pour poser la question : Bonne ? Selon quelle norme ? Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Aristote, ne considérait pas l’éthique comme une science exacte ; il fonda son système éthique sur l’observation de ce que les hommes sages de son temps choisissaient de faire, laissant sans réponses les questions suivantes : qu’est-ce qui motivait leurs choix ? et pourquoi considérait-il ces hommes comme sages Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

L’acceptation des doctrines éthiques des mystiques, en les justifiant à l’aidé de motifs sociaux, substituant ainsi simplement la société à Dieu.

La vie est un processus d’action qui s’auto-génère et s’auto-entretient1. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Si un organisme cesse d’entretenir ce processus, il meurt ; ses éléments chimiques demeurent, mais sa vie cesse d’exister. C’est seulement le concept de “vie” qui rend le concept de “valeur” possible. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Seul le concept de “vie” rend possible le concept de “valeur” ». Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La validation des jugements de valeur doit être accomplie en fonction des faits de la réalité. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La capacité de faire l’expérience du plaisir ou de la douleur est innée dans le corps de l’homme ; cela fait partie de sa nature, du genre d’entité qu’il est. Il n’a aucun choix à cet égard, ni sur la norme qui détermine ce qui lui procurera une sensation physique de plaisir ou de douleur. Quelle est cette norme ? Sa vie. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Ce qui distingue particulièrement l’homme de toutes les autres espèces vivantes est le fait que sa conscience peut vouloir. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

C’est par choix que l’homme doit être homme, et la tâche de l’éthique est de lui enseigner comment vivre en homme. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Les trois valeurs cardinales de l’éthique objectiviste sont la raison, l’intentionnalité et l’estime de soi Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Ce n’est pas le degré d’habileté d’un homme ni la portée de son travail qui est éthiquement pertinent ici, mais le fait qu’il utilise ou non son esprit de la manière la plus complète et la plus réfléchie possible. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

On doit mériter le droit de se considérer soi-même comme notre plus grande valeur en réalisant notre propre perfection morale, Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Tout comme la vie est une fin en soi, chaque être humain vivant est une fin en lui-même, non le moyen pour les fins ou le bien-être des autres. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Le bonheur indique la réussite et la vie, la souffrance est un signal d’avertissement de défaite et de mort. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Les émotions sont le fruit des prémisses de l’homme, quelles soient conscientes ou inconscientes, explicites ou implicites.

L’homme ne peut pas choisir de ne pas être capable de ressentir que quelque chose est bon ou mauvais pour lui ; mais ce qu’il considèrera

Comme bon ou mauvais, ce qui lui donnera de la joie ou de la souffrance, ce qu’il aimera ou haïra, désirera ou craindra, dépend de son critère d’évaluation. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Un homme qui se complaît à vouloir des choses contradictoires désintègre sa conscience. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Le bonheur est cet état de conscience qui découle de l’accomplissement des valeurs d’un individu. Si celui-ci valorise le travail productif, son bonheur est la mesure de son succès au service de sa vie. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Les émotions ne sont pas des outils de connaissance. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Si le « désir » est la norme éthique, le désir d’un homme de produire et le désir d’un autre homme de le voler ont une validité éthique égale ; le désir d’un homme d’être libre et le désir Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Le cannibalisme moral de toutes les doctrines hédonistes et altruistes tient dans la prémisse que le bonheur d’un homme nécessite le malheur d’un autre. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Les deux grandes valeurs dont on peut bénéficier par la vie sociale sont la connaissance et l’échange.

L’homme est la seule espèce qui peut transmettre et étendre son bagage de connaissances d’une génération à l’autre. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Un cambrioleur cherche à s’emparer de biens en tuant sa victime ; la victime ne devient pas plus riche en tuant un cambrioleur. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

L’altruisme, cette éthique qui considère l’homme comme un animal sacrificiel, qui soutient que l’homme n’a pas le droit de vivre pour lui-même, que les services qu il peut rendre aux autres sont la seule justification de son existence, et que le sacrifice de soi est son plus haut devoir moral, sa plus grande vertu et sa valeur la plus importante. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Ce n’est pas l’immoralité des hommes qui est responsable de la désintégration qui menace maintenant de détruire le monde civilisé, mais le genre de moralités qu’on leur a demandé de mettre en pratique. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Si nous observons nos philosophes contemporains, ce qu’il nous est donné à voir, c’est le spectacle grotesque de réalités marquantes telles que l’incertitude prosélyte, le cynisme conquérant, l’agnosticisme dogmatique, l’autodévalorisation revendiquée, et la perversion bien-pensante – dans un climat mêlant culpabilité, panique, désespoir, ennui, et dérobade généralisée. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Si l’on demande à nos guides intellectuels de nous désigner les idéaux précis qu’il convient de défendre, la réponse vient avec la consistance poisseuse d’un liquide sirupeux ranci – son salmigondis de paroles lénifiantes et bien-pensantes, de demandes de pardon tous azimuts tournant autour de l’amour fraternel, du progrès global et de la prospérité universelle que l’Amérique doit offrir au monde sur ses propres deniers Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

