jeudi 15 avril 2021

Emmanuel Kant

 

Emmanuel Kant

 



Les actions humaines, sont ainsi que tous les autres faits de la nature, déterminés par des lois générales. Emmanuel Kant

Les températures diverses ne peuvent être prédites exactement, mais qui dans leur ensemble ont entretenu au bout de l’année la végétation, le cours des fleuves, la marche uniforme et non interrompue de la Nature. Emmanuel Kant

Il faudrait que la vie d’un homme fût immensément prolongée pour qu’il apprît à faire un usage complet de toutes ses facultés. Emmanuel Kant

Mais comme la Nature en a borné le terme à un si court espace, elle a besoin d’une série peut-être incalculable de générations, dont chacune livre à la suivante ses connoissances acquises, pour pousser le germe de perfectionnement, qu’elle a placé dans notre espèce jusqu’à tel degré de développement qui réponde enfin à ses vues. Emmanuel Kant

La nature de l’homme le dispose visiblement à cet état contradictoire. Il a un penchant à s'associer, parce que dans cette union avec ses semblables il se sent plus homme, c’est-a-dire, qu’il sent mieux le développement de ses dispositions naturelles. Emmanuel Kant

Mais il a un penchant égal à s’isoler, parce qu’il trouve aussi en lui-même cette prétention anti-sociale de tout conduire suivant son propre sens Emmanuel Kant

L’homme demande la concorde ; la Nature qui sait mieux ce qui convient à l’espèce, lui commande la discorde. Il veut vivre à son aise et content ; la Nature veut qu’il sorte de la fainéantise, qu’il dédaigne l’inactive modération, qu’il se livre aux travaux, aux fatigues, et qu’au milieu de ces dernières, il trouve les moyens de s’en tirer prudemment un jour Emmanuel Kant

Le problème le plus important pour les hommes, à la solution duquel la Nature les contraint, c’est d’atteindre à l’établissement d’une société civile générale, qui maintienne le droit. Emmanuel Kant

Le but le plus élevé de la Nature, le développement de toutes ses dispositions dans l’espèce humaine. Emmanuel Kant

L'animal homme, réuni à d’autres de son espèce, a besoin d’un maître : car il abusera, sans nul doute, de sa liberté à l’égard de ses semblables ; Emmanuel Kant

Est certain que chacun abusera toujours de sa liberté, tant qu’un autre plus puissant ne le contiendra point dans les bornes de la loi. Emmanuel Kant

Toutes les guerres, (non dans les vues des hommes, mais dans celles de la Nature) ne sont que des moyens qui amènent entre les états de nouveaux rapports ; qui, par la subversion ou le dépècement des anciens, parviennent à figurer de nouveau corps. Emmanuel Kant

La Nature suit un plan régulier ? qu’elle conduit insensiblement notre espèce du dernier degré de la condition animale, jusqu’au degré le plus élevé de la condition humaine ? Emmanuel Kant

Qu’elle emploie pour y parvenir cette conduite à laquelle elle force malgré eux les hommes ? et que cet ordre, en apparence sauvage, lui sert à développer avec régularité ses dispositions primordiales ? Emmanuel Kant

Tout se réduit donc à-peu-près à cette question : Est-il raisonnable de supposer que les dispositions de la Nature, qui ont un but dans toutes les parties, soient sans but dans l’ensemble ? Emmanuel Kant

L’emploi de toutes les forces des corps politiques à des préparatifs menaçans, par les désolations que causent les guerres, et encore plus par la nécessité de s’y tenir continuellement prêt, le développement des dispositions de la Nature y est retardé dans sa marche Emmanuel Kant

Nous sommes par les arts et les sciences cultivés dans un degré éminent, nous sommes jusqu'à l’excès, presque jusqu’au dégoût civilisés, polis et gracieux ; mais pour moralités, certes nous en sommes encore loin. Emmanuel Kant

On peut considérer l’histoire de l’espèce humaine en grand comme l’exécution d’un plan caché de la nature, laquelle tend à établir une parfaite constitution intérieure, et pour y parvenir une pareille constitution extérieure des états ; comme le seul ordre de choses où puissent se développer entièrement les dispositions qu’elle a placées dans l’espèce humaine. Emmanuel Kant

On y voit que deux choses frappèrent l’esprit de ce philosophe : D’une part l’impuissance de l’ancienne métaphysique à se constituer à l’état de science, malgré ses prétentions dogmatiques. Il partage le mépris de son siècle pour ce « vieux dogmatisme vermoulu (p. 7) ; » mais il repousse en même temps comme indigne de l’esprit humain l’indifférence à l’égard des questions agitées par la métaphysique (v. p. 7. et p. 23). Là est une partie de son originalité. D’autre part, l’insuffisance de cette physiologie de l’entendement humain, à la manière de Locke, qui se fonde sur un empirisme dénué de tout caractère vraiment scientifique, et aboutit, avec Hume, à un scepticisme non moins incapable de satisfaire la raison. Tout en rejetant l’ancienne métaphysique, il ne peut se contenter de cet empirisme et de ce scepticisme où s’arrêtaient alors tant d’esprits. C’est là le second trait de son originalité. Emmanuel Kant

: « C’est que nous ne connaissons à priori des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes la part que nous apportons à priori dans notre connaissance de la nature sert précisément à la rendre possible, et qu’en dehors de cet usage, elle ne saurait avoir de signification. Emmanuel Kant

Kant conçoit l’œuvre à laquelle il donne le nom de critique de la raison pure (spéculative), parce qu’elle porte sur les éléments à priori de la connaissance, dont elle a pour but de déterminer la valeur et la portée. Emmanuel Kant

Si donc il y à dans notre connaissance des principes qui soient nécessaires et universels, on peut tenir pour certain qu’ils ne viennent pas de l’expérience Emmanuel Kant

Ce n’est pas étendre les sciences, mais les dénaturer, que de confondre leurs limites. Emmanuel Kant

Or celles de la logique sont déterminées de la manière la plus exacte par cela seul qu’elle est une science qui expose détail et démontre rigoureusement les règles formelles de toute pensée (que cette pensée soit à priori ou empirique, qu’elle ait telle ou telle origine et tel ou tel objet, et qu’elle rencontre dans notre esprit des obstacles accidentels ou naturels). Emmanuel Kant

Dépenser inconsidérément son revenu, sans pouvoir discerner ensuite, lorsqu’on se trouve dans l’embarras, quelle partie des recettes peut supporter la dépense et sur quelle partie il faut la restreindre. Emmanuel Kant

 

 

 

mercredi 7 avril 2021

Racée, - T - Rachel Khan. Ed. L’Observatoir

 

Racée,  - T - Rachel Khan. Ed. L’Observatoire



 

Je ne suis pas de la diversité, j’ai la diversité en moi, nuance. Racée, Rachel Khan.

