samedi 30 octobre 2021

L’Esprit des Lumières, - T - Christophe Martin, Armand Colin

 

L’Esprit des Lumières, - T - Christophe Martin, Armand Colin

 



En dépit de l’Inquisition et la Contre-Réforme, le flambeau a été maintenu par quelques grands esprits éclairés « qui, sans avoir l’ambition dangereuse d’arracher le bandeau des yeux de leurs contemporains, préparaient de loin dans l’ombre et le silence la lumière dont le monde devait être éclairé peu à peu et par degrés insensibles ». Au fil des différentes livraisons de l’Encyclopédie (dont la publication, très houleuse, ne sera achevée qu’en 1770), les encyclopédistes ne cessent d’exploiter  se répandant grâce à l’audace des hommes. 2. Sapere aude ! C’est cette audace intellectuelle qui, aux yeux d’Emmanuel Kant (1724-1804), serait la caractéristique propre des Lumières. En décembre 1783, une revue berlinoise publie le texte d’un pasteur, Johann Friedrich Zöllner, qui posait la question suivante : « Qu’est-ce que les lumières ? L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

 « Les “Lumières” se définissent comme la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable. L’état de tutelle est l’incapacité de se servir de son entendement sans être dirigé par un autre. Elle est due à notre propre faute lorsqu’elle résulte non pas d’une insuffisance de l’entendement, mais d’un manque de résolution et de courage pour s’en servir sans être dirigé par un autre. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Telle place à l’extrême diversité des options philosophiques dogmes, ces idées qu’il faut accepter sans les comprendre, sont précisément ce que rejettent la plupart des écrivains des Lumières. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Car l’une des grandes idées nouvelles que les Lumières introduisent dans la pensée est l’exigence du bonheur. rendre l’homme heureux ici-bas. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

À partir de 1685, la révocation de l’édit de Nantes, qui datait de 1598 et assurait une liberté de conscience et de culte aux protestants, entraîne une importante émigration protestante qui trouve refuge dans des pays comme la Hollande ou l’Angleterre. En réaction contre ces persécutions et cet esprit d’intolérance, des écrivains manifestent plus ou moins directement une revendication de liberté dans l’exercice de la pensée et une condamnation du fanatisme. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

En Rousseau une conscience critique puisque ce dernier récuse violemment l’idée que le progrès des sciences et des techniques puisse conduire à un progrès moral et à un plus grand bonheur individuel et collectif. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

L’exigence fondamentale des Lumières est aussi le premier trait qui les définit : ne jamais consentir à la reprise docile de la pensée d’autrui. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Pierre Bayle : « La raison humaine […] est un principe de destruction, et non pas d’édification, elle n’est propre qu’à former des doutes ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Madame de Staël qui déplore la perte de l’« esprit national, L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

La raison individuelle serait vouée à l’aveuglement et à tous les errements dès lors qu’elle refuse d’être guidée par la tradition et les dogmes immémoriaux. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Sous prétexte qu’il ne faut admettre que ce qu’on entend clairement […], chacun se donne la liberté de dire : “J’entends ceci et je n’entends pas cela” et sur ce seul fondement, on approuve ou on rejette tout ce qu’on veut. […] Il s’introduit sous ce prétexte une liberté de juger qui fait que, sans égard à la tradition, on avance témérairement tout ce qu’on pense » L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Le naturalisme spinoziste bouleverse toute la conception chrétienne du monde, de la vie et des valeurs. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

En rejetant l’idée que Moïse puisse être l’auteur du Pentateuque, Spinoza ouvrait, en effet, la voie à une lecture critique de la Bible. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Lorsqu’il y a un désaccord entre ce qui est écrit dans la Bible et ce que la Raison nous montre, c’est cette dernière qu’il faut suivre puisqu’il est impossible de penser contre la Raison. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Les miracles ne peuvent être produits par Dieu que pour rendre les hommes meilleurs ou pour les guider vers la lumière divine. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Vue des religions révélées, le miracle est un signe adressé par Dieu qui manifeste ainsi sa toute-puissance sur l’ordre de la nature. À ce titre, il occupe une place centrale dans l’apologétique traditionnelle. De son côté, la physique moderne étend peu à peu son empire et impose une vision rationaliste et mécaniste du monde qui tend à circonscrire de plus en plus étroitement l’espace du miracle. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

l’impossibilité logique du miracle, qui oblige à supposer un phénomène entrant en contradiction avec les lois immuables de la nature que Dieu a lui-même établies : L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Foi consiste à croire ce que la raison ne croit pas, ce qui est encore un autre miracle ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Expliquer l’origine des mythes et fables, c’est « étudier l’esprit dans ses plus étranges productions » et contribuer de manière décisive à « l’histoire des erreurs de l’esprit humain ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