D’un point de vue historique, l’intellectuel de profession est un phénomène très récent : il ne date que de la révolution industrielle. Il n’en existe pas dans les sociétés primitives et sauvages qui ne connaissent que les sorciers. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La conscience de l’homme partage avec les animaux les deux premières phases de son développement : les sensations et les perceptions ; mais c’est la troisième phase, celle des conceptualisations, qui le distingue en tant qu’homme. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

L’homme a le choix entre penser la réalité ou la fuir – entre préserver un état de totale lucidité ou se laisser aller par moments à la rêverie, à un délire à demi-conscient, à devenir la proie de toutes sortes de toquades surgies à la chaîne, et produites par le mécanisme désordonné de sa conscience. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

L’homme est le seul être vivant qui doive percevoir la réalité – en d’autres termes : être conscient – Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Survienne une sécheresse, et les animaux meurent – tandis que l’homme creuse des canaux d’irrigation ; survienne une inondation, et les animaux meurent – tandis que l’homme construit des digues. Une meute de carnivores les attaque ? Et les animaux meurent – tandis que l’humain rédige la Constitution des États-Unis. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La seule confirmation qu’il puisse obtenir dans ce bas monde de la légitimité de sa conscience, il la trouve dans la crédulité et la docilité des autres, au moment où ils accueillent sa « vérité » avec le sentiment qu’elle est supérieure à la leur. Là où Attila se sert d’un gourdin pour s’assurer de leur docilité, le Sorcier y parvient en faisant l’usage d’une arme autrement plus redoutable : son droit prioritaire dans le domaine de la moralité. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

N’existe aucun moyen de faire en sorte qu’un être humain accepte de jouer le rôle de l’animal promis au sacrifice, si ce n’est en éradiquant chez lui toute estime de soi. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La damnation de ce monde qui serait un royaume où l’homme ne peut rien attendre d’autre que la douleur, le désastre et la défaite, un royaume inférieur à une autre réalité plus « noble » ; la condamnation de toutes les valeurs, joies, réussites et victoires, parce qu’elles seraient la preuve de la perversion humaine ; la damnation de l’esprit humain, parce qu’il serait le siège de l’orgueil, et celle de la raison, parce que ce serait une faculté « limitée », trompeuse, peu fiable, inefficace, incapable de percevoir la réalité « réelle » et la vérité vraie » ; la scission de l’homme en deux, mettant aux prises sa conscience (son âme) et son corps, ses valeurs morales et son propre intérêt ; la damnation de la nature humaine, corps et ego symbolisant le mal ; l’injonction de se plier au sacrifice de soi, au renoncement, à la souffrance, à l’obéissance, à l’humilité et à la foi, pour faire triompher le bien ; la damnation de la vie et le culte de la mort, joints à la promesse de récompenses dans l’au-delà – ainsi se présente la liste des credo qui composent la vision de l’existence du Sorcier, et tels qu’ils ont été inclus dans toutes les variantes de la philosophie du maître Sorcier au fil de l’histoire de l’humanité. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Lorsque les humains font le choix de rester en deçà du niveau conceptuel, tout ce que leur conscience peut faire, c’est activer ses fonctions instinctives, perceptuelles, semi-animales. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Si un chaînon manquant entre l’homme et l’animal doit être trouvé, c’est chez Attila et le Sorcier que nous le découvrirons – ces vils exploiteurs des carences humaines. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Le bruit du premier pas de l’homme dans les annales de l’histoire, qui a précédé l’entrée sur la scène historique du producteur, se fit entendre lors de la naissance de la philosophie dans la Grèce Antique. Toutes les cultures précédentes avaient été dominées, non par la raison, mais par le mysticisme : le rôle de la philosophie – la formulation d’une vision intégrée de l’humanité, de l’existence, et de l’univers – était alors demeuré le monopole de diverses religions qui imposaient leurs doctrines en prétendant que leur connaissance du surnaturel fondait leur souveraineté, et qui formulaient les commandements auxquels il fallait se plier dans l’existence. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

