mardi 24 novembre 2020

D’un siècle l’autre, Régis Debray, Gallimard

 

D’un siècle l’autre,  - T - Régis Debray, Gallimard


 


Cuba, le caïman des Antilles, où des vétérans de la guerre d’Espagne entretenaient au maniement d’explosifs des jeunots venus d’un peu nulle part. Qui s’engage se dégage du même coup, Deux bonheurs pour le prix d’un. Déserter le champ philosophique avec un sauf-conduit philosophique, qu’est qu’un scoliaste qui fuit la scolastique peur rêver de mieux. D’un siècle l’autre, Régis Debray

 

 

Qui veut se colleter avec l’injustice ailleurs que dans un in-follio doit s’intéresser au potable, à l’irrigable, au régime du vent et aux gués de la rivière plutôt qu’aux spéculations sur le bonheur des peuples et les promesses de l’aube. D’un siècle l’autre, Régis Debray

 

D’où vient  que l’on ne puisse rassembler sans diviser ni intégrer sans exclure, et qui veut éviter le conflit se détruit lui-même. Sans Barbares, point de Grecs. Sans Sarrasins, point d’Europe. Sans Baal, point de Yahvé. Sans judaïsme, pas de christianisme. Sans hindouisme, point de bouddhisme, et ainsi de suite. Une idée-force tire sa force de s’élever contre une autre. D’un siècle l’autre, Régis Debray

 

Un Allemand, un français ou un Turc seront toujours plus turc, français, allemand que musulman, jacobin ou social-démocrate qu’ils ne s’en doutent eux-mêmes. Un bolchevik russe peut devenir libéral mais il restera turc avant, avec ses icônes, Pouchkine et la vodka,. « L’âme slave » comme « l’esprit français » ou « l’humour british » ne rêvent pas de l’Organisation Mondiale du Commerce. D’un siècle l’autre, Régis Debray

 

Il me semble découler d’une faute indétachable de la fonction, l’idiotisme de métier, dirait Diderot : la prédominance de l’idée sur le réel. Si l’intellectuel est l’homme « dont la vie s’ordonne sur une idée », la logique veut qu’il attende de ses congénères qu’ils fassent de même puisque son idée est vraie et ce qui est vrai doit l’être pour tout le monde. La vérité est une erreur multiple (« il n’est pas étonnant que la droite professe le pluralisme » ajoutait l’intrépide Simone de Beauvoir.) D’un siècle l’autre, Régis Debray

 

Délibérer est le fait de plusieurs, agir est le fait d’un seuL. D’un siècle l’autre, Régis Debray

 

Le spirituel est jours couché dans le lit du temporel, disait Péguy, mais il y a toujours un ciel au-dessus du grabat. « Si l réalité est inconcevable, disait Hegel, il nous faut forger des concepts inconcevables. D’un siècle l’autre, Régis Debray

 

Réflexe consistant à rééquilibrer une déstabilisation économique ou technique par une réaffirmation culturelle ou religieuse, on découvre combien le progrès peut s’avérer rétrograde. Aussi voit-on des nations civiques édifiées par des progressistes au XXéme siècle (Atatürk, Nehru, Jinnah, Nasser ou Ben Gourion) – Turquie, Inde, Pakistan, Egypte, Israël – redevenir au XXIéme siècle des nations ethnos-religieuses. D’un siècle l’autre, Régis Debray

 

Pouvoir « bricoler dans l’incurable » est déjà en soi un bienfait. La loi de la gravité nous laisse en effet un volant d’options : se jeter par la fenêtre ou inventer le parachute. Ce sont nos variables d’ajustement. D’un siècle l’autre, Régis Debray

 

Nos existences sont à double-fond. Au-dessous de ce que l’on sait ou croit savoir, il y a ce que l’on sent. On n’est jamais sur de ce que l’on pense et si on fait bien, alors qu’on est sur de ce que l’on sent, sans y penser. On peut ainsi mener une vie non pas avec deux idées contradictoires mais simplement sur deux étages, un rez-de-chaussée habité par des idées et un autre au-dessus habité par des sentiments. Ce sont eux qui mènent la danse et ne reçoivent de directives que d’eux-mêmes. Je me réjouis donc que mes idées soient restées quasi clandestines, n’étant pas de celles que l’on envie de clamer sur les toits. D’un siècle l’autre, Régis Debray

 

Le plénipotentiaire intervient dans les moments difficiles : pour arrêter juste à temps le bras meurtrier d’Abraham, informer Joseph qu’il est l’heure de partir prévenir la jeune Marie qu’un heureux événement est en route et le vieux Mahomet qu’il sera mis un point final par son truchement, à cette affaire pendante depuis longtemps, la Révélation. Le Verbe divin n’a pas de réalité tangible, raison pour laquelle il a besoin de corps intermédiaires, estafettes bien équipées pour mener ses projets à bonne fin. D’un siècle l’autre, Régis Debray

 

Communiquer consister à transporter une information dans l‘espace, et transmettre, à transporter l’information une fois communiquée dans le temps. Dans un cas on met en relation un ici avec un ailleurs. D’un siècle l’autre, Régis Debray

 

Communiquer nous est de plus en plus facile, transmettre en plus difficile. Pourquoi ? Parce qu’il y a des technologies de communication de plus en plus performantes (du télégraphe optique à WhatsApp), alors qu’il n’y a pas de machine à transmettre. D’un siècle l’autre, Régis Debray

 

On peut avoir des doutes sur le télé-enseignement. S’agit-il d’une relation pédagogique ou simplement d’un transfert d’informations ? Le « distanciel » ne peut transformer un professeur en émetteur et l’élève en récepteur ? D’un siècle l’autre, Régis Debray

 

Vide d’appartenances et insécurité psychique, l’uniformisation des façons de faire suscite un peu partout la résurrection des façons d’être par l’affichage colérique d’une différence. Le quantitatif interchangeable du « tout vaut tant », loin d’abolir l’odeur, la couleur et la qualité des ancrages singuliers, leur fouettent le sang. Le Divers se cabre tout au bout de l’Uniforme et le Même fabrique son Autre au fur et  esure qu’il envahit la Terre. D’un siècle l’autre, Régis Debray

 

Les guerres de religion n’ont pas mis aux prises des idées, mais des systèmes nerveux, car la croyance religieuse n’est pas une affaire de conscience mais d’existence. Une foi est subjective et proprement indémontrable, mais elle confère une identité, une fierté, une mémoire et un sens à la mort. Le socle en est dur et survit aux longues érosions. D’un siècle l’autre, Régis Debray

 

Comment comprendre l’Inde hindouiste qui lance des fusées spatiales sans la transmission des âmes, la Chine communiste sans Confucius (dont l’Assemblée du Peuple  célébré en grande pompe la naissance), la Prusse sans Luther, Israël sans Moïse. Les deux Amériques actuelles sans le tsunami pentecôtiste et néo-évangéliste ? Bonne occasion de se rappeler qu’à  côté de  la biodiversité, il y a l’ethno-diversité. Ce serait non seulement un entraînement à la laïcité mais un cours de géographie humaine. Une piqûre de rappel, il n’est jamais trop tard en Occident pur apprendre l’humilité.

Le tour du monde vaudrait aussi pour les professions de foi des têtes molles, conclues par l’inévitable : « il n’y a pas de culture dans le  refus de l’autre, il n’y a de culture qu’universelle » . Témoignant ainsi d’une rare fermeture d’esprit. Si elles ouvraient leurs yeux au-delà du périph’ elles saisiraient l’injustice du propos car s’il n’y avait pas de refus dans une culture, il n’y aurait pas de religion en amont et donc pas de culture du tout. Ce que notre « humaniste » passe sous silence, pour avoir eu un moment de distraction, c’est que le juif est né anti-cananéen(l’idolâtre), le chrétien, antipharisien (le perfide), le musulman, anti-judo-chrétien (les renégats), le luthérien, antipapiste, et le bouddhiste, antiabraham. Toute religion est un acte de force contre son aînée, ou son hérésie. D’un siècle l’autre, Régis Debray

 

On constate un trop-plein d’intelligence et un flagrant manque de courage. Crise de la volonté ? Oui et non. Au fond, crise de la croyance. ON n’y croit plus. En rien ni personne. Résultat ; dans notre rapport au temps, avenir disparu et futur interdit. Dans notre rapport aux autres, repli sur soi et chien méchant. Et face au risque, la trouille ou l’accusation. Conséquences : principe de précaution, droit de retrait, dépôt de plainte. La crise de confiance générale souléve une question prioritaire de religiosité, au sens banal du terme, ce quui nous lie à nos semblables. D’un siècle l’autre, Régis Debray

mardi 17 novembre 2020

Aurore, - T - Friedrich Nietzsche

 

Aurore, - T - Friedrich Nietzsche

 

 

Peut-être avoir une longue obscurité pour lui, des choses qui lui soient propres, des choses incompréhensibles, cachées, énigmatiques, parce qu’il sait ce qu’il aura en retour : son matin à lui, sa propre rédemption, sa propre aurore ?... Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Saper notre confiance en la morale. Mais vous ne me comprenez pas qu’en présence de la morale, comme en regard de toute autorité, il n’est pas permis de réfléchir et, encore moins, de parler : là il faut —obéir Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Anarchistes : comme ils parlent moralement pour convaincre ! Ils finissent par s’appeler eux-mêmes « les bons et les justes ». Aurore, Friedrich Nietzsche

 

À quoi cela tient-il donc si, depuis Platon, tous les constructeurs philosophiques en Europe ont construit en vain ? Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Si tout menace de s’effondrer ou se trouve déjà perdu dans les décombres — tout ce qu’ils croyaient eux-mêmes, loyalement et sérieusement, être tous les philosophes ont construit leurs édifices sous la séduction de la morale, Kant comme les autres —, que leur intention ne se portait qu’en apparence sur la certitude, sur la « vérité », mais en réalité sur le majestueux édifice morale Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Kant, comme tout bon Allemand, dès l’origine, était pessimiste ; il croyait en la morale, non parce qu’elle est démontrée par la nature et par l’histoire, mais malgré que la nature et l’histoire y contredisent sans cesse. Aurore, Friedrich Nietzsche

Le grand résultat que l’humanité a obtenu jusqu’à présent, c’est que nous n’avons plus besoin d’être dans une crainte continuelle des bêtes sauvages, des barbares, des dieux et de nos rêves. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Les choses les plus « simples » sont très compliquées, — on ne peut pas assez s’en étonner ! Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Il n’y a pas de moralité ; et moins l’existence est déterminée par les coutumes, moins est grand le cercle de la moralité. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

On a même poussé la folie jusqu’à inviter à voir dans l’existence elle-même une punition. — On dirait que c’est l’imagination extravagante des geôliers et des bourreaux qui a dirigé jusqu’à présent l’éducation de l’humanité ! Aurore, Friedrich Nietzsche

 

La cruauté procure la plus haute volupté du sentiment de puissance. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