Romain Gary (Émile Ajar) précise : « Si vous ne simulez pas, vous êtes déclaré asocial, inadapté ou perturbé10. » Racée, Rachel Khan.

Dans l’instantanéité des réseaux, le buzz n’est que l’impatience des fainéants qui paradoxalement tirent profit des drames du temps mémoriel. Racée, Rachel Khan.

Nous avons aux côtés de nos Gif, de nos tweets en 280 caractères, de nos émojis, des mots qui font bloc et participent à un mode de communication banalisé et balisé d’une violence rare. L’appauvrissement du langage, le rétrécissement du champ lexical, la diminution du vocabulaire ont un impact sur la construction d’une pensée complexe, nuancée, aux multiples subtilités. Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe et plus les incompréhensions engendrent la haine. Des études ont montré que l’incapacité à mettre des mots sur les émotions provoque les pires tensions. Les mots façonnent les esprits, qui eux-mêmes déterminent notre vision du monde, notre rapport à ce dernier et nos relations aux autres. Ne pas tenir un langage clair, mal nommer un objet, c’est donc se condamner à « ajouter aux malheurs du monde17 ». Racée, Rachel Khan.

Il y a danger, notamment lorsque des théories transforment un être en préfabriqué. Ou en infirme. On appelle ça une « transfirmation ». Racée, Rachel Khan.

Avec le mot « souchien », c’est l’ombre des Indigènes7 qui plane sur la République. Leur méthode est simple : lutter contre les discriminations par la discrimination. Un paradigme peu créatif, puisqu’il s’agit de reproduire allègrement ce qu’ils dénoncent. Ainsi, au nom de l’égalité, l’organisation répertorie les catégories de Français d’un point de vue racial. Or, cette mission d’inspiration ségrégationniste8 n’a d’autre fondement qu’un racisme anti-Blancs. Pour eux, l’homme blanc a fait du mal. Il doit comprendre qu’il vit dans une instabilité sociale face à la puissance de frappe de toutes ses victimes, qu’il a rendues rageuses. Racée, Rachel Khan.

La soif d’ego conduit à conférer une identité extraordinaire aux victimes, face aux « Français normaux » ou « souchiens » dont le seul devoir est d’avoir à payer leur dette. Cette appellation nourrit un complexe, largement étoffé par les termes « Gaulois », « Toubab » ou, pire, « Babtou9 fragile ». Racée, Rachel Khan.

Les identitaires déchirent la nation, pour en faire une sous-France. Racée, Rachel Khan.

Il n’y a pas plus oppressant que d’être enfermé dans le regard de l’autre. Racée, Rachel Khan.

Naissance au phénomène social du “Noir professionnel” qui vit de la couleur de sa peau », Racée, Rachel Khan.

Le besoin de repentance viscérale des « white gauchos » est un moyen d’exister sur un vieux continent européen en quête d’intensité. Racée, Rachel Khan.

Puisque « la mémoire donne plus de droits que de devoirs », pourquoi s’en priver ? « Dotons-nous d’une identité mémorielle ! » semblent nous dire les victimaires. Mais qu’est-ce qu’une mémoire sans souvenirs ? Racée, Rachel Khan.

L’Afrique est devenue musulmane par l’esclavagisme et la domination arabe. Le racisme du Maghreb est encore criant. Mais dans les tables rondes des identitaires, l’histoire disparaît. L’enjeu est de démontrer l’oppression de la société française ou européenne à cause de leur genre et du « choix » de leur religion. Racée, Rachel Khan.

Se dire victime de harcèlement, de contrôle au faciès, de non-représentativité, par exemple, permet d’attirer les soutiens nécessaires pour faire entendre sa voix. Racée, Rachel Khan.

La majorité « qualifiée » a moins de force de frappe que les minorités inqualifiables. L’abus de pouvoir est réel. Face à ces minorités dominatrices, on se tait. La mise à mal de la liberté d’expression est le signe que ces lobbies sont d’une puissance inouïe. Dans notre système démocratique déphasé, l’objectif n’est plus de gagner par la majorité, mais bien de devenir des minoritaires en majorité. Racée, Rachel Khan.

Les minorités déchirent notre société en mille morceaux. Racée, Rachel Khan.

 « La femme est le Nègre de l’humanité », a écrit John Lennon41. Pas faux. Racée, Rachel Khan.

Mots étranges que ceux dont la vocation est d’empêcher le dialogue. Racée, Rachel Khan.

Le vivre-ensemble reste le placebo générique d’une pensée qui ne panse rien. Racée, Rachel Khan.

Bercés par le rythme d’une expression sans destination, nous avons trouvé le moyen terminologique d’oublier nos solitudes juxtaposées : vivre-ensemble. L’intranquillité s’éteint. Comme des bienheureux, nous nous endormons les uns contre les autres, pour vivre seuls, ensemble. Racée, Rachel Khan.

La diversité est le « caractère de ce qui est divers, c’est-à-dire qui présente des critères de nature ou de qualité différentes. Synonymes : pluralité, variété. Contraires : concordance, uniformité, monotonie, ressemblance » (dictionnaire Larousse). Racée, Rachel Khan.

L’harmonisation avec nos ressemblances planétaires entraîne une crise de l’identité. Or, il faut bien continuer de se différencier. La disparition du mot « race » a laissé un vide sémantique. Le terme « diversité » en est sa copie non conforme. C’est à la mode de ne plus appeler un chat un chat ; de la même façon, « multiculturalisme a été substitué à communautarisme6 ». Racée, Rachel Khan.

Anéantir, par le dépassement de soi, toute idée d’identification par la peau, nappage consumériste, égotique… raciste ? Racée, Rachel Khan.

Plus besoin de compétences, ce qui compte c’est la « représentativité de la diversité8 » Racée, Rachel Khan.

Homogénéisation au sein même du concept. Les gens de la diversité sont donc tous pareils. Elle exige d’être le cliché de soi-même. Racée, Rachel Khan.

Il n’y a pas plus mélangées que les personnes originaires du continent africain. Leur histoire n’est faite que de déportations, de colonisations et de migrations. Les peuples aux ethnies revendiquées parlent mille langues, croient en mille choses, de l’animisme au syncrétisme, pratiquent à leur sauce une pluralité d’islams, de catholicismes, de protestantismes et de judaïsmes. Ils vivent sous tous les climats, sur tous les continents. Au Sénégal, par exemple, il y a les Peuls, les Wolofs, les Sérères, les Toucouleurs, les Diolas, les Mandingues, donc autant de coutumes, de traditions, d’histoires, de religions, de croyances et d’imaginaires. C’est donc grâce aux français, langue coloniale qui structurent notre pensée, que les mouvements décoloniaux arrivent à se comprendre. Racée, Rachel Khan.

