mardi 18 août 2020

Ainsi parlait Zarazoustra, - T - Friedrich Nietzsche

Ainsi parlait Zarazoustra,  - T - Friedrich Nietzsche

 


 


Quelque chose qui doit être surmonté. Qu’avez-vous fait pour le surmonter ? Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

Tous les êtres jusqu’à présent ont créé quelque chose au-dessus d’eux, et vous voulez être le reflux de ce grand flot et plutôt retourner à la bête que de surmonter l’homme Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Restez fidèles à la terre et ne croyez pas ceux qui vous parlent d’espoirs supraterrestres ! Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Ce qu’il y a de plus terrible maintenant, c’est de blasphémer la terre et d’estimer les entrailles de l’impénétrable plus que le sens de la terre Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

L’heure où vous dites : « Qu’importe mon bonheur ! Il est pauvreté, ordure et pitoyable contentement de soi-même. Mais mon bonheur devrait légitimer l’existence elle-même ! » Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Ce ne sont pas vos péchés — c’est votre contentement qui crie contre le ciel, c’est votre avarice, même dans vos péchés, qui crie contre le ciel ! Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

L’homme est une corde tendue entre la bête et le Surhumain, — une corde sur l’abîme. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Ce qu’il y a de grand dans l’homme, c’est qu’il est un pont et non un but : Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

J’aime celui qui ne réserve pour lui-même aucune parcelle de son esprit, mais qui veut être tout entier l’esprit de sa vertu Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

il faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. Je vous le dis : vous portez en vous un chaos. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Qui voudrait encore gouverner ? Qui voudrait obéir encore ? Ce sont deux choses trop pénibles. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Est-ce cela : être malade et renvoyer les consolateurs, se lier d’amitié avec des sourds qui n’entendent jamais ce que tu veux ? Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Quel est le grand dragon que l’esprit ne veut plus appeler ni dieu ni maître ? « Tu dois », s’appelle le grand dragon. Mais l’esprit du lion dit : « Je veux. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Il aimait jadis le « Tu dois » comme son bien le plus sacré : maintenant il lui faut trouver l’illusion et l’arbitraire, même dans ce bien le plus sacré, pour qu’il fasse, aux dépens de son amour, la conquête de la liberté : il faut un lion pour un pareil rapt. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

L’enfant est innocence et oubli, un renouveau et un jeu, une roue qui roule sur elle-même, un premier mouvement, une sainte affirmation. Oui, pour le jeu divin de la création, ô mes frères, il faut une sainte affirmation : l’esprit veut maintenant sa propre volonté, celui qui a perdu le monde veut gagner son propre monde. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Ainsi moi aussi, je jetai mon illusion par-delà les hommes, pareil à tous les hallucinés de l’arrière-monde. Par-delà les hommes, en vérité ? Hélas, mes frères, ce dieu que j’ai créé était œuvre faite de main humaine et folie humaine, comme sont tous les dieux. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Tu dis « moi » et tu es fier de ce mot. Mais ce qui est plus grand, c’est — ce à quoi tu ne veux pas croire — ton corps et son grand système de raison : il ne dit pas moi, mais il est moi. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Il y a plus de raison dans ton corps que dans ta meilleure sagesse. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

 « Ce qui fait le tourment et la douceur de mon âme est inexprimable et sans nom, et c’est aussi ce qui cause la faim de mes entrailles. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Autrefois tu avais des passions et tu les appelais des maux. Mais maintenant tu n’as plus que tes vertus : elles naquirent de tes passions. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Leur vertu consiste à vivre longtemps dans un misérable contentement de soi. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Mais pourquoi auriez-vous le matin votre fierté et le soir votre soumission ? Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

La terre est pleine de superflus, la vie est gâtée par ceux qui sont de trop. Qu’on les attire hors de cette vie, par l’appât de la « vie éternelle » Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Les phtisiques de l’âme : à peine sont-ils nés qu’ils commencent déjà à mourir, et ils aspirent aux doctrines de la fatigue et du renoncement. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Vous dont la vie est inquiétude et travail sauvage : n’êtes-vous pas fatigués de la vie ? N’êtes-vous pas mûrs pour la prédication de la mort ? Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

L’État, c’est le plus froid de tous les monstres froids : il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : « Moi, l’État, je suis le Peuple. C’est un mensonge ! Ils étaient des créateurs, ceux qui créèrent les peuples et qui suspendirent au-dessus des peuples une foi et un amour : ainsi ils servaient la vie. Ce sont des destructeurs, ceux qui tendent des pièges au grand nombre et qui appellent cela un État : ils suspendent au-dessus d’eux un glaive et cent appétits. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Certes, il vous devine, vous aussi, vainqueurs du Dieu ancien ! Le combat vous a fatigués et maintenant votre fatigue se met au service de la nouvelle idole Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Voyez donc ces superflus ! Ils sont toujours malades, ils rendent leur bile et appellent cela des journaux. Ils se dévorent et ne peuvent pas même se digérer. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Voyez donc ces superflus ! Ils acquièrent des richesses et en deviennent plus pauvres. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

La place publique est pleine de bouffons tapageurs — et le peuple se vante de ses grands hommes ! Ils sont pour lui les maîtres du moment. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Puisque tu es bienveillant et juste, tu dis : « Ils sont innocents de leur petite existence. » Mais leur âme étroite pense : « Toute grande existence est coupable. » Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

L’amitié.  Si l’on veut avoir un ami il faut aussi vouloir faire la guerre pour lui Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

En son ami on doit voir son meilleur ennemi. C’est quand tu luttes contre lui que tu dois être le plus près de son cœur. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

C’est l’homme qui mit des valeurs dans les choses, afin de se conserver, — c’est lui qui créa le sens des choses, un sens humain ! C’est pourquoi il s’appelle « homme », c’est-à-dire, celui qui évalue. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Votre amour du prochain, c’est votre mauvais amour de vous-mêmes. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Plus haut que l’amour du prochain se trouve l’amour du lointain et de ce qui est à venir. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Tu as peur et tu t’enfuis chez ton prochain. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Vous ne vous aimez pas assez : c’est pourquoi vous voudriez séduire votre prochain par votre amour et vous dorer de son erreur. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Vous invitez un témoin quand vous voulez dire du bien de vous-mêmes ; et quand vous l’avez induit à bien penser de vous, c’est vous qui pensez bien de vous. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

L’un va chez le prochain parce qu’il se cherche, l’autre parce qu’il voudrait s’oublier. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Ce sont les plus lointains qui payent votre amour du prochain ; et quand vous n’êtes que cinq ensemble, vous en faites toujours mourir un sixième. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Il y a tant de grandes pensées qui n’agissent pas plus qu’une vessie gonflée. Elles enflent et rendent plus vide encore. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

J’aime celui qui veut créer plus haut que lui-même et qui périt ainsi. — Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Chez la femme tout est une énigme : mais il y a un mot à cet énigme : ce mot est grossesse. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