C’est ainsi que s’introduit dans la notion de l’« homme moral », telle qu’elle existe dans la communauté, la vertu de la souffrance fréquente, de la privation, de l’existence pénible, de la mortification cruelle, — non, pour le répéter encore, comme moyen de discipline, de domination de soi, d’aspiration au bonheur personnel, — mais comme une vertu qui dispose favorablement pour la communauté les dieux méchants, parce qu’elle élève sans cesse à eux la fumée d’un sacrifice expiatoire. Aurore, Friedrich Nietzsche

Les mœurs représentent les expériences des hommes antérieurs sur ce qu’ils considéraient comme utile et nuisible, — mais le sentiment des mœurs ne se rapporte pas à des expériences  mais à l’antiquité, à la sainteté, à l’indiscutabilité des mœurs. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Tous ceux qui ont renversé la loi morale établie ont toujours été considérés d’abord comme de méchants hommes : mais lorsque l’on ne parvenait pas à rétablir cette loi et que l’on s’accommodait du changement, l’attribut se transformait peu à peu ; — l’histoire traite presque exclusivement de ces méchants hommes qui, plus tard, ont été appelés bons Aurore, Friedrich Nietzsche

 

La connaissance et la foi, malgré toutes les promesses qu’elles renferment, ne peuvent donner ni la force pour l’action, ni l’habileté pour l’action, elles ne peuvent pas remplacer l’habitude de ce mécanisme subtil et multiple qui a dû être mis en mouvement pour que n’importe quoi puisse passer de la représentation à l’action. Avant tout, et en premier lieu, les œuvres ! C’est-à-dire l’exercice, l’exercice, et encore l’exercice ! La « foi » qui en fait partie se trouvera par surcroît — soyez-en certain ! Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Les origines de la justice, comme celles de la sagesse, de la modération, de la bravoure, — en un mot de tout ce que nous désignons sous le nom de vertus socratiques — sont animales : ces vertus sont une conséquence de ces instincts qui enseigne à chercher la nourriture et à échapper aux ennemis. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Si nous considérons donc que l’homme supérieur n’a fait que s’élever et s’affiner dans la qualité de sa nourriture et dans l’idée de ce qu’il considère comme opposé à sa nature, il ne sera pas interdit de qualifier d’animal le phénomène moral tout entier. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

27. La valeur dans la croyance aux passions surhumaines. Disposer favorablement les esprits ! » — avec cela on peut remplacer tous les arguments et vaincre toutes les objections ! Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Le christianisme imposa un frein à ces comédiens de la vertu : il inventa l’usage d’étaler ses péchés d’une façon répugnante, d’en faire parade, il amena dans le monde l’état de péché mensonger (jusqu’à nos jours il est considérée comme étant de « bon ton » parmi les bons chrétiens). Aurore, Friedrich Nietzsche

 

La moralité de la distinction n’est, en dernière instance, que la joie que procure la cruauté raffinée, c’est là une nouveauté par là trop paradoxale et presque blessante. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

L’habitude d’une action qui distingue devient héréditaire, l’arrière-pensée ne se transmet pas (seuls les sentiments et non les pensées peuvent s’hériter) Aurore, Friedrich Nietzsche

 

On préfère de beaucoup souffrir et se sentir de la sorte transporté au-dessus de la réalité (par la conscience de s’approcher ainsi de ce « monde de vérité plus profond »), que de vivre sans souffrance et d’être privé de ce sentiment du sublime. Aurore, Friedrich Nietzsche

Le mépris des causes, des conséquences et des réalités. Ces hasards néfastes qui frappent une communauté, tels que les orages subits, les sécheresses ou les épidémies, éveillent chez tous les membres de la communauté le soupçon que des fautes contre les mœurs ont été commises, ou font croire qu’il faut inventer de nouvelles coutumes, pour apaiser une nouvelle puissance et une nouvelle lubie des démons. Ce genre de suspicion et de raisonnement évite donc justement d’approfondir la véritable cause naturelle et considère la cause démoniaque comme raison première. Il y a là une des sources des travers héréditaires de l’esprit humain : et l’autre source se trouve tout à côté, car, de même et tout aussi systématiquement, on accorde une attention beaucoup moindre aux conséquences véritables et naturelles d’une action que celle que l’on accorde aux conséquences surnaturelles (ce que l’on appelle les punitions et les grâces de la divinité). Aurore, Friedrich Nietzsche

 

On se contente de se mettre en règle avec la convenance, qui veut qu’un être raisonnable connaisse les arguments de son pour et de son contre, des arguments qu’il puisse indiquer et qui soient acceptables. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

En ce sens l’histoire des sentiments moraux est toute différente de l’histoire des concepts moraux. Les premiers sont puissants avant l’action, les seconds surtout après l’action, en face de la nécessité de s’expliquer à leur sujet. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

 

Autrefois le hasard fut le plus grand inventeur et le plus grand observateur, le bienveillant inspirateur de cette époque ingénieuse et que, pour les inventions les plus insignifiantes que l’on fait maintenant, on use plus d’esprit, plus d’énergie et d’imagination scientifique qu’il n’en existait autrefois pendant de longs espaces de temps. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

On ne peut jamais expliquer, par l’utilité, la nécessité de l’existence. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

L’esprit moderne qui a appris du christianisme à croire à l’espérance comme à une vertu. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Alors que nous nous contentons de l’espérance, les Grecs, grâce aux prédictions de leurs devins, estimaient fort peu l’espérance et l’abaissaient à la hauteur d’un mal ou d’un danger. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Partout où a régné la doctrine de la spiritualité pure, elle a détruit par ses excès la force nerveuse : elle enseignait à mépriser le corps, à le négliger ou à le tourmenter, à tourmenter et à mépriser l’homme lui-même, à cause de tous ses instincts ; elle produisait des âmes assombries, raidies et oppressées, — qui en outre, croyaient connaître la cause de leur sentiment de misère et espéraient pouvoir supprimer cette cause. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Ce qu’il y avait justement d’absurde dans une coutume finissait par devenir la sacro-sainte sainteté. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Nous voici arrivés sur l’énorme terrain de manœuvre de l’intelligence : non seulement les religions s’y développent et s’y achèvent, mais la science, elle aussi, y trouve ses précurseurs vénérables, quoique terribles encore ; c’est là que le poète, le penseur, le médecin, le législateur ont grandi ! La peur de l’intelligible qui, d’une façon équivoque, exige de nous des cérémonies a revêtu peu à peu l’attrait de ce qui est difficile à comprendre, et, lorsque l’on ne parvenait pas à approfondir, on apprenait à créer. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Peut-être que lorsque l’on sera parvenu à fraterniser avec les habitants d’autres planètes, en vue de parvenir à la connaissance, et que, pendant quelques milliers d’années, on se sera communiqué son savoir d’étoile en étoile, peut-être qu’alors le flot d’enthousiasme provoqué par la connaissance aura atteint une pareille hauteur ! Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Ce n’est que lorsque l’homme aura atteint la connaissance de toute chose qu’il pourra se connaître lui-même. Car les choses ne sont que les frontières de l’homme. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Autrefois, on cherchait à éveiller le sentiment de la souveraineté de l’homme en montrant son origine divine : ceci est devenu maintenant un chemin interdit, car à sa porte il y a le singe, avec quelque autre gent animale non moins effroyable : — elle grince des dents, comme si elle voulait dire : pas un pas de plus dans cette direction ! Aurore, Friedrich Nietzsche

Le chemin que prend l’humanité doit servir de preuve à sa souveraineté et à sa nature divine.

Le devenir traîne derrière lui ce qui fut le passé : pourquoi y aurait-il pour une petite étoile quelconque et encore pour une petite espèce sur cette étoile, une exception à cet éternel spectacle ! Éloignons de nous de telles sentimentalités. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Tout comme l’on corrompt maintenant à bref délai les sauvages par l’« eau de feu » qui les fait périr, l’humanité a été corrompue dans son ensemble, lentement et foncièrement, par les eaux de feu spirituelles des sentiments enivrants et par ceux qui en maintenaient vivace le désir : peut-être finira-t-elle par en périr. Aurore, Friedrich Nietzsche

L’inqualifiable charlatanisme dont s’est servi jusqu’à présent l’humanité pour traiter ses maladies de l’âme sous les noms les plus sublimes ?

Combien de cruautés superflues, combien de mauvais traitements sont venus des religions qui ont inventé le péché ! Et des hommes qui, par ces religions, ont voulu avoir la plus haute jouissance de leur pouvoir Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Tranquilliser l’imagination du malade pour qu’il n’ait plus à souffrir des idées qu’il se fait de sa maladie, plus que de la maladie elle-même. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Les chemins que l’on a appelés « les plus courts » ont toujours fait courir à l’humanité les plus grands dangers ; Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Nous ne sommes pas tout à fait sûrs de nous-mêmes ! Que nous plantons autour de nous, au bon moment, les buissons du mépris le plus épineux, pour qu’au moment décisif où l’âge nous rend faibles et oublieux, nous ne puissions plus enjamber notre mépris ! — Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Notre siècle nie l’existence de cette menace, et en bonne conscience : et pourtant il traîne encore après lui les vieilles habitudes de la certitude chrétienne, de la jouissance, de la récréation, de l’évaluation chrétiennes Aurore, Friedrich Nietzsche

 

On a son idéalisme et son excuse dans l’énorme impossibilité de sa tâche. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

C’est justement par-delà que se trouve le monde entier, que le christianisme n’est, somme toute, qu’un recoin Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Comment quelqu’un peut-il considérer comme une révélation sa propre opinion sur les choses ? C’est là le problème de la formation des religions Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Soudain, une nouvelle idée lui vient un jour, son idée, et ce qu’il y a d’enivrant dans une grande hypothèse personnelle qui embrasse l’existence et le monde tout entier, pénètre avec tant de puissance dans sa conscience, qu’il n’ose pas se croire le créateur d’une telle béatitude, et qu’il en attribue la cause, et aussi la cause qui occasionne cette pensée nouvelle, à son Dieu : en tant que révélation de ce Dieu. Comment un homme pourrait-il être l’auteur d’un si grand bonheur ? Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Le christianisme possède le flair du chasseur pour tous ceux que, de quelque façon que ce soit, on peut amener au désespoir, — d’avoir des visions — c’est-à-dire d’être possédé d’un profond trouble cérébral Aurore, Friedrich Nietzsche

 

L’estime exagérée où l’on tient les personnes à moitié dérangées, fantasques, fanatiques, soi-disant géniales, ait persisté jusqu’à nos jours ? « Elles ont vu des choses que d’autres ne voient pas » — certainement, et cela devrait nous mettre en garde contre elles et nullement nous rendre crédules ! Aurore, Friedrich Nietzsche

 

L’idée de l’union avec le Christ lui a fait perdre toute pudeur, toute mesure, toute soumission, et l’indomptable volonté de domination se révèle dans un enivrement anticipant la gloire divine. — Tel fut le premier chrétien, l’inventeur du christianisme ! Avant lui il n’y avait que quelques sectaires juifs. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