C’est la philosophie d’Aristote qui constitua la Déclaration d’Indépendance de l’intellect. Aristote, le père de la logique, mérite de recevoir le titre de premier intellectuel au monde, dans le sens le plus pur et le plus noble du terme. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La réalité est par nature unique, elle est ce que l’homme perçoit – qu’elle existe en tant qu’absolu objectif (comprenons : indépendamment de la conscience, des desiderata ou des sentiments de tout sujet observant) – que le rôle de la conscience humaine tient dans la perception, et non la création, de la réalité – que le passage par l’abstraction est la méthode adoptée par l’homme pour intégrer son matériel sensoriel – que la raison humaine est son unique instrument de connaissance – que A est A. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Les Pères fondateurs n’étaient ni des mystiques passifs, voués au culte de la mort, ni des pillards sans foi ni loi avides de pouvoir ; en tant que groupe politique, ils constituaient un phénomène historiquement sans précédent : c’étaient des penseurs doublés d’hommes d’action. Ils avaient mis au rebut la dichotomie âme et corps, ainsi que ses deux corollaires : l’inanité de la raison humaine et la damnation du monde d’ici-bas ; ils avaient mis au rebut la doctrine qui fait de la souffrance le destin métaphysique de l’homme, ils professèrent le droit des hommes à se mettre en quête du bonheur, et étaient résolus à réaliser sur cette Terre les conditions garantissant aux hommes une existence décente, en recourant au pouvoir « autonome » de leur intellect. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La liberté intellectuelle ne saurait exister sans la liberté politique ; cette liberté politique elle-même ne saurait exister sans la liberté économique ; la liberté de la conscience et la liberté du marché sont deux corollaires. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Lorsque les hommes peuvent pratiquer le libre-échange, avec pour seuls arbitres la raison et la réalité, lorsque aucun d’entre eux n’est autorisé à recourir à la force pour arracher le consentement d’autrui, c’est le produit le meilleur et le jugement le plus sûr qui l’emportent dans tous les champs de l’activité humaine, et font en sorte que le niveau de vie – comme celui de la pensée – ne cesse de s’envoler au profit de tous ceux qui prennent leur part dans l’activité productive de l’humanité. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

L’intellectuel, ce sont les yeux, les oreilles et la voix d’une société libre : sa contribution spécifique, c’est d’observer la marche du monde, d’en découvrir le sens et de communiquer ses conclusions à tous ses collègues à l’œuvre dans les autres domaines du savoir. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Une société de liberté doit pouvoir compter sur le sens de l’honneur de ses intellectuels : elle doit attendre d’eux qu’ils se montrent performants, incontestables, précis et objectifs, à l’instar des presses d’imprimerie et des postes de télévision qui véhiculent leur voix. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

L’industriel a rendu possible une hausse du niveau de vie général – cependant que l’intellectuel a fait chuter la qualité de réflexion des êtres humains au niveau de celle du plus minable des sauvages. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