L’homme est pour la femme un moyen : le but est toujours l’enfant. Mais qu’est la femme pour l’homme ? Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Ennemi, ne lui rendez pas le bien pour le mal ; car il en serait humilié. Démontrez-lui, au contraire, qu’il vous a fait du bien. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Chez celui qui veut être juste au fond de l’âme, le mensonge même devient philanthropie. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Tu dois construire des monuments vivants à ta victoire et à ta délivrance. Tu dois construire plus haut que toi-même. Mais il faut d’abord que tu sois construit toi-même, carré de la tête à la base. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Tu ne dois pas seulement propager ta race plus loin, mais aussi plus haut. Tu dois créer un corps d’essence supérieure, un premier mouvement, une roue qui roule sur elle-même, — tu dois créer un créateur. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Mariage : c’est ainsi que j’appelle la volonté à deux de créer l’unique qui est plus que ceux qui l’ont créé. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Respect mutuel, c’est là le mariage, respect de ceux qui veulent d’une telle volonté. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Jje n’en veux pas de ce ciel des superflus ! Non, je n’en veux pas de ces bêtes empêtrées dans le filet céleste Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Et tous ceux qui cherchent la gloire doivent au bon moment prendre congé de l’honneur, et exercer l’art difficile de s’en aller à temps. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Il faut cesser de se faire manger, au moment où l’on vous trouve le plus de goût Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Il est mort trop tôt ; il aurait lui-même rétracté sa doctrine, s’il avait vécu jusqu’à mon âge ! Il était assez noble pour se rétracter ! Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Que votre mort ne soit pas un blasphème sur l’homme et la terre, ô mes amis : telle est la grâce que j’implore du miel de votre âme. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Quand votre cœur bouillonne, large et plein, pareil au grand fleuve, bénédiction et danger pour les riverains : c’est alors l’origine de votre vertu. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

L’homme qui cherche la connaissance ne doit pas seulement savoir aimer ses ennemis, mais aussi haïr ses amis. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

 « TOUS LES DIEUX SONT MORTS : NOUS VOULONS, MAINTENANT, QUE LE SURHUMAIN VIVE ! » Que ceci soit un jour, au grand midi, notre dernière volonté ! Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Jadis on disait Dieu, lorsque l’on regardait sur les mers lointaines ; mais maintenant je vous ai appris à dire : Surhumain. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Votre imagination doit aller jusqu’à la limite de vos sens ! Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

S’il existait des Dieux, comment supporterais-je de n’être point Dieu ! Donc il n’y a point de Dieux. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

 « Vouloir » affranchit : Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Less miséricordieux qui cherchent la béatitude dans leur pitié : ils sont trop dépourvus de pudeur. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Lorsque je lui suis venu en aide, j’ai blessé durement sa fierté. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

On devrait entièrement supprimer les mendiants ! En vérité, on se fâche de leur donner et l’on se fâche de ne pas leur donner. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Ainsi parle tout grand amour : il surmonte même le pardon et la pitié. tout grand amour est au-dessus de sa pitié : car ce qu’il aime, il veut aussi le — créer ! « Je m’offre moi-même à mon amour, et mon prochain tout comme moi » — ainsi parlent tous les créateurs. Cependant, tous les créateurs sont durs. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

il en est d’autres qui sont semblables à des pendules que l’on remonte ; ils font leur tic-tac et veulent que l’on appelle tic-tac — vertu. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Ils veulent crever les yeux de leurs ennemis avec leur vertu ; et ils ne s’élèvent que pour abaisser les autres. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

il en est d’autres de nouveau qui croient qu’il est vertueux de dire : « La vertu est nécessaire » ; mais au fond ils ne croient qu’une seule chose, c’est que la police est nécessaire. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Pour que vous vous fatiguiez des mots « récompense »,  « représailles », « punition », « vengeance dans la justice » — pour que vous vous fatiguiez de dire « une action est bonne, parce qu’elle est désintéressée ». Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Passée, la méchanceté de mes flocons de neige en juin ! Je devins estival tout entier, tout entier après-midi d’été ! Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

 « Volonté d’égalité — c’est ainsi que nous nommerons dorénavant la vertu ; et nous voulons élever nos cris contre tout ce qui est puissant ! » Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Bon et mauvais, riche et pauvre, haut et bas et tous les noms de valeurs : autant d’armes et de symboles cliquetants pour indiquer que la vie doit toujours à nouveau se surmonter elle-même ! La vie veut elle-même s’élever dans les hauteurs avec des piliers et des degrés : elle veut scruter les horizons lointains et regarder au-delà des beautés bienheureuses, — c’est pourquoi il lui faut des hauteurs ! Et puisqu’il faut des hauteurs, il lui faut des degrés et de l’opposition à ces degrés, l’opposition de ceux qui s’élèvent ! La vie veut s’élever et, en s’élevant, elle veut se surmonter elle-même. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Vous avez servi le peuple et la superstition du peuple, vous tous, sages illustres ! — vous n’avez pas servi la vérité ! Et c’est précisément pourquoi l’on vous a honorés. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

C’est dans le désert qu’ont toujours vécu les véridiques, les esprits libres, maîtres du désert ; mais dans les villes habitent les sages illustres et bien nourris, — les bêtes de trait. Car ils tirent toujours comme des ânes — le chariot du peuple ! Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

L’esprit, c’est la vie qui incise elle-même la vie : c’est par sa propre souffrance que la vie augmente son propre savoir, — le saviez-vous déjà ? Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Il faut que ceux qui cherchent la connaissance apprennent à construire avec des montagnes ! Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Vous ne voyez que les étincelles de l’esprit : mais vous ignorez quelle enclume est l’esprit et vous ne connaissez pas la cruauté de son marteau Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Vous avez fait de la sagesse un hospice et un refuge pour de mauvais poètes. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Il fait nuit : voici que s’élève plus haut la voix des fontaines jaillissantes. Et mon âme, elle aussi, est une fontaine jaillissante. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Il y a en moi quelque chose d’inapaisé et d’inapaisable qui veut élever la voix. Il y a en moi un désir d’amour qui parle lui-même le langage de l’amour. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Je vis de ma propre lumière, j’absorbe en moi-même les flammes qui jaillissent de moi. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Qui ne craint pas mes ténèbres trouvera sous mes cyprès des sentiers fleuris de roses. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

On ne répond jamais plus durement que quand on dit « ses vérités » à sa sagesse. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Tu subsistes toujours, égale à toi-même, toi ma volonté patiente ! tu as toujours passé par toutes les tombes ! C’est en toi que subsiste ce qui ne s’est pas délivré pendant ma jeunesse, et vivante et jeune tu es assise, pleine d’espoir, sur les jaunes décombres des tombeaux. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Oui, tu demeures pour moi la destructrice de tous les tombeaux : salut à toi, ma volonté ! Et ce n’est que là où il y a des tombeaux, qu’il y a résurrection. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Commander est plus difficile qu’obéir. Car celui qui commande porte aussi le poids de tous ceux qui obéissent, et parfois cette charge l’écrase Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Et la vie elle-même m’a confié ce secret : « Voici, m’a-t-elle dit, je suis ce qui doit toujours se surmonter soi-même. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Le bien et le mal qui seraient impérissables — n’existent pas ! Il faut que le bien et le mal se surmontent toujours de nouveau par eux-mêmes. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Il est plus dur de se taire ; toutes les vérités que l’on a passées sous silence deviennent venimeuses. Et que soit brisé tout ce qui peut être brisé par nos vérités ! Il y a encore bien des maisons à construire ! Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Et vous me dites, amis, que « des goûts et des couleurs il ne faut pas discuter ». Mais toute vie est lutte pour les goûts et les couleurs ! Le goût, c’est à la fois le poids, la balance et le peseur ; et malheur à toute chose vivante qui voudrait vivre sans la lutte à cause des poids, des balances et des peseurs Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Je goûte beaucoup chez lui l’échine du taureau : mais maintenant j’aimerais voir aussi le regard de l’ange. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Êtres éphémères, c’est ainsi que je vous appelle. Vous les « hommes de la réalité » ! Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