L’église chrétienne est une encyclopédie des cultes d’autrefois, des conceptions d’origines multiples, et c’est pour cela qu’elle a tant de succès Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Le christianisme qui résuma Rome, le « monde » et le « péché », dans un seul sentiment ; on se vengea de Rome en imaginant la fin du monde prochaine et soudaine, on se vengea de Rome en introduisant de nouveau un avenir Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Il faut démontrer la vérité autrement que la véracité, et que cette dernière n’est nullement un argument en faveur de la première. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Le sentiment des pauvres gens de province devant le préteur romain : « Il est trop fier pour que nous osions être innocents. » Pourquoi ce sentiment n’aurait-il pas reparu lorsque les chrétiens voulurent se représenter le juge suprême Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Les femmes en Orient considèrent le châtiment et la claustration sévère de leur personne, à l’écart du monde, comme un témoignage d’amour de la part de leur mari, et elles se plaignent lorsque ce témoignage fait défaut. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Toute notre poésie, toute notre pensée, du plus haut au plus bas, est marquée et plus que marquée par l’importance diffuse que l’on donne à l’amour, présenté toujours comme événement principal. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Quel épouvantable asile le christianisme a-t-il su faire de cette terre, rien qu’en exigeant partout des crucifix, désignant ainsi la terre comme un lieu où « le juste est tourmenté à mort Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Ce n’est que dans le christianisme que toute punition devint punition méritée : le christianisme rend encore souffrante l’imagination de celui qui souffre, en sorte que le moindre malaise provoque chez cette victime le sentiment d’être moralement réprouvé et répréhensible. Aurore, Friedrich Nietzsche

Votre amour du prochain est donc une grâce ? Votre pitié est une grâce ? Eh bien ! si cela vous est possible, faites un pas de plus : aimez-vous vous-mêmes par grâce, — alors vous n’aurez plus du tout besoin de votre Dieu, et tout le drame de la chute et de la rédemption se déroulera en vous-mêmes jusqu’à sa fin ! Aurore, Friedrich Nietzsche

La compassion chrétienne en face de la souffrance du prochain a un revers : c’est la profonde suspicion en face de toutes les joies du prochain, de la joie que cause au prochain tout ce qu’il veut, tout ce qu’il peut. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

 « Il nous appartient de ne point nous former d’opinion sur telle ou telle chose, pour épargner de la sorte l’inquiétude à notre âme. Car, de par leur nature, les choses ne peuvent nous forcer à avoir une opinion. » Aurore, Friedrich Nietzsche

 

C’est que l’on se trouvait en état de lutte et que l’on songeait aux adversaires et non à la loyauté. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Vertu impossible : les hommes qui aspirent encore à une perfection morale doivent apprendre, en regard d’un pareil canon, à se sentir de plus en plus éloignés de leur but, ils doivent désespérer de la vertu et finir par se jeter au cœur de l’Être compatissant. — hommes, le devoir d’être précis et véridique dans ses communications. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Pascal n’a jamais pu se tranquilliser à ce sujet : mais il parle avec tant de confiance que l’on pourrait croire qu’il s’est trouvé par hasard dans les coulisses. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Il parlait aussi haut qu’il pouvait, comme quelqu’un qui a peur. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Un Dieu qui, dans son amour, dispose tout pour notre bien final, un Dieu qui nous donne et nous prend notre vertu tout comme notre bonheur, en sorte que tout finit, en somme, par bien se passer, et qu’il ne reste plus de raison pour prendre la vie en mauvaise part ou même pour l’accuser, en un mot la résignation et l’humilité élevées au rang de divinité, — c’est là ce qui est demeuré du christianisme de meilleur et de plus vivant. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Le christianisme a passé à un doux moralisme : à la place de « Dieu, la liberté et l’immortalité », c’est une façon de bienveillance et de sentiments honnêtes qui est resté, et aussi la croyance que, dans l’univers tout entier, règneront la bienveillance et les sentiments honnêtes : c’est l’euthanasie du christianisme. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Les chrétiens n’ont pas cessé d’épancher sur une victime la mauvaise humeur qu’ils se causaient à eux-mêmes, — que ce soit le « monde », ou l’« histoire », ou la « raison », ou la joie, ou encore la tranquillité des autres hommes, — il faut que n’importe quoi, mais quelque chose de bien, meure pour leurs péchés (si ce n’est même qu’en effigie) ! Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Accepter une croyance simplement parce qu’il est d’usage de l’accepter — ne serait-ce pas là être de mauvaise foi, être lâche, être paresseux ! — La mauvaise foi, la lâcheté, la paresse seraient-elles donc la condition première de la moralité ? Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Je ne nie pas, ainsi qu’il va de soi — en admettant que je ne sois pas insensé —, qu’il faut éviter et combattre beaucoup d’actions que l’on dit immorales ; de même qu’il faut exécuter et encourager beaucoup de celles que l’on dit morales ; mais je crois qu’il faut faire l’une et l’autre chose pour d’autres raisons qu’on l’a fait jusqu’à présent. Il faut que nous changions notre façon de voir — pour arriver enfin, peut-être très tard, à changer notre façon de sentir. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Chaque individu ne sait pas opposer, dans ce grand nombre, un ego véritable, qui lui est propre et qu’il a approfondi, à la pâle fiction universelle qu’il détruirait par là même. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

La moralité n’a-t-elle pas, dans son ensemble, créé une telle source de déplaisir que l’on pourrait plutôt prétendre qu’avec chaque affinement de la moralité l’homme est devenu plus mécontent de lui-même, de son prochain et de son sort dans l’existence Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Si la raison de l’humanité grandit avec une si extraordinaire lenteur que l’on a pu nier parfois cette croissance pour toute la marche de l’humanité, à qui faut-il s’en prendre, si ce n’est à cette solennelle présence, je dirai même omniprésence, de commandements moraux qui ne permettent même pas à la question individuelle du « pourquoi » et du « comment » de se poser. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

À l’individu, en tant qu’il veut son bonheur, il ne faut pas donner de préceptes sur le chemin qui mène au bonheur : car le bonheur individuel jaillit de par des lois inconnues Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Il y a, au contraire, sur toutes les échelles de l’évolution, un bonheur particulier et incomparable Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Atteindre, un bonheur qui n’est ni haut ni bas, mais précisément individuel. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

L’évolution ne veut pas le bonheur, elle veut l’évolution et rien de plus. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Il existe une pratique intellectuelle qui consiste à associer à l’idée de satisfaction une pensée pénible et cela avec tant d’intensité qu’avec un peu d’habitude l’idée de satisfaction devient chaque fois pénible elle aussi. (Par exemple lorsque le chrétien s’habitue à songer pendant la jouissance sexuelle, à la présence et au ricanement du diable, ou à l’enfer éternel Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Eviter les occasions, implanter la règle dans l’instinct, créer la satiété et le dégoût de l’instinct, amener l’association d’une idée martyrisante (comme celle de la honte, des suites néfastes ou de la fierté offensée), ensuite la dislocation des forces et enfin l’affaiblissement et l’épuisement général, — ce sont là les six méthodes. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Nos devoirs — ce sont les droits que les autres ont sur nous. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

L’« homme équitable » a donc besoin sans cesse du toucher subtil d’une balance pour évaluer les degrés de pouvoir et de droit qui, avec la vanité des choses humaines, ne resteront en équilibre que très peu de temps et ne feront que descendre ou monter : — être équitable est donc difficile et exige beaucoup d’expérience, de la bonne volonté et énormément d’esprit. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Colère, haine, amour, pitié, désir, connaissance, joie, douleur, — ce ne sont là que des noms pour des conditions extrêmes ; les degrés plus pondérés, plus moyens nous échappent, plus encore les degrés inférieurs, sans cesse en jeu, et c’est pourtant eux qui tissent la toile de notre caractère et de notre destinée. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Chacun de nous est un juge moral, compétent et parfait, connaissant exactement le bien et le mal, sanctifié en aimant le bien et en détestant le mal, — chacun est tout cela, tant que ce ne sont pas ses propres actes, mais des actes étrangers qui sont en cause, et qu’il peut se contenter d’approuver ou de désapprouver, tandis que le poids de l’exécution est porté par des épaules étrangères. Chacun peut, par conséquent, tenir comme confesseur la place de Dieu. » Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Les habitudes de nos sens nous ont enveloppés dans un tissu de sensations mensongères qui sont, à leur tour, la base de tous nos jugements et de notre « entendement », — il n’y a absolument pas d’issue, pas d’échappatoire, pas de sentier détourné vers le monde réel ! Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Chaque moment de notre vie fait croître quelques bras du polype de notre être et en fait se dessécher quelques autres, selon la nourriture que le moment porte ou ne porte pas en lui. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Toutes nos expériences sont des aliments, mais répandus d’une main aveugle, ignorant celui qui a faim et celui qui est déjà rassasié. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Nos rêves servent à compenser, en une certaine mesure, l’absence accidentelle de « nourritures » pendant le jour. Aurore, Friedrich Nietzsche

Interprétations de nos excitations nerveuses pendant le sommeil, des interprétations très libres, très arbitraires de la circulation du sang, du travail des intestins, de la pression des bras et de la couverture, du son des cloches d’une église, du bruit d’une girouette, des pas des noctambules et d’autres choses du même genre. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Tout ce que nous appelons conscience n’est en somme que le commentaire plus ou moins fantaisiste d’un texte inconnu, peut-être inconnaissable, mais pressenti ? Aurore, Friedrich Nietzsche

Que sont donc les événements de notre vie ? Bien plus ce que nous y mettons que ce qui s’y trouve Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Ou bien faudrait-il même dire : ils sont vides par eux-mêmes ? Vivre, c’est inventer ? Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Je ne sais absolument pas ce que je fais ! Je ne sais absolument pas ce que je dois faire ! » — Tu as raison, mais n’aie à ce sujet aucun doute : c’est toi que l’on fait ! Aurore, Friedrich Nietzsche

 

L’humanité a, de tous temps, confondu l’actif et le passif, ce fut là son éternelle faute de grammaire. Aurore, Friedrich Nietzsche

AURORE Livre deuxième Table des matières Retour à la liste des oeuvres 121. « Effet et cause ! ». Sur ce miroir — et notre intellect est un miroir — il se passe quelque chose qui manifeste de la régularité, une chose déterminée suit chaque fois une autre chose déterminée, — c’est ce que nous appelons, lorsque nous nous en apercevons, et que nous voulons lui donner un nom, cause et effet — insensés que nous sommes ! Comme si, dans ce cas, nous avions compris quelque chose, pu comprendre quelque chose ! Or, nous n’avons rien vu que les images des « effets » et des « causes » ! Et c’est précisément cette vision en images qui rend impossible de voir des liens essentiels tels qu’en comporte une succession ! AURORE  Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Les grands problèmes gisent dans la rue. Aurore, Friedrich Nietzsche