Romain Gary (Émile Ajar) a consacré sa vie à ce sujet. Il affirme qu’il n’a qu’une seule peau et ce n’est pas la sienne16 ; parce qu’il décolle son héritage de son être profond autant que de sa réalité qu’il met en scène. Nous sommes des êtres fragmentés, multiples, protéiformes, hétérogènes, qui nous adaptons en permanence à des rôles et des conditions pour des raisons sociales, comme peuvent le faire les Barbapapa17. Racée, Rachel Khan.

La réparation est faite d’échecs, de découragements, de petites victoires, mais ce n’est en aucun cas revenir à un statu quo lorsque le processus est lancé. Racée, Rachel Khan.

Réparer, ce n’est pas vivre avec l’amertume qui lie à l’agresseur, mais s’en émanciper. Racée, Rachel Khan.

La colère des identitaires n’est que le carburant d’une situation de monopole des blessures. Racée, Rachel Khan.

Grâce à ma négritude, ma judéité ou ma féminité, il serait facile de jouer sur une valeur ajoutée victimaire, se « mesurant au compas de ma souffrance6 ». C’est précisément ainsi qu’aucune reconstruction n’est possible. Racée, Rachel Khan.

Une autre domination est en cours sur le continent8. Crise économique, crise sanitaire, crise des migrants, dérèglement climatique poussent à comprendre que notre temps est fait de lois inversées où les écrans rapprochent, où la sphère privée devient d’intérêt public, où l’OMC ne peut plus faire sans l’OMS et les droits fondamentaux, où la souveraineté des États a perdu de sa superbe, entraînant dans le même temps une crise de la représentativité. Racée, Rachel Khan.

Romain Gary (Émile Ajar) nous dit que « l’espoir exige que le “vocabulaire” ne soit pas condamné au définitif pour cause d’échec11 ». Racée, Rachel Khan.

Dans notre monde déchiré, les mots recèlent de quoi nous soigner. Ils sont les artistes de nous-mêmes. Racée, Rachel Khan.

À la manière de la responsabilité écologique qui rend nécessaire la relocalisation de la production, l’intimité relocalise la pensée. Elle permet de mettre de l’ordre dans son intérieur, de faire le point avec ce que l’on panse. Dans l’intimité, on se découvre, on s’apprivoise. On fait le tri entre les opinions héritées et celles que l’on a choisies, on se penche à nouveau sur ses expériences et ses rêves. Dans son lieu, en confiance, on renoue peu à peu avec ses émotions. Se redessinent alors nos besoins et nos envies. Racée, Rachel Khan.

L’ère de la peopolisation, du buzz et des replis identitaires qui ajoutent du flou entre l’espace privé et l’espace public, quelle place offrons-nous encore à l’intimité ? Racée, Rachel Khan.

Nous acceptons que l’intimité soit chosifiée, puis commercialisée. La pensée devient lisse et s’uniformise à son tour. Racée, Rachel Khan.

Racée, j’ai un secret intraduisible, intime, celui d’avoir la peau des autres dans la mienne, qu’ils soient visibles ou invisibles. Racée, Rachel Khan.

Sous l’influence des réseaux sociaux et autres applis, la communication est ininterrompue à l’échelle planétaire. Nous y participons désormais jour et nuit. Qu’importe l’heure universelle, c’est écran allumé, toujours prêts à dire quelque chose aux followers, que nous tentons de trouver le sommeil. Racée, Rachel Khan.

Selon un vieil adage, on est maître de ses silences et esclave de ses mots. Ceci expliquerait donc cela… Racée, Rachel Khan.

Comment combattre aussi le « visible », si dévastateur aujourd’hui ? Nous nous perdons dans ce monde de surexposition et de matérialisme. « Ils deviennent ce qu’ils voient, ils voient ce qu’ils deviennent, cette spirale de l’échec me peine », chante Akhenaton à propos des jeunes des quartiers26. Racée, Rachel Khan.

Les décolonisateurs29 réappropriation d’un récit qu’ils pensent être le leur, seulement parce qu’ils ont regardé, un soir tard, un documentaire sur les Black Panthers que le service public de l’audiovisuel a diffusé sur France Ô. Racée, Rachel Khan.

 « Pense le monde tel qu’il devrait être et ne raconte pas le monde tel qu’il est » ou encore « panse le monde tel qu’il est et n’accommode ou ne raccommode pas le monde tel qu’il a pu être », nous dit l’artiste. Racée, Rachel Khan.

Dans un contexte où la victimisation a le vent en poupe, il est impératif pour les identitaires de cacher tout indice de désir, qui serait le révélateur ultime de leur imposture. En ne laissant aucune place à la plainte et en faisant avancer l’histoire, le désir est à bannir pour celles et ceux qui ne veulent vivre que dans un récit figé52. Racée, Rachel Khan.

Mais malgré leur stratégie, l’envie de briller « en tant que victime » ne trompe personne. Racée, Rachel Khan.

Une haine. Cette dernière, comme le disait Toni Morrison, « consume tout, sauf elle-même, si bien que, quel que soit votre chagrin, votre visage devient exactement le même que celui de votre ennemi53 ». Racée, Rachel Khan.

C’est par le désir que l’imprévisibilité de la vie révèle toute sa dimension. Racée, Rachel Khan.

 « Ce  monde n’est plus blanc, il ne le sera plus jamais62 ». Racée, Rachel Khan.

Ces idéologies qui pensent les identités de manière hermétique nous fragilisent donc, dans ce monde en mutation, en nous empêchant par leur concept de nous y adapter. Elles négligent ce que nous sommes dans un « monde-chaos » fait de sociétés créolisées. Selon Glissant, penser le monde en cinq continents et quatre races est un dangereux anachronisme. Racée, Rachel Khan.

Par le déni, le négationnisme, les raccourcis et autres simplifications, les identitaires interdisent le déploiement de nos existences ; pire, ils tuent ce que nous sommes. Racée, Rachel Khan.

Avec la créolisation, la synthèse est impossible. Elle nous impose l’incertitude. Le jazz, les musiques caribéennes comme les musiques les plus téléchargées aujourd’hui, telles que le hip-hop, sont le fruit même de la créolisation. Elles font écho à l’imprévisibilité de notre monde chaotique. Elles viennent d’un entremêlement de la musique de quadrille européenne et des rythmiques fondamentales africaines, des percussions, des chants de transe, avec la modernité affirmée de l’électro. Racée, Rachel Khan.

Montaigne a fait naître ce qui est certainement l’une des plus belles phrases de la littérature française : « En l’amitié de quoi je parle, les [âmes] se mêlent et confondent l’une en l’autre, d’un mélange si universel, qu’elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne se peut exprimer qu’en répondant : “Parce que c’était lui, parce que c’était moi65.” » Racée, Rachel Khan.