L’immaculée connaissance de toutes choses : ne rien demander aux choses que de pouvoir s’étendre devant elles, ainsi qu’un miroir aux cent regards. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Ayez donc tout d’abord le courage d’avoir foi en vous-mêmes — en vous-mêmes et en vos entrailles ! Celui qui n’a pas foi en lui-même ment toujours. Vous avez mis devant vous le masque d’un dieu, hommes « purs » : votre affreuse larve rampante s’est cachée sous le masque d’un dieu. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Dupe de vos peaux divines ; il n’a pas deviné quels serpents remplissaient cette peau. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Je suis d’aujourd’hui et de jadis, dit-il alors ; mais il y a quelque chose en moi qui est de demain, et d’après-demain, et de l’avenir. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

En vérité, nous nous sommes déjà trop fatigués pour mourir, maintenant nous continuons à vivre éveillés — dans des caveaux funéraires ! » Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

La volonté ne peut pas vouloir agir en arrière ; ne pas pouvoir briser le temps et le désir du temps, — c’est là la plus solitaire affliction de la volonté. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

La volonté est-elle déjà devenue, pour elle-même, rédemptrice et messagère de joie ? A-t-elle désappris l’esprit de vengeance et tous les grincements de dents ? Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Ceci est ma première sagesse humaine de me laisser tromper, pour ne pas être obligé de me tenir sur mes gardes à cause des trompeurs. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Pour que la vie soit bonne à regarder il faut que son jeu soit bien joué : mais pour cela il faut de bons acteurs. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Tu es quelqu’un qui a désappris d’obéir : maintenant tu dois commander. Ne sais-tu pas quel est celui dont tous ont le plus besoin ? Celui qui ordonne de grandes choses. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

 « Ô Zarathoustra, tes fruits sont mûrs, mais toi tu n’es pas mûr encore pour tes fruits ! Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Et si dorénavant toutes les échelles te manquent, il faudra que tu saches grimper sur ta propre tête : comment voudrais-tu faire autrement pour monter plus haut ? Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Pour voir beaucoup de choses il faut apprendre à voir loin de soi : — cette dureté est nécessaire pour tous ceux qui gravissent les montagnes. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

C’est du plus bas que le plus haut doit atteindre son sommet. — Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

 « Vois ce portique ! nain ! repris-je : il a deux visages. Deux chemins se réunissent ici : personne encore ne les a suivis jusqu’au bout. Cette longue rue qui descend, cette rue se prolonge durant une éternité et cette longue rue qui monte — c’est une autre éternité. Ces chemins se contredisent, ils se butent l’un contre l’autre : — et c’est ici, à ce portique, qu’ils se rencontrent. Le nom du portique se trouve inscrit à un fronton, il s’appelle « instant Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Car les parcelles de bonheur qui sont en route entre le ciel et la terre se cherchent un asile dans les âmes de lumière. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Zarathoustra se mit à rire en son cœur, et il dit d’un ton ironique : « Le bonheur me court après. Cela vient de ce que je ne cours pas après les femmes. Or, le bonheur est une femme. » Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Quelques-uns d’entre eux « veulent », mais la plupart ne sont que « voulus Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Les qualités de l’homme sont rares ici : c’est pourquoi les femmes se masculinisent. Car celui qui est assez homme sera seul capable d’affranchir dans la femme — la femme. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Je suis Zarathoustra, l’impie : je fais bouillir dans ma marmite tout ce qui est hasard. Et ce n’est que lorsque le hasard est cuit à point que je lui souhaite la bienvenue pour en faire ma nourriture. Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

Il avait aussi l’esprit confus. Que ne nous en a-t-il pas voulu, ce coléreux, de ce que nous l’ayons mal compris. Mais pourquoi ne parlait-il pas plus clairement ? Et si c’était la faute à nos oreilles, pourquoi nous donnait-il des oreilles qui l’entendaient mal ? S’il y avait de la bourbe dans nos oreilles, eh bien ! qui donc l’y avait mise ?

 

 « Faites toujours ce que vous voudrez, — mais soyez d’abord de ceux qui peuvent vouloir ! » « Aimez toujours votre prochain comme vous-mêmes, mais soyez d’abord de ceux qui s’aiment eux-mêmes — — qui s’aiment avec le grand amour, avec le grand mépris ! Ainsi parlait Zarazoustra,  Friedrich Nietzsche

 

Je vous enseigne le Surhumain. [41]L’homme est quelque chose qui doit être surmonté. Qu’avez-vous fait pour le surmonter ?Tous les êtres jusqu’à présent ont créé quelque chose au-dessus d’eux, et vous voulez être le reflux de ce grand flot et plutôt retourner à la bête que de surmonter l’homme

 

 

 

Le leadership mondial en question, - T -Pierre-Antoine DONNET

 

Le leadership mondial en question, - T -Pierre-Antoine DONNET

 


Les cultures confucéennes mettent en avant l’autorité, la hiérarchie, l’importance du consensus et la prééminence du pouvoir sur les libertés individuelles. Cette vision de la société diffère de façon radicale avec celle, américaine, de la primauté de la liberté, de hiérarchie, l’importance du consensus et la prééminence du pouvoir sur les libertés individuelles. Cette vision de la société diffère de façon radicale avec celle, américaine, de la primauté de la liberté, de l’égalité, de la démocratie, de l’individualisme et des droits de l’Homme. Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

L’égalité, de la démocratie, de l’individualisme et des droits de l’Homme. Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

L’exceptionnalisme américain » a une double signification : Il exprime, d’une part, l’identité du pays, la notion d’un peuple réalisant un destin unique et universel sur la Terre promise du continent nord-américain [et définit, d’autre part] la politique étrangère américaine, comme mission reposant sur la conviction d’un rôle unique et spécial dévolu au pays parce qu’il serait le plus qualifié pour guider le monde vers la paix et la prospérité globales, en raison de ce que les États-Unis sont, ou du moins pensent être : un pays défini par un processus d’abondance promettant la réalisation d’un « bonheur » matériel promis par la Constitution, le tout dépendant d’un modèle supposément d’autre part] la politique étrangère américaine, comme mission reposant sur la conviction d’un rôle unique et spécial dévolu au pays parce qu’il serait le plus qualifié pour guider le monde vers la paix et la prospérité globales, en raison de ce que les États-Unis sont, ou du moins pensent être : un pays défini par un processus d’abondance promettant la réalisation d’un « bonheur » matériel promis par la Constitution, le tout dépendant d’un modèle supposément diffusable et reproductible par tous et partout dans le monde. Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

