dimanche 23 mai 2021

L’Avenir d’une illusion, - T – Sigmund Freud, Hatier

 

L’Avenir d’une illusion, - T – Sigmund Freud, Hatier



 

Le croyant est protégé, à un haut degré, contre les dangersde certaines maladies névrotiques ; en acceptant la névrose commune, il se dispense de développer une névrose personnelle. L’Avenir d’une illusion, Sigmund Freud

 

Une tentative  pour remplacer la religion par la raison a déjà été faite officiellement, et dans le grand style. Vous vous souvenez tout de même de la Révolution française et de Robespierre ? Mais aussi de la brièveté de son existence et du lamentable insuccès de cette expérience. On la répète présentement en Russie, et nous savons d’avance comment elle va terminer. Ne croyez-vous pas qu’il faille admettre que l’home ne peut se passer de religion ? L’Avenir d’une illusion, Sigmund Freud

 

Un croyant a certainement des liens plus tendres avec le contenu de la religion. Il y a assurément d’innombrables autres hommes qui ne sont pas croyants dans le même sens. Ils obéissent aux prescriptions de la culture parce qu’ils se laissent intimider par les menaces de la religion, et ils ont peur de la religion aussi longtemps qu’ils doivent la considérer comme une partie de la réalité qui leur impose des limites. L’Avenir d’une illusion, Sigmund Freud

 

Les hommes sont très peu accessibles aux arguments rationnels, ils sont entièrement dominés par leurs désirs pulsionnels. L’Avenir d’une illusion, Sigmund Freud

 

L’homme est un être de faible intelligence, dominé par ses désirs pulsionnels. L’Avenir d’une illusion, Sigmund Freud

 

Quelqu’un qui a pris  des somnifères pendant des décennies ne peut évidemment pas dormir si on le prive de ses médicaments. Que l’effet des consommations religieuses puisse être assimilé à celui d’un narcotique. L’Avenir d’une illusion, Sigmund Freud

 

L’homme ne peut pas rester éternellement un enfant, il doit enfin affronter « le monde hostile ». On peut appeler cela « l’éducation en vue de la réalité » L’Avenir d’une illusion, Sigmund Freud

 

Vous paraissez commele rêveur qui se laisse emporter par des illusions, et moi, je représente l’exigence de la raison et les droits du scepticisme. L’Avenir d’une illusion, Sigmund Freud

Les caractéristiques  psychologiques de la religion : le sacré, la rigidité, l’intolérance, la même interdiction de penser pour se défendre. Vous avez besoin dune chose de ce genre pour répondre aux exigences de l’éducation. L’Avenir d’une illusion, Sigmund Freud

 

Le chemin qui va  du nouveau né jusqu’à l(‘homme cultivé est long ; trop d’êtres humains s’égareraient en cours de route et ne parviendraient pas à temps à leurs tâches essentielles s’ils étaient abandonnés à leur développent sans l’indication d’une direction. L’Avenir d’une illusion, Sigmund Freud

 

Les fluctuations du jugement dans la science, sont des développements, des progrès, et non des démolitions. L’Avenir d’une illusion, Sigmund Freud


samedi 22 mai 2021

Ces biens essentiels , -T - Céline Pina, Robert Laffont.

 

Ces biens essentiels , -T - Céline Pina, Robert Laffont.

 



Nous avons cru vivre la fin de l’Histoire, la mort de la politique. Nous avions mis au point un modèle alliant démocratie et capitalisme, qui paraissait garantir prospérité et liberté. Un modèle selon nous que le monde entier ne pouvait qu’adopter au regard de ses bienfaits. Mais, nous avons vu se réveiller le totalitarisme religieux et la haine de l’Occident. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

La décision politique intervient rarement dans un domaine balisé. Quand la société sait ou peut résoudre un problème, elle ne renvoie pas celui-ci au politique. Quand un problème devient politique, c’est souvent parce qu’il est insoluble, que nul n’a de solution pour l’affronter. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

Tout comme le capitalisme s’appuie sur une représentation de l’homme réduit à l’homo economicus, défini par la seule quête de ses intérêts, le communisme veut lui aussi créer un homme standard, un être devenu prévisible grâce au conditionnement, la rééducation des hommes permettant in fine une gestion technicienne de la société. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

« La pluralité est la condition de l’action humaine, écrit Hannah Arendt, parce que nous sommes tous pareils, c’est-à-dire humains, sans que jamais personne ne soit identique à aucun autre homme ayant vécu, vivant ou encore à naître. 1 » Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

Nous sommes uniques en tant qu’individus, liés en tant que citoyens. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

Nous sommes des semblables dont les différences irréductibles reposent sur l’agrégation d’éléments, eux, communs. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

D’où la nécessité de distinguer le monde commun du domaine privé, la sphère publique où nous devons en rabattre sur nos particularismes pour forger le lien citoyen et l’espace privé où nous pouvons déployer tout ce qui nous est personnel. Cette distinction témoigne de la double nature de l’humanité : une même espèce mais autant de façons d’être au monde que d’individus. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

Comme le jardinier doit tenir compte des caprices du temps, le politique travaille avec l’incertain, parfois même avec l’ambivalent. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

Le terme « réinventer » fait partie de la novlangue managérial. Il laisse entendre que tout équilibre antérieur n’est qu’erreur, absurdité et régression, que le patrimoine intellectuel et culturel des hommes n’a aucun intérêt. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

En tant que tel le virus n’attaque pas notre civilisation, il n’en est qu’un révélateur de son état. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

Complotistes, extrême droite suprématiste et extrême gauche racialiste guettent la souffrance sociale pour y faire leur marché de futurs radicalisés. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentilles pour être peuple (Renan) Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

Le virus a montré que ce qui faisait notre monde commun était le partages de ces biens essentiels que sont l’hôpital, l’école, la culture, mais aussi l’idée d’égalité, de liberté de conscience, la capacité à créer. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

Charles Darwin : l’homme est un être social et l’empathie et le besoin de se lier étaient aussi dans sa nature. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

La version radicale des « droits de l’humain » réduit la société à des liens marchands clients/fournisseurs. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

Pirouette intellectuelle  qui consiste à faire d’une théorie basée sur l’eugénisme une forme d’humanisme. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

La route ne se termine que si on l’abandonne. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

Alors que des personnalités ou des associations militantes enchaînent mensonges et manipulations, le silence des élus, voire leur incapacité à s’opposer facutellement à des discours aberrants, participe à leur perte de crédit et entretient un sentiment d’abandon. Face aux islamistes et aux racialistes qui réclament au plus vite l’ouverture de la violence purificatrice et qui s’imposent par la rue ce que notre Etat de droit rejette ; la question se pose de savoir qui détient la réalité du pouvoir. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

L’immortalité est une œuvre de l’esprit, une façon de faire son nid dans la mémoire de ‘humanité. Devient immortel celui qui par son courage et sa grandeur incarne plus que lui-même, mais reste un vecteur humain pour accéder à une façon d’être supérieure. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

Capacité des démocraties à survivre face à des Etats totalitaires parce qu’elles souffrent  d’une faiblesse fondamentale : leurs principes sont adaptés à l’idée de paix. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

La ruine des œuvres humaines est la première étape de l’éradication de l’espèce dans l’esprit des envahisseurs. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

De ‘effondrement politique et culturel des structures sociales ne naissent pas la liberté et a créativité, mais la violence et la domination. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

Nous ne sommes plus des vivants, inscrits dans l’espace et le  temps aux yeux qui dirigent les institutiions, mais des représentations chiffrées. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

L’Etat moderne est l’héritier de l’état de « la chose romaine », à laquelle il a donné le visage d’un être immortel qui, veillant au respect de vérités »évidentes en elles-mêmes » et de « droits inaliénables et sacrés », garantit la pérennité d’un peuple au-delà de la succession des générations. Tout un pan de la pensée occidentale a cherché depuis la philosophie des Lumières à évacuer la dimension dogmatique inhérente à ce montage institutionnel et à fonder l’ordre juridique sur des « lois inscrites dans la nature » Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

L’ultralibéralisme prétend que le marché s’appuie « sur les ois fondamentales de lanature » pour engendrer une « ordre spontané ». Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

L’impératif n’est plus alors de subordonner la poursuite des intérêts individuels à celle de l’intérêt général, mais bien au contraire de faire de la chose publique l’instrument de la libre maximalisation des utilités individuelles. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

L’idée de Jean Monnet étaient que les principes économiques et financiers s’interpénétrent tellement que les Etats ne puissent plus faire usage de leur souveraineté . Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

On se trouve en face d’une société d’enfants-rois, persuadés que tout part d’eux et doir revenir à eux. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

Plus de communauté nationale, plus de société politique, juste une juxtaposition d’individus sans liens objectifs entre eux. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

Le principe d’allégeance, l’attitude tribale sont infantiles, simples, faciles à comprendre. Ils placent a plupart des hommes dans une forme de minorité et de servilité. C’est la norme dans les banlieues, ghettos et dans nombre de pays d’Asie et d’Orient. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