Œdipe avait raison, que nous ne sommes vraiment pas responsables de nos rêves, — mais pas davantage de notre état de veille, et que la doctrine du libre arbitre a son père et sa mère dans la fierté et dans le sentiment de puissance de l’homme ? Je  nous confondons la lutte des motifs avec la comparaison des conséquences possibles de différentes actions, — une des confusions les plus riches en conséquences et les plus néfastes pour le développement de la morale ! Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Nous autres nains malins, avec notre volonté et nos causes finales, nous sommes importunés, foulés aux pieds, souvent assommés, par des géants imbéciles, archi-imbéciles : les hasards, — mais malgré tout cela nous n’aimerions pas être privés de l’épouvantable poésie de ce voisinage, car ces monstres surviennent souvent, lorsque l’existence dans la toile d’araignée des causes finales est devenue trop ennuyeuse et trop pusillanime, et ils provoquent une diversion supérieure en déchirant soudain de leurs mains la toile tout entière. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Peut-être n’y a-t-il ni volonté, ni causes finales, et peut-être est-ce nous qui nous les sommes imaginées. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Si vous êtes pour vous-mêmes un tel objet d’ennui ou un spectacle si laid, vous faites bien de penser aux autres plutôt qu’à vous ! Aurore, Friedrich Nietzsche

La célèbre formule morale « vivre pour autrui », a, en effet, surchristianisé le christianisme

N’existe peut-être pas aujourd’hui de préjugé plus répandu que celui de croire que l’on sait ce qui constitue véritablement la chose morale. Aurore, Friedrich Nietzsche

On ne veut rien moins — qu’on se l’avoue ou non — qu’une transformation foncière, qu’un affaiblissement même, qu’une suppression de l’individu : on ne se fatigue point d’énumérer et d’accuser tout ce qu’il y a de mauvais, d’hostile, de prodigue, de dispendieux, de luxueux dans l’existence individuelle, pratiquée jusqu’à ce jour, on espère diriger la société à meilleur compte, avec moins de danger et plus d’unité, lorsqu’il n’y aura plus que de grands corps et les membres de ceux-ci. Aurore, Friedrich Nietzsche

Nous ne nous délivrons donc que de cette souffrance personnelle, en nous livrant à des actes de compassion. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Qu’est-ce qui distingue, en fin de compte, les hommes sans pitié des hommes compatissants ? Avant tout, pour ne donner encore qu’une esquisse à gros traits, ils n’ont pas l’imagination irritable de la crainte, la subtile faculté de pressentir le danger ; aussi leur vanité est-elle blessée moins vite s’il arrive quelque chose qu’ils auraient pu éviter Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Ne pas se mêler inutilement des affaires des autres, ils aiment même, puisqu’ils agissent ainsi, que chacun s’aide soi-même et joue de ses propres cartes). Aurore, Friedrich Nietzsche

 

La compassion ne possède pas plus un caractère bienfaisant que tout autre instinct : c’est seulement quand on l’exige et la vante — et cela arrive lorsqu’on ne comprend pas ce qui porte préjudice en elle, mais que l’on y découvre une source de joie — qu’elle revêt une sorte de bonne conscience Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Le bonheur, cependant, quel qu’il soit, donne de l’air, de la lumière et de libres mouvements. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Regarder et accueillir par contre les événements de la vie des autres, comme s’ils étaient les nôtres — la revendication d’une philosophie de la pitié —, cela nous ruinerait à fond, en très peu de temps ; que l’on en fasse donc l’expérience sans divaguer plus longtemps. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Pitié comme principe de l’action avec ce commandement : souffre du mal de l’autre autant qu'il en souffre lui-même, amènerait par contre forcément le point de vue du moi, avec son exagération et ses déviations, à devenir aussi le point de vue de l’autre, du compatissant : en sorte que nous aurions à souffrir en même temps de notre moi et du moi de l’autre, et que nous nous accablerions ainsi volontairement d’une double déraison, au lieu de rendre le poids de la nôtre aussi léger que possible. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Il y a quelque chose d’abaissant dans la souffrance et, dans la compassion, quelque chose qui élève et donne de la supériorité ; ce qui sépare éternellement l’un de l’autre les deux sentiments. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

La musique est l’imitation d’une imitation de sentiments et si, malgré ce qu’il y a là d’éloigné et de vague, elle nous fait participer souvent encore de ces sentiments, en sorte que nous devenons tristes sans avoir aucun prétexte à la tristesse, comme font les fous, simplement parce que nous entendons des sons et des rythmes qui rappellent d’une façon quelconque l’intonation et le mouvement de ceux qui sont en deuil ou même les usages de ceux-ci. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Nous ne pouvons être pour eux ni secourables, ni réconfortants, si nous voulons être l’écho de leur misère, et aussi si nous voulons sans cesse prêter l’oreille à cette misère, Aurore, Friedrich Nietzsche

Lorsque l’homme ne se considérera plus comme mauvais, il cessera de l’être ! Aurore, Friedrich Nietzsche

On devrait, publiquement, déclarer invalables les serments des amoureux et leur refuser le mariage : — et cela parce que l’on devrait attacher au mariage une importance beaucoup plus grande ! en sorte que, dans les cas où il se concluait jusqu’à présent, il ne se conclurait justement pas Aurore, Friedrich Nietzsche

 

La plupart des mariages ne sont-ils pas faits de telle sorte que l’on ne désire pas avoir pour témoin une troisième personne? Et cette troisième personne ne manque généralement pas — c’est l’enfant — elle est plus que le témoin, elle est le bouc émissaire ! Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Culture de la connaissance désintéressée du monde arrive en lui, le penseur-homme, à une floraison merveilleuse, cette culture qui a son poète en Sophocle, son homme d’État en Périclès, son médecin en Hippocrate, son savant naturaliste en Démocrite : cette culture qui mérite d’être baptisée du nom de ses maîtres, les sophistes Aurore, Friedrich Nietzsche

 

La musique qui nous est propre et qui nous exprime véritablement laisse déjà deviner le labyrinthe (car en musique les hommes se laissent aller parce qu’ils se figurent qu’il n’y a personne qui soit capable de les voir mêmes sous leur musique). Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Avec notre intention, poussée jusqu’à l’énormité, de vouloir enlever à la vie toute rudesse dans les contours, toute espèce de coins, ne sommes-nous pas en bonne passe de réduire l’humanité jusqu’à en faire du sable ? Du sable ! Du sable fin, mou, granuleux, infini ! Est-ce là votre idéal, à vous qui êtes les héros des affections sympathiques ? Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Donner à la société la sécurité contre les voleurs et contre le feu, la rendre infiniment commode pour toute espèce de commerce et de relations, et transformer l’État en providence, au bon et au mauvais sens, — ce sont là des buts inférieurs, médiocres et nullement indispensables, à quoi l’on ne devrait pas viser avec les moyens et les instruments les plus élevés qu’il y ait, — les moyens que l’on devrait réserver justement aux fins supérieures et les plus rares ! Notre époque, bien qu’elle parle beaucoup d’économie, est bien gaspilleuse : elle gaspille ce qu’il y a de plus précieux, l’esprit. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Peut-être rira-t-on aussi un jour de ce qui, dans la jeune génération, à éducation parlementaire, est le fait considéré comme moral : je veux dire de placer la politique des partis au-dessus de la sagesse personnelle, et de répondre à chaque question qui concerne le bien public, selon le vent dont il faut gonfler les voiles du parti. « Il faut avoir à ce sujet l’opinion qu’exige la situation du parti » tels seraient les termes du canon. On fait maintenant, au service d’une pareille morale, toute espèce de sacrifices, jusqu’à la victoire sur soi-même et le martyre. Aurore, Friedrich Nietzsche

Il faut supprimer les mendiants, car on se fâche lorsqu’on leur donne l’aumône et l’on se fâche lorsqu’on ne la leur donne point. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Lorsque l’homme a le sentiment de la puissance, il se croit et s’appelle bon : et c’est alors justement que les autres, sur lesquels il lui faut épancher sa puissance, l’appellent méchant ! Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Je vous enseigne le Surhumain. [41]L’homme est quelque chose qui doit être surmonté. Qu’avez-vous fait pour le surmonter ? Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Tous les êtres jusqu’à présent ont créé quelque chose au-dessus d’eux, et vous voulez être le reflux de ce grand flot et plutôt retourner à la bête que de surmonter l’homme restez fidèles à la terre et ne croyez pas ceux qui vous parlent d’espoirs supraterrestres ! Ce qu’il y a de plus terrible maintenant, c’est de blasphémer la terre et d’estimer les entrailles de l’impénétrable plus que le sens de la terre Aurore, Friedrich Nietzsche

 

L’heure où vous dites : « Qu’importe mon bonheur ! Il est pauvreté, ordure et pitoyable contentement de soi-même. Mais mon bonheur devrait légitimer l’existence elle-même ! » Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Ce ne sont pas vos péchés — c’est votre contentement qui crie contre le ciel, c’est votre avarice, même dans vos péchés, qui crie contre le ciel ! Aurore, Friedrich Nietzsche

 

L’homme est une corde tendue entre la bête et le Surhumain, — une corde sur l’abîme. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Ce qu’il y a de grand dans l’homme, c’est qu’il est un pont et non un but Aurore, Friedrich Nietzsche

 

J’aime celui qui ne réserve pour lui-même aucune parcelle de son esprit, mais qui veut être tout entier l’esprit de sa vertu Aurore, Friedrich Nietzsche

 

I faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. Je vous le dis : vous portez en vous un chaos. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Qui voudrait encore gouverner ? Qui voudrait obéir encore ? Ce sont deux choses trop pénibles. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Est-ce cela : être malade et renvoyer les consolateurs, se lier d’amitié avec des sourds qui n’entendent jamais ce que tu veux ? Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Quel est le grand dragon que l’esprit ne veut plus appeler ni dieu ni maître ? « Tu dois », s’appelle le grand dragon. Mais l’esprit du lion dit : « Je veux. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Il aimait jadis le « Tu dois » comme son bien le plus sacré : maintenant il lui faut trouver l’illusion et l’arbitraire, même dans ce bien le plus sacré, pour qu’il fasse, aux dépens de son amour, la conquête de la liberté : il faut un lion pour un pareil rapt. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

L’enfant est innocence et oubli, un renouveau et un jeu, une roue qui roule sur elle-même, un premier mouvement, une sainte affirmation. Oui, pour le jeu divin de la création, ô mes frères, il faut une sainte affirmation : l’esprit veut maintenant sa propre volonté, celui qui a perdu le monde veut gagner son propre monde. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Ainsi moi aussi, je jetai mon illusion par-delà les hommes, pareil à tous les hallucinés de l’arrière-monde. Par-delà les hommes, en vérité ? Hélas, mes frères, ce dieu que j’ai créé était œuvre faite de main humaine et folie humaine, comme sont tous les dieux. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Tu dis « moi » et tu es fier de ce mot. Mais ce qui est plus grand, c’est — ce à quoi tu ne veux pas croire — ton corps et son grand système de raison : il ne dit pas moi, mais il est moi. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Il y a plus de raison dans ton corps que dans ta meilleure sagesse. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

 « Ce qui fait le tourment et la douceur de mon âme est inexprimable et sans nom, et c’est aussi ce qui cause la faim de mes entrailles. » Aurore, Friedrich Nietzsche

Autrefois tu avais des passions et tu les appelais des maux. Mais maintenant tu n’as plus que tes vertus : elles naquirent de tes passions. Lur vertu consiste à vivre longtemps dans un misérable contentement de soi. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Mais pourquoi auriez-vous le matin votre fierté et le soir votre soumission ? Aurore, Friedrich Nietzsche