 « Le grand avantage des Américains est d’être arrivés à la démocratie sans avoir à souffrir de révolutions démocratiques, et d’être nés égaux au lieu de le devenir » Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

 « Pourquoi l’Union soviétique s’est-elle effondrée ? Pourquoi le Parti communiste de l’Union soviétique a-t-il perdu le pouvoir ? L’une des principales raisons, c’est que la lutte idéologique était intense, que l’histoire de l’URSS et celle du PCUS ont été totalement niées, que Lénine a été rejeté, tout comme Staline, que le nihilisme historique a fait son œuvre. » […] « Ne jamais renier le socialisme et le marxisme, ne pas se laisser influencer par les “forces hostiles” qui veulent “occidentaliser” le pays et “semer le séparatisme”. Il faut particulièrement prêter attention aux “manœuvres des puissances financières et idéologiques”, à l’utilisation des ONG, à “leur volonté d’inciter au chaos en favorisant le gouvernement par la rue” » : voici résumée la « pensée Xi Jinping ». (Bougon, 2017 : 47, 50) Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

Donald Trump, quelles que soient ses frasques, a été le premier dirigeant à oser prendre le taureau par les cornes et à défier frontalement la puissante Chine, quand l’Union européenne n’en finit pas de chercher une ligne de conduite acceptée par tous les pays membres. Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

Dans tous les domaines, les Chinois apparaissaient pour les États-Unis comme des partenaires : il fallait s’en occuper, les aider, leur apporter toute l’assistance nécessaire. L’illusion était de croire que la Chine était en train de devenir une démocratie. Alors qu’elle était seulement engagée sur la voie des réformes. (Martin, 2018) Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

 « L’habitant des États-Unis apprend dès sa naissance qu’il faut s’appuyer sur soi-même pour lutter contre les embarras de la vie ; il ne jette sur l’autorité sociale qu’un regard défiant et inquiet, et n’en appelle à son pouvoir que quand il ne peut s’en passer ». C’est ainsi qu’Alexis de Tocqueville (2019 [1835]), de retour des États-Unis en 1840, résume les valeurs du système américain. Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

Jusqu’à il y a peu, la pensée dominante aux États-Unis était que la Chine pourrait être convertie aux mœurs occidentales, que le « consensus de Washington », avec son impératif de libéralisme et de privatisation, serait lentement mais sûrement adopté par Pékin. La Chine s’ouvrirait aux entreprises occidentales et les rapports commerciaux se rééquilibreraient. La croissance de la Chine ne menacerait pas la sécurité de l’Occident tant que les valeurs libérales de l’ordre international resteraient les mêmes. […] Certains étaient sceptiques, mais on leur répondait qu’il n’y avait pas d’autre option qu’essayer d’engager la Chine dans cette voie. Mais cette perspective, malgré un énorme investissement dans différentes instances de dialogue international et l’ouverture presque complète du marché occidental à la Chine, ne s’est pas matérialisée. […]Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

Fondamentalement, Washington considère qu’il faut arrêter la Chine économiquement avant qu’elle ne devienne militairement une menace. Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

La Russie, nouvel allié de Pékin. L’Afrique, nouvelle colonie chinoise. La Chine y a implanté une influence politique et économique sans partage. L’Amérique latine, déjà une nouvelle cible déclarée. L’Asie de l’Est, toujours alliée des États-Unis. Le Japon, rempart contre la pénétration chinoise. La Corée du Sud, maillon crucial du dispositif militaire américain. Taïwan, pièce stratégique dans le jeu américain en Asie-Pacifique. La Corée du Nord dans l’orbite chinoise. L’Inde, l’autre géant asiatique et grand rival de l’empire chinois, recherche maintenant une normalisation stratégique avec Pékin. L’Asie du Sud-Est, bientôt chasse gardée économique chinoise. Le Moyen-Orient en ébullition. Dans cet affrontement feutré, l’Europe tente tant bien que mal de conserver son unité et son indépendance, loin des appétits chinois et américains. « Au fur et à mesure que les États-Unis se retirent du reste du monde, la Chine occupe le moindre espace disponible. » Steen Jakobsen, chef économiste à Saxo Bank. Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

En Afrique, Pékin a désormais presque chassé les anciens colons français et britanniques, faisant du continent noir une nouvelle terre de conquête et une nouvelle sphère d’influence. Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

Pékin, à la différence des pays occidentaux, ferme les yeux sur la situation des droits de l’homme lorsqu’elle octroie des aides. Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

Les journalistes des médias d’État, qui constituent la quasi-totalité du paysage médiatique du pays, sont depuis l’automne 2019 tenus de passer un examen pour évaluer leur loyauté à l’égard du pouvoir et du Parti, et tester leurs connaissances à propos de la « pensée Xi Jinping Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

IA, la plus grande mutation de l’histoire (Lee K.L., 2019), Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

Le rythme de progression des ordinateurs est dingue », a expliqué Elon Musk. Pour lui, les machines dotées d’intelligence artificielle vont finir par considérer les humains comme des êtres « lents et stupides ». Face à la lenteur cérébrale des humains, il craint que les machines ne s’impatientent. Pour elles, « ce sera comme parler à un arbre ». Pour Elon Musk, l’IA menace plus que jamais l’humanité Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

Pour beaucoup de ces pays, l’accès aux marchés de capitaux internationaux est difficile et la Chine constitue une source « fraternelle » de capitaux. Mais ces prêts conduisent les pays les plus vulnérables dans le piège d’un endettement non maîtrisé dont ils ne peuvent sortir qu’enremboursant en nature. C’est le fameux « piège de la dette » dans lequel s’enfoncent des partenaires émergents de la Chine. Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

Actuellement, quelque 1 500 satellites civils et militaires tournent au-dessus de nos têtes, sur des orbites basses, médianes ou géostationnaires. Ils seront 6 000 dans les cinq à dix ans à venir. Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

La Chine a peur : elle doit nourrir 20 % de la population mondiale avec moins de 9 % des terres arables dans le monde, alors même que l’émergence d’une classe moyenne et le changement d’habitudes alimentaires lié à l’urbanisation augmentent la pression sur les ressources. Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

La Chine peut-elle demeurer encore longtemps à l’écart de la démocratie, avec l’ouverture sur le monde extérieur que portent en elles les nouvelles technologies du numérique Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

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Il y a une différence entre votre philosophie personnelle et la réalité7. Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

La Chine « devra un jour résoudre la contradiction fondamentale entre son ouverture économique et culturelle au monde et sa volonté accrue de contrôle des individus, des organisations et des idées Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