L’intérêt pour les fables primitives s’inscrit dans le champ plus large d’une sorte d’archéologie de l’égarement et de l’illusion, projet fondamental de Fontenelle qui se propose de faire une sorte d’histoire naturelle de la sottise humaine, de nos préjugés et de notre ignorance : « il est assez curieux de voir comment l’imagination humaine a enfanté les fausses divinités ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

La même ignorance a produit à peu près les mêmes idées […]. Les Grecs avec tout leur esprit, lorsqu’ils étaient un peuple encore nouveau ne pensèrent point plus raisonnablement que les Barbares d’Amérique ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Il établit dans ses Carnets des listes mettant en évidence ces ressemblances troublantes où il détecte un fonds commun de fables, des archétypes du merveilleux. Il procède au rapprochement incessant des mythes : celui d’un déluge universel, celui de la création de l’homme, celui des résurrections, des métamorphoses… La perspective est essentiellement polémique. Voltaire mine la croyance dans les miracles en usant de cette méthode comparatiste qui rapproche des prodiges semblables, les uns attestés dans le monde païen, les autres dans les Écritures. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

But assigné par Diderot à toute l’entreprise, comme le souligne son article fondamental « Encyclopédie », est bien de « changer la manière commune de penser », de « renverser l’édifice de fange » et « l’amas de poussière » que constituent l’accumulation immémoriale des préjugés nationaux et les dogmes religieux : chaque instant on pense, on parle, on écrit comme si l’on persévérait dans le préjugé de la liberté L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Dictionnaire de Trévoux, rédigé sous la direction des Jésuites, ainsi que l’a montré Marie Leca-Tsiomis, comme d’une sorte de catalogue alphabétique des préjugés religieux, politiques et sociaux, un véritable répertoire de cette « façon commune de penser » qu’il s’agit de bouleverser. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

 « Naître » reprend d’abord exactement la définition du Trévoux : « venir au monde », avant d’ajouter : « S’il fallait donner une définition bien rigoureuse de ces deux mots, naître et mourir, on y trouverait peut-être de la difficulté […]. À proprement parler, on ne naît point, on ne meurt point ; on était dès le commencement des choses, et on sera jusqu’à leur consommation ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Naître, vivre et passer, c’est changer de formes »… L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Les avancées de la science, repoussant les frontières du monde connu et découvrant des espaces infinis, détruisent l’ancienne vision aristotélicienne d’un univers clos et centré autour de la terre, et ébranlent violemment la croyance en un univers ordonné par la providence divine. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Freud désignera comme l’une des trois grandes « blessures narcissiques » infligées par la science à « l’égoïsme naïf de l’humanité » (la découverte copernicienne, darwinienne et la découverte freudienne elle-même). L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

N’avez-vous pas eu quelquefois une idée plus sublime de l’univers, et ne lui avez-vous point fait plus d’honneur qu’il ne méritait ? ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Histoire de la terre et du cosmos qui en finit avec l’idée que la nature telle que nous la voyons est celle même qui sortit des mains du créateur. Autrement dit, on envisage l’homme et le monde comme les produits d’une histoire, et non plus seulement d’une volonté divine qui aurait présidé à la création. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

On s’était demandé dès le xvie siècle comment envisager ces peuples qui n’avaient pas connu le message du Christ et s’ils n’étaient pas les restes d’une humanité qui n’aurait pas connu la Chute et le péché originel. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Tout ce que nous respections, tout ce qui réclamait notre foi, devient l’objet d’une connaissance détachée et désormais libre. Le préjugé qui nous asservissait a dévoilé sa vraie nature : imaginaire, c’est-à-dire nulle aux yeux de la raison. Nous allons enfin pouvoir juger clairement : le jour commence, nous nous éveillons et les songes anciens n’obscurcissent plus notre vue » (Jean Starobinski). L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Cette ardeur de savoir, cette activité de l’esprit qui ne veut pas laisser un effet sans en rechercher la cause ». Le Sapere aude des Lumières est aussi et surtout une invitation à légitimer cette curiosité, cette libido sciendi (« désir de savoir ») condamnée par saint Augustin et par Bossuet pour qui cette passion est « l’une des plus violentes » de l’esprit humain (Sermon sur la mort, 1662). L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

L’on bannit l’homme ou l’être pensant et contemplateur de dessus la surface de la terre, ce spectacle pathétique et sublime de la nature n’est plus qu’une scène triste et muette. L’univers se tait, le silence et la nuit s’en emparent. Tout se change en une vaste solitude où les phénomènes inobservés se passent d’une manière obscure et sourde. C’est la présence de l’homme qui rend l’existence des êtres intéressante ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