En ne désignant qu’une seule parcelle de ce que nous sommes, l’identité nous scinde. Elle cache nos déchirures, au lieu de les mettre en lumière pour nous réparer. Racée, Rachel Khan.

Les ondes ont leur parcours que notre ego ne maîtrisera jamais. Racée, Rachel Khan.

mardi 6 avril 2021

Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, - T - Céline Lafontaine, Seuil

 

Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, - T - Céline Lafontaine, Seuil

 



 

Il aura fallu l’irruption d’un simple virus pour nous rappeler la fragilité d’un monde construit sur l’illusion du contrôle technoscientifique et de la croissance illimitée. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

La pandémie et sa menace de contagion mortelle nous ramènent de façon brutale à la condition élémentaire de la vie sur terre : celle d’une interdépendance entre les espèces et d’un enchevêtrement entre humains et non-humains. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

L’histoire naturelle et l’histoire humaine sont, plus que jamais, irrévocablement liées5. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Autour de l’origine probable du virus attestent clairement que les frontières entre nature et artifice, de même qu’entre vivant et non-vivant, sont de moins en moins opérantes pour comprendre le monde dans lequel nous vivons. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Au sujet central de ce livre, soit celui du rapport au vivant instauré par la transformation de la matière biologique en objet biotechnologique. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

La « nature », comme concept abstrait et universel, est une invention récente de l’Occident, Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Questionner les conséquences et les limites du réductionnisme épistémologique sur lequel s’appuie le productivisme technoscientifique caractérisant nos sociétés. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Ainsi, bien avant d’être l’objet d’une déconstruction intellectuelle en vogue dans les campus universitaires, la remise en cause des frontières entre vivant et non-vivant, entre nature et artifice, et entre humain et non-humain est le résultat concret des développements technoscientifiques, Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Les formes de vie in vitro qui essaiment chaque jour davantage dans les laboratoires de la planète ne sont que depuis très récemment l’objet d’une réflexion sociologique. Pourtant, ces objets vivants participent activement à la transformation de nos cadres culturels les plus profonds tels que ceux relatifs à l’identité, à la corporalité et à la temporalité. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Place grandissante qu’occupent les objets sociotechniques dans les sociétés modernes6. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Prendre en considération le rôle actif des non-humains dans la constitution des systèmes sociaux Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Le nouveau matérialisme participe d’une redéfinition de l’être humain et de ses frontières, dans la mesure où il propose une conception désanthropologisée de la vie sociale dans laquelle les non-humains occupent un rôle central. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Seuls les êtres humains ont le pouvoir de répondre politiquement aux défis environnementaux, économiques, sociaux et culturels que pose la civilisation in vitro. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Les embryons in vitro sont considérés comme des personnes potentielles quand ils sont l’objet d’un projet parental, mais ils ont un statut de matériel biologique dans le contexte de la recherche. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

La sociologue des sciences Hannah Landecker rappelle le caractère hautement symbolique des prouesses techniques qui ont permis d’isoler et de maintenir en vie des cellules à l’extérieur du corps29. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

La maîtrise technologique des processus cellulaires, a largement contribué à la mise en ressource du corps humain en faisant des cellules l’instrument de base de la recherche biomédicale30. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

La culture cellulaire peut se définir comme « le maintien en dehors de l’organisme des cellules non organisées en tissu, mais capables de se diviser in vitro et d’exprimer des métabolismes et des fonctions spécifiques31 Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Le concept de cryopolitique renvoie donc au pouvoir propre à la civilisation in vitro de suspendre artificiellement les processus cellulaires en créant un espace liminal entre la vie et la mort afin d’ultimement redéfinir les frontières du vivant75. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

La cryopolitique, qui fait du congélateur une véritable « machine à voyager dans le temps » en alimentant l’espoir de renverser les frontières temporelles de la vie organique par la conservation, dans un état de suspension, des cellules et des tissus en attente d’une éventuelle décongélation79. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Débuts du biocolonialisme. D’envergure internationale, le projet de conservation d’échantillons de sang autochtones a donné lieu à des efforts de coordination et de coopération scientifiques à travers notamment l’International Biological Program analysé par Radin84. Sur le plan culturel et symbolique, ce qu’il faut retenir de ce programme de bioconservation, c’est l’anticipation sur laquelle s’appuie sa légitimité scientifique. En effet, c’est au nom d’une extinction anticipée des populations autochtones qu’on justifie le prélèvement et la congélation d’un grand nombre d’échantillons sanguins. Une fois congelés et conservés, ces échantillons vont littéralement voyager dans le temps et être réutilisés dans le cadre de projets de recherche qu’on ne pouvait même pas imaginer lorsqu’ils ont été prélevés. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Sang collectés à la fin des années 1950 chez des populations du Congo ont été décongelés à partir du milieu des années 1990 dans le cadre de la recherche sur le VIH, alors que le SIDA n’était pas connu à l’époque des prélèvements85. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Transformations de la temporalité biologique opérées par la cryopolitique. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Avec la modernité, l’idéal du progrès se projette sur un futur désormais dépouillé de dieu et du destin. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Alors que la conception de l’avenir héritée des Lumières supposait un espace temporel à conquérir, la vision néolibérale du futur prend plutôt la forme d’un impératif incessant, d’une injonction à s’adapter aux innovations technologiques qui vont irrévocablement transformer la société. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Logique du self-fulfilling prophecy décrite par le sociologue Robert K. Merton à la fin des années 1940, mais elle va encore bien plus loin, car elle engage une vision présentifiée du futur qui tend à rétrécir considérablement l’espace imaginaire des possibles94. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

 

La démultiplication des bio-objets qui sont ni plus ni moins que des parcelles de vie figées dans un présent indéfini. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Logique de colonisation du futur par le processus de fixation du présent dans des bio-objets. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Tout ce qui touche la vie humaine, tout ce qui se maintient en relation avec elle, assume immédiatement le caractère de condition de l’existence humaine. C’est pourquoi les hommes, quoi qu’ils fassent, sont toujours des êtres conditionnés. Hannah Arendt1 Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Loin d’être une simple représentation idéalisée de la réalité, l’imaginaire institue le monde social, il crée et recrée constamment le réel, comme l’a montré Cornelius Castoriadis7. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

L’espoir de réaliser un désir d’enfant malgré des contraintes physiques et médicales, d’être libéré des limites imposées par la reproduction sexuée et de s’extraire de la temporalité corporelle constitue les fondements sociaux sur lesquels s’appuie l’industrie de la procréation assistée. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