La Chine deviendra immanquablement la première puissance économique du monde autour de 2030. Mais pour combien de temps ? Sa natalité en berne, les pressions sociales pour davantage de démocratie, l’essoufflement de la croissance économique, la hausse des coûts de production, les répercussions sociales et politiques de l’ouverture sur le monde extérieur, la corruption et les limites intrinsèques trouvées par un régime politique peut-être en bout de course sont autant de freins à son développement futur. Le leadership mondial en question, Pierre-Antoine Donnet

 

 

 

 

mercredi 5 août 2020

Par delà le bien et le mal, Friedrich Nietzsche

Par delà le bien et le mal – T -  Friedrich Nietzsche et Albert Henri

 

Il semble que toutes les grandes choses, pour graver dans le cœur de l’humanité leurs exigences éternelles, doivent errer d’abord sur la terre en revêtant un masque effroyable et monstrueux. La philosophie dogmatique prit un masque de ce genre, lorsqu’elle se manifesta dans la doctrine des Veda en Asie ou dans le Platonisme en Europe. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Erreur des dogmatiques, je veux dire l’invention de l’esprit et du bien en soi, faite par Platon. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Le christianisme est du platonisme à l’usage du « peuple » Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

La croyance fondamentale des métaphysiciens c’est l’idée de l’opposition des valeurs. Les plus avisés parmi eux n’ont jamais songé à élever des doutes dès l’origine, là où cela eût été le plus nécessaire Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Quelle que soit la valeur que l’on attribue à ce qui est vrai, véridique, désintéressé il se pourrait bien qu’il faille reconnaître à l’apparence, à la volonté d’illusion, à l’égoïsme et au désir une valeur plus grande et plus fondamentale par rapport à la vie. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Après avoir passé assez de temps à scruter les philosophes, à les lire entre les lignes, je finis par me dire que la plus grande partie de la pensée consciente doit être, elle aussi, mise au nombre des activités instinctives, Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

La plus grande partie de la pensée consciente chez un philosophe est secrètement menée par ses instincts et forcée à suivre une voie tracée. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

La fausseté d’un jugement n’est pas pour nous une objection contre ce jugement. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

C’est là ce que notre nouveau langage a peut-être de plus étrange. Il s’agit de savoir dans quelle mesure ce jugement accélère et conserve la vie, maintient et même développe l’espèce. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Avouer que le mensonge est une condition vitale, c’est là, certes, s’opposer de dangereuse façon aux évaluations habituelles ; et il suffirait à une philosophie de l’oser pour se placer ainsi par de là le bien et le mal. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Les défenseurs astucieux de leurs préjugés qu’ils baptisent du nom de « vérités » — très éloignés de l’intrépidité Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Le stoïcisme est une tyrannie infligée à soi-même, Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

La vie elle-même est volonté de puissance. La conservation de soi n’en est qu’une des conséquences indirectes les plus fréquentes. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Qu’une pensée ne vient que quand elle veut, et non pas lorsque c’est moi qui veux ; de sorte que c’est une altération des faits de prétendre que le sujet moi est la condition de l’attribut « je pense ». Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Soyons donc circonspects, soyons « non-philosophes », disons que dans tout vouloir il y a, avant tout, une multiplicité de sensations qu’il faut décomposer : la sensation du point de départ de la volonté, la sensation de l’aboutissant, la sensation du « va-et-vient » entre ces deux états ; et ensuite une sensation musculaire concomitante qui, sans que nous mettions en mouvement « bras et jambes », entre en jeu dès que nous « voulons ». De même donc que des sensations de diverses sortes sont reconnaissables, comme ingrédients dans la volonté, de même il y entre, en deuxième lieu, un ingrédient nouveau, la réflexion. Dans chaque acte de la volonté il y a une pensée directrice. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Ce que l’on appelle « libre arbitre » est essentiellement la conscience de la supériorité vis-à-vis de celui qui doit obéir. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Notre corps n’est qu’une collectivité d’âmes nombreuses. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Morale, bien entendu, considérée comme doctrine des rapports de puissance sous lesquels se développe le phénomène « vie ». Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

C’est nous seuls qui avons inventé les causes, la succession, la finalité, la relativité, la contrainte, le nombre, la loi, la liberté, la modalité, le but ; et lorsque nous nous servons de ce système de signes pour introduire ceux-ci dans les choses, comme « en soi », pour les y mêler, nous ne procédons pas autrement que comme nous l’avons déjà fait, c’est-à-dire mythologiquement. Le « déterminisme » est de la mythologie. Dans le fatalisme de la faiblesse de volonté s’enjolive singulièrement lorsqu’il sait s’introduire comme « religion de la souffrance humaine » : c’est là une sorte de « bon goût » propre à cette faiblesse. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Ce qui se traduit le plus difficilement d’une langue dans l’autre, c’est l’allure du style, laquelle est basée sur le caractère de la race, pour m’exprimer plus physiologiquement sur l’allure moyenne de son processus d’« assimilation ». Il y a des traductions faites avec une entière bonne foi qui sont presque des faux, car elles vulgarisent involontairement l’original, seulement parce que l’allure vive et joyeuse de l’original était intraduisible, cette allure qui passe et aide à passer sur tout ce qu’il y a de dangereux dans le sujet et l’expression. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Machiavel qui nous fait respirer dans son Principe l’air fin et sec de Florence, et qui ne peut s’empêcher de présenter les circonstances les plus graves avec un allegrissimo indiscipliné, peut-être non sans un malicieux plaisir d’artiste, à la pensée de la contradiction où il se hasarde ; car il y a là des pensées lointaines, lourdes, dures et dangereuses, présentées à une allure de galop, avec une bonne humeur pleine de pétulance. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Durant les jeunes années on vénère ou on méprise encore, sans cet art de la nuance qui fait le meilleur bénéfice de la vie, et plus tard, il va de soi que l’on paye très cher d’avoir ainsi jugé choses et gens par un oui et un non. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Tout est disposé de façon à ce que le goût le plus mauvais, le goût de l’absolu, soit cruellement bafoué et profané jusqu’à ce que l’homme apprenne à mettre un peu d’art dans ses sentiments et que, dans ses tentatives, il donne la préférence à l’artificiel, comme font tous les véritables artistes de la vie. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Le penchant à la colère et l’instinct de vénération, qui sont le propre de la jeunesse, semblent n’avoir de repos qu’ils n’aient faussé hommes et choses pour pouvoir s’y exercer. La jeunesse, par elle-même, est déjà quelque chose qui trompe et qui fausse. Plus tard, lorsque la jeune âme, meurtrie par mille désillusions, se trouve enfin pleine de soupçons contre elle-même, encore ardente et sauvage, même dans ses soupçons et ses remords, comme elle se mettra en colère contre elle-même, comme elle se déchirera avec impatience, comme elle se vengera de son long aveuglement, que l’on pourrait croire volontaire, tant elle s’acharne contre lui ! Dans cette période de transition, on se punit soi-même, par la méfiance à l’égard de ses propres sentiments ; on martyrise son enthousiasme par le doute, la bonne conscience vous apparaît déjà comme un danger, au point que l’on pourrait croire que le moi en est irrité et qu’une sincérité plus subtile s’en fatigue. Encore, et avant toute autre chose, on prend parti, par principe, contre la « jeunesse ». — Dix ans plus tard on se rend compte que cela aussi n’a été que — jeunesse ! Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