La liberté de penser n’est pas un inné, mais un acquis. La faculté de penser est dans la nature de l’homme, la liberté de penser, en revanche, se construit. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

Pour penser et agir sur le monde, exercer cette part de souveraineté que nous détenons tous, participer à la décision publique, il faut que l’homme consente à ce que l’espace politique soit un espace où, pour faire naître l’intérêt général, il accepte d’en rabattre sur ses désirs et instincts particuliers, tout en gardant sa capacité à faire des choix et à les défendre. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

La liberté est moins menacée par l’Etat qu’elle est attaquée par cet empowerment très à la mode, porté par des mouvements ultra-sectoriels. Islamistes, pseudo antiracistes, féminisme intersectionnel, mouvement LGBT, écolos, décroissants, indigénistes, activistes des luttes mémorielles…autant de lobbies spécialisés dans la mise en cause de la démocratie au nom de a défense de leur dogmatisme, présenté comme leur part de liberté. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

Ce n’est pas le livre en soi qui compte. Un seul livre, surtout si c’est un livre religieux, gomme toute pluralité en se voulant être la totalité de tous les autres. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

Une société de demain où l’homme est vu soit comme un outil, soit comme une nuisance, soit comme un inutile à qui il faut fournir un revenu universel pour le maintenir un cran au-dessus de a révolte. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

Se réapproprier l’héritage judéo-chrétien et gréco-latin et s’interroger à nouveau sur ce qu’est « la vie bonne », l’idéal de l’homme, ses vertus, ses aspirations. Il est nécessaire aussi de rompre avec trente ans de politique où droite et gauche n’ont eu de cesse de réduire le citoyen à un consommateur et à réfléchir ensemble à ce que sont les biens essentiels de demain. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

La Démocratie ne se résume pas au droit de vote et à l’Etat de droit. Elle exige des citoyens éduqués, capables de discernement, de courage et d’action. Ces biens essentiels,  Céline Pina

 

 

 

 

lundi 3 mai 2021

La Religion dans les limites de la Raison – T – Emmanuel Kant

 

La Religion dans les limites de la Raison – T – Emmanuel Kant



Le drame de la croyance et de la science, lequel a débuté d’une manière si saisissante dans notre Pascal, La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Tandis que la France, sortie de l’enceinte de la tradition, niait ostensiblement le christianisme par l’organe des encyclopédistes, l’Allemagne arrivait au même but, changeant, modifiant, transformant le dogme de manière à y substituer un théorème moral. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Où est l’humanité, là est la cité de Dieu. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Deux voies : l’une, le panthéisme spiritualiste, qui érige la fatalité à la place de la providence ; l’autre, le panthéisme matérialiste, qui aboutit à la doctrine des intérêts. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Comment la raison peut-elle s’ingérer de répondre au cœur ? Ces deux facultés, qui ont chacune leur langage, peuvent-elles jamais se comprendre ? La raison, surtout, au milieu de sa sphère d’abstractions, de déductions logiques, concevra-t-elle jamais rien aux élans sublimes du sentiment ? La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Seul, abandonné à lui-même, le sentiment, comme moyen de connaissance, jette dans les extravagances du mysticisme ; comme règle de conduite, il expose à la superstition, au fanatisme et aux déceptions les plus amères La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Jésus non point comme une idée, mais comme la manifestation de l’idéal le plus parfait de l’humanité, La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Quant au style de l’ouvrage, je n’en dis rien ici ; je conviens seulement qu’il peut être comparé à un massif de végétation vigoureuse dans lequel l’air ne circule qu’à grand’peine. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

l’idée d’un bien suprême dans le monde, de ce bien dont la possibilité suppose l’acceptation d’un être indépendant, moral, saint, tout-puissant, et ce bien suprême seul réunit les deux précédents éléments. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

La morale conduit donc irrésistiblement à la religion, et de là s’élève à l’idée d’un législateur moral, tout-puissant, en dehors de l’humanité{V}, d’un législateur dans la volonté duquel réside la fin suprême de la création, la fin telle que les hommes peuvent et doivent se la proposer. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Si l’on se départit de ce principe, il arrivera, à la fin, ce qui est déjà arrivé autrefois, au temps de Galilée : la théologie biblique, pour abaisser la légitime fierté des sciences et s’épargner à elle-même les efforts qu’elles réclament, ne craignit pas d’entraver l’astronomie et d’autres sciences, par exemple l’histoire primitive de la terre ; et, semblable à ces peuples qui, par impuissance, par légèreté d’esprit ou par incurie, ne repoussent les périlleuses agressions qu’en formant un vaste désert autour d’eux, la théologie arrêta tout essor de l’esprit humain. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Ce ne peut être ni dans un objet déterminant la volonté par l’inclination, ni dans une impulsion instinctive que se trouve la source du mal, mais uniquement dans une règle que la volonté se crée à elle-même pour l’usage de sa liberté, c’est-à-dire dans une maxime. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Principes de détermination dans la nature humaine, et distinguer : 1°. La disposition de l’homme à l’animalité, en tant qu’être vivant ; 2°. Sa disposition à l’humanité, en tant qu’être vivant et tout ensemble raisonnable ; 3°. Sa disposition à la personnalité, en tant qu’être raisonnable et tout ensemble susceptible d’imputabilité{XI}. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

C’est seulement, en effet, par voie de comparaison que l’homme se juge heureux ou malheureux. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

 

De cet amour de soi provient notre penchant à nous acquérir une valeur dans l’opinion d’autrui, La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

La première suppose l’absence de la raison, que la seconde requiert sans doute la raison pratique, mais uniquement dans l’intérêt des autres mobiles, et que la troisième seule se fonde sur la raison pratique La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Il y a dans le malheur de nos meilleurs amis quelque chose qui ne nous déplaît pas absolument ; La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

les peuples civilisés se tiennent, les uns à l’égard des autres, dans des rapports dignes du plus grossier état de nature (sur le pied de guerre continuelle), La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Le penchant à colorer ses actions d’un vernis de moralité se trouve dans la nature humaine, il y a dans l’homme un penchant naturel au mal ; et ce penchant lui-même devant être cherché, en définitive, dans une volonté libre, pouvant par conséquent être imputé, est moralement mauvais. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

L’état de l’homme avant tout penchant au mal s’appelle état d’innocence. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

La transgression du premier homme s’appelle chute, tandis que chez nous elle serait représentée comme dérivant de la méchanceté inhérente à notre nature. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

L’Écriture les explique dans un récit{XVIII} ; elle place le mal au commencement du monde, non dans l’homme encore, mais dans un esprit d’une destinée originairement supérieure. De cette manière le premier commencement de tout mal en général est représenté comme incompréhensible pour nous (car d’où vient le mal dans cet esprit ?), et l’homme n’est représenté comme tombé dans le mal que par séduction, par conséquent comme exempt de corruption dans le principe La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Ce que l’homme, sous le rapport moral, est ou doit devenir, son caractère de bonté ou de méchanceté est nécessairement son propre ouvrage. L’un et l’autre doivent être un résultat de son libre arbitre ; car autrement ils ne pourraient pas lui être imputés ; par conséquent il ne serait, moralement, ni bon ni méchant. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

L’éducation morale de l’homme doit commencer non point par l’amélioration de ses mœurs, mais par la rénovation de sa manière de penser et par la formation d’un caractère en lui La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

L’expérience interne de l’homme par lui-même ne lui permet point de pénétrer la profondeur de son cœur au point de pouvoir acquérir une connaissance parfaitement sûre du principe des maximes qu’il professe, ni de leur pureté et de leur stabilité.