 

La terre est pleine de superflus, la vie est gâtée par ceux qui sont de trop. Qu’on les attire hors de cette vie, par l’appât de la « vie éternelle » Aurore, Friedrich Nietzsche

Ls phtisiques de l’âme : à peine sont-ils nés qu’ils commencent déjà à mourir, et ils aspirent aux doctrines de la fatigue et du renoncement. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Vous dont la vie est inquiétude et travail sauvage : n’êtes-vous pas fatigués de la vie ? N’êtes-vous pas mûrs pour la prédication de la mort ? Aurore, Friedrich Nietzsche

 

L’État, c’est le plus froid de tous les monstres froids : il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : « Moi, l’État, je suis le Peuple. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

C’est un mensonge ! Ils étaient des créateurs, ceux qui créèrent les peuples et qui suspendirent au-dessus des peuples une foi et un amour : ainsi ils servaient la vie. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Ce sont des destructeurs, ceux qui tendent des pièges au grand nombre et qui appellent cela un État : ils suspendent au-dessus d’eux un glaive et cent appétits. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Certes, il vous devine, vous aussi, vainqueurs du Dieu ancien ! Le combat vous a fatigués et maintenant votre fatigue se met au service de la nouvelle idole Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Voyez donc ces superflus ! Ils sont toujours malades, ils rendent leur bile et appellent cela des journaux. Ils se dévorent et ne peuvent pas même se digérer. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Voyez donc ces superflus ! Ils acquièrent des richesses et en deviennent plus pauvres. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

La place publique est pleine de bouffons tapageurs — et le peuple se vante de ses grands hommes ! Ils sont pour lui les maîtres du moment. Aurore, Friedrich Nietzsche

Puisque tu es bienveillant et juste, tu dis : « Ils sont innocents de leur petite existence. » Mais leur âme étroite pense : « Toute grande existence est coupable. » Aurore, Friedrich Nietzsche

 

L’amitié.  Si l’on veut avoir un ami il faut aussi vouloir faire la guerre pour lui Aurore, Friedrich Nietzsche

 

En son ami on doit voir son meilleur ennemi. C’est quand tu luttes contre lui que tu dois être le plus près de son cœur. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

C’est l’homme qui mit des valeurs dans les choses, afin de se conserver, — c’est lui qui créa le sens des choses, un sens humain ! C’est pourquoi il s’appelle « homme », c’est-à-dire, celui qui évalue. Aurore, Friedrich Nietzsche

Votre amour du prochain, c’est votre mauvais amour de vous-mêmes. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Plus haut que l’amour du prochain se trouve l’amour du lointain et de ce qui est à venir. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Tu  as peur  et tu t’enfuis chez ton prochain. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Vous ne vous aimez pas assez : c’est pourquoi vous voudriez séduire votre prochain par votre amour et vous dorer de son erreur. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Vous invitez un témoin quand vous voulez dire du bien de vous-mêmes ; et quand vous l’avez induit à bien penser de vous, c’est vous qui pensez bien de vous. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

L’un va chez le prochain parce qu’il se cherche, l’autre parce qu’il voudrait s’oublier. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Ce sont les plus lointains qui payent votre amour du prochain ; et quand vous n’êtes que cinq ensemble, vous en faites toujours mourir un sixième. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Il y y a tant de grandes pensées qui n’agissent pas plus qu’une vessie gonflée. Elles enflent et rendent plus vide encore. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

J’aime celui qui veut créer plus haut que lui-même et qui périt ainsi. — Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Chez la femme tout est une énigme : mais il y a un mot à cet énigme : ce mot est grossesse. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

L’homme est pour la femme un moyen : le but est toujours l’enfant. Mais qu’est la femme pour l’homme ? Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Ennemi, ne lui rendez pas le bien pour le mal ; car il en serait humilié. Démontrez-lui, au contraire, qu’il vous a fait du bien. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Chez celui qui veut être juste au fond de l’âme, le mensonge même devient philanthropie. Aurore, Friedrich Nietzsche

Tu dois construire des monuments vivants à ta victoire et à ta délivrance. Tu dois construire plus haut que toi-même. Mais il faut d’abord que tu sois construit toi-même, carré de la tête à la base. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Tu ne dois pas seulement propager ta race plus loin, mais aussi plus haut. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Tu dois créer un corps d’essence supérieure, un premier mouvement, une roue qui roule sur elle-même, — tu dois créer un créateur. Aurore, Friedrich Nietzsche

Mariage : c’est ainsi que j’appelle la volonté à deux de créer l’unique qui est plus que ceux qui l’ont créé. Respect mutuel, c’est là le mariage, respect de ceux qui veulent d’une telle volonté. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Je n’en veux pas de ce ciel des superflus ! Non, je n’en veux pas de ces bêtes empêtrées dans le filet céleste Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Et tous ceux qui cherchent la gloire doivent au bon moment prendre congé de l’honneur, et exercer l’art difficile de s’en aller à temps. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Il faut cesser de se faire manger, au moment où l’on vous trouve le plus de goût Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Il est mort trop tôt ; il aurait lui-même rétracté sa doctrine, s’il avait vécu jusqu’à mon âge ! Il était assez noble pour se rétracter ! Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Que votre mort ne soit pas un blasphème sur l’homme et la terre, ô mes amis : telle est la grâce que j’implore du miel de votre âme. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Quand votre cœur bouillonne, large et plein, pareil au grand fleuve, bénédiction et danger pour les riverains : c’est alors l’origine de votre vertu. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

L’homme qui cherche la connaissance ne doit pas seulement savoir aimer ses ennemis, mais aussi haïr ses amis. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

 « TOUS LES DIEUX SONT MORTS : NOUS VOULONS, MAINTENANT, QUE LE SURHUMAIN VIVE ! » Que ceci soit un jour, au grand midi, notre dernière volonté ! Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Jadis on disait Dieu, lorsque l’on regardait sur les mers lointaines ; mais maintenant je vous ai appris à dire : Surhumain. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Votre imagination doit aller jusqu’à la limite de vos sens ! Aurore, Friedrich Nietzsche

 

S’ il existait des Dieux, comment supporterais-je de n’être point Dieu ! Donc il n’y a point de Dieux. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

« Vouloir » affranchit : Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Les miséricordieux qui cherchent la béatitude dans leur pitié : ils sont trop dépourvus de pudeur. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Lorsque je lui suis venu en aide, j’ai blessé durement sa fierté. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

On devrait entièrement supprimer les mendiants ! En vérité, on se fâche de leur donner et l’on se fâche de ne pas leur donner. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Ainsi parle tout grand amour : il surmonte même le pardon et la pitié. Aurore, Friedrich Nietzsche

 

Tout grand amour est au-dessus de sa pitié : car ce qu’il aime, il veut aussi le — créer ! « Je m’offre moi-même à mon amour, et mon prochain tout comme moi » — ainsi parlent tous les créateurs. Aurore, Friedrich Nietzsche

Cependant, tous les créateurs sont durs. Aurore, Friedrich Nietzsche

Il en est d’autres qui sont semblables à des pendules que l’on remonte ; ils font leur tic-tac et veulent que l’on appelle tic-tac — vertu. Aurore, Friedrich Nietzsche

Ils veulent crever les yeux de leurs ennemis avec leur vertu ; et ils ne s’élèvent que pour abaisser les autres.

Il en est d’autres de nouveau qui croient qu’il est vertueux de dire : « La vertu est nécessaire » ; mais au fond ils ne croient qu’une seule chose, c’est que la police est nécessaire. Aurore, Friedrich Nietzsche

Pour que vous vous fatiguiez des mots « récompense » « représailles », « punition », « vengeance dans la justice » — pour que vous vous fatiguiez de dire « une action est bonne, parce qu’elle est désintéressée ». Aurore, Friedrich Nietzsche

Passée, la méchanceté de mes flocons de neige en juin ! Je devins estival tout entier, tout entier après-midi d’été ! Aurore, Friedrich Nietzsche

 « Volonté d’égalité — c’est ainsi que nous nommerons dorénavant la vertu ; et nous voulons élever nos cris contre tout ce qui est puissant ! » Aurore, Friedrich Nietzsche

Bon et mauvais, riche et pauvre, haut et bas et tous les noms de valeurs : autant d’armes et de symboles cliquetants pour indiquer que la vie doit toujours à nouveau se surmonter elle-même ! La vie veut elle-même s’élever dans les hauteurs avec des piliers et des degrés : elle veut scruter les horizons lointains et regarder au-delà des beautés bienheureuses, — c’est pourquoi il lui faut des hauteurs ! Et puisqu’il faut des hauteurs, il lui faut des degrés et de l’opposition à ces degrés, l’opposition de ceux qui s’élèvent ! La vie veut s’élever et, en s’élevant, elle veut se surmonter elle-même. Aurore, Friedrich Nietzsche

Vous avez servi le peuple et la superstition du peuple, vous tous, sages illustres ! — vous n’avez pas servi la vérité ! Et c’est précisément pourquoi l’on vous a honorés. Aurore, Friedrich Nietzsche

C’est dans le désert qu’ont toujours vécu les véridiques, les esprits libres, maîtres du désert ; mais dans les villes habitent les sages illustres et bien nourris, — les bêtes de trait. Car ils tirent toujours comme des ânes — le chariot du peuple ! Aurore, Friedrich Nietzsche

L’esprit, c’est la vie qui incise elle-même la vie : c’est par sa propre souffrance que la vie augmente son propre savoir, — le saviez-vous déjà ? Aurore, Friedrich Nietzsche

Il faut que ceux qui cherchent la connaissance apprennent à construire avec des montagnes ! Aurore, Friedrich Nietzsche

Vous ne voyez que les étincelles de l’esprit : mais vous ignorez quelle enclume est l’esprit et vous ne connaissez pas la cruauté de son marteau Aurore, Friedrich Nietzsche

Vous avez fait de la sagesse un hospice et un refuge pour de mauvais poètes. Aurore, Friedrich Nietzsche

Il fait nuit : voici que s’élève plus haut la voix des fontaines jaillissantes. Et mon âme, elle aussi, est une fontaine jaillissante. Aurore, Friedrich Nietzsche

Il y a en moi quelque chose d’inapaisé et d’inapaisable qui veut élever la voix. Il y a en moi un désir d’amour qui parle lui-même le langage de l’amour. Aurore, Friedrich Nietzsche

Je vis de ma propre lumière, j’absorbe en moi-même les flammes qui jaillissent de moi. Aurore, Friedrich Nietzsche

Qui ne craint pas mes ténèbres trouvera sous mes cyprès des sentiers fleuris de roses. Aurore, Friedrich Nietzsche

On ne répond jamais plus durement que quand on dit « ses vérités » à sa sagesse.