L’homme est limité à une conscience de nature spécifique, qui perçoit le monde à l’aide de moyens spécifiques et nul autre, et donc sa conscience n’a aucune valeur ; l’homme est aveugle, parce qu’il a des yeux pour voir – sourd, parce qu’il a des oreilles pour entendre – et il est dans l’erreur, parce qu’il est doué de raison – et enfin les objets qu’il perçoit n’existent pas, pour la bonne et simple raison qu’il les perçoit. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La grande trahison dont sont coupables les philosophes vient de ce qu’ils ne sont jamais sortis du Moyen Âge : ils n’ont jamais remis en cause le code éthique du Sorcier. De bon gré, ils mettaient en doute l’existence des objets physiques, la pertinence de leurs propres sens, ils remettaient en cause l’autorité des monarchies absolues, parfois même ils se déclaraient sceptiques, agnostiques, ou bien athées – mais ils refusaient de questionner la doctrine selon laquelle l’homme serait un animal sacrificiel, qu’il serait privé de tout droit de vivre pour lui-même, que sa seule raison de vivre serait de se mettre au service des autres, et que le sacrifice de soi représente le sommet de son devoir moral, de sa vertu et de sa valeur. Sous ses innombrables visages, variations et adaptations, cette doctrine – mieux décrite sous le nom de morale de l’altruisme Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La grande trahison des philosophes vient de ce que, en leur qualité de penseurs, ils se dérobèrent devant la responsabilité d’élaborer, pour le bien d’une société fondée sur la raison, un code éthique lui-même fondé sur la raison. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Les intellectuels furent incapables de comprendre, d’identifier et de mesurer l’événement historique qui se déroulait sous leurs yeux : la révolution industrielle et l’avènement du capitalisme. On eût dit des spectateurs insensibles à la splendeur d’une fusée de feu d’artifice qui explose au-dessus de leur tête, parce qu’ils gardent les yeux baissés en signe de culpabilité. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Le socialisme est la doctrine selon laquelle l’homme est privé du droit de vivre pour lui-même, son existence et son labeur ne lui appartiennent pas en propre, mais sont le bien de la société, l’unique justification de sa vie sur Terre est le service qu’il doit à la société, et cette société peut se passer de lui totalement à sa guise si cela peut être utile à ce qu’elle considère comme son intérêt tribal et collectif. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Le spectacle le plus anachronique et le plus atavique de l’histoire, c’est celui des intellectuels contemporains qui empruntent la voix primitive du Sorcier et qui, en pleine civilisation industrielle, pleurnichent sur le grand malheur qu’est la vie sur Terre, la turpitude de l’homme, la stérilité de sa raison, l’ignoble vulgarité de la chasse aux biens matériels, et louent la noblesse de la quête du surnaturel. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Le nouvel intellectuel sera celui qui saura se hisser à la hauteur du terme qui sert à le désigner : celui qui est guidé par son intellect – pas un zombie soumis à ses sentiments, ses instincts, ses envies, ses souhaits, ses humeurs ou à ses révélations. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Des idées coupées de l’action qu’elles mettent en œuvre sont pure escroquerie, et que l’action dissociée des idées qui la motivent est une manière de suicide. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Aucune discussion, coopération, entente ou conciliation n’est possible avec des individus qui ne font pas la différence entre l’expression de l’émotion et l’administration de la preuve. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Tout système politique est basé sur un code éthique. Les éthiques dominantes dans l’histoire de l’humanité furent des variantes de la doctrine altruiste-collectiviste, qui subordonnait l’individu à une certaine autorité supérieure, soit mystique, soit sociale.

La réalisation la plus profondément révolutionnaire des États-Unis d’Amérique fut la subordination de la société à la loi morale. Le principe des droits individuels de l’homme représentait l’extension de la moralité au système social, en tant que limitation des pouvoirs de l’État, protection de l’homme contre la force brute du collectif, subordination de la force au droit. Les États-Unis furent la première société morale de l’histoire. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Les États-Unis considéraient l’homme comme une fin en soi, et la société comme un moyen pour la coexistence pacifique, ordonnée et volontaire des individus. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Les droits d’un homme n’imposent aucune obligation sauf d’un genre négatif : s’abstenir de violer ses droits. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Le concept des droits individuels est si nouveau dans l’histoire humaine que la plupart des hommes ne l’ont pas compris complètement à ce jour. Suivant l’une ou l’autre des conceptions de l’éthique, la mystique ou la sociale, on affirme que les droits sont un cadeau de Dieu ; ou un cadeau de la société. Mais, en fait, la source des droits est la nature humaine. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La source des droits de l’homme n’est pas la loi divine ou la loi politique, mais la loi de l’identité. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La Déclaration des Droits n’était pas dirigée contre les citoyens privés, mais contre le gouvernement – comme une déclaration explicite que les droits individuels priment tout pouvoir public ou social. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Si certains hommes sont habilités en vertu d’un droit aux produits du travail d’autres hommes, cela signifie que ceux-ci sont dépourvus de droits et condamnés aux travaux forcés. Tout prétendu « droit » d’un homme, qui nécessite la violation de celui d’un autre n’est pas et ne peut pas être un droit. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Quels que soient l’époque ou le pays, les criminels n’ont toujours représenté qu’une petite minorité. Et le mal qu’ils ont fait à l’humanité est infinitésimal en comparaison des horreurs (massacres, guerres, persécutions, confiscations, famines, asservissements, destructions devient massives) perpétrés par les gouvernements dans l’histoire. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La fonction politique du « droit de libre expression » est de protéger les dissidents et les minorités impopulaires contre la censure – non de leur garantir le secours, les avantages et les récompenses de la popularité qu’ils n’ont pas acquise. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Ni la politique, cependant, ni l’éthique ni la philosophie ne sont des fins en elles-mêmes. Seul l’Homme est à lui-même sa propre fin. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Le romancier, tel que je le vois, est à la fois chercheur d’or et joaillier. Sa fonction, c’est de découvrir le potentiel, la mine d’or, de l’âme humaine, d’extraire l’or et de confectionner ensuite une magnifique couronne à la mesure de son talent et de son imagination. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