La biocitoyenneté est étroitement liée au déploiement de la bioéconomie, c’est-à-dire à un modèle économique fondé sur l’innovation technoscientifique au sein duquel les composantes biologiques (gène, cellules, tissus) deviennent la source de la productivité18. Tel que l’ont analysé respectivement Nikolas Rose et Adele E. Clarke, l’avènement de la biocitoyenneté s’exprime à travers un nombre grandissant de mouvements sociaux autour d’enjeux tels que l’accès à des traitements expérimentaux, l’utilisation de données génétiques, l’euthanasie, le suicide assisté, la sélection embryonnaire, l’accès pour tous aux technologies de procréation ou encore le recours aux mères porteuses19. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Logique d’autonomisation des bio-objets reproductifs38. Prélevés, isolés, triés, classifiés, congelés et stockés, le sperme et, plus récemment, les ovocytes sont soumis à un processus de standardisation qui les transforme en bio-objets détachés de leur ancrage corporel. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Loin d’être de simples marchandises, les bio-objets reproductifs sont en effet porteurs de l’espoir de réaliser un désir d’enfant et d’instituer un véritable lien de filiation. Ils sont donc des objets relationnels par excellence dans un capitalisme émotionnel au sein duquel les émotions sont transformées en « entités évaluables, examinables, discutables, quantifiables et commercialisables40 Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

L’ère de la transbiologie, c’est-à-dire un monde au sein duquel une part toujours grandissante des êtres vivants qui naissent sont conçus en laboratoire et où les cellules, les tissus et les gènes deviennent les matériaux de base de la bio-ingénierie69. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Marqués du sceau de l’ambiguïté ontologique, les embryons in vitro constituent des entités morales, politiques et juridiques dont le statut relève de ce que Sheila Jasanoff et Ingrid Metzler nomment le bioconstitutionnalisme81. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

L’ensemble des capacités productives qu’un individu acquiert par l’accumulation de connaissances et de savoir-faire134. Ce concept inclut également le capital biologique, c’est-à-dire l’état de santé global d’un individu. Suivant cette perspective, chaque individu possède un capital (intellectuel, physique, biologique) qu’il se doit de faire fructifier. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

La clinique montréalaise OVO, spécialisée notamment dans les services de fécondation in vitro, a ouvert une filière entièrement destinée à l’autoconservation des ovocytes. Baptisée de manière très éloquente « Futurovo », cette nouvelle filière propose sur son site internet des publicités vantant une « assurance fertilité ». Difficile, en effet, de percevoir autre chose que la valorisation d’une représentation du corps comme capital lorsqu’une publicité s’adressant à des jeunes femmes affirme : « Vous investissez dans votre maison, votre voiture, même votre vie… Pourquoi ne pas investir dans votre fertilité149 ? » Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Les justifications évoquées pour recourir à la bio-objectivation de soi énoncent explicitement les nouvelles normes auxquelles les jeunes femmes sont aujourd’hui confrontées : « Vous souhaitez découvrir le monde avant de concevoir ? Préservez votre fertilité ! », « Vous voulez entreprendre une carrière avant de devenir maman ? Préservez votre fertilité ! » ou encore : « Vous n’avez pas encore trouvé le prince charmant ? Préservez votre fertilité150. » Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Les contradictions et les ambiguïtés auxquelles doivent faire face les jeunes femmes dans un monde où leur cycle biologique ne semble plus adapté aux normes de productivité et de performance, tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel152. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Le désir de prolonger la vitalité individuelle à travers le processus de bio-objectivation n’a de sens que dans un contexte où le corps matériel est conçu comme un simple support de l’existence subjective. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Cryopolitique néolibérale de l’autoconservation (ovocytes, sang de cordon, sang menstruel, gras de liposuccion), Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

De la même manière que l’industrie textile ne peut pas s’expliquer par un désir d’avoir des vêtements, la fécondation in vitro n’est pas simplement une réponse au désir d’enfant6. » Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Développement de la culture cellulaire qui, pour reprendre l’expression de Hannah Landecker, transforme la biologie en technologie16. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

La bio-objectivation suppose donc, en premier lieu, toute une série d’interventions et de manipulations qui transforment la matière première d’origine organique en produits standardisés.

L’expression « industrie de l’éthique » pour désigner l’ensemble des comités de professionnels de l’éthique et du droit mobilisés à chaque étape de la recherche

La fécondation in vitro est proprement révolutionnaire, car elle suppose une transformation dans la façon de concevoir non pas uniquement la reproduction humaine, mais la biologie en général40. Ainsi, la vie organique n’est plus considérée comme une réalité immuable d’ordre naturel, mais elle devient une matière première pouvant être manipulée, modifiée et améliorée. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Création des cellules souches pluripotentes induites (IPS), Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Question de l’effritement des frontières entre nature et artifice. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Des automates de Vaucanson jusqu’aux machines cybernétiques, en passant par les machines à vapeur et l’usine, la métaphore du corps-machine se prolonge à travers les phases successives des avancées technoscientifiques4. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

La conception informationnelle du vivant a mené les autorités américaines à investir massivement, vers la fin des années 1970, dans le développement du génie génétique et des biotechnologies afin d’assurer le maintien d’une croissance économique illimitée38. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

L’indifférenciation des objets techniques et des organismes vivants portée par la métaphore du vivant-machine constitue, comme je l’ai montré, une condition de possibilité du génie génétique puisqu’elle présuppose une maîtrise possible des mécanismes moléculaires constitutifs de la vie biologique. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Le « dogme de l’inévitabilité », c’est-à-dire l’idée selon laquelle les avancées biotechnologiques, en l’occurrence l’édition génomique, constituent un phénomène inéluctable auquel les chercheurs et les décideurs doivent s’adapter en tentant d’encadrer du mieux possible leur développement, n’est toutefois pas nouvelle. Elle n’est que l’une des expressions les plus visibles de la logique d’adaptation technoscientifique qu’on trouvait déjà dans la pensée cybernétique78. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

On assiste à l’affirmation de ce que je qualifie de « transhumanisme ordinaire » propre à la culture technoscientifique dont l’une des tendances les plus visibles est celle de vouloir mettre au monde des enfants « génétiquement corrects ». Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

À l’aube du XXIe siècle, l’idée même de nature est devenue un concept dépassé, emporté par la déconstruction technoscientifique. Elle s’est mutée en un environnement artificialisé au sein duquel les contrecoups de l’action humaine sont désormais hors de contrôle. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

Sous toutes leurs formes, les bio-objets sont, eux, bien réels et nous engagent dans des dynamiques relationnelles souvent imprévisibles11. Bio-objets: Les nouvelles frontières du vivant, Céline Lafontaine

 

vendredi 2 avril 2021

Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa, Robert Laffont

 

Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa, Robert Laffont



Le christianisme, au moins en Europe et aux États-Unis, a été la religion des dominants (des colonisateurs, des impérialistes), l’islam étant depuis le xixe siècle la religion des colonisés et des dominés ? Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