Tu subsistes toujours, égale à toi-même, toi ma volonté patiente ! tu as toujours passé par toutes les tombes ! C’est en toi que subsiste ce qui ne s’est pas délivré pendant ma jeunesse, et vivante et jeune tu es assise, pleine d’espoir, sur les jaunes décombres des tombeaux. Aurore, Friedrich Nietzsche

Oui, tu demeures pour moi la destructrice de tous les tombeaux : salut à toi, ma volonté ! Et ce n’est que là où il y a des tombeaux, qu’il y a résurrection. Aurore, Friedrich Nietzsche

Commander est plus difficile qu’obéir. Car celui qui commande porte aussi le poids de tous ceux qui obéissent, et parfois cette charge l’écrase Aurore, Friedrich Nietzsche

Et la vie elle-même m’a confié ce secret : « Voici, m’a-t-elle dit, je suis ce qui doit toujours se surmonter soi-même. Aurore, Friedrich Nietzsche

Le bien et le mal qui seraient impérissables — n’existent pas ! Il faut que le bien et le mal se surmontent toujours de nouveau par eux-mêmes. Aurore, Friedrich Nietzsche

Il est plus dur de se taire ; toutes les vérités que l’on a passées sous silence deviennent venimeuses. Et que soit brisé tout ce qui peut être brisé par nos vérités ! Il y a encore bien des maisons à construire ! Aurore, Friedrich Nietzsche

Et vous me dites, amis, que « des goûts et des couleurs il ne faut pas discuter ». Mais toute vie est lutte pour les goûts et les couleurs ! Le goût, c’est à la fois le poids, la balance et le peseur ; et malheur à toute chose vivante qui voudrait vivre sans la lutte à cause des poids, des balances et des peseurs Aurore, Friedrich Nietzsche

Je goûte beaucoup chez lui l’échine du taureau : mais maintenant j’aimerais voir aussi le regard de l’ange. Aurore, Friedrich Nietzsche

Êtres éphémères, c’est ainsi que je vous appelle. Vous les « hommes de la réalité » ! Aurore, Friedrich Nietzsche

L’immaculée connaissance de toutes choses : ne rien demander aux choses que de pouvoir s’étendre devant elles, ainsi qu’un miroir aux cent regards. Aurore, Friedrich Nietzsche

Ayez donc tout d’abord le courage d’avoir foi en vous-mêmes — en vous-mêmes et en vos entrailles ! Celui qui n’a pas foi en lui-même ment toujours. Vous avez mis devant vous le masque d’un dieu, hommes « purs » : votre affreuse larve rampante s’est cachée sous le masque d’un dieu. Aurore, Friedrich Nietzsche

Dupe de vos peaux divines ; il n’a pas deviné quels serpents remplissaient cette peau. Aurore, Friedrich Nietzsche

Je suis d’aujourd’hui et de jadis, dit-il alors ; mais il y a quelque chose en moi qui est de demain, et d’après-demain, et de l’avenir.

En vérité, nous nous sommes déjà trop fatigués pour mourir, maintenant nous continuons à vivre éveillés — dans des caveaux funéraires ! » Aurore, Friedrich Nietzsche

La volonté ne peut pas vouloir agir en arrière ; ne pas pouvoir briser le temps et le désir du temps, — c’est là la plus solitaire affliction de la volonté. Aurore, Friedrich Nietzsche

La volonté est-elle déjà devenue, pour elle-même, rédemptrice et messagère de joie ? A-t-elle désappris l’esprit de vengeance et tous les grincements de dents ? Aurore, Friedrich Nietzsche

Ceci est ma première sagesse humaine de me laisser tromper, pour ne pas être obligé de me tenir sur mes gardes à cause des trompeurs. Aurore, Friedrich Nietzsche

Pour que la vie soit bonne à regarder il faut que son jeu soit bien joué : mais pour cela il faut de bons acteurs. Aurore, Friedrich Nietzsche

Tu es quelqu’un qui a désappris d’obéir : maintenant tu dois commander. Ne sais-tu pas quel est celui dont tous ont le plus besoin ? Celui qui ordonne de grandes choses. Aurore, Friedrich Nietzsche

 « Ô Zarathoustra, tes fruits sont mûrs, mais toi tu n’es pas mûr encore pour tes fruits ! Aurore, Friedrich Nietzsche

Et si dorénavant toutes les échelles te manquent, il faudra que tu saches grimper sur ta propre tête : comment voudrais-tu faire autrement pour monter plus haut ? Aurore, Friedrich Nietzsche

Pour voir beaucoup de choses il faut apprendre à voir loin de soi : — cette dureté est nécessaire pour tous ceux qui gravissent les montagnes. Aurore, Friedrich Nietzsche

C’est du plus bas que le plus haut doit atteindre son sommet. — Aurore, Friedrich Nietzsche

 « Vois ce portique ! nain ! repris-je : il a deux visages. Deux chemins se réunissent ici : personne encore ne les a suivis jusqu’au bout. Cette longue rue qui descend, cette rue se prolonge durant une éternité et cette longue rue qui monte — c’est une autre éternité. Ces chemins se contredisent, ils se butent l’un contre l’autre : — et c’est ici, à ce portique, qu’ils se rencontrent. Le nom du portique se trouve inscrit à un fronton, il s’appelle « instant Aurore, Friedrich Nietzsche

Car les parcelles de bonheur qui sont en route entre le ciel et la terre se cherchent un asile dans les âmes de lumière. Aurore, Friedrich Nietzsche

Zarathoustra se mit à rire en son cœur, et il dit d’un ton ironique : « Le bonheur me court après. Cela vient de ce que je ne cours pas après les femmes. Or, le bonheur est une femme. »

Jaune surlignement | Emplacement: 44,769

Quelques-uns d’entre eux « veulent », mais la plupart ne

Jaune surlignement | Emplacement: 44,769

sont que « voulus

Jaune surlignement | Emplacement: 44,772

Les qualités de l’homme sont rares ici : c’est pourquoi les femmes se masculinisent. Car celui qui est assez homme sera seul capable d’affranchir dans la femme — la femme.

Jaune surlignement | Emplacement: 44,813

Je suis Zarathoustra, l’impie : je fais bouillir dans ma marmite tout ce qui est hasard. Et ce n’est que lorsque le hasard est cuit à point que je lui souhaite la bienvenue pour en faire ma nourriture.

Jaune surlignement | Emplacement: 44,831

« Faites toujours ce que vous voudrez, — mais soyez d’abord de ceux qui peuvent vouloir ! » « Aimez toujours votre prochain comme vous-mêmes, mais soyez d’abord de ceux qui s’aiment eux-mêmes — — qui s’aiment avec le grand amour, avec le grand mépris ! »

Jaune surlignement | Emplacement: 44,926

Ici c’est l’enfer pour les pensées solitaires. Ici l’on fait cuire vivantes les grandes

Jaune surlignement | Emplacement: 44,927

pensées et on les réduit en bouillie.

Jaune surlignement | Emplacement: 44,928

Ici pourrissent tous les grands sentiments : ici on ne laisse cliqueter que les petits sentiments desséchés !

Jaune surlignement | Emplacement: 44,941

Car c’est d’« en haut » que pleuvent les étoiles et les gracieux crachats ; c’est vers en haut que vont les désirs de toutes les poitrines sans étoiles.

Jaune surlignement | Emplacement: 44,963

Je méprise ton mépris ; et si tu m’avertis, — pourquoi ne t’es-tu pas averti toi-même

Jaune surlignement | Emplacement: 44,964

?

Jaune surlignement | Emplacement: 45,119

Ô solitude ! Toi ma patrie, solitude ! Comme ta voix me parle, bienheureuse et tendre ! Nous ne nous

Jaune surlignement | Emplacement: 45,120

questionnons point, nous ne nous plaignons point l’un à l’autre, ouvertement nous passons ensemble les portes ouvertes.

Jaune surlignement | Emplacement: 45,125

La meilleure sagesse c’est d’oublier et de passer : — c’est là ce que j’ai appris !

Jaune surlignement | Emplacement: 45,136

Chez eux tout parle, tout est divulgué. Et ce qui jadis était appelé mystère et secret des âmes profondes appartient aujourd’hui aux trompettes des rues et à d’autres tapageurs.

Jaune surlignement | Emplacement: 45,145

On désapprend ce que l’on sait des hommes quand on vit parmi les hommes. Il y a trop de premiers plans chez les hommes, — que peuvent faire là les vues lointaines et perçantes !

Jaune surlignement | Emplacement: 45,153

La pitié enseigne à mentir à ceux qui vivent parmi les bons. La pitié rend l’air lourd à toutes les âmes libres. Car la bêtise des bons est insondable.

Jaune surlignement | Emplacement: 45,254

de l’âme puissante, unie au corps élevé, au corps beau, victorieux et réconfortant, autour de qui toute chose devient miroir : — le corps souple qui persuade, le danseur dont le symbole et l’expression est l’âme joyeuse d’elle-même. La joie égoïste de tels corps, de telles âmes s’appelle elle-même : « vertu ».

Jaune surlignement | Emplacement: 45,320

Celui qui apprendra à voler aux hommes de l’avenir aura déplacé toutes les bornes ; pour lui les bornes mêmes s’envoleront dans l’air, il baptisera de nouveau la terre — il l’appellera « la légère ».

Jaune surlignement | Emplacement: 45,324

Celui cependant qui veut devenir léger comme un oiseau doit s’aimer soi-même : — c’est ainsi que j’enseigne, moi.

Jaune surlignement | Emplacement: 45,327

Il faut apprendre à s’aimer soi-même, d’un amour sain et bien portant : afin d’apprendre à se supporter soi-même et de ne point vagabonder

Jaune surlignement | Emplacement: 45,369

J’appelle encore malheureux ceux qui sont obligés d’attendre toujours, — ils ne sont pas à mon goût, tous ces péagers et ces épiciers, ces rois et tous ces autres gardeurs de pays et de boutiques. En vérité, moi aussi, j’ai appris à attendre, à attendre longtemps, mais à m’attendre, moi. Et j’ai surtout appris à me tenir debout, à marcher, à courir, à sauter, à grimper et à danser.

Jaune surlignement | Emplacement: 45,374

qui veut apprendre à voler un jour doit d’abord apprendre à se tenir debout, à marcher, à courir, à sauter, à grimper et à danser : on n’apprend pas à voler du premier coup

Jaune surlignement | Emplacement: 45,375

Avec des échelles de corde j’ai appris à escalader plus d’une fenêtre, avec des jambes agiles j’ai grimpé sur de hauts mâts : être assis sur de hauts mâts de la connaissance, quelle félicité ! —

Jaune surlignement | Emplacement: 45,381

œil regarde dans le lointain.  Et c’est toujours à contrecœur que j’ai demandé mon chemin, — cela me fut toujours contraire ! J’ai toujours préféré interroger et essayer les chemins eux-mêmes. Essayer et interroger, ce fut là toute ma façon de marcher : — et, en vérité, il faut aussi apprendre à répondre à de pareilles questions !

Jaune surlignement | Emplacement: 45,385

ce n’est ni un bon, ni un mauvais goût, mais c’est mon goût, dont je n’ai ni à être honteux ni à me cacher.