Si j’eusse reçu une volonté parfaitement sainte, toutes les tentations au mal échoueraient d’elles-mêmes en moi ; La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Nous sommes inévitablement circonscrits dans les conditions de temps, l’action reste toujours défectueuse ; en sorte que nous devons considérer le bien phénoménal, c’est-à-dire en acte, comme constamment insuffisant eu égard à une loi sainte La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

L’homme, malgré ses imperfections permanentes, peut espérer en général d’être agréable à Dieu dans quelque moment que soit brisée son existence. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

On ne se trompe jamais plus facilement qu’en ce qui favorise la bonne opinion de soi-même. Il ne paraît donc pas convenable d’exciter en soi une pareille confiance ; au contraire, il semble plus avantageux (pour la moralité) de « faire son salut par la crainte et la terreur. » La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

il n’y a qu’un acte unique, parce que l’abandon du mal n’est possible que par l’intervention du bon sentiment qui met dans la voie du bien, et réciproquement. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

L’homme fut investi primitivement de la possession des biens de toute la terre (I. Moïse, I, 28), à condition, toutefois, qu’il posséderait ces biens seulement en sous-propriété (dominium utile), relevant de son créateur et maître, comme d’un possesseur supérieur et direct (dominus diretor). La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

La domination et le gouvernement de la suprême sagesse s’exerce sur les êtres raisonnables conformément au principe de leur liberté, et tout ce qui se rencontre de bien et de mal doit leur être directement imputé. Ainsi, en dépit du bon principe, un empire du mal fut fondé, et tous les hommes descendant (naturellement) d’Adam y furent soumis, avec leur consentement toutefois : l’illusion que produisirent sur eux les biens de ce monde détourna leurs regards de l’abîme de corruption auquel ils étaient réservés. Le bon principe, à cause de sa légitime prétention à la domination sur l’homme, se mit en sûreté en créant une forme de gouvernement basée simplement sur le respect public de son nom (la théocratie juive) ; mais, comme les âmes de ses sujets n’étaient déterminées par aucun autre mobile que par les biens temporels et qu’ils ne voulaient être ainsi gouvernés qu’au moyen de récompenses et de châtiments ; comme ils n’étaient susceptibles d’aucune loi, hormis celles qui imposaient des cérémonies et des pratiques gênantes, hormis ces lois, d’ailleurs parfaitement morales, pour lesquelles il y a lieu à contrainte extérieure, qui ne sont, par conséquent, que des lois civiles dans lesquelles le sentiment moral n’est point pris en considération ; alors cette forme de gouvernement ne porta aucun préjudice essentiel au royaume des ténèbres, mais servit tout simplement à rappeler sans cesse à la mémoire l’imprescriptible droit du possesseur primitif. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

 

Une nouvelle domination morale (car il en faut toujours une à l’homme) qui sera un état de liberté dans lequel ils trouveront pour leur moralité soutien et protection, qu’il n’y a de salut pour les hommes que dans l’acceptation la plus intime des Véritables principes moraux dans sa conscience ; et que cette acceptation est entravée non par la sensibilité si souvent incriminée, mais par une certaine perversité (par versitas) coupable, ou, si l’on veut nommer autrement cette méchanceté, par la perfidie, par la fausseté, par une ruse satanique qui infiltra le mal dans le monde La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Si une religion morale (qui ne consiste pas dans des règlements et des observances, mais dans la disposition du cœur à pratiquer régulièrement les devoirs humains considérés comme préceptes de Dieu) doit avoir une base, ce ne peut être les miracles que l’histoire rattache à son institution et qui doivent eux-mêmes rendre enfin superflue la croyance aux miracles en général. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

 

Si l’on demande, toutefois, ce qu’il faut entendre par le mot miracle, comme il s’agit proprement de savoir ce que sont les miracles pour nous, c’est-à-dire pour l’usage pratique de notre raison, on peut s’expliquer en disant que ce sont des événements extérieurs dont les causes sont et doivent demeurer pour nous absolument inconnues. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Dieu laisse dévier la nature quelquefois La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Dans la vie, on ne peut donc compter sur des miracles ni en faire état dans l’usage de sa raison (usage qui est nécessaire dans toutes les positions). La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Un état politico-juridique ou politique est la relation des hommes entre eux lorsqu’ils sont associés sous des lois publiques de droit (qui sont toutes des lois de contrainte). Un état politico-moral est celui où les hommes sont réunis sous des lois qui n’emportent pas avec elles la contrainte, c’est-à-dire sous des lois purement morales. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Malheur au législateur qui voudrait réaliser par contrainte une constitution tendant à une fin morale ! car non-seulement il réaliserait le contraire d’une constitution morale, mais il minerait et affaiblirait encore sa constitution politique. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

le bien moral suprême, loin d’être atteint par l’aspiration d’une seule personne à sa propre perfection morale, exige l’union de cette personne à un tout pour marcher vers un seul et même but, vers un système d’hommes bien intentionnés, dans lequel et par l’unité duquel seulement le souverain bien moral peut être réalisé La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Comme, d’un autre côté, l’idée d’un pareil tout, en tant que république universelle conçue selon des lois morales, est une idée absolument différente de toutes les lois morales, lesquelles concernent ce que nous savons être en notre pouvoir, à savoir une idée tendant à agir sur un tout sans que nous sachions s’il nous est possible ou non d’agir sur ce tout, — alors c’est là un devoir, quant à la nature et quant au principe, différent de tous les autres devoirs. — On peut déjà induire de ce qui précède, que ce devoir exige la supposition d’une autre idée, à savoir celle d’un être moral supérieur, par la direction universelle duquel les forces, insuffisantes en soi, des individus, seraient réunies pour une action commune. Mais il nous faut suivre d’abord le fil conducteur de ce besoin moral en général, et nous verrons où il nous conduira. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

La législation repose sur ce principe : limiter la liberté de chacun aux conditions sous lesquelles elle peut subsister avec la liberté de tous selon une loi générale{XL} ; dans cette république, par conséquent, la volonté générale institue une contrainte extérieure légale. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Les caractères nécessaires, par conséquent aussi les signes distinctifs de la véritable Église, sont les suivants : 1°. L’universalité, conséquemment l’unité numérique. L’Église doit renfermer en elle une disposition à ce caractère, c’est-à-dire que, quoique partagée en opinions contingentes et dénuée d’unité, elle est pourtant, si on la considère à son point de vue essentiel, fondée sur des principes tels qu’il doit nécessairement en résulter pour elle l’unité et l’universalité. Par conséquent, point de sectes. 2°. La qualité, c’est-à-dire la pureté. L’association ne doit reconnaître d’autres mobiles que les mobiles moraux : elle doit être purifiée et de la faiblesse de la superstition et de la frénésie du fanatisme.

3°. La relation, sous le principe de liberté ; tant la relation interne des membres de l’Église les uns avec les autres que la relation extérieure de l’Église avec le pouvoir politique : double rapport qui existe dans un état libre. Il ne peut donc être question ni de hiérarchie, ni d’illuminisme, sorte de démocratie résultant d’inspirations individuelles qui peuvent être différentes les unes des autres dans la tête de chacun. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

La Constitution d’une Église dépend toujours de quelque croyance historique (révélée) que l’on peut appeler croyance ecclésiastique, et cette croyance est d’autant mieux fondée qu’elle s’appuie sur des écrits sacrés. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

C’est une faiblesse propre de la nature humaine, et conséquemment une faute, de ne jamais pouvoir juger la croyance pure la croyance rationnelle selon son exacte valeur, de ne jamais pouvoir la tenir pour seul et unique fondement d’une Église. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

 

On regarde le devoir, en tant qu’il est en même temps un précepte divin, comme l’expression d’un intérêt de Dieu, non de l’homme : de là l’idée d’une religion de culte au lieu de l’idée d’une religion morale pure. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Savoir comment Dieu veut être honoré (et obéi). — Or, la volonté divine législative commande par des lois positives en soi, ou par des lois morales pures. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

L’idfée de la Divinité découle essentiellement de la conscience des lois morales, et du besoin rationnel de reconnaître une puissance capable de produire dans sa plénitude cet effet possible dans un monde donné, et d’accord avec le but final de la moralité. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

La question : comment Dieu veut-il être honoré dans une Église en tant que communion divine ? paraît être soluble par la seule raison, mais requérir une législation positive communiquée aux hommes par la révélation, une croyance historique par conséquent, et que l’on peut nommer, par opposition à la croyance religieuse pure, croyance ecclésiastique. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Il n’y a aucun motif de tenir la loi qui constitue le fondement et la forme d’une Église pour une loi divine positive ; il y a plutôt de la témérité à la faire telle pour se dispenser d’améliorer constamment la forme de l’Église, à moins que ce ne soit une usurpation de l’autorité suprême pour imposer, avec les préceptes ecclésiastiques, sous le prétexte d’ordre divin, un joug à la foule. l’Écriture qui, en tant que révélation, doit être un objet sacré pour les contemporains et pour la postérité : il faut à l’homme une confirmation permanente pour qu’il soit sûr de ses devoirs de culte divin. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Tombe devant cette parole qui détruit toutes les objections : Cela est écrit. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

C’est qu’il existe, bien avant cette croyance populaire, une disposition profonde de la raison humaine à la religion morale, à cette religion dont les premières manifestations grossières furent, à la vérité, certaines pratiques de culte, et donnèrent lieu conséquemment à de prétendues révélations ; quelque chose du caractère de leur origine supra-sensible se retrouve ainsi, sans dessein préconçu, dans ces inventions poétiques. — On ne peut donc nous accuser de cacher des intentions mauvaises sous nos explications : si l’on ne veut pas accorder que le sens donné par nous aux symboles de la croyance populaire ou même aux livres saints en est directement tiré, on doit convenir que ce sens peut y être rattaché, et qu’il rend possible l’intelligence de ces livres et de ces symboles. Car la lecture de l’Écriture sainte, la méditation sur son sens intime, a pour résultat l’amélioration morale de l’homme ; quant à la partie historique, qui n’aboutit point à de pareils résultats, elle est parfaitement indifférente en soi, et l’on peut agir avec elle comme bon semble. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