On interpréta l’origine d’un acte, dans le sens le plus précis, comme dérivant d’une intention, on s’entendit pour croire que la valeur d’un acte réside dans la valeur de l’intention. L’intention serait toute l’origine, toute l’histoire d’une action. Sous l’empire de ce préjugé, on se mit à louer et à blâmer, à juger et aussi à philosopher, au point de vue moral, jusqu’à nos jours. — Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Surmonter la morale, en un certain sens même la morale surmontée par elle-même : ce sera la longue et mystérieuse tâche, réservée aux consciences les plus délicates et les plus loyales, mais aussi aux plus méchantes qu’il y ait aujourd’hui, comme à de vivantes pierres de touche de l’âme. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Nous n’atteignons d’autre « réalité » que celle de nos instincts — car penser n’est qu’un rapport de ces instincts entre eux, Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Des méchants qui sont heureux, une espèce que les moralistes passent sous silence. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Pour être bon philosophe, dit ce dernier grand psychologue, il faut être sec, clair, sans illusion. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Un banquier qui a fait fortune a une partie du caractère requis pour faire des découvertes en philosophie, c’est-à-dire pour voir clair dans ce qui est. » Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Il y a des phénomènes d’espèce si délicate qu’on fait bien de les étouffer sous une grossièreté pour les rendre méconnaissables. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Il faut se garder du mauvais goût d’avoir des idées communes avec beaucoup de gens. « Bien » n’est plus bien dès que le voisin l’a en bouche. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Après tout cela, ai-je encore besoin de dire qu’eux aussi  seront des esprits libres, Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

En fin de compte, il faut tout faire soi-même, pour apprendre quelque chose, ce qui fait que l’on a beaucoup à faire ! — Mais une curiosité dans le genre de la mienne reste le plus agréable des vices. Pardon, je voulais dire que l’amour de la vérité a sa récompense au ciel et déjà sur la terre. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Cette foi qui ressemble d’une façon épouvantable à un continuel suicide de la raison. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

C’était là une raison tenace et opiniâtre comme un ver rongeur, et on ne saurait l’assommer d’un seul coup. La foi chrétienne est dès l’origine un sacrifice : sacrifice de toute indépendance, de toute fierté, de toute liberté de l’esprit, en même temps servilité, insulte à soi-même, mutilation de soi. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

 « Dieu en croix ». Jamais et nulle-part il n’y a plus eu jusqu’à présent une telle audace dans le renversement des idées, quelque chose d’aussi terrible, d’aussi angoissant et d’aussi problématique que cette formule : elle promettait une transmutation de toutes les valeurs antiques. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

De quoi s’occupe en somme toute la philosophie moderne ? Depuis Descartes — et cela plutôt par défi contre lui qu’en s’appuyant sur ses affirmations — tous les philosophes commettent un attentat contre le vieux concept de l’âme, sous l’apparence d’une critique de la conception sujet et de l’attribut, c’est-à-dire un attentat contre le postulat de la doctrine chrétienne. La philosophie moderne, en tant que théorie sceptique de la connaissance, est, soit d’une façon ouverte, soit d’une façon occulte, nettement anti-chrétienne, bien que, soit dit pour des oreilles plus subtiles, nullement anti-religieuse. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

On disait : « Je », condition, — « pense » attribut, conditionné. Penser est une activité, à laquelle il faut supposer un sujet comme cause. On tenta alors, avec une âpreté et une ruse admirables, de sortir de ce réseau ; on se demanda si ce n’était pas peut-être le contraire qui était vrai : « pense » condition, « je » conditionné. « Je » ne serait donc qu’une synthèse créée par la pensée même. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Ne fallait-il pas sacrifier Dieu lui-même, et, par cruauté vis-à-vis de soi-même, adorer la pierre, la bêtise, la lourdeur, le destin, le néant ? Sacrifier Dieu au néant — ce mystère paradoxal de la dernière cruauté a été réservé à notre génération montante, nous en savons tous déjà quelque chose. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

C’est une crainte ombrageuse et profonde, la crainte d’un pessimisme incurable, qui force de longs siècles à se cramponner à une interprétation religieuse de l’existence, la crainte de cet instinct qui pressent que l’on pourrait connaître la vérité trop tôt, avant que l’homme soit devenu assez fort, assez dur, assez artiste… La piété, la « vie en Dieu » ainsi considérées apparaîtraient comme la dernière et la plus subtile création de la crainte en face  de la vérité, comme une adoration et une ivresse d’artiste devant la plus radicale de toutes les falsifications, la volonté de renverser la vérité, la volonté du non-vrai à tout prix. Peut-être n’y eut-il pas jusqu’à présent de moyen plus puissant pour embellir l’homme que la piété. Par la piété, l’homme peut devenir artifice, surface, jeu des couleurs, bonté, au point que l’on ne souffre plus de son aspect. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Le philosophe tel que nous l’entendons, nous autres esprits libres, — comme l’homme dont la responsabilité s’étend le plus loin, dont la conscience embrasse le développement complet de l’humanité, ce philosophe se servira des religions pour son œuvre de discipline et d’éducation, de même qu’il se servira des conditions fortuites de la politique et de l’économie de son temps. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Plus un homme représente un type d’espèce supérieure, plus ses chances de réussite deviennent minimes. Le hasard, la loi du non-sens dans l’économie humaine, apparaît le plus odieusement dans les ravages qu’il exerce sur les hommes supérieurs, dont les conditions vitales subtiles et multiples sont difficiles à évaluer. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

La connaissance à cause d’elle-même », — voilà le dernier piège que tend la morale : c’est ainsi que l’on finit par s’y empêtrer de nouveau complètement. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

L’amour d’un seul est une barbarie, car il s’exerce aux dépens de tous les autres. De même l’amour de Dieu. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

 « Voilà ce que j’ai fait », dit ma mémoire. « Je n’ai pu faire cela », — dit mon orgueil, qui reste inflexible. Et finalement c’est la mémoire qui cède. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Si l’on a du caractère, on a dans sa vie un événement typique qui revient toujours. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

En temps de paix, l’homme belliqueux s’en prend à lui-même. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

La maturité de l’homme, c’est d’avoir retrouvé le sérieux qu’on avait au jeu quand on était enfant. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Quoi ? Un grand homme ? Je ne vois là que le comédien de son propre idéal. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Quand on veut dresser sa conscience, elle vous embrasse, tout en vous mordant. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Il n’y a pas de phénomènes moraux, il n’y a que des interprétations morales des phénomènes. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Les avocats d’un criminel sont rarement assez artistes pour utiliser, au profit du coupable, la beauté terrible de son acte. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Le mot le plus pudique que j’aie jamais entendu : « Dans le véritable amour, c’est l’âme qui enveloppe le corps. » Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

L’objection, l’écart, la méfiance sereine, l’ironie sont des signes de santé. Tout ce qui est absolu est du domaine de la pathologie. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

On ment bien de la bouche : mais avec la gueule qu’on fait en même temps, on dit la vérité quand même. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Il y a une innocence dans le mensonge qui est signe de bonne foi.