Jaune surlignement | Emplacement: 45,426

Personne ne sait encore ce qui est bien et mal : — si ce n’est le créateur ! Mais c’est le créateur qui crée le but des hommes et qui donne sons sens et son avenir à la terre : c’est

Jaune surlignement | Emplacement: 45,427

lui seulement qui crée le bien et le mal de toutes choses.

Jaune surlignement | Emplacement: 45,510

Telle est la manière des âmes nobles : elles ne veulent rien avoir pour rien, et moins que toute autre chose, la vie.

Jaune surlignement | Emplacement: 45,592

Jadis on croyait aux devins et aux astrologues ; et c’est pourquoi l’on croyait que tout était fatalité : « Tu dois, car il le faut ! » Puis on se méfia de tous les devins et de tous les astrologues et c’est pourquoi l’on crut que tout était liberté : « Tu peux, car tu veux ! »

Jaune surlignement | Emplacement: 45,631

il faut une nouvelle noblesse, adversaire de tout ce qui est populace et despote, une noblesse qui écrirait de nouveau le mot « noble » sur des tables nouvelles.

Jaune surlignement | Emplacement: 45,645

vous devez être pour moi des créateurs et des éducateurs, — des semeurs de l’avenir, — — en vérité, non d’une noblesse que vous puissiez acheter comme des épiciers avec de l’or d’épicier : car ce qui a son prix a peu de valeur. Ce n’est pas votre origine qui sera dorénavant votre honneur, mais c’est votre but qui vous fera honneur !

Jaune surlignement | Emplacement: 45,660

noblesse doit regarder, mais au dehors ! Vous devez être des expulsés de toutes les patries et de tous les pays de vos ancêtres !

Jaune surlignement | Emplacement: 45,752

La volonté délivre : car la volonté est créatrice ; c’est là ce que j’enseigne. Et ce n’est que pour créer qu’il vous faut apprendre !

Jaune surlignement | Emplacement: 45,776

ne faut pas vouloir être le médecin des incurables

Jaune surlignement | Emplacement: 45,821

Quelle est la plus haute espèce chez l’être et quelle est l’espèce la plus basse ? Le parasite est la plus basse espèce, mais celui qui est de la plus haute espèce nourrit le plus de parasites.

Jaune surlignement | Emplacement: 45,859

Vous ne devez avoir que des ennemis dignes de haine, mais point d’ennemis dignes de mépris : il faut que vous soyez fiers de votre ennemi : c’est ce que j’ai enseigné une fois déjà.

Jaune surlignement | Emplacement: 45,920

Voilà ce qu’une femme m’a dit : « Il est vrai que j’ai brisé les liens du mariage[53], mais les liens du mariage m’avaient d’abord brisée — moi ! »

Jaune surlignement | Emplacement: 45,951

La société humaine est une tentative, voilà ce que j’enseigne, — une longue recherche ; mais elle cherche

Jaune surlignement | Emplacement: 45,952

celui qui commande !

Jaune surlignement | Emplacement: 45,953

une tentative, ô mes frères ! et non un « contrat » !

Jaune surlignement | Emplacement: 45,967

quel que soit le mal que puissent faire les méchants : le mal que font les bons est le plus nuisible des maux !

Jaune surlignement | Emplacement: 45,971

Les bons et les justes eux-mêmes ne devaient pas le comprendre : leur esprit est prisonnier de leur bonne conscience. La bêtise des bons est une sagesse insondable.

Jaune surlignement | Emplacement: 46,007

Les bons vous ont montré des côtes trompeuses et de fausses sécurités ; vous étiez nés dans les mensonges des bons et vous vous y êtes abrités. Les bons ont faussé et dénaturé toutes choses jusqu’à la racine.

Jaune surlignement | Emplacement: 46,046

Ô toi ma volonté ! Trêve de toute misère, toi ma nécessité ! Garde-moi de toutes les petites victoires !

Jaune surlignement | Emplacement: 46,129

Tout va, tout revient, la roue de l’existence tourne éternellement. Tout meurt, tout refleurit, le cycle de l’existence se poursuit éternellement.

Jaune surlignement | Emplacement: 46,131

Tout se brise, tout s’assemble à nouveau ; éternellement se bâtit le même édifice de l’existence. Tout se sépare, tout se salue de nouveau ; l’anneau de l’existence se reste éternellement fidèle à lui-même.

Jaune surlignement | Emplacement: 46,133

chaque moment commence l’existence ; autour de chaque ici se déploie la sphère là-bas. Le centre est partout. Le sentier de l’éternité est tortueux. »

Jaune surlignement | Emplacement: 46,204

je reviendrai éternellement pour cette même vie, identiquement pareille, en grand et aussi en petit, afin d’enseigner de nouveau l’éternel retour de toutes choses, —

Jaune surlignement | Emplacement: 46,257

Toute larme n’est-elle pas une plainte ? Et toute plainte une accusation ?

Jaune surlignement | Emplacement: 46,298

Mes talons se cambraient, mes orteils écoutaient pour te comprendre : le danseur ne porte-t-il pas son oreille — dans ses orteils

Jaune surlignement | Emplacement: 46,299

alors

Jaune surlignement | Emplacement: 46,525

Malheur à tous ceux qui aiment sans avoir une hauteur qui est au-dessus de leur pitié !

Jaune surlignement | Emplacement: 46,758

Dieu lui-même s’est fait juif ! »

Jaune surlignement | Emplacement: 46,772

« Vous devez aimer la

Jaune surlignement | Emplacement: 46,772

paix, comme un moyen de guerres nouvelles, et la courte paix plus que la longue !

Jaune surlignement | Emplacement: 46,774

C’est la bonne guerre qui sanctifie toute cause. »

Jaune surlignement | Emplacement: 46,835

Plutôt ne rien savoir que de savoir beaucoup de choses à moitié ! Plutôt être un fou pour son propre compte qu’un sage dans l’opinion des autres !

Jaune surlignement | Emplacement: 46,839

Dans la vraie science consciencieuse il n’y a rien de grand et rien de petit. »

Jaune surlignement | Emplacement: 46,853

« L’esprit, c’est la vie qui incise elle-même la vie, » c’est ce qui m’a conduit et éconduit à ta doctrine. Et, en vérité, avec mon propre sang, j’ai augmenté ma propre science. »

Jaune surlignement | Emplacement: 47,044

qui est-ce qui est plus

Jaune surlignement | Emplacement: 47,044

impie que moi, afin que je me réjouisse de son enseignement ?

Jaune surlignement | Emplacement: 47,075

Il avait aussi l’esprit confus. Que ne nous en a-t-il pas voulu, ce coléreux, de ce que nous l’ayons mal compris. Mais pourquoi ne parlait-il pas plus clairement ? Et si c’était la faute à nos oreilles, pourquoi nous donnait-il des oreilles qui l’entendaient mal ? S’il y avait de la bourbe dans nos oreilles, eh bien ! qui donc l’y avait mise ?

Jaune surlignement | Emplacement: 65,026

Toute conquête, chaque pas en avant dans le domaine de la connaissance a son origine dans le courage, dans la dureté à l’égard de soi-même, dans la propreté vis-à-vis de soi-même.

Jaune surlignement | Emplacement: 65,066

Maintenant je vous ordonne de me perdre et de vous trouver vous-même ;

Jaune surlignement | Emplacement: 65,146

Un être d’un type nettement morbide ne peut pas guérir et encore moins se guérir lui-même. Pour l'être bienportant la maladie peut au contraire faire office de stimulant énergique qui met en jeu et

Jaune surlignement | Emplacement: 65,147

surexcite son instinct vital. C’est, en effet, sous cet aspect que m’apparaît maintenant cette longue période de maladie que j’ai traversée : j’ai en quelque sorte à nouveau découvert la vie, y compris moi-même ; j’ai goûté de toutes les bonnes choses et même des petites choses, comme d’autres pourraient difficilement en goûter. De telle sorte que, de ma volonté d’être en bonne santé, de ma volonté de vivre, j’ai fait ma philosophie... Car, qu’on

Jaune surlignement | Emplacement: 65,151

fasse bien attention, les années où ma vitalité descendit à son minimum ont été celles où je cessai d’être pessimiste. L’instinct de conservation m’a interdit de pratiquer une philosophie de la pauvreté et du découragement...

Jaune surlignement | Emplacement: 65,153

Un homme bien conformé est un objet qui plaît à nos sens ; il est fait d’un bois à la fois dur, tendre et parfumé. Il ne trouve du goût qu’à ce qui

Jaune surlignement | Emplacement: 65,155

lui fait du bien. Son plaisir, sa joie cessent dès lors qu’il dépasse la mesure de ce qui lui convient. Il devine les remèdes contre ce qui lui est préjudiciable ; il fait tourner à son avantage les mauvais hasards ; ce qui ne le fait pas périr le rend plus fort. De tout ce qu’il voit et entend, de tout ce qui lui arrive, il sait tirer une somme conforme à sa nature : il est lui-même un principe de sélection ; il laisse passer bien des choses sans les retenir. Il se

Jaune surlignement | Emplacement: 65,158

plaît toujours dans sa propre société, quoi qu’il puisse fréquenter, des livres, des hommes ou des paysages : il honore en choisissant, en acceptant, en faisant confiance. Il réagit lentement à toutes les excitations, avec cette lenteur qu’il tient, par discipline, d’une longue circonspection et d’une fierté voulue. Il examine la séduction qui s’approche, il se garde bien d’aller à sa rencontre. Il ne croit ni à la « mauvaise chance », ni à la

Jaune surlignement | Emplacement: 65,162

« faute » : il sait en finir avec lui-même, avec les autres, il sait oublier. Il est assez fort pour que tout tourne, nécessairement, à son avantage.

Jaune surlignement | Emplacement: 65,278

le

Jaune surlignement | Emplacement: 65,278

souvenir est une plaie purulente.

Jaune surlignement | Emplacement: 65,286

rien ne vous fait vous consumer plus vite que le ressentiment.

Jaune surlignement | Emplacement: 65,286

Le dépit, la susceptibilité maladive, l’impuissance à se venger, l’envie, la soif de la haine, ce sont là de terribles poisons

Jaune surlignement | Emplacement: 65,291

Le profond physiologiste qu’était Bouddha l’a compris. Sa « religion », qu’il faudrait plutôt appeler une hygiène, pour ne pas la confondre avec une chose aussi pitoyable

Jaune surlignement | Emplacement: 65,292

que le christianisme, subordonne ses effets à la victoire sur le ressentiment. Libérer l’âme du ressentiment, c’est le premier pas vers la guérison.

Jaune surlignement | Emplacement: 65,318

Le penchant à être agressif fait partie de la force aussi rigoureusement que le sentiment de vengeance et de rancune appartient à la faiblesse.

Jaune surlignement | Emplacement: 65,332

je n’attaque jamais de personnes,

Jaune surlignement | Emplacement: 65,332

je ne me sers des personnes que comme d’un verre grossissant au moyen duquel on peut rendre visible une calamité publique encore cachée et difficilement saisissable.