On ne saurait non plus méconnaître le fait que les dissensions se multiplient à mesure que le monde s’unifie au sein d’un marché de plus en plus globalisé. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Le fondamentalisme est typique d’une réaction contre le monde moderne, son individualisme, l’extraordinaire corruption des élites, la libération des mœurs, l’hyper-individualisme et la civilisation du « cool, fun, sex and enjoy », auquel il faudrait ajouter « money », bref la « civilisation du vide » ! L’identitaire est devenu une valeur cardinale. Mais c’est aussi une réaction aux événements internationaux comme Jean-François Colosimo le diagnostique : « À défaite militaire, regain de sacralité. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

La perte de confiance dans le « progrès », la laïcité radicale violente des régimes nazi et communiste ou la philosophie des droits de l’homme à travers un constant double standard appliqué par les colonisateurs et les impérialismes divers expliquent la perte générale d’influence de la modernité occidentale. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

La religiosité est donc devenue un fait identitaire, associé à un complexe victimaire et une anxiété identitaire menacée par l’Autre qu’il faut combattre. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Nous, Occidentaux, n’avons pas davantage prêté attention au bouillonnement religieux que notre impérialisme colonisateur suscitait en retour dans les grandes aires de la planète ; ni à la profonde déstabilisation que les découvertes scientifiques et en particulier le darwinisme provoquaient sur les mythologies originelles de toutes les religions. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Les faits politiques n’existent pas en tant que tels, mais font l’objet d’une interprétation en fonction des « schèmes cognitifs, émotionnels, symboliques » propres à chacun. Le fait religieux est d’autant plus complexe qu’il intervient au croisement de plusieurs domaines, mythologique (psychologie de masse identitaire, mythe fondateur), sociologique (statut social), idéologique (laïcité, liberté de conscience), historique (temps long et victimisation), culturel (identité nationale ou supranationale) et enfin et surtout conflictuel (terrorisme, invasion, violence épurative et sanctifiante). Chaque culture a une relation complexe avec ce qui lui sert à défendre son identité ou à légitimer une violence. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Les règles de vie quotidienne régies par la lecture la plus littérale des textes saints font de la « pureté » une obsession, ce qui se traduit par quantité d’interdictions comportementales, sociales, vestimentaires, sexuelles et alimentaires. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Les crises évoquées dans cette étude ont des causes multiples, mais négliger les fondements religieux qui en constituent une caractéristique – comme le fait Georges Corm dans son livre Pour une lecture profane des conflits16 – serait une erreur d’analyse. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

La laïcisation croissante des sociétés européennes qui ont bâti la paix sociale sur la liberté de conscience les met-elle en état de gérer ce phénomène de radicalismes qui tous contestent l’apport des Lumières ? Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Après mai 1968, sous l’influence de Wilhelm Reich, de Herbert Marcuse et du Dr Spock, il était « interdit d’interdire ». Le fondamentalisme est à l’opposé strict de cette philosophie avec comme postulat : « Tout ce qui n’est pas strictement autorisé est formellement interdit. » Nous vivons donc « un anti-Mai 68 », selon l’expression de Farhad Khosrokhavar. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

La mondialisation impose une adaptation et un changement continus, alors que le fondamentalisme religieux crée une fixité rassurante. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Dans Critique de la raison politique, en 1981, Régis Debray avançait l’idée qu’il n’y a pas de cohésion sans un point de transcendance qui est toujours un point de fuite logé en avant ou en arrière, un âge d’or ou un millénarisme, un horizon d’attente. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Plus le monde se resserrerait, plus il susciterait des différences parce que l’uniformatisation technique créerait un tel vide d’appartenance, une telle perte de repères identitaires avec la prolifération de l’interchangeable que chacun aurait envie d’affirmer sa différence. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

 « Plus vous mettez de Coca-Cola dans un pays, plus vous récolterez d’ayatollahs29. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Les puritains du xviiie siècle, persuadés que Dieu avait signé un pacte avec l’Amérique, avaient « américanisé » Dieu32 et interprétaient toute réussite terrestre comme volonté divine. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

L’idée que Riyad puisse mener sa propre politique religieuse, en créant des madrasas wahhabites au Pakistan – qui plus tard donnèrent naissance aux talibans (étudiants en religion) –, n’effleurait pas les stratèges de Washington. Puis les régimes laïques d’Irak, de Syrie et de Libye, certes dirigés par des dictateurs, furent un à un détruits par des interventions militaires occidentales avec l’aide de l’Arabie saoudite, usine idéologique de Daech et d’Al-Qaïda. On préféra combattre le socialisme arabe parce que « socialiste », et l’Iran chiite, tout en soutenant l’Arabie saoudite salafiste. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Si le siècle a d’abord été futuriste avec le progrès comme unique horizon temporel, il est aujourd’hui devenu présentiste, l’avenir a cédé du terrain au présent qui prend de plus en plus de place. Le présent est devenu l’horizon sans futur et sans passé. Il génère, au jour le jour, le passé et le futur dont il a besoin et valorise l’immédiat. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Le déclin présent affirmé par tous les fondamentalistes s’expliquerait par l’oubli du temps béni des origines. » (les États-Unis ont une virginité historique perpétuellement et continuellement renouvelée), Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

L’islam est un message de Dieu et non un système de gouvernement, une religion et non un État. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Chaque radicalisme impose ses propres contraintes scientifiques, comportementales, alimentaires ou hygiéniques. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Trop de musulmans (mais également tous les radicaux) sont prisonniers du « concordisme », système consistant à interpréter les textes sacrés de façon qu’ils ne soient pas contradictoires avec les connaissances scientifiques d’une époque, voire de manière que toutes soient déjà contenues en germe dans les textes sacrés. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

 « L’imaginaire est plus redoutable que la réalité objective. » George Corm, La Question religieuse au xxie siècle72 Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

 

Le monde musulman est imprégné de l’idée que « les Juifs [de Médine] ont comploté contre Mahomet » et œuvré à empêcher l’essor de l’islam. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Gilles Kepel, l’islamophobie repose sur une ambiguïté dans la mesure où elle se présente comme le symétrique de l’antisémitisme. Alors que la lutte contre l’antisémitisme criminalise ceux qui s’attaquent aux juifs sans empêcher pour autant la libre critique des textes sacrés, le combat contre l’islamophobie fait de toute réflexion critique sur l’islam un interdit absolu. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

 « Plus le sujet est vertueux, plus son surmoi est cruel88 », notait Freud. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Le radicalisme est devenu le phénomène géopolitique majeur capable soit d’initier des conflits, soit de se greffer sur des crises existantes, soit de promouvoir des politiques de conquêtes, de guerres et d’interventions militaires extérieures. Si les salafistes veulent imposer la charia, d’autres fondamentalismes veulent surtout peser sur les codes légaux et moraux dans un système démocratique (juifs, hindouistes, évangéliques). Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