En art, et en littérature, la fin et les moyens, ou le sujet et le style, doivent être dignes l’un de l’autre. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Dans la mesure où la religion est une forme primitive de la philosophie – une tentative visant à offrir une vision globale de la réalité – nombre de ses mythes sont des allégories déformées et dramatisées qui se fondent sur un élément partiel de vérité, sur un aspect véridique, bien qu’essentiellement vague, de l’existence humaine. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

 « Que Dieu m’accorde la sérénité qui me permette d’accepter ce que je ne peux changer, le courage de changer ce que je peux modifier, et la sagesse de percevoir la différence. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Comprendre le sens de l’axiome selon lequel l’existence existe, c’est comprendre le fait que la nature, c’est-à-dire l’univers dans sa totalité, ne peut être créé ni anéanti, qu’il ne peut commencer ni cesser d’exister. Que ses constituants élémentaires soient des atomes, ou des particules subatomiques, ou encore des formes d’énergie qui n’ont pas encore été découvertes, l’univers n’est pas régi par une conscience, une volonté ou le hasard, mais par la Loi de l’Identité. Tous les innombrables mouvements, formes, combinaisons et dissolutions des éléments au sein de l’univers – depuis le grain de poussière volant jusqu’à la formation d’une galaxie et l’émergence de la vie – sont causés et déterminés par l’identité des éléments impliqués. La nature, c’est le donné métaphysique – en d’autres termes, la nature de la nature est hors de portée du pouvoir de la volonté. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Le pouvoir de procéder aux combinaisons des éléments naturels, voilà la seule faculté créative dont l’homme soit pourvu. Elle lui confère une puissance énorme et glorieuse – et le concept de « créatif » est pris dans son unique acception. La « créativité » en elle-même ne doit pas se confondre (et d’un point de vue métaphysique, elle ne le peut pas) avec le pouvoir de faire surgir de l’existence à partir du néant. La « créativité », c’est le pouvoir de donner l’existence à l’amalgame (ou la combinaison ou bien encore l’intégration) d’éléments naturels qui n’avait jamais existé auparavant. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

L’imagination de l’homme n’est rien d’autre que la capacité à recomposer les choses qu’il a observées dans la réalité. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Francis Bacon : « On ne peut soumettre la nature qu’en lui obéissant. » Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La nature n’offre à l’homme aucune garantie automatique de la sagesse de ses jugements (et cela précisément est un fait qui constitue un donné métaphysique, qu’on est bien forcé d’accepter). Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand Jaune surlignement | Emplacement: 4,698

La sérénité est le fruit de la capacité à dire « oui » à l’existence. Le courage est fruit de la capacité à dire « non » aux mauvais choix opérés par autrui. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Peu importe la vérité dans cette affaire, à partir du moment où les gens ont le sentiment d’être dans la vérité. » Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Ce qu’il faut accepter, c’est que la conscience d’autrui ne nous appartient pas, de la même façon que notre propre conscience échappe à son pouvoir ; on est bien obligé d’accepter le fait que les autres ont le droit d’agir comme ils le souhaitent, et que nous-mêmes, nous devons exprimer notre accord ou notre désaccord, accepter ou rejeter ce qu’ils proposent, nous mettre de leur côté ou préférer l’opposition Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

L’homme ne saurait survivre longtemps dans un état de nature, que la raison est l’instrument de sa survie, qu’il survit grâce à ce qu’il fabrique et construit, et que la source de son œuvre est à trouver dans son intelligence.

Jaune | Emplacement: 4,850

L’intelligence, c’est la capacité à comprendre les faits qui constituent la réalité et à en faire usage sur un temps long (c’est-à-dire de manière conceptuelle). Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

De nos jours, l’intelligence n’est ni reconnue ni récompensée, mais est au contraire systématiquement submergée dans un flot d’irrationalité déversé sans vergogne. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Notre valeur propre ne s’obtient qu’au mérite. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Pour l’être amoral, le critère implicite qui sous-tend son autoévaluation (critère qu’il n’identifie ou n’admet que rarement) est le suivant : « Je suis un homme bien, parce que je suis moi. » Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

L’être amoral, quant à lui, n’est porteur d’aucune valeur subjective ; des valeurs, il n’en respecte aucune. Le critère implicite qui sous-tend tous ses jugements de valeur est celui-ci : « Cela est bien parce que cela me plaît à moi » – « Cela est juste parce que je l’ai fait, moi » – « Cela est vrai parce que c’est moi qui en décide ». Quelle est la nature de ce « moi » dans ces affirmations ? Une masse informe mue par une angoisse chronique.