Jaune surlignement | Emplacement: 65,352

Je suis doué d’une impressionnabilité absolument inquiétante du sens de

Jaune surlignement | Emplacement: 65,353

la propreté, de sorte que je perçois physiologiquement l’approche— que dis-je ? — l’intimité de la nature la plus cachée de l’âme que j’ai devant moi. Je la flaire.

Jaune surlignement | Emplacement: 65,355

Grâce à cette impressionnabilité j’ai comme des antennes psychologiques à l’aide desquelles je puis tâter et palper toutes sortes de mystères

Jaune surlignement | Emplacement: 65,356

toute la pourriture cachée qui croupit au fond de certaines natures, mais qui tire peut-être son origine de quelque vice de

Jaune surlignement | Emplacement: 65,357

sang dissimulé par l’éducation, je la perçois presque toujours dès le premier contact.

Jaune surlignement | Emplacement: 65,393

« Gardez-vous de cracher contre le vent ! »

Jaune surlignement | Emplacement: 65,413

Quand une chose finit mal, il arrive trop facilement que l’on manque de coup d’œil pour ce que l’on a fait : le remords me paraît être une sorte de mauvais œil.

Jaune surlignement | Emplacement: 65,676

défense

Jaune surlignement | Emplacement: 65,677

de soi. S’abstenir de voir certaines choses, de les entendre, de les laisser venir à vous, premier commandement de la sagesse, première démonstration que l’on n’est pas un objet du hasard, mais une nécessité.

Jaune surlignement | Emplacement: 65,716

Devenir ce que l’on est, cela fait supposer que l’on ne se doute même pas de ce que l’on est.

Jaune surlignement | Emplacement: 65,777

Mon privilège c’est d’avoir les sens très aiguisés pour tous les symptômes des instincts bien portants.

Jaune surlignement | Emplacement: 65,781

Celui qui a communément besoin d’attitudes n’est pas franc... Gardez-vous des hommes pittoresques !

Jaune surlignement | Emplacement: 65,794

Quand je méprise quelqu’un, il devine que je le méprise : je révolte par ma seule présence tout ce qui a du sang corrompu dans les veines...

Jaune surlignement | Emplacement: 65,795

Ma formule pour la grandeur de l’homme, c’est amor fati. Il ne faut rien demander d’autre, ni dans le passé, ni dans l’avenir,

Jaune surlignement | Emplacement: 65,796

pour toute éternité. Il faut non seulement supporter ce qui est nécessaire, et encore moins le cacher — tout idéalisme c’est le mensonge devant la nécessité — il faut aussi l’aimer...

Jaune surlignement | Emplacement: 65,814

ne suis pas encore d’actualité. Quelques-uns naissent d’une façon posthume.

Jaune surlignement | Emplacement: 65,909

n’existe nulle part une espèce de livres plus fière et plus raffinée tout à la fois. Ils atteignent çà et là le maximum de ce qui peut être atteint sur la terre le cynisme. Il faut les conquérir en se servant à la fois des doigts les plus délicats et des poings les plus courageux.

Jaune surlignement | Emplacement: 65,927

Quand je veux imaginer le type parfait d’un de mes lecteurs, j’en fais toujours un monstre de courage et de curiosité qui possède en

Jaune surlignement | Emplacement: 65,928

outre quelque chose de souple, de rusé, de circonspect, ce qui constitue l’aventurier et l’explorateur né.

Jaune surlignement | Emplacement: 65,946

Tout style est bon qui communique véritablement un état d’âme, qui ne se méprend pas sur l’allure des signes, sur les gestes.

Jaune surlignement | Emplacement: 66,194

La vie est malade à cause de ce rouage inhumain et mécanique, à cause du travail « impersonnel » de l’ouvrier, à cause de la fausse économie dans la « division du travail ». Le but qui est la culture se perd ; le moyen, l’activité

Jaune surlignement | Emplacement: 66,196

scientifique moderne, barbarise...

Jaune surlignement | Emplacement: 66,252

Je suis le premier immoraliste.

Jaune surlignement | Emplacement: 66,307

Tout idéalisme m’est étranger. Le titre de mon livre veut dire ceci « Là où vous voyez des choses idéales, moi je vois... des choses humaines, hélas ! trop humaines ! » — Je connais mieux l’homme. — Un « esprit libre » ne signifie pas autre chose qu’un esprit affranchi, un esprit qui a repris possession de lui-même.

Jaune surlignement | Emplacement: 66,406

Je fus délivré des « livres » ; pendant des années je ne lus plus rien et ce fut le plus grand bienfait que je me sois jamais accordé ! Ce « moi » intérieur, ce moi en quelque sorte enfoui et rendu silencieux, à force d’entendre sans cesse un autre moi (— et lire n’est pas autre chose), ce moi s’éveilla lentement, timidement, avec hésitation, mais il finit enfin par parler de nouveau.

Jaune surlignement | Emplacement: 66,497

Dans une transmutation de toutes les valeurs, par quoi l’homme s’affranchira de toutes les valeurs morales reconnues jusqu’alors, dira « oui » et osera croire à tout ce qui, jusqu’à présent, fut interdit, méprisé, maudit.

Jaune surlignement | Emplacement: 66,516

Le problème de l’origine des valeurs morales est pour moi une question de tout premier ordre, parce que l’avenir de l’humanité en dépend.

Jaune surlignement | Emplacement: 66,517

L’obligation de croire que toutes choses se trouvent dans les meilleures mains, qu’un seul livre, la bible, rassure définitivement au sujet du gouvernement divin et de la sagesse dans les destinées de l’humanité, si on la transcrit

Jaune surlignement | Emplacement: 66,520

dans la réalité, équivaut à la volonté d’étouffer la vérité qui démontrerait exactement le contraire, à savoir cette conviction lamentable que jusqu’à présent l’humanité a été en de mauvaises mains, qu’elle a été gouvernée par les déshérités qu’anime la ruse et la vengeance, par ceux que l’on appelle les « saints », ces calomniateurs du monde qui souillent la race humaine.

Jaune surlignement | Emplacement: 66,658

Comment pourrions-nous, après de pareils aperçus et avec une telle faim dans la conscience, une telle avidité de science, nous satisfaire encore des hommes actuels ?

Jaune surlignement | Emplacement: 66,782

Dante, si on le compare à Zarathoustra, n’est qu’un croyant, et non point quelqu’un qui crée d’abord la vérité, un esprit qui domine le monde, une fatalité

Jaune surlignement | Emplacement: 66,811

L’âme qui a la plus longue échelle et qui peut descendre le plus bas, — l’âme la plus vaste qui peut courir, au milieu d’elle- même s’égarer et errer le plus loin, celle qui est la plus nécessaire, qui se précipite par plaisir dans le hasard,

Jaune surlignement | Emplacement: 66,814

— l’âme qui est, qui plonge dans le devenir ; l’âme qui possède, qui veut entrer dans le vouloir et dans le désir, — l’âme qui se fuit elle-même et qui se rejoint elle-même dans le plus large cercle ; l’âme la plus sage que la folie invite le plus doucement, — l’âme qui s’aime le plus elle-même, en qui toutes choses ont leur montée et leur descente, leur flux et leur reflux.

Jaune surlignement | Emplacement: 66,827

«

Jaune surlignement | Emplacement: 66,827

Je porte dans tous les gouffres mon affirmation qui bénit... »

Jaune surlignement | Emplacement: 66,909

Dans la recherche de la connaissance, ce n’est encore que la joie de la volonté, la joie d’engendrer et de devenir que je sens en moi, et s’il y a de l’innocence dans ma connaissance, c’est parce qu’il y a en elle de la volonté d’engendrer.

Jaune surlignement | Emplacement: 66,912

Cette volonté m’a attiré loin de Dieu et des Dieux ; qu’y aurait-il donc à créer, s’il y avait des Dieux ? Mais, mon ardente volonté de créer me pousse sans cesse vers les hommes ; ainsi le marteau est poussé vers la pierre.

Jaune surlignement | Emplacement: 66,945

Depuis cette époque tous mes écrits sont des hameçons que je lance. Peut-être

Jaune surlignement | Emplacement: 66,946

que je m’entends mieux que n’importe qui à pêcher à la ligne ?... Si rien ne se laissa prendre, ce n’était pas de ma faute. Les poissons faisaient défaut...

Jaune surlignement | Emplacement: 66,972

ce

Jaune surlignement | Emplacement: 66,972

fut Dieu lui-même qui, sous la forme du serpent, se coucha sous l’arbre de la Connaissance, lorsqu’il eut accompli son œuvre : il se reposait ainsi d’être Dieu. Tout ce qu’il avait fait, il l’avait fait trop beau... Le diable n’est que l’oisiveté de Dieu, à chaque septième jour...

Jaune surlignement | Emplacement: 67,281

celui qui veut être créateur dans le bien et dans le mal devra d’abord être destructeur et briser des valeurs.

Jaune surlignement | Emplacement: 67,282

Ainsi le suprême mal fait partie du suprême bien, mais le suprême bien est créateur.

Jaune surlignement | Emplacement: 67,286

Je suis le

Jaune surlignement | Emplacement: 67,286

premier immoraliste. C’est ainsi que je suis le destructeur par excellence.

Jaune surlignement | Emplacement: 67,295

Zarathoustra fut le premier à apercevoir, dans la lutte du bien et du mal, le véritable rouage dans le jeu des choses.

Jaune surlignement | Emplacement: 67,305

La victoire de la morale sur elle-même, par véracité, la victoire du moraliste sur lui-même, pour aboutir à son contraire, à moi, c’est ceci que signifie

Jaune surlignement | Emplacement: 67,306

dans ma bouche le nom de Zarathoustra.

Jaune surlignement | Emplacement: 67,323

La condition d’existence de l’homme bon, c’est le mensonge. Pour m’exprimer autrement, c’est la volonté de ne pas voir, à tout prix, comment la réalité est faite en somme.

Jaune surlignement | Emplacement: 67,426

ce n’est

Jaune surlignement | Emplacement: 67,426

pas l’humanité qui est en dégénérescence, c’est seulement cette espèce parasitaire d’hommes, l’espèce des prêtres, qui, par le monde, en s’aidant du mensonge, est parvenue à s’élever à la qualité d’arbitre pour la détermination des valeurs, qui a trouvé dans la morale chrétienne un moyen pour parvenir à la puissance...

Jaune surlignement | Emplacement: 67,431

La morale c’est l’idiosyncrasie du décadent avec l’intention cachée de tirer vengeance de la vie —

Jaune surlignement | Emplacement: 67,461

La notion du « péché » a été inventée en même temps que l’instrument de torture qui la complète, le « libre-arbitre » pour brouiller les instincts, pour faire de la méfiance à l’égard des

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instincts une seconde nature

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la « foi », c’est-à-dire la conviction irraisonnée, instinctive, qui ne tient pas compte de la réalité des faits.

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Cette foi n’est pas autre chose, au fond, que la volonté de maintenir à tout prix une illusion que l’on croit nécessaire à la

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vie

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c’est la crainte que la vérité ne soit peut-être mauvaise et qu’elle ne soit révélée à l’homme avant qu’il soit assez fort pour pouvoir la supporter.