La croyance historique est « morte en elle-même, » c’est-à-dire que considérée comme connaissance, elle ne renferme rien, elle ne porte sur rien qui ait pour nous une importance morale. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Toute recherche, tout commentaire sur l’Écriture doit avoir pour but d’y découvrir cet esprit vivifiant, populaire, ne peut être négligée : car le peuple ne croit point devoir adopter une doctrine fondée sur la simple raison, comme une règle invariable ; il exige la révélation divine, par conséquent aussi une garantie historique de l’autorité de cette doctrine, La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

La croyance à une religion de culte est, au contraire, une croyance servile et mercenaire ; elle ne peut être considérée comme une croyance sanctifiante parce qu’elle n’est point morale. Une croyance morale est nécessairement une croyance libre, fondée sur les purs sentiments du cœur (fides ingenua). La croyance de culte pense être agréable à Dieu au moyen d’actes qui, tout pénibles qu’ils sont, n’ont pourtant aucune valeur en soi, sont simplement déterminés par la crainte et l’espérance, et sont possibles également au méchant ; tandis que la croyance morale suppose, comme nécessaire pour être agréable à Dieu, un sentiment moral excellent. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Décider si une croyance historique ou ecclésiastique doit toujours s’ajouter comme partie essentielle à la croyance religieuse pure ; ou si, en tant que simple moyen, elle pourrait à la fin, quelque éloigné qu’en soit le jour, passer dans la croyance religieuse pure. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

ON ne peut désirer une histoire universelle de la religion, à prendre le mot de religion dans son acception la plus étroite ; car, en tant que fondée sur la croyance morale pure, elle n’est pas un état public : chacun isolément a conscience des progrès qu’il y fait. sans croyance à une vie future, nulle religion ne peut être imaginée La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Il s’en faut beaucoup que le judaïsme ait constitué une époque de l’Église universelle, une Église universelle même pour son temps ; on peut plutôt dire qu’il a exclu le genre humain entier de sa communion ; il se regardait comme le peuple élu de Jéhovah, ce qui lui attirait l’inimitié de tous les peuples, et excitait la sienne envers eux. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Comme personne ne peut contester la possibilité d’un écrit qui renferme, quant au fond pratique, quelque chose de purement divin, cet écrit peut (en ce qui concerne la partie historique) être considéré effectivement comme une révélation divine, et conséquemment l’association des hommes en une religion ne peut être réalisée et fermement établie sans un livre sacré, sans une croyance ecclésiastique la véritable religion ne peut résider dans la connaissance de ce que Dieu fait ou a fait pour notre sanctification, mais bien dans ce que nous devons faire pour en être dignes. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

Dans toute espèce de croyances relatives à la religion, lorsqu’on en recherche le caractère interne, on rencontre inévitablement un mystère, c’est-à-dire quelque chose de saint qui, bien que connu de chacun, n’est pourtant point démontrable publiquement, c’est-à-dire ne peut être communiqué universellement. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

La liberté, propriété qui est connue de l’homme grâce à la déterminabilité de son arbitre par la loi morale absolue, n’est pas un mystère, car la connaissance peut en être communiquée à chacun. Le principe à nous impénétrable de cette propriété, voilà le mystère ; car il ne nous est pas donné de le connaître. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

L’homme ne peut réaliser lui-même l’idée du souverain bien (non-seulement du bonheur qui en fait partie, mais aussi de la communion nécessaire des hommes dans un seul et unique but), idée qui est inséparablement liée au sentiment moral pur. L’homme pourtant trouve en lui le devoir d’accomplir cette réalisation ; il est donc forcé de croire à la coopération directe ou indirecte d’un maître moral du monde, coopération par laquelle seule la fin précédente est possible. Alors, s’offre béant devant lui l’abîme d’un mystère : il ne sait ce que Dieu fait en ce cas, s’il exerce quelque action en général, et laquelle en particulier il doit lui attribuer. Il en va autrement, s’il s’agit de devoirs ; l’homme ne connaît rien des devoirs, si ce n’est que, pour être digne de cette assistance, qui est incompréhensible, ou, du moins, qu’il ne connaît pas, il doit les accomplir. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

La véritable croyance religieuse universelle est la croyance en Dieu, 1°. en tant que créateur tout-puissant du ciel et de la terre, c’est-à-dire, moralement, en tant que législateur saint ; 2°. en tant que conservateur de l’espèce humaine, c’est-à-dire gouverneur plein de bonté et de sollicitude pour elle ; 3°. en tant qu’exécuteur de ses propres lois saintes, c’est-à-dire en tant que juge impartial. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant

samedi 1 mai 2021

Histoire Universelle, - T - Emmanuel Kant

 

Histoire Universelle, - T - Emmanuel Kant

« Idée de ce que pourrait être une histoire universelle dans les vues d’un citoyen du monde. »



Les actions humaines, sont ainsi que tous les autres faits de la nature, déterminés par des lois générales. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

 

Telles encore ces inconstantes saisons, dont les températures diverses ne peuvent être prédites exactement, mais qui dans leur ensemble ont entretenu au bout de l’année la dont les températures diverses ne peuvent être prédites exactement, mais qui dans leur ensemble ont entretenu au bout de l’année la végétation, le cours des fleuves, la marche uniforme et non interrompue de la Nature. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

La végétation, le cours des fleuves, la marche uniforme et non interrompue de la Nature. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

Les hommes, comme les autres animaux, ne se conduisent point par l’aveugle impulsion de l’instinct. Ils n’agissent point non plus en raisonnables cosmopolites suivant un plan arrêté. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

IRE PROPOSITION   Toutes les dispositions naturelles d’une créature sont telles, qu’elles doivent enfin se développer entièrement et d’après un but. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

 

 IIRE PROPOSITION   Toutes les dispositions naturelles de  l’homme, et qui sont fondées sur l’usage de sa raison, doivent se développer entièrement ; non point à la vérité dans l’individu, mais bien dans l’espèce entière. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

 

Il faudrait que la vie d’un homme fût immensément prolongée pour qu’il apprît à faire un usage complet de toutes ses facultés. Mais comme la Nature en a borné le terme à un si court espace, elle a besoin d’une série peut-être incalculable de générations, dont chacune livre à la suivante ses connoissances acquises, pour pousser le germe de perfectionnement, qu’elle a placé dans notre espèce jusqu’à tel degré de développement qui réponde enfin à ses vues. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

IIIRE PROPOSITION   La Nature a voulu : que tout ce qui dans l’homme serait par delà l’ordre mécanique de son existence animale, il le tirât tout entier de son propre fond ; et qu’il ne pût prendre part à tout autre bonheur, ou à toute autre perfection, qu’au bonheur ou à la perfection qu’il se serait procuré de lui-même, dégagé de tout instinct et par sa propre raison. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

Pour parvenir un jour du plus vil état de brute à la plus merveilleuse industrie, à la perfection intérieure de ses facultés morales, et par elles au bonheur (autant qu’il est possible sur la terre), l’homme devra seul en avoir tout le mérite, et ne rien devoir qu’à soi.“ Histoire Universelle, Emmanuel Kant

Une espèce d’animaux est douée de raison, et comme classe d’êtres raisonnables elle doit enfin parvenir au développement complet de ses dispositions naturelles. Mais elle est composée d’individus qui tous passent et périssent. L’espèce seule demeure, seule elle est immortelle. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

 

IVÈME PROPOSITION.   Le moyen dont se sert la Nature pour opérer le développement des dispositions de l’espèce, c’est l’antagonisme (4) des hommes dans la société, comme pouvant y devenir enfin la source d’un ordre légitime. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

Antagonisme cette insociable sociabilité des hommes, cette disposition à se réunir en société, constamment unie dans tous à une opposition qui sans cesse menace la société de se dissoudre. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

La nature de l’homme le dispose visiblement à cet état contradictoire. Il a un penchant à s'associer, parce que dans cette union avec ses semblables il se sent plus homme, c’est-à-dire, qu’il sent mieux le développement de ses dispositions naturelles. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

Mais il a un penchant égal à s’isoler, parce qu’il trouve aussi en lui-même cette prétention anti-sociale de tout conduire suivant son propre sens Histoire Universelle, Emmanuel Kant

C’est précisément cette résistance qui éveille toutes les forces de l’homme, qui le porte à surmonter cette pente si douce à la paresse Histoire Universelle, Emmanuel Kant

Les premiers pas qui d’un état brut et sauvage mènent vers l’état de culture, lequel n’est autre chose que le développement de la valeur sociale de l’homme. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

Insociales, peu aimables en soi, mais d’où naît l’utile résistance que chacun dans ses égoïstes prétentions doit nécessairement rencontrer, sans elles, dis-je, tous les talens, à jamais renfermés dans leurs germes primitifs, ne trouveraient point à se développer Histoire Universelle, Emmanuel Kant

Grâces lui soient donc rendues à cette Nature pour notre impatiente intolérance, pour notre jalouse et inquiète vanité, pour notre insatiable désir de posséder et de dominer, sans lesquels ses excellentes dispositions dans l’espèce humaine resteraient pour toujours engourdies et sans développement. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