Ce que les philosophes appelaient « fondement de la morale » et ce qu’ils exigeaient d’eux-mêmes n’apparaissait, sous son jour véritable, que comme une forme savante de la bonne foi en la morale dominante, un nouveau moyen d’exprimer cette morale, par conséquent un état de faits dans les limites d’une moralité déterminée, ou même, en dernière instance, une sorte de négation que cette morale pût être envisagée comme problème. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

C’est la « nature » dans la morale qui enseigne à détester le laisser-aller, la trop grande liberté et qui implante le besoin d’horizons bornés et de tâches qui sont à la portée, qui enseigne le rétrécissement des perspectives, donc, en un certain sens, la bêtise comme condition de vie et de croissance. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Les races laborieuses ont grand’peine à supporter l’oisiveté. Ce fut un coup de maître de l’instinct anglais de sanctifier le dimanche dans les masses et de le rendre ennuyeux pour elles, à tel point que l’Anglais aspire inconsciemment à son travail de la semaine. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

On doit aider les instincts et aussi la raison, — on doit suivre les instincts, mais persuader à la raison de les appuyer de bons arguments. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Lorsque tous sont égaux, personne n’a plus besoin de « droits » —) ; unis dans la méfiance envers la justice répressive (comme si elle était une violence contre des faibles, une injustice à l’égard d’un être qui n’est que la conséquence nécessaire d’une société du passé) ; tout aussi unis dans la religion delà pitié, de la sympathie envers tout ce qui sent, qui vit et qui souffre (en bas jusqu’à l’animal, en haut jusqu’à « Dieu » — l’excès de « pitié pour Dieu » appartient à une époque démocratique —) ; tous unis encore dans le cri d’impatience de l’altruisme, dans une haine mortelle contre toute souffrance, dans une incapacité presque féminine de rester spectateurs lorsque l’on souffre, et aussi dans l’incapacité de faire souffrir ; Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

L’universelle dégénérescence de l’homme, — qui descend jusqu’à ce degré d’abaissement que les crétins socialistes considèrent comme « l’homme de l’avenir » — leur idéal ! — cette dégénérescence et ce rapetissement de l’homme jusqu’au parfait animal de troupeau (ou, comme ils disent, à l’homme de la « société libre »), cet abêtissement de l’homme jusqu’au pygmée des droits égaux et des prétentions égalitaires — sans nul doute, cette dégénérescence est possible ! Celui qui a réfléchi à cette possibilité, jusque dans ses dernières conséquences, connaît un dégoût que ne connaissent pas les autres hommes et peut-être connaît-il aussi une tâche nouvelle ! Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Science, après s’être défendue avec un succès éclatant de la théologie dont elle fut trop longtemps la « servante », s’avise maintenant, avec une absurde arrogance, de faire la loi à la philosophie et essaye, à son tour, de jouer au « maître » — que dis-je ! au philosophe. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Et s’il vous arrive aujourd’hui d’entendre louer quelqu’un de ce qu’il mène une vie « sage », une « vie de philosophe », cela ne veut guère dire autre chose que ceci, qu’il est « prudent » et qu’il vit a à l’écart ». Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Sagesse, c’est pour la foule une sorte de fuite prudente, un moyen habile de « tirer son épingle du jeu ». Mais le vrai philosophe — n’est-ce pas notre avis, mes amis ? — le vrai philosophe vit d’une façon « non-philosophique », « non-sage », et, avant tout, déraisonnable. Il sent le poids et le devoir de mille tentatives et tentations de la vie. Il se risque constamment, il joue gros jeu… Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Point de doute : ces hommes de l’avenir pourront le moins se passer des qualités, sévères et non sans danger, qui distinguent le critique du sceptique, je veux dire la sûreté d’appréciation, le maniement conscient d’une méthode dans son unité, le courage déniaisé, l’énergie suffisante pour se tenir à l’écart, pour assumer la responsabilité de ses propres actes ; de plus, ils avouent en eux un penchant à nier et à analyser et une certaine cruauté raisonnée qui sait manier le couteau avec sûreté et adresse Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Aujourd’hui le goût de l’époque, la vertu de l’époque affaiblissent et réduisent la volonté ; rien ne répond mieux à l’état d’esprit de l’époque que la faiblesse de volonté : donc, l’idéal du philosophe doit précisément faire rentrer dans le concept « grandeur » la force de volonté, la dureté et l’aptitude aux longues résolutions. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

 « Celui-là sera le plus grand qui saura être le plus solitaire, le plus caché, le plus écarté, l’homme qui vivra par delà le bien et le mal, le maître de ses vertus, qui sera doué d’une volonté abondante ; voilà ce qui doit être appelé de la grandeur : c’est à la fois la diversité et le tout, l’étendue et la plénitude. » Et nous le demandons encore une fois : aujourd’hui — la grandeur est-elle possible ? Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Le jugement et la condamnation morales sont un mode de vengeance favori chez les intelligences bornées à l’égard des intelligences qui le sont moins, c’est aussi une sorte d’indemnité que s’octroient certaines gens envers qui la nature s’est montrée avare, et c’est enfin une occasion de gagner de l’esprit et de la finesse. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Est immoral de dire : « Ce qui est juste pour l’un l’est aussi pour l’autre. » Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Mais il ne faut pas avoir trop raison, si l’on veut avoir les rieurs de son côté ; un petit soupçon de torts peut être un indice de bon goût. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

L’homme des « idées modernes », ce singe orgueilleux, est excessivement mécontent de lui-même : cela est certain. Il pâtit, et sa vanité permet seulement qu’il « com-pâtisse »… Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

La discipline de la souffrance, de la grande souffrance — ne savez-vous pas que c’est cette discipline seule qui, jusqu’ici, a porté l’homme aux grandes hauteurs ? Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

En l’homme sont réunis créature et créateur : en l’homme, il y a la matière, le fragment, l’exubérance, le limon, la boue, la folie, le chaos ; mais en l’homme il y a aussi le créateur, le sculpteur, la dureté du marteau, la contemplation divine du septième jour. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Des liens solides nous tiennent garrottés, nous portons une camisole de force du devoir et nous ne pouvons nous en dégager. C’est par là que nous sommes « hommes du devoir », nous aussi ! Parfois, il est vrai, nous dansons dans nos « chaînes » et parmi nos « glaives ». Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Notre probité, à nous autres esprits libres, — veillons à ce qu’elle ne devienne pas notre vanité, notre parure et notre vêtement de parade, notre borne infranchissable, notre sottise ! Toute vertu tend à la sottise, toute sottise à la vertu ; « bête jusqu’à la sainteté », dit-on en Russie, — veillons à ce que notre probité ne finisse pas par faire de nous des saints et des ennuyeux ! La vie n’est-elle pas cent fois trop courte pour qu’on s’y… ennuie ? Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Le « bien-être général » n’est pas un idéal, un but, une chose concevable d’une façon quelconque, mais tout simplement un vomitif, que ce qui est juste pour l’un ne peut être juste pour l’autre Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