 « L’homme est le terme unique, d’où il faut partir, et auquel il faut tout ramener, si l’on veut plaire, intéresser, toucher, jusque dans les considérations les plus arides et les détails les plus secs. Abstraction faite de mon existence et de du bonheur de mes semblables, que m’importe le reste de la nature ? ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Au sein d’une nature dépourvue de toute finalité et qui obéit à ses propres lois, seule la présence de l’homme donne du sens à la vie, L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

 « Faites que la philosophie me fournisse toujours des plaisirs nouveaux ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Cette « concupiscence des yeux » génère l’exercice des sciences, dangereuses par principe puisqu’elles procèdent d’une curiosité qui, dans la Bible, est à l’origine du péché originel : tentée par le serpent, Ève juge que le fruit de « l’arbre de la science du bien et du mal » est « beau et agréable à la vue ». Elle en prend et en donne à Adam : et « en même temps, leurs yeux furent ouverts à tous deux » (Genèse, III, 6-7)… L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Dans les coulisses, comprendre les engrenages, et découvrir que le spectacle merveilleux procède d’un simple mécanisme d’horloge. Loin de diminuer la jouissance du spectacle, cette connaissance la décuple. Encore faut-il ne pas s’y tromper : ce qui procure un plaisir de la pensée, ce n’est pas la simplicité ou la trivialité du mécanisme à l’œuvre dans la nature mais l’union surprenante entre la simplicité extrême des principes et la prolifération inattendue des connaissances déductibles : L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Pessimisme anthropologique, ou du moins avec une conscience aiguë de l’inadéquation entre le désir infini de savoir et la finitude humaine. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

On veut savoir plus qu’on ne voit, c’est là la difficulté ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

En rassemblant « les connaissances éparses sur la surface de la terre », il s’agit, proclame Diderot dans l’article « Encyclopédie », « d’en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons, et de le transmettre aux hommes qui viendront après nous ; afin que les travaux des siècles passés n’aient pas été des travaux inutiles pour les siècles qui succéderont ; que nos neveux, devenant plus instruits, deviennent en même temps plus vertueux et plus heureux ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

 « Il faut considérer, explique encore Diderot, un dictionnaire universel des sciences et des arts comme une campagne immense couverte de montagnes, de plaines, de rochers, d’eaux, de forêts, d’animaux et de tous les objets qui font la variété d’un grand paysage. La lumière du ciel les éclaire tous, mais ils en sont tous frappés diversement ». L’Encyclopédie se conçoit comme un vaste spectacle. On comprend dès lors le rôle capital joué par les fameuses « planches ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

L’Encyclopédie propose un monde sans peur ». Grâce aux planches, le savoir technique de l’homme devient lisible de part en part. La décomposition visuelle des étapes de la fabrication de l’objet permet de manifester l’intelligence humaine en acte. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

 « Les philosophes trop indolents, trop peu curieux pour rechercher les moyens de s’instruire, [qui] aiment mieux argumenter que voir » et préfèrent se bercer de « mots obscurs » et de  « systèmes usés » plutôt que de consulter la nature. Or, « en philosophie il faut tout examiner, tout combiner, faire toutes les suppositions et ne s’effrayer de rien ». De qu’on ne va au grand qu’en foulant aux pieds les préjugés populaires ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Les Lumières comme ce moment historique où la Science s’est retrouvée investie d’une valeur nouvelle et proprement mythique, laissant percevoir autant de perspectives radieuses que d’inquiétantes dérives. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Or, il importe d’autant plus, aux yeux de Rousseau, de respecter le voile de la nature que la violence exercée contre elle pour le lui arracher est précisément ce qui met les hommes hors de la nature et entraîne la catastrophe. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Rousseau l’explique dans le Discours sur les sciences et les arts : « Le voile épais dont [la sagesse éternelle] a couvert toutes ses opérations semblait nous avertir assez qu’elle ne nous a point destinés à de vaines recherches. Mais est-il quelqu’une de ses leçons dont nous ayons su profiter, ou que nous ayons négligée impunément ? Peuples, sachez donc une fois que la nature a voulu vous préserver de la science, comme une mère arrache une arme dangereuse des mains de son enfant ; que tous les secrets qu’elle vous cache sont autant de maux dont elle vous garantit ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Célèbre devise de Cremonini « intus ut libet, foris ut moris est » (« À l’intérieur, fais comme il te plaît ; à l’extérieur, agis selon la coutume »). Une ligne de partage séparait nettement le petit cercle des initiés, s’adonnant librement à toutes les audaces de pensée, à la foule vulgaire vouée au conformisme et à la tradition. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Comme l’a bien souligné Ernst Cassirer dans La Philosophie des Lumières, « le désir et la jouissance sensuels se joignent à la puissance de l’esprit pour arracher l’homme au simple donné et l’envoyer prendre l’air au pays du possible ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Le sourire, l’ironie et le badinage ont un effet proprement séduisant (« séduire », c’est étymologiquement détourner du droit chemin) : ils arrachent le lecteur au concert habituel de la tradition et l’entraînent sur les voies du libre examen et de l’autonomie de la pensée.