L’homme demande la concorde ; la Nature qui sait mieux ce qui convient à l’espèce, lui commande la discorde. Il veut vivre à son aise et content ; la Nature veut qu’il sorte de la fainéantise, qu’il dédaigne l’inactive modération, qu’il se livre aux travaux, aux fatigues, et qu’au milieu de ces dernières, il trouve les moyens de s’en tirer prudemment un jour Histoire Universelle, Emmanuel Kant

VÈME PROPOSITION.   Le problème le plus important pour les hommes, à la solution duquel la Nature les contraint, c’est d’atteindre à l’établissement d’une d’une société civile générale, qui maintienne le droit. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

Le but le plus élevé de la Nature, le développement de toutes ses dispositions dans l’espèce humaine. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

 

Ceux qui, plantés en liberté, étendent sans obstacles leurs rameaux, croître difformes, obliques, et crochus. Toute cette culture, ces arts qui décorent l’humanité, les plus belles lois sociales sont les fruits de cette insociabilité, qui bientôt insupportable à elle-même est contrainte à reconnaître une discipline, et à fournir malgré elle un entier développement aux germes de la nature. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

VIÈME PROPOSITION.   Ce problème, le plus difficile de tous, est aussi celui que les hommes parviendront le plus tard à résoudre. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

L'animal homme, réuni à d’autres de son espèce, a besoin d’un maître : car il abusera, sans nul doute, de sa liberté à l’égard de ses semblables ; et quoique, en qualité d’être doué de raison, il désire une loi qui pose des bornes à la liberté de tous, cependant un attrait personnel et animal le portera toujours à s’en affranchir lui-même, autant qu’il le pourra. Il lui faut donc un maître !. . . un maître qui sache briser sa volonté perverse, qui le contraigne d’obéir à une volonté convenable à tous, à celle qui assure à tous une égale portion de liberté est certain que chacun abusera toujours de sa liberté, tant qu’un autre plus puissant ne le contiendra point dans les bornes de la loi. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

VIIÈME PROPOSITION.   Ce problème de l’érection d’une parfaite constitution civile dépend d’un autre, sans lequel il ne peut être résolu ; savoir, un légitime rapport extérieur des états entre eux. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

Toutes les guerres, (non dans les vues des hommes, mais dans celles de la Nature) ne sont que des moyens qui amènent entre les états de nouveaux rapports ; qui, par la subversion ou le dépècement des anciens, parviennent à figurer de nouveau corps. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

La Nature suit un plan régulier  qu’elle conduit insensiblement notre espèce du dernier degré de la condition animale, jusqu’au degré le plus élevé de la condition humaine ? Histoire Universelle, Emmanuel Kant

Qu’elle emploie pour y parvenir cette conduite à laquelle elle force malgré eux les hommes ? et que cet ordre, en apparence sauvage, lui sert à développer avec régularité ses dispositions primordiales ? Histoire Universelle, Emmanuel Kant

Est-il raisonnable de supposer que les dispositions de la Nature, qui ont un but dans toutes les parties, soient sans but dans l’ensemble ? Histoire Universelle, Emmanuel Kant

Dispositions de la Nature, qui ont un but dans toutes les parties, soient sans but dans l’ensemble ? Histoire Universelle, Emmanuel Kant

L’emploi de toutes les forces des corps politiques à des préparatifs menaçans, par les désolations que causent les guerres, et encore plus par la nécessité de s’y tenir continuellement prêt, le développement des dispositions de la Nature y est retardé dans sa marche Histoire Universelle, Emmanuel Kant

Nous sommes par les arts et les sciences cultivés dans un degré éminent, nous sommes jusqu'à l’excès, presque jusqu’au dégoût civilisés, polis et gracieux ; mais pour moralités, certes nous en sommes encore loin. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

Nous sommes par les arts et les sciences cultivés dans un degré éminent, nous sommes jusqu'à l’excès, presque jusqu’au dégoût civilisés, polis et gracieux ; mais pour moralités, certes nous en sommes encore loin. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

VIIIÈME PROPOSITION. On peut considérer l’histoire de l’espèce humaine en grand comme l’exécution d’un plan caché de la nature, laquelle tend à établir une parfaite constitution intérieure, et pour y parvenir une pareille constitution extérieure des états ; comme le seul ordre de choses où puissent se développer entièrement les dispositions qu’elle a placées dans l’espèce humaine.

Il s’agit de savoir si l’expérience du passé peut nous apprendre quelque chose de la marche de la Nature vers son but. Je dis même très peu de chose, car cette marche semble exiger une si longue suite de siècles, que d’après le court chemin parcouru jusqu’ici par la race humaine Histoire Universelle, Emmanuel Kant

On fait disparaître de jour en jour ces barrières qui entravent la conduite personnelle et privée ; la tolérance religieuse s’introduit ; et enfin, au milieu des opinions folles et des rêveries qui viennent à la traverse, avance insensiblement cette lumière bienfaisante, qui doit sauver le genre humain de tous ces projets de conquêtes dévastatrices, formés seulement par ses chefs se fonde cet espoir : qu’après maintes révolutions et transmutations d’états, enfin l’on verra succéder l’ordre universel que la Nature a pour but, l’union cosmopolitique, dans le sein de laquelle le genre humain verra se développer toutes ses dispositions primordiales. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

IXÈME PROPOSITION.   L’essai philosophique d’une histoire universelle d’après un plan de la Nature, qui tend à établir parmi les hommes une parfaite société civile, doit être regardé non-seulement comme praticable, mais encore comme devant concourir à l’exécution de ce plan. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

Marche régulière d’améliorations dans la constitution des états de notre partie du monde ; et-probablement qu’un jour celle-ci donnera ses lois au reste de la terre. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

La marche des idées est ici simple et claire : rien n’est sans but dans la nature. Les animaux, guidés par l’instinct, n’ont rien à acquérir au delà ; ils savent par lui tout ce qu’ils ont à savoir ; ils ne se perfectionnent point et chez eux l’individu est son but à lui-même. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

L’homme seul a changé. D’une condition voisine de celle des bêtes, il s’est élevé jusqu’à celle ou nous l’apercevons de nos jours. Il est donc une échelle ascendante de gradation ; mais, trop longue pour l’individu, elle ne peut servir qu’à l’espèce. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

Nous sommes déjà sortis, par degrés de l’état sauvage, de celui d’ignorance absolue et de barbarie, nous sommes dans la, période de la culture, l’idée de perfectionnement est sortie de l’esprit de l’homme : elle se dissémine peu-à-peu sur la terre ; elle germera, fructifiera, et enfin amènera l’époque de la moralité. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

L’instinct ne nous enseigne presque rien. Notre entendement et notre raison sont nos maîtres ; maîtres lents, mais sûrs. Histoire Universelle, Emmanuel Kant

La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques – T -, Mathieu Bock-Côté, La Cité

 

La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques – T -, Mathieu Bock-Côté, La Cité



Ce n’est pas d’hier que les campus américains passent pour des asiles à ciel ouvert. Mais il était d’usage, chez les gens qui se voulaient raisonnables, de les regarder avec une distance amusée, en se disant, de très loin, qu’ils sont fous, ces Américains. Il n’en est plus ainsi. On ne rit plus devant leur délire et les aberrations qui en sortent ne sont plus traitées comme des faits divers mais comme des symptômes d’un mal plus profond. Leur univers mental s’est déconfiné et est désormais au cœur du débat public des sociétés occidentales. Une mouvance nouvelle, une nouvelle gauche religieuse américaine, la gauche « woke », qui se veut éveillée, éclairée par la Révélation diversitaire, et qui fait de la « race » la catégorie sociologique et politique la plus importante, multiplie les grandes processions au cœur des capitales et métropoles des deux côtés de l’Atlantique, en scandant des slogans « décoloniaux », pour qu’enfin s’effondre le vieil Occident, qui croulerait sous le poids du racisme systémique. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 

Après des siècles d’aveuglement, il faudrait exposer au grand jour la structure raciale des sociétés occidentales, pour mieux la démanteler et anéantir enfin l’empire de la « suprématie blanche ». La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 

C’est seulement lorsque les peuples occidentaux seront devenus étrangers chez eux qu’on la jugera achevée. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 