La conviction des totalitarismes idéologiques, soucieux de trouver toute réponse dans le Texte sacré, ne va pas sans quelques ratés : ainsi, nombre de pèlerins souhaitant faire le grand pèlerinage à La Mecque ont été victimes d’escroqueries ou de malversations d’agences tant françaises que saoudiennes. La charia semblant ne pas avoir connu les agences de voyages, la solution serait cependant simple, conclut Fateh Kimouche, fondateur du site Al-Kanz (247 000 tweets, 39 000 abonnés) et véhément dénonciateur de l’« islamophobie » : « Il suffirait d’imposer l’application du droit français des consommateurs20. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

 « Le modèle occidental est alarmant. Ce qui se passe, c’est que nous avons été imbibés par les États-Unis. Nous avons perdu toutes les valeurs que nous avions… avant que les Anglais n’arrivent pour régner en Inde… la virginité était préservée. Mais la pureté a été totalement perturbée. […] Maintenant nous sommes en train de la perdre24. » Mamata Bédard, ministre en chef du Bengale-Occidental, va plus loin : « Avant, si les hommes et les femmes se tenaient la main, ils se faisaient reprendre par leurs parents et réprimander, mais maintenant tout est permis. C’est comme un marché public avec des options ouvertes… Les chaînes d’information en continu mettent en évidence les histoires de viol : tous les soirs, ces gens ont des discussions osées sur un ou deux incidents (de viol). Ils insultent les mères et les filles du Bengale jour après jour… Le viol est glorifié par ces gens. Cela ne sera pas. Je voudrais dire que le journalisme négatif ne fait que détruire et il est temps de défendre le journalisme positif. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Ces jeunes opposent à la légitimité républicaine le mandat divin, comme tous les radicaux. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

La question religieuse ne s’inclut pas dans la question sociale. Les militants des différents radicalismes couvrent tout le champ social. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Tous les courants salafistes, bien que distincts, s’opposent au vote populaire, accusé de vouloir dépasser la charia. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Pour l’imam Khomeiny, le nationalisme était une invention occidentale pour diviser l’oumma, et la solidarité islamique devenait le nouvel axe international. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Pour le géopoliticien Yves Lacoste, c’est « [le] destin, [le] rôle que Dieu aurait manifestement confié à l’Amérique de développer les valeurs de liberté, de justice et de progrès, de les étendre le plus possible et de les défendre contre toute tyrannie se sont ajoutés à la théologie interventionniste le conspirationnisme et la diabolisation, puis la « guerre spirituelle » nécessaire pour purifier la société de l’influence sinistre de l’humanisme séculier. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Le débat exclusivement occidental sur « le caractère unique de la Shoah » masque encore aujourd’hui le mécanisme de « concurrence des victimes29 » instrumentalisé par les radicalismes religieux. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

La communication victimaire est devenue essentielle, car la scène est devenue planétaire et certaines mythologies sont étonnantes. de l’Occident riche mais spirituellement misérable. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Le HSS britannique a adopté une position de plus en plus nationaliste en dressant une liste de valeurs indiennes opposées aux valeurs occidentales (respect pour les aînés, respect de la loi, importance des études…). Aujourd’hui, il présente l’Inde comme la Matrubhoomi, la « Terre de naissance » et le Royaume-Uni comme la Karmabhoomi, le « Pays de l’action dans le monde » et de la réussite socio- économique. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

La fonction militante des diasporas : dénoncer (islamophobie, hindouphobie, antisémitisme) « La tolérance c’est facile. Créer des règles, c’est plus difficile. » Guylain Chevrier, ancien membre de la mission laïcité du Haut Conseil à l’intégration Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Le site Anti-Muslims Activities in the United States41 recense toutes formes de « supposés » actes, réglementations, ou interdits considérés comme islamophobes, y compris une surprenante carte des législations « anticharia. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Tous les radicalismes se sont appuyés de façon systématique sur Internet pour s’adapter au mode de communication privilégié des communautés vivant à l’étranger. Benedict Anderson45, politologue et historien irlandais connu pour son ouvrage Imagined Communities (1983), a qualifié de « nationalisme à distance » la posture identitaire des diasporas. Le flux ne va pas seulement de la diaspora vers la mère patrie et la mobilisation des émigrés est d’abord le résultat d’une action déterminée de la part d’organisations nationales structurées. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

L’irresponsabilité des migrants qui s’autorisent parfois un radicalisme extrême, n’ayant à redouter ni la prison ni la torture dans leur pays d’accueil. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Le modèle dominant reste celui des jeunes des banlieues motivés par la haine de la société et une vision sacralisée de la lutte religieuse sous l’expression fourre-tout de « djihad ». Cette haine englobe l’Europe entière dans cette volonté de punir la société qui les déshumanise en les confinant dans des ghettos et en leur déniant la dignité de citoyen.

Ces jeunes s’identifient au djihadisme moins pour des raisons religieuses qu’identitaires et sociales, l’islam devenant le symbole de la résistance et fournissant la caution du sacré à l’épuisement des idéologies d’extrême gauche. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Le « nationalisme à distance » Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

La France combine plusieurs facteurs qui aggravent son cas aux yeux des djihadistes : elle est identifiée comme la « terre du stupre », la terre de l’idéologie antireligieuse et la terre de l’ambition antimusulmane par ses multiples interventions militaires. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

L’étonnante capacité des anciennes victimes à devenir des bourreaux Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

La sentence rapportée par Matthieu (X, 34) : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la Terre, mais l’épée » ; saint Augustin justifiant les persécutions : « L’Église persécute par l’amour, les autres par la haine » Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Des concepts polysémiques : le terme « croisade », largement connoté positivement pour les Occidentaux, qui n’hésitent pas à l’utiliser pour quêter contre le cancer ou la pauvreté, reste pour les musulmans le souvenir d’une entreprise impérialiste remémoré au moindre conflit. Idem pour le terme « djihad », en sens inverse : discipline personnelle d’amélioration religieuse pour les musulmans, il est vu comme la preuve théologique du caractère agressif de l’islam pour les autres. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Le radicalisme musulman tue dans ses attentats d’abord 90 % de musulmans. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Pour les fondamentalismes religieux, l’« Autre » à annihiler, dans l’ordre, ce sont l’athée, le mécréant mais aussi et surtout les pratiquants de la même religion qui ne satisfont pas à ces normes autoproclamées, qu’il s’agisse de takfiri, de mosser, de rodef, de murtad ou de papistes… Le combat est paradoxalement d’abord intra-religieux : l’hérésie et l’excommunication (quels que soient les termes utilisés dans les différentes religions) valent autorisations pour les « vrais croyants » de tuer les « faux croyants Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Le radicalisme religieux repose sur un triptyque : une foi, un peuple, un territoire, chaque programme contient les trois aspects. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Une crise à la fois morale, intellectuelle, politique et sexuelle entre l’Occident et l’Orient et une incompréhension mutuelle. Préserver le mode de vie iranien revient donc à éviter la contamination. L’« occidentalité » est un virus à rejeter comme dans la titulature de Boko Haram (l’enseignement à l’occidentale est haram).