La prétention d’une morale pour tous est précisément un préjudice porté à l’homme supérieur, bref, qu’il existe une hiérarchie entre homme et homme, et par conséquent aussi entre morale et morale. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Mais, au fond de nous-mêmes, tout au fond, il se trouve quelque chose qui ne peut être rectifié, un rocher de fatalité spirituelle, de décisions prises à qu’il y a une compensation à l’aplatissement d’un peuple ; c’est qu’un autre peuple devienne plus profond. la médiocrité plébéienne des idées modernes est l’œuvre de l’Angleterre. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Toute élévation du type « homme » a été jusqu’à présent l’œuvre d’une société aristocratique — et il en sera toujours ainsi, l’œuvre d’une société qui a foi en une longue succession dans la hiérarchie, en une accentuation des différences de valeur d’homme à homme, et qui a besoin de l’esclavage dans un sens ou dans un autre. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Le perpétuel « art de se vaincre soi-même » pour employer une formule morale en un sens supra-moral. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche²

Sa supériorité ne résidait pas tout d’abord dans sa force physique, mais dans sa force psychique. Elle se composait d’hommes plus complets (ce qui a tous les degrés, revient à dire, des « bêtes plus complètes »). Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

La foi en soi-même, l’orgueil de soi-même, une foncière hostilité et une profonde ironie en face de l’« abnégation » appartiennent, avec autant de certitude à la morale noble qu’un léger mépris et une certaine circonspection à l’égard de la compassion et du « cœur chaud ». Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

La façon dont le respect de la Bible a généralement été maintenu jusqu’à présent en Europe est peut-être le meilleur élément de discipline et de raffinement des mœurs dont l’Europe soit redevable au christianisme. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Notre époque très démocratique, ou plutôt très plébéienne, « l’éducation » et la « culture » doivent être surtout l’art de tromper sur l’origine, sur l’atavisme populacier dans l’âme et le corps. Un éducateur qui aujourd’hui prêcherait avant tout la vérité et crierait constamment à ses élèves : « soyez vrais ! soyez naturels ! montrez-vous tels que vous êtes ! » Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

L’âme noble prend comme elle donne, par un instinct d’équité passionné et violent qu’elle a au fond d’elle-même.

Qu’appelle-t-on commun, en fin de compte ? — Les mots sont des signes verbaux pour désigner des idées ; les idées elles, sont des signes imaginatifs, plus ou moins précis, correspondant à des sensations qui reviennent souvent et en même temps, des groupes de sensations. Il ne suffit pas, pour se comprendre mutuellement, d’employer les mêmes mots. Il faut encore user des mêmes mots pour le même genre d’évènements intérieurs, il faut enfin que les expériences de l’individu lui soient communes avec celles d’autres individus. C’est pourquoi les hommes d’un même peuple se comprennent mieux entre eux que ceux qui appartiennent à différents peuples ; mais lorsque les peuples différents emploient le même idiome, ou plutôt, lorsque des hommes placés dans les mêmes conditions (de climat, de sol, de dangers, de besoins, de travail) ont longtemps vécu ensemble, il se forme quelque chose « qui se comprend », c’est à dire un peuple. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

C’est l’histoire d’un pauvre être insatisfait et insatiable dans l’amour d’un être qui dut inventer l’enfer pour y précipiter ceux qui ne voulaient pas l’aimer, — Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Un philosophe : c’est un homme qui éprouve, voit, entend, soupçonne, espère et rêve constamment des choses extraordinaires, qui est frappé par ses propres pensées comme si elles venaient du dehors, d’en haut et d’en bas, comme par une espèce d’événements et de coups de foudre que lui seul peut subir qui est peut-être lui-même un orage, toujours gros de nouveaux éclairs ; un homme fatal autour duquel gronde, roule, éclate toujours quelque chose d’inquiétant. Un philosophe : un être, hélas ! qui souvent se sauve loin de lui-même, souvent a peur de lui-même… mais qui est trop curieux pour ne pas « revenir toujours à lui-même ». Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Il y a aujourd’hui, presque partout en Europe, une sensibilité et une irritabilité maladives pour la douleur et aussi une intempérance fâcheuse à se plaindre, une efféminisation qui voudrait se parer de religion et de fatras philosophique, pour se donner plus d’éclat — il y a un véritable culte de la douleur. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Le manque de virilité de ce qui, dans ces milieux exaltés, est appelé « compassion », saute, je crois, tout de suite aux yeux. — Il faut bannir vigoureusement et radicalement cette nouvelle espèce de mauvais goût, et je désire enfin qu’on se mette autour du cou et sur le cœur l’amulette protectrice du « gai saber », du « gai savoir», pour employer le langage ordinaire. Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Ô midi de la vie ! Ô temps solennel !            Ô jardin d’été ! Bonheur inquiet, debout et aux écoutes ; J’attends les amis, prêt nuit et jour Que tardez-vous, amis ? Venez, car il est temps ! N’était-ce pas pour vous que le gris des glaciers           Aujourd’hui s’est orné de roses ? C’est vous que cherche la rivière ; et, plus haut, Le vent et les nuages se pressent dans la nue, Ardents à découvrir de loin votre venue. Dans les hauteurs la table est dressée pour vous : —           Qui demeure si près Des étoiles, si près des sombres profondeurs ? Quel royaume serait plus vaste que le mien ? Et de mon miel — qui donc en a goûté ?… — Vous voici, amis ! — Hélas ! ce n’est pas vers moi           Que vous voulez venir. Vous hésitez surpris — ah, que ne vous fâchez-vous ! Ce n’est plus — moi ? Plus mon visage et ma démarche ? Et ce que je suis, amis — ne le serais-je pas pour vous ? Serais-je un autre ? Étranger à moi-même ?           De moi-même enfui ? Lutteur qui trop souvent a dû se surmonter ? Trop souvent s’est raidi contre sa propre force, Blessé et arrêté par sa propre victoire ? J’ai cherché où la brise était la plus aiguë.           J’ai su demeurer Où personne ne demeure, dans les zones arides, Oubliant l’homme, Dieu, le blasphème et la prière, Moi le fantôme errant sur les glaciers. — Mes vieux amis ! Voyez, vous pâlissez,           D’un frisson d’amour ! Non, sans rancune ! Allez. Pour vous point de séjour : Ici, dans ce royaume des glaces et des roches Il faut être chasseur et pareil au chamois. fus méchant chasseur ! — Voyez comme mon arc           Est tendu raide ! Car c’est le plus fort qui a décoché ce trait — — : Mais malheur à vous ! Cette flèche est dangereuse Comme nulle flèche, — ah ! fuyez pour votre bien !… Vous tournez les talons ? — Ô cœur, c’en est assez,           Ton espoir demeure fort : Pour des amis nouveaux garde ouverte tes portes ! Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche

Et laisse les anciens ! Laisse les souvenirs ! Si tu fus jeune, te voilà — jeune bien mieux ! Par delà le bien et le mal Friedrich Nietzsche