Les blancs aiment à croire que nous sommes à une époque postraciale de l’histoire. Mais la vérité est que le racisme et le racisme antinoir sont toujours bien vivants aujourd’hui. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le messianisme hante l’histoire de la civilisation occidentale et l’énergie religieuse inemployée dans une société sécularisée qui ne croit plus aux vieilles idéologies qui ont marqué le XXe siècle finira toujours par se canaliser quelque part. Aucune société n’est étrangère au désir d’absolu et la fiction libérale d’un monde consentant à un vide métaphysique se désagrège sous nos yeux. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Joe Biden était-il conscient de la portée de la concession conceptuelle qu’il accordait à l’aile radicale du parti démocrate américain en faisant de la lutte contre le « racisme systémique » l’un des grands axes de sa candidature présidentielle7 ? Emmanuel Macron savait-il vraiment ce qu’il faisait, en décembre 2020, en portant crédit à la théorie du « privilège blanc » ? Etait-il conscient qu’au-delà de la ruse désormais éventée du en même temps il basculait dans un imaginaire sémantique et conceptuel absolument étranger au substrat culturel de son pays ? La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le progressiste se faisait une fierté, hier, de ne pas être raciste : il s’en fait une aujourd’hui de l’être, ou du moins d’avouer l’être, première étape pour ne plus l’être. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Aucune société ne peut être absolument indifférente à la population qui la compose. Le monde occidental commence à voir la portée des transformations sociales entraînées par l’immigration massive18. Les appels fervents à l’intégration substantielle des populations qui en sont issues pèsent de moins en moins devant un facteur que la communauté des savants jugeait encore hier négligeable : le poids démographique. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 

Pillages une forme de « réparation » historique2, la « défense du pillage » devenant même un thème de philosophie politique à la mode, la philosophe Vicky Osterweil y voyant un instrument privilégié pour renverser la « suprématie blanche » qui s’appuierait sur une sacralisation du droit de propriété et dissimulerait les inégalités raciales en les institutionnalisant derrière la société libérale. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Il faudrait enfin faire tomber le privilège blanc et jeter à terre une civilisation qui se serait avilie en commettant les plus grands crimes. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La seule manière d’être authentiquement démocrate aujourd’hui consisterait à reprendre le monde à zéro. Une nation témoignerait même de sa grandeur en cherchant à s’abolir : c’est dans la désincarnation angélique qu’elle trouverait sa rédemption. En renonçant à voir le monde à partir de sa propre histoire et de sa propre situation existentielle, elle parviendrait enfin à adopter le visage de l’humanité. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Ce qui vient du passé doit être retraduit en termes actuels pour éviter que les œuvres du monde d’hier ne contaminent le présent. Celles qui sont produites aujourd’hui ne doivent pas heurter le régime diversitaire et ses minorités protégées, comme on le voit avec certaines maisons d’édition américaines embauchant des sensitivity readers, des lecteurs de sensibilité, chargés d’assurer une représentation idéologiquement correcte des personnes qui s’y retrouvent, ce qui n’est pas sans évoquer la réécriture de l’histoire et de la littérature chez Orwell. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Les Etats-Unis n’étaient plus appelés à poursuivre l’histoire occidentale sur le continent nord-américain, mais à en inaugurer une toute nouvelle, où se croiseraient les peuples et les civilisations engendrant un monde nouveau, pour peu qu’ils parviennent à se laver une fois pour toutes de la souillure de leur péché originel. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 « Ce qui caractérise la culture et l’histoire modernes, c’est la structuration du monde entre les Occidentaux et les pays exploités par l’Occident. On ne peut pas ne pas se dire que l’on jouit aujourd’hui d’un passé, sans penser à ce que cela a coûté à d’autres », dit Rokhaya Diallo24. En d’autres termes, la prospérité de la civilisation occidentale serait fondamentalement illégitime : elle ne devrait rien à sa propre dynamique religieuse, philosophique, politique, culturelle, technique et économique. Elle serait exclusivement le fruit de l’exploitation coloniale et du pillage. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

En expulsant symboliquement les Européens et leurs descendants, au nom d’une Amérique précolombienne pure, qui s’engagerait aujourd’hui dans une entreprise de Reconquista amérindienne26. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

L’abolition des frontières ou, du moins, leur neutralisation pour permettre l’ouverture intégrale des pays nord-américains aux migrants qui aujourd’hui traversent le monde, concrétiserait ce processus de décolonisation, la souveraineté des Etats étant enfin annihilée. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Les peuples issus de la colonisation européenne sont sommés de s’excuser publiquement d’être là – la rhétorique décoloniale étant même récupérée par une frange de la jeune génération issue de l’immigration pour remettre en question l’exigence d’intégration culturelle à la société d’accueil dans la mesure où elle conteste ainsi la légitimité même de ces sociétés. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Les Amérindiens en viennent à être présentés comme des Autochtones, ce qui n’est certainement pas contestable, et les Québécois, comme les Allochtones, ce qui est plus étonnant – en d’autres termes, ils deviennent, dans leur manière même de se nommer, des étrangers chez eux, extérieurs à eux-mêmes, en poussant le décentrement identitaire jusqu’à l’expulsion de soi32. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

L’argument est connu : l’immigration massive est toujours présentée comme une conséquence de la décolonisation, à la manière d’un reflux démographique des anciennes colonies vers leurs métropoles – sans qu’on ne se demande pourquoi des sociétés comme la Suède, le Danemark ou la Norvège sont aussi emportées par cette tendance. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La décolonisation engagée dans les années 1950 n’ira au bout d’elle-même que lorsque les peuples européens seront étrangers chez eux. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 

Comme si toutes ses nations reproduisaient dans leur vie collective les dérèglements américains …/. La thèse anxiogène de persécutions policières à grande échelle contre les minorités en Occident s’est pourtant imposée partout au cœur du récit médiatique. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La haine de la police serait un humanisme. On en appelle donc au définancement, au désarmement voire à une abolition des services policiers qui permettrait d’engager la construction d’une société véritablement inclusive et antiraciste. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La révolution, quoi qu’on en dise, ne tolère pas qu’on ne s’y soumette pas. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 

Transe collective, en demandant pardon pour les crimes de leurs ancêtres et le racisme supposément structurel du monde occidental. Il n’était pas permis de ne pas y participer. Il s’agissait d’un rite par lequel on espérait renaître en se faisant pardonner ses péchés et son privilège blanc, qu’on jurait de critiquer inlassablement, pour tuer le vieil homme blanc en soi. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

C’est en se maudissant comme Blanc que l’homme blanc pourrait se délivrer un peu de sa blanchité, condition impérieuse à la construction d’un monde antiraciste. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 

Qui sont les wokes ? Radio-Canada en donne une définition fondamentalement positive : « Expression anglaise. Signifie littéralement “réveillé”. Dans un contexte de combat en matière de justice sociale, cette expression définit quelqu’un qui est alerte aux injustices qui peuvent avoir lieu autour de lui. On utilise souvent cette expression en opposition à “être endormi”, soit ne pas être éduqué sur les enjeux socio-économiques et sur les questions raciales2. » La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

On pourrait aussi définir le wokisme comme une forme d’hypersensibilité revendiquée aux minorités qui s’engageraient sur le chemin de l’émancipation et à leurs revendications à travers leur mise en procès de l’homme blanc. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le wokisme devient un critère pour distinguer ceux qui appartiennent à la nouvelle humanité et les rebuts de l’ancienne : La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le régime diversitaire pousse ainsi d’importants segments de la population à se définir dans un imaginaire et une psychologie victimaires. Le woke est l’Homo sovieticus du régime diversitaire. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le modèle de la fluidité identitaire contribue à la déstructuration anthropologique des jeunes générations, La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Concept de micro-agression : toutes les normes sociales sont potentiellement offensantes ou discriminatoires dans la mesure où elles peuvent contraindre la représentation qu’un individu se fait de son identité, La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le mégenrage d’un individu, qui consiste à l’interpeller à partir d’un autre genre que celui auquel il s’identifie, devenant ici une figure paradigmatique de la micro-agression. Il existerait au cœur de l’ordre social un « code » à briser pour permettre à chacun de déployer pleinement son authenticité. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Les micro-agressions trouvent leur origine dans l’expression de la culture « majoritaire » insensible à la condition particulière des identités minoritaires et de la diversité – on pourrait aussi y voir le signe d’une fragilisation de la subjectivité qui ne parvient plus à se construire à partir d’assises culturelles solides et qui bascule dans une obsession de l’authenticité, au point même de se reconnaître dans la mystique de l’auto-engendrement portée par la théorie du genre qui a prétendu artificialiser intégralement l’identité humaine. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La psychologie de la génération woke est structurée par sa surexposition au regard social qui la pousse à pratiquer l’exhibitionnisme vertueux et la surenchère moralisatrice. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 

Dans certaines, comme la prestigieuse UCLA, les étudiants sont invités en première année à se faire tester pour dépister leurs préjugés La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Il faut donc « équilibrer » la liberté d’expression des intellectuels invités sur les campus avec la susceptibilité de ces groupes militants prétendant disposer du droit de ne pas être offensé, c’est-à-dire de ne pas entendre un autre propos que celui qu’ils veulent entendre. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La simple prononciation des mots « homme » et « femme » pouvait même heurter les étudiants queers, qui se sentaient exclus de la classe par l’adhésion inconsciente du professeur au système binaire hétéropatriarcal37. Pour les wokes, c’est l’existence même du monde qui devient un scandale. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Alors qu’il y a peu encore, le prisme racial était jugé moralement condamnable et scientifiquement irrecevable, il revient fardé d’une légitimité nouvelle, dans le langage de la sociologie. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Il ne suffit plus de ne pas être raciste, mais il faut être antiraciste. En d’autres termes, il ne suffit pas de ne pas être raciste soi-même, mais l’on doit adopter la théorie et le discours de l’antiracisme racialiste en lutte contre le système raciste blanc pour être du bon côté de l’histoire. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Se dessine ici le procès de l’universalisme, au cœur de l’antiracisme racialiste. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