En Grande-Bretagne, des Sharia zones avec panneau prescriptif se sont autoproclamées à l’entrée de certains quartiers salafisés. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

 « Un homme cloué sur une croix ? Si c’était l’emblème de l’islam, je te dis pas ce qu’on dirait. » Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Le président Chirac explique dans ses Mémoires41 que George W. Bush a tenté de le convaincre que la guerre en Irak était nécessaire pour apporter l’Apocalypse, que l’attaque contre Saddam était l’accomplissement d’une prophétie biblique dans laquelle il avait été choisi pour servir d’instrument au Seigneur. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Avec la fin de la guerre froide, lors de la décennie 1990, l’extension du domaine de la guerre est devenue l’extension de la sphère de la paix démocratique par des moyens militaires. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Les objectifs des djihadistes valent pour l’ensemble des radicalismes : – changer l’organisation sociale et politique de l’État ; – restaurer la souveraineté religieuse sur le territoire « occupé » ou dominé par des mécréants ; corriger le comportement moral et religieux des autres pratiquants ; – défendre la communauté religieuse des menaces extérieures dans une géopolitique locale ou planétaire ; – enfin, cas extrême, revendiquer la pratique juste et faire la guerre aux autres radicaux. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Tant qu’une société sera basée sur la religion, tant que la loi ne reconnaîtra pas l’égalité des sexes, la politique ne pourra pas faire avancer la cause des femmes. Elle estime que les personnes peuvent évoluer, pas les dogmes religieux, car ils s’appuient sur des textes sacrés censés porter la parole de Dieu. Le conflit idéologique n’est pas entre christianisme et islam, mais entre fondamentalisme et laïcité, entre croyances irrationnelles, aveugles, obscurantistes, et la raison. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

L’autre aspect récurrent des guerres religieuses est la volonté de « purifier » le territoire sacré, comme le fit Daech contre toutes les minorités yazidies, chrétiennes ou même chiites. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Il faut limiter l’expansion de la puissance militaire des États confucéens et islamiques, stopper la réduction de la capacité militaire de l’Occident », telle est l’analyse que fait Huntington de l’ensemble islamo-bouddhique dans Le Choc des civilisations. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Les chrétiens fondamentalistes voient l’Antéchrist un peu partout : dans le monde musulman, le féminisme, l’homosexualité, la musique rock et l’humanisme laïque, la Communauté économique européenne ou l’introduction de codes-barres sur des produits universels. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Matthew Rothschild, rédacteur en chef du magazine The Progressive, a qualifié l’administration Bush de « militarisme messianique », faisant écho à l’histoire de l’apocalyptique diabolisation de l’anticommunisme qui a dominé la culture américaine du xxe siècle. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

 

 « Une des implications politiques de l’État islamique (qu’il souhaite) est son comportement sur la scène internationale, celui-ci n’a pas pour principe l’exploitation et le pillage des peuples faibles que pratique la civilisation occidentale, ni l’intérêt réciproque comme le prétend cette même civilisation. Mais la base de ce comportement réside dans la vérité, la justice et l’aide aux opprimés de la Terre entière103 Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Max Weber puis Marcel Gauchet ont parlé de « désenchantement du monde » pour désigner le processus de recul des croyances. Ils semblent s’être trompés, mais peut-on compter sur les financiers qui dirigent le monde pour le réenchanter ? Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Les faits sociaux totaux […] [qui] mettent en branle dans certains cas la totalité de la société et ses institutions ». Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

L’actuel fait radical est planétaire et procède de la reconstruction d’un modèle nouveau avec d’autres solidarités répressives et rigoristes. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

 « La géopolitique devient inopérante quand elle néglige les invariances religieuses », religion sous sa forme la plus radicale qui aujourd’hui instrumentalise le politique et pas le contraire, qu’elle légitime théologiquement la violence et détermine la géographie de la majorité des crises violentes depuis la fin de la guerre froide : Balkans, Irlande, Chypre, Israël/Palestine, guerre Iran/Irak, guerres sunnites/chiites ; catholiques/protestants au Rwanda et en Irlande, Soudan, etc. La religion est plus qu’un facteur parmi d’autres, plus qu’un « vernis » ou un « masque », Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

La similitude des processus d’émergence de ces radicalismes est troublante, car un certain nombre de principes théologico-politiques les rassemblent : d’abord des reconstructions mythologiques identiques appuyées sur une mythification du passé et un passé victimaire réécrit, une « mytho-histoire », le tout appliqué sur un « mytherritoire » béni par Dieu ou par le passé reconstruit.

Penser comme l’historien et économiste Georges Corm que l’approche par le radicalisme religieux est réductrice de la géopolitique et ne servirait qu’à légitimer la thèse du « choc des civilisations » laisse de côté les radicalismes évangéliques et juifs devenus facteurs de déstabilisation et de blocage dans les relations internationales. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Corm marque sa différence avec le philosophe et historien Leo Strauss en écrivant : « L’instrumentalisation du fait religieux renoue avec la vraie matrice des totalitarismes modernes à savoir les guerres de religion en Europe. » Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Le mépris marqué à l’égard de la dimension religieuse est un héritage des sciences sociales de la première moitié du xxe siècle. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Il faut cesser de traiter les religions sous l’angle de la liberté de conscience. Les poussées radicales sont parvenues à déplacer la limite du « dicible » sur le droit des femmes, l’exclusion, la conversion, le blasphème, la laïcité et la tolérance et demain les LGBT. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

L’Occident européen, ivre de sa domination du monde, voyait l’avenir de l’humanité comme le sien : le recul du religieux, les progrès de la démocratie libérale, l’adhésion au « progrès » scientifique, technique et rationaliste. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Le « confessionnalisme » est devenu un critère d’analyse politique même dans les démocraties où les citoyens peuvent se définir par une double appartenance : français musulmans, judéo-américains… Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

 « On ne discute pas avec Dieu », d’autant qu’on agit au nom du sien. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Chaque fois qu’on introduit le messianisme en politique, les choses se gâtent. Cela peut mener à la catastrophe. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Les analyses sur la mondialisation/globalisation économique laissent de côté les questions culturelles et religieuses. Pourtant l’appartenance à un ensemble religieux, immense sous-groupe humain, semble une réaction à la vision individualiste/consumériste de l’homme occidental. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.

Les radicalismes religieux sont aujourd’hui les principaux facteurs de résistance violente à la mondialisation du citoyen consommateur. Il n’y manque que la dimension de la transcendance et du sacré. Avec Dieu on ne discute pas ! Pierre Conessa.