Une célèbre formule de Montesquieu, dans L’Esprit des lois résume parfaitement cette exigence : « Il ne s’agit pas de lire mais de faire penser ». Avec des modalités diverses, Fontenelle, Bayle, Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau et bien d’autres ont tous pratiqué une écriture de l’éveil, dont l’un des mots d’ordre est l’injonction à « ne pas tout dire ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

 « il ne faut pas toujours épuiser un sujet qu’on ne laisse rien à faire au lecteur ».

Les livres les plus utiles sont ceux dont les lecteurs font eux-mêmes la moitié ; ils étendent les pensées dont on leur présente le germe ; ils corrigent ce qui leur semble défectueux, et fortifient par leurs réflexions ce qui leur paraît faible ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Helvétius développe la thèse de l’égalité de tous les esprits humains et d’une toute-puissance de l’éducation conçue comme unique cause connue et observable des différences d’esprit et de caractère, que ce soit entre le sauvage et le civilisé, entre les différentes nations, ou à l’échelle des individus. Selon Helvétius, le défaut d’instruction, et pire encore, l’éducation des « scolastiques », jésuites et autres prêtres, sont seuls responsables des différences entre les qualités et les compétences des individus : « les talents et les vertus sont des acquisitions », affirme le philosophe. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

La conclusion de La Mettrie a la force de l’évidence : « La Nature nous avait donc faits pour être au-dessous des animaux, ou du moins pour faire par là même éclater les prodiges de l’éducation, qui seule, nous […] élève enfin au-dessus d’eux ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

Car « de l’éducation d’un enfant dépend le bonheur ou le malheur du reste de sa vie, et de l’éducation de tous les enfants d’un royaume, dépend le bonheur ou le malheur futur du royaume entier ». L’éducation entre désormais pour une part essentielle dans un projet global de réorganisation rationnelle de la société. Telle sera bien aussi l’ambition des nombreux autres « plans d’éducation » élaborés au siècle des Lumières. L’éducation devient l’objet d’une action politique : elle doit transformer l’esprit de la nation, fabriquer de nouvelles mœurs, former de bons citoyens animés par le souci de l’utilité publique. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

 

Il faut employer beaucoup d’art pour empêcher l’homme social d’être tout à fait artificiel ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

 

 « Qu’il croie toujours être le maître, et que ce soit toujours vous qui le soyez. Il n’y a point d’assujettissement si parfait que celui qui garde l’apparence de la liberté ; on captive ainsi la volonté même ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

 

Si la méthode pédagogique mise en œuvre dans l’Émile était « une éducation pour la liberté, ce n’est certainement pas une éducation par l’appel à une liberté authentique […]. Émile se sent libre et ne l’est pas. Mille contraintes invisibles conditionnent sa conduite : le monde “naturel” dans lequel il vit est en réalité l’œuvre du précepteur. Émile est le captif d’un piège raffiné ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

 

Contrat social) : « s’il est bon de savoir employer les hommes tels qu’ils sont, il vaut beaucoup mieux les rendre tels qu’on a besoin qu’ils soient ; l’autorité la plus absolue est celle qui pénètre jusqu’à l’intérieur de l’homme, et ne s’exerce pas moins sur les volontés que sur les actions ». L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

 

les philosophes allemands Theodor Adorno et Max Horkheimer, en particulier, ont voulu montrer que, dans le processus même de leur développement, les Lumières avaient dramatiquement abouti à leur contraire. Au lieu d’œuvrer pour une société plus humaine, la rationalité des Lumières aurait dégénéré en une forme de positivisme et de technicisme, conduisant à une nouvelle forme de barbarie et d’oppression, contre laquelle les Lumières s’étaient pourtant soulevées. Une telle lecture des Lumières trouvait sens dans le contexte d’une interrogation sur l’avènement des totalitarismes et du nazisme. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin

 

Le phénomène des Lumières est riche de tensions, de contradictions et d’ambiguïtés qu’il importe de ne pas ignorer. Mais il importe encore davantage, pour reprendre les termes de Michel Foucaut, de ne pas rompre « le fil qui peut nous rattacher à l’Aufklärung ». De ces Lumières, nous sommes en effet toujours les héritiers. Encore faut-il considérer cet héritage, souligne encore Michel Foucault, « non certes comme une théorie, une doctrine, ni même un corps permanent de savoir qui s’accumule », mais bien plutôt comme une attitude, « un êthos philosophique » invitant à une critique permanente de ce que nous sommes et de notre être historique. L’Esprit des Lumière, Christophe Martin, Armand Colin