Ces savants, auteurs d’exploits dans le domaine de l’intégration conceptuelle et de la pensée rationnelle, deviennent lamentablement anticonceptuels dans tous les autres aspects de leur existence, au niveau surtout des relations humaines et des questions sociales. (À titre d’exemple, mettez l’œuvre scientifique d’Einstein en regard de ses opinions politiques.) Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Aucune société fondée sur la division du travail, cependant, ne saurait survivre sans le secours d’une philosophie rationnelle – sans l’existence d’un support de principes fondamentaux dont la fonction est d’apprendre à l’esprit humain à être humain, c’est-à-dire conceptuel. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Où suis-je ? Comment puis-je le savoir ? Que dois-je faire Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La philosophie se donne pour objet d’étude la nature fondamentale de l’existence, de l’homme, et du rapport que l’homme entretient avec l’existence. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Vous ferez valoir sans doute – comme la plupart de vos semblables – que vous n’avez jamais été influencé par la philosophie. Je vous demanderai de bien réfléchir à ce que vous affirmez là. Avez-vous un jour pensé ou parlé en ces termes : « Méfie-toi de tes certitudes, personne n’est jamais sûr de rien. » ? Cette opinion vous est venue de David Hume (et de beaucoup, beaucoup d’autres), même si son nom ne vous dit rien du tout. Ou encore : « Cela peut être bien en théorie, mais ça ne marche pas en pratique. » Vous tenez cela de Platon. Ou bien : « C’est un scandale de faire cela, mais après tout c’est humain, personne ici-bas n’est parfait. » C’est saint Augustin qui vous l’a soufflé. Ou bien : « C’est peut-être vrai pour vous, mais ce n’est pas vrai pour moi. » C’est du Hegel. Ou bien : « Je ne peux pas en apporter la preuve, mais j’ai le sentiment que c’est vrai. » Du pur Kant. Ou bien : « C’est logique, mais la logique n’a rien à voir avec la réalité. » Kant encore. Ou bien : « C’est mal, parce que c’est de l’égoïsme. » Kant toujours. Vous est-il arrivé d’entendre ces mots de la bouche des activistes modernes : « Agissez d’abord, réfléchissez après » ? Ils les ont appris de John Dewey. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Les notions abstraites sont des agrégats conceptuels qui subsument un nombre incalculable de données concrètes Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

La qualité des éléments à la sortie d’un ordinateur dépend de la qualité des données entrantes. Si c’est le hasard qui programme votre subconscient, à la sortie, vous obtiendrez un résultat de même nature. Vous avez sans doute déjà entendu les informaticiens proclamer avec éloquence que si vous entrez n’importe quoi dans votre PC, il n’en sortira que n’importe quoi. La même formule vaut aussi bien pour ce qui concerne l’activité intellectuelle de l’homme et ses émotions. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Tout homme régi par l’émotion est pareil à un individu commandé par un ordinateur dont il ne comprend pas les messages imprimés. Il ne sait pas si la programmation a été réussie ou ratée, fiable ou fantasque, si tout est prévu pour le conduire vers la réussite ou bien sa faillite, si ont été pris en compte ses objectifs ou bien ceux d’une puissance maléfique autant que mystérieuse. Il est aveugle deux fois : aveugle au monde qui l’entoure, et en même temps à son propre monde intérieur ; il est inapte à comprendre la réalité comme ses propres motivations, et ce sont là deux domaines qui lui inspirent une terreur chronique. Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand

Le meilleur moyen d’étudier la philosophie, c’est de l’aborder comme on le ferait d’un roman policier : suivre chaque piste, relever chaque indice, prévoir tout ce qui peut arriver, afin de trouver qui est l’assassin et qui est le héros. Le critère qui permet de résoudre l’énigme tient en deux questions : Qui ? Et comment ? Si un principe donné semble correct – posez la question du pourquoi ? Si un autre vous paraît erroné – même interrogation du pourquoi. Et celle du comment : de quelle manière est-il présenté Une philosophie pour vivre sur la Terre, Ayn Rand