L’antiracisme diversitaire bute néanmoins sur un problème majeur : les sociétés occidentales, traumatisées avec raison par la catastrophe hitlérienne, ont fait du refus radical de la race le principe fondateur de leur imaginaire démocratique. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

1492, date maudite : l’expansion européenne à partir du XVe siècle serait indissociable du racisme et d’un système de classification hiérarchique des groupes humains selon leur apparence supposée. L’Europe se serait étendue à la taille du monde en théorisant la légitimité de sa propre domination. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La question de l’universalisme est essentielle : les sociétés occidentales veulent croire que ce principe les caractérise, et y voient le principal levier intellectuel pour transcender les déterminismes ethniques, et raciaux, en rappelant aux individus leur commune appartenance à l’humanité. Mais ce principe ne serait pas seulement illusoire, ou limité, comme le rappellent les sociologues attachés au rappel de son ancrage culturel et civilisationnel : il serait frauduleux. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La fiction universaliste ferait écran à la réalité et servirait exclusivement les intérêts d’une majorité blanche reproduisant dans les frontières de la société occidentale une structure de domination coloniale au désavantage des immigrés. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

L’universalisme serait le mensonge que le monde occidental se raconterait à lui-même pour continuer à occulter les populations autrefois colonisées. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Certains rêvent de doubler la valeur du vote des populations « racisées »28, d’autres souhaitent l’abolition des frontières et la libre entrée des immigrés dans les pays occidentaux, qui devraient leur fortune actuelle à leur aventure coloniale passée. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

L’antiracisme consiste donc, aujourd’hui, à viser la blanchité, à détruire les institutions qui la soutiendraient, et à amener les Blancs à ne plus l’être. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Où ils ont été socialisés dans une culture blanche, ils ont intériorisé les codes de la suprématie blanche, qu’ils reproduiraient naturellement, surtout s’ils croient ne pas le faire. Ils le sont dans la mesure où la norme blanche s’est constituée sur le mode de la suprématie raciale invisibilisée dans les termes de la mythologie libérale. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Aux Etats-Unis, les cadres doivent se soumettre de plus en plus à un genre de dépistage inédit, celui des pensées coupables, censées se dévoiler à travers un test d’association d’idées qui se généralise dans le milieu du management, et qui les conduit à s’engager dans une série de séances de formation pour déconstruire leurs préjugés et leur faire voir la société à travers le prisme de la sociologie antiraciste37. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Cette entreprise de rééducation peut aller jusqu’à l’organisation de stages spécialement destinés aux hommes blancs hétérosexuels, où ils sont conviés à avouer leurs préjugés et à s’accuser de racisme, tout en écrivant aux personnes issues des minorités autour d’eux pour s’excuser du mal qu’ils leur ont fait, comme on a pu le voir dans une affaire qui a fait grand bruit aux Etats-Unis, dans le milieu de l’armement38. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Comment se délivrer de son privilège blanc ? Comment se purger de ses propres préjugés ? Comment devenir l’allié des groupes minoritaires sans prétendre les sauver ni prendre le leadership de leurs combats – sans tomber dans le mythe du white savior, du « sauveur blanc » ? La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

On était autrefois fier de ne pas être raciste. Il faut aujourd’hui l’être d’avouer qu’on l’est. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Les pouvoirs publics sont appelés à produire un nouvel imaginaire collectif, comme le dira en France Delphine Ernotte qui, sur la base de statistiques ethniques voulant que 25 % de la population française soit non blanche, entendait consacrer son mandat à la direction de France Télévisions à la représentation de cette diversité dans les productions télévisuelles du pays44. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

». Il s’agit donc de permettre à ses employés issus des minorités de raconter les faits selon une perspective militante, délivrée du souci classique d’objectivité. La direction de la chaîne se montrera favorable à cette revendication en se demandant si « nos définitions de l’objectivité, de l’équilibre, de l’équité et de l’impartialité – et notre exigence voulant que les journalistes n’expriment pas leurs opinions personnelles sur les sujets que nous couvrons – vont à l’encontre de nos objectifs d’inclusion […]La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

On assiste donc à l’émergence du racisme intraracial, que les spécialistes autoproclamés de la question nomment colorisme. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Se vivant comme une minorité civilisée isolée au sein d’une nation de ploucs et de cul-terreux, les libéraux tombaient dans un style de critique sociale qui avait pour étrange effet de renforcer leur complaisance au lieu d’y remédier. Christopher Lasch La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

L’idéal d’une surveillance intégrale des pensées et conversations est revendiqué par le régime diversitaire, comme on le constate avec la « stratégie anti-rumeurs » financée par le Conseil de l’Europe dans le cadre de son programme Cités interculturelles. Cette politique entend « identifier les rumeurs qui courent dans une ville ; collecter des données objectives mais aussi des arguments émotionnels pour dissiper les fausses rumeurs ; créer un réseau anti-rumeurs composé d’acteurs de la société civile locale ; nommer et former des “agents anti-rumeurs” ; et concevoir et mener des campagnes de sensibilisation pour lutter contre ces rumeurs »2. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Une grande croisade pour bannir de la cité ceux qui participent consciemment ou inconsciemment à la défense d’un ordre jugé discriminatoire, fondé sur des préjugés racistes, sexistes et transphobes, s’annonce. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Il s’agit chaque fois d’en finir avec le bois mort de l’humanité, de liquider les classes sociales ou les catégories de la population qui sont perçues comme des obstacles à la marche de l’Histoire et au progrès. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Il faudrait peut-être, plus exactement, parler de la tentation fondamentaliste de la modernité qui s’empare du concept de démocratie pour lui prêter une nouvelle définition lui permettant de qualifier ses critiques d’antidémocrates. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La théorie du genre représente le point d’aboutissement de la tendance constructiviste des sciences sociales, qui décrète le caractère artificiel de toutes les formes naturelles, historiques et sociales. Tout est construction sociale et tout peut être déconstruit. Le naturel n’existe pas, le culturel est arbitraire. Ce qu’on prenait encore hier pour le sens commun ne serait en fait qu’un résidu du vieux monde, un amoncellement de préjugés. Derrière les constructions sociales, il n’y aurait qu’un flux insaisissable, immaîtrisable. Toute forme d’identité substantielle est perçue comme une assignation identitaire autoritaire, qu’il faudrait renverser pour permettre à la subjectivité de s’émanciper La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Kamala Harris, dans les jours qui suivirent la victoire de son ticket avec Joe Biden, elle ajouta à son identité Twitter « She/Her », une « pratique visant à se positionner sur le spectre du genre en solidarité avec les personnes trans20 La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Dans de nombreux pays occidentaux, au fil des dernières années, les termes père et mère ont progressivement été effacés du vocabulaire administratif, parce qu’ils seraient aussi des vestiges de l’ordre hétéronormatif. Mieux vaudrait parler de parent 1 et parent 2. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

L’antifascisme, aujourd’hui, se définit par sa lutte contre « le suprémacisme blanc et l’autoritarisme » et cherche à « construire des tabous sociaux qui empêchent le racisme, le sexisme, l’homophobie, et toutes les formes d’oppression sur lesquelles se fonde le fascisme, d’être au cœur du processus complexe de fabrique de l’opinion. Et pour maintenir ces tabous sociaux, il faut mettre en pratique […] l’antifascisme du quotidien ». La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

C’est un trait propre de la psychologie antifa de légitimer cette pulsion nihiliste lui offrant un exutoire politique qui, par ailleurs, l’ennoblit. Ceux qui s’ennuient en démocratie y trouvent la possibilité d’un héroïsme à bon marché, où la violence devient symbole d’authenticité. Les hommes et les femmes en quête de radicalité peuvent s’y investir en goûtant aux plaisirs de la clandestinité encagoulée et de l’aristocratie militante qui entend s’investir dans tous les conflits sociaux pour les radicaliser, La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Jeunesse antifasciste qui proviendrait majoritairement des beaux quartiers, comme si la progéniture des bourgeois représentait le principal bassin de recrutement des antifas. Le recrutement des antifas se fait surtout dans les milieux désocialisés engendrés par la modernité radicale. Ce sont des enfants du lumpenprolétariat universitaire, et autres militants victimes de la déstructuration psychique à grande échelle des sociétés occidentales, qui trouvent dans cet engagement violent une forme de rédemption, leur promettant une participation à l’avant-garde révolutionnaire. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Si l’antifascisme a la cote, c’est qu’il représente la version milicienne de l’idéologie diversitaire qui assimile systématiquement toute résistance résolue à son endroit à du fascisme. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La gauche libérale réclame le monopole de l’interprétation de ses propres dérives ou de son propre aveuglement. Il faut avoir été de gauche pour avoir le droit de ne plus l’être. Il s’agit d’un schème historique récurrent. Tant que l’anticommunisme était porté par la « droite », il était réactionnaire. Il est devenu légitime quand les progressistes s’en sont emparés. Il en est de même pour la critique de l’islamisme et du multiculturalisme. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Si l’être humain a pour vocation d’aménager le monde, il ne saurait le créer, ses coordonnées de base lui échappent à jamais. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Savoir nouveau sur le monde, censé transformer fondamentalement notre rapport à l’existence, dans une perspective émancipatrice. Le réel, ici, n’est qu’un fantasme réactionnaire et la nature, une fiction idéologique au service du patriarcat. Les sexes n’existent plus qu’à la manière de résidus biologiques. On décrète aussi l’inexistence des peuples, des nations, des civilisations, des religions, comme si le fantasme de la table rase se redéployait dans le langage de la sociologie. Le constructivisme représente la condition de possibilité théorique du totalitarisme. Ce n’est pas sans raison que les conservateurs qui critiquent la théorie du genre y voient une pathologie du rationalisme moderne, qui avait formulé le projet d’une connaissance scientifique intégrale de la société, mais a cédé à une certaine forme d’hubris intellectuelle. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

A travers tout cela, l’intelligence s’emporte et l’homme se laisse gagner par la tentation du démiurge : il n’entend plus seulement aménager le monde, le transformer, l’améliorer, le réformer, mais le recréer intégralement, par la seule puissance de sa volonté. Il s’agit, au sens propre, d’un délire de toute-puissance qui repose sur un oubli de la finitude. Il n’y a plus de mystère du monde, pas plus qu’un fond d’opacité au cœur de la société : la sociologie contemporaine croit rendre la société absolument transparente à elle-même en dévoilant tous les mécanismes qui la constituent. Les meilleurs esprits ont rappelé les limites du rationalisme dans les sciences sociales. La société ne peut jamais être entièrement connue. Une société n’est jamais le fruit d’une planification rationnelle intégrale et la connaissance que peut en avoir l’homme demeure partielle et limitée. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Elle-même, la culture comportant une dimension irréductiblement symbolique qui ne se laisse pas manipuler selon les codes de l’ingénierie sociale. C’est ce que nous disait Paul Ricœur, qui parlait du noyau éthico-mythique de chaque peuple et de chaque civilisation. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Théorie du genre en écrivant que rien n’existe sinon « un flux de tout et de n’importe quoi1 La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le simple fait d’entendre un mot leur déplaisant peut les plonger dans une détresse émotionnelle. Pour reprendre les termes d’une militante féministe se reconnaissant dans cette mouvance, « bien des militants pour la justice sociale sont prompts à admettre souffrir de dépression, d’anxiété, de stress post-traumatique, de troubles alimentaires ou de troubles de la personnalité. Cette fragilité se traduit parfois même dans leur façon de présenter les enjeux comme des atteintes à leur quiétude, à leur bien-être ou à leur sécurité3 ». C’est ce qu’on appellera la fragilité mentale du woke. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 « Au XXIe siècle, il est temps de revoir notre façon de s’exprimer pour assurer l’inclusion des divers types de genre humain. » Les fonctionnaires municipaux sont appelés à suivre une formation linguistique pour apprendre à écrire la novlangue inclusive. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Qui ne se soumet pas à ses codes s’affiche comme un individu non idéologiquement réformé, comme un citoyen réfractaire, comme un dissident orthographique. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Remplacement aux Etats-Unis des termes latino et latina par latinx, censé permettre une meilleure inclusion symbolique et sociale des latinos non-binaires. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Pour faire carrière et gagner ses galons de savant officiel, de ne pas voir ce qu’on voit. Mais les nuées, toujours, finissent par se dissiper, et le réel par frapper à la porte. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Une nation qui toujours s’accuse, se maudit, se décrète sans avenir et ne rêve plus que de se fondre dans le grand tout mondialisé ou n’être plus qu’une province mentale de l’empire américain n’est certainement pas appelée à inspirer ceux qui y naissent et ceux qui la rejoignent. Et la nation qui se décompose ne fait pas disparaître le besoin d’appartenance, qui se reporte vers des identités dispersées, comme en témoigne la poussée des communautarismes. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

C’est dans la mesure où les processus sociaux poussent à l’intégration substantielle que la nation conserve sa force d’attraction sur les populations nouvelles qui s’y installent. Lorsque ce n’est plus le cas, une dynamique d’ethnicisation des rapports sociaux s’engage presque inévitablement. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le décolonialisme racialiste devient même la porte d’entrée dans l’espace public d’une partie de la frange militante des jeunes générations issues de l’immigration, et parvient, comme on le voit avec le parti travailliste britannique, Québec solidaire ou la France insoumise, à s’intégrer à la vie politique en se greffant à l’aile gauche des partis de gauche, qui y voient l’occasion d’acquérir une radicalité nouvelle et d’élargir à la fois leur base électorale. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Les sociétés occidentales sont frappées par une série de vagues migratoires qui amènent non plus des individus mais des communautés à s’installer à l’intérieur de leurs frontières La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Une immigration massive ne respectant pas les capacités d’accueil d’une société donnée est appelée presque inévitablement à engendrer une ethnicisation puis une racialisation des rapports sociaux. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La stabilité des sociétés peut être mise en cause. Evolueront-elles vers l’intégration à la deuxième génération ou vers un intégrisme religieux pour conserver leur identité ?

Dans quelle mesure des communautés habitées par des cultures contradictoires et des mémoires conflictuelles peuvent-elles cohabiter pacifiquement ? La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Ce qui pourrait au moins partiellement être pensé comme une implosion du corps social soumis à une trop forte hétérogénéité culturelle est dispersé en milliers de faits divers auxquels on refuse de prêter une signification politique. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Les populations associées à la « diversité » en Europe descendent d’immigrés et de réfugiés, qui ont poursuivi dans ces différents pays l’espoir de trouver une vie meilleure, il ne s’agit pas, encore une fois, de descendants d’esclaves15. « En France, écrit Michel De Jaeghere, où l’iconoclasme s’est polarisé contre notre passé colonial, cette revendication a ceci de particulier qu’elle a d’abord été lancée par des communautés dont la présence sur notre sol n’a pas plus de cinquante ans. Les indigénistes n’y sont pas indigènes. Ce qu’ils réclament ne relève donc pas de l’examen de conscience, mais de la mise en accusation d’un passé qui n’est pas le leur : celui d’un pays qu’eux-mêmes ou leurs parents ont choisi comme destination, et qui les a accueillis en masse, par générosité ou par indolence16. » La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Un pays ne saurait être absolument indifférent à la population qui le compose. La mise en minorité progressive d’un peuple historique, aussi lente soit-elle, dans un Etat ne saurait être considérée comme un détail insignifiant. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Est-ce qu’on connaît un seul article présentant un argumentaire solide et convaincant démontrant de façon concrète en quoi la diversité ethnique est une source d’enrichissement culturel ? La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le congédiement du concept d’immigration illégale au profit de celui d’immigration irrégulière a pour fonction de normaliser le détournement du droit d’asile en filière migratoire à part entière, comme on le constate des deux côtés de l’Atlantique – parler d’immigration illégale peut même désormais relever du champ des fake news et mériter correction de la part des fact checkers. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La laïcité française est ainsi présentée comme une forme de néocolonialisme intérieur destiné à étouffer les populations immigrées. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Autrefois, le colonialisme consistait à imposer sa culture chez les autres, aujourd’hui, il consiste à imposer sa propre culture chez soi. Nous sommes tous des immigrants, telle est la devise du régime diversitaire. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le rapprochement est saisissant et marqué : la colonisation était une chance pour les pays colonisés, l’immigration massive est une chance pour les pays autrefois colonisateurs. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Ceux qui s’en prennent aux morts versent dans la mémoire revancharde et ne retiennent désormais de l’histoire occidentale qu’une série de crimes. La mouvance indigéniste réinterprète l’intégralité de l’Histoire à la lumière du colonialisme, du racisme, de l’esclavagisme, et ce, faut-il préciser, de manière parfaitement anachronique. Qui veut tuer les morts d’une civilisation veut en fait tuer cette civilisation même, et la destruction violente d’une statue est l’équivalent symbolique du viol d’une sépulture. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Ce sont les minorités idéologiques les plus résolues qui font l’Histoire. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le racialisme vient abolir la diversité des cultures, des peuples, des nations, des religions et des civilisations pour créer une identité artificielle entre les hommes selon le critère exclusif de la couleur de peau. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le proverbial bon sens, auquel se fient exagérément ceux qui ne prennent pas au sérieux la part tragique de l’Histoire, ne suffira pas pour stopper le racialisme. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté