lundi 1 juin 2020

Créativité de la Crise, Evelyne Grossman, Paradoxe Editions de Minuit


Créativité de la Crise, Evelyne Grossman, Paradoxe Editions de Minuit


Deadline comme disent les Anglo-Saxons, date butoir : au-delà de cette limite... vous êtes mort ou quasiment. Grossman, Evelyne. La Créativité de la Crise

Toute désorganisation accrue porte effectivement en elle le risque de mort, mais aussi la chance d’une nouvelle réorganisation, d’une création, d’un dépassement.
Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise

Crise actuelle engendrée par la perte de foi dans un progrès supposé apporter le bien-être à l’ensemble de l’humanité conformément à l’idéal de la philosophie européenne des Lumières. Nous avons longtemps cru, souligne-t-il, que la science, la technique, l’économie pouvaient résoudre les grands problèmes du monde. Or, en dépit de bénéfices indéniables, les prétendus « effets secondaires » sont en fait cataclysmiques et les potentielles « victimes collatérales » se comptent par millions.
Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise

La ritournelle déprimée : « c’était mieux avant ! » signe l’effondrement de nos espoirs dans le futur. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise

Ma blessure existait avant moi, je suis né pour l’incarner. Grossman, Evelyne. La Créativité de la Crise

« Ou bien la morale n’a aucun sens, résume Deleuze, ou bien c’est cela qu’elle veut dire, elle n’a rien d’autre à dire : ne pas être indigne de ce qui nous arrive. Au contraire, saisir ce qui arrive comme injuste et non mérité (c’est toujours la faute de quelqu’un), voilà ce qui rend nos plaies répugnantes, le ressentiment en personne, le ressentiment contre l’événement. » Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise

Celui qui sodomise une femme ne s’unit qu’à lui-même. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise

Le désir fait écrire ; la morale – fût-elle stoïcienne –, c’est moins sûr. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise

Opposition que voyait aussi saint Augustin entre une force créatrice, la Vie, et une force destructrice, l’Envie. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise

L’organisation sociale se construit sur ce premier modèle biologique d’opposition. Or, en passant du biologique au social, les paires d’opposés se hiérarchisent ; la distinction entre féminin et masculin est universelle mais nulle part cette opposition binaire n’est symétrique. Toute pensée de la différence s’insère ainsi dans une classification où le pôle masculin est toujours et partout valorisé, affecté d’un signe positif.Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise

« Pour se reproduire à l’identique, l’homme est obligé de passer par un corps de femme. Il ne peut le faire par lui-même. C’est cette incapacité qui assoit le destin de l’humanité féminine. » On comprend alors selon l’anthropologue cette obsession millénaire des hommes de s’approprier et de contrôler le pouvoir de fécondité, ce pouvoir de création des femmes. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 46

Penser, pour lui, c’est d’abord donner à la pensée un corps, l’incarner dans une forme, une écriture. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 47

À chaque fois ce qui rate c’est l’incarnation de l’idée, et sa pensée se « décorporise », elle ne parvient pas à prendre forme, elle avorte. Grossman,
Evelyne. La Créativité de la p. 47

« ce que vous avez pris pour mes œuvres n’était que les déchets de moi-même, ces raclures de l’âme que l’homme normal n’accueille pas».Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 48

Barthes répondait : « Parce que l’écriture décentre la parole, l’individu, la personne, accomplit un travail dont l’origine est indiscernable. » Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 49

« Faites abstraction de votre génie, de vos talents et de ceux de tous les autres. [...] Écrivez vite sans sujet préconçu, assez vite pour ne pas retenir et ne pas être tenté de vous relire. La première phrase viendra toute seule, tant il est vrai qu’à chaque seconde il est une phrase étrangère à notre pensée consciente qui ne demande qu’à s’extérioriser. [...] Continuez autant qu’il vous plaira. Fiez-vous au caractère inépuisable du murmure3. » Grossman, Evelyne. La Créativité de la pp. 51-52

« Il va, porté par ces images qui le ravissent, qui lui laissent à peine le temps de souffler sur le feu de ses doigts4. » Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 53

« le lieu vide où s’annonce l’affirmation impersonnelle ».Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 54

« L’œuvre exige de l’écrivain qu’il perde toute “nature”, tout caractère, et que cessant de se rapporter aux autres et à lui-même par la décision qui le fait moi, il devienne le lieu vide où s’annonce l’affirmation impersonnelle8. »Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 55.

Il faut persévérer dans l’étrange énergie du désœuvrement « en supportant la détresse d’un échec irrémédiable » jusqu’au flamboiement de la couleur, comme chez Van Gogh. Ou jusqu’à l’éblouissement des images surréalistes, pourrait-on ajouter. Ce que les surréalistes avaient donc découvert, c’était non pas la promesse d’une créativité à portée de tous mais l’existence d’une force impersonnelle à l’œuvre dans l’œuvre. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 56

Les surréalistes dévoilaient une expérience tout autre, celle de « l’insécurité de l’inaccessible9 ».Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 56

Le fantasme procréateur a la vie dure, permettant çà et là d’irrévérents jeux phoniques (ImmaCULée CONception) moins blasphématoires que gaillardement sexuels. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 57

Dans ces livres majeurs écrits à deux que sont L’Anti-Œdipe (Minuit, 1972) et Mille plateaux (Minuit, 1980), ils explorent ce qu’ils appellent des heccéités : des singularités pré-individuelles, non personnelles.Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 63


Un individu acquiert un véritable nom propre, à l’issue du plus sévère exercice de dépersonnalisation, quand il s’ouvre aux multiplicités qui le traversent de part en part, aux intensités qui le parcourent. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 65.


On se souvient de la charge plaisamment ravageuse de Deleuze contre l’histoire de la philosophie, cette « formidable école d’intimidation », fabriquant des spécialistes de la pensée : « Elle a joué le rôle de répresseur : comment voulez-vous penser sans avoir lu Platon, Descartes, Kant et Heidegger, et le livre de tel ou tel sur eux ? [...] Une image de la pensée, nommée philosophie, s’est constituée historiquement, qui empêche parfaitement les gens de penser. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise pp. 65-66

« Chacun est le faussaire de l’autre, ce qui veut dire que chacun comprend à sa manière la notion proposée par l’autre. Se forme une série réfléchie, à deux termes. » Chacun comprend « à sa manière »Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 66

Le philosophe selon Deleuze est un déviant : il vole des idées, emprunte sans prévenir, par-derrière, trahit. Ainsi se conçoit l’histoire de la philosophie « comme une sorte d’enculage ou, ce qui revient au même, d’immaculée conception [où l’on retrouve curieusement le couple Breton-Éluard...]. Grossman, Evelyne. La Créativité de la  crise p. 67


Deleuze disait, de son écriture avec Guattari, « on ne travaille pas ensemble, on travaille entre les deux28 ». Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 69

La « pensée du dehors » est une « percée vers un langage d’où le sujet est exclu ». Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 70

L’auteur, répète-t-il, est une position « transdiscursive » ; les grands auteurs (Marx, Freud, dans son exemple) sont ceux « qui ont ouvert l’espace pour autre chose qu’eux30 » Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 71

« C’est cela qui me paraît intéressant dans les vies, les trous qu’elles comportent, les lacunes, parfois dramatiques, mais parfois même pas. Des catalepsies ou des espèces de somnambulismes sur plusieurs années, la plupart des vies en comportent34. » Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise.p. 73

« Que vaudrait l’acharnement du savoir s’il ne devait assurer que l’acquisition des connaissances, et non pas, d’une certaine façon et autant que faire se peut, l’égarement de celui qui connaît ? Il y a des moments dans la vie où la question de savoir si on peut penser autrement qu’on ne pense et percevoir autrement qu’on ne voit est indispensable pour continuer à regarder ou à réfléchir. On me dira peut-être que ces jeux avec soi-même n’ont qu’à rester en coulisses [...]. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 75

Foucault réaffirme l’oscillation nécessaire entre vérité et mensonge. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 76

Ce fut un beau moment, lorsque chacun pouvait parler à l’autre, anonyme, impersonnel, homme parmi les hommes, accueilli sans autre justification que d’être un autre homme.Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise. p. 77


Le  pur intervalle qui, de moi à cet autrui qu’est un ami, mesure tout ce qu’il y a entre nous41. » Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 79

L’Usage des plaisirs, Foucault appelait non l’histoire de la philosophie mais « le corps vivant de la philosophie ». Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise pp. 81-82

Le Baroque, rappelle-t-il, est la sortie d’un long moment de crise où s’est produit l’écroulement du monde de la raison classique. Celui-ci s’est effondré parce que, comme Descartes, il a ignoré la courbure de la matière, ses ressorts de vitalité, son élasticité47. Or, la caractéristique du Baroque, c’est précisément d’avoir conçu les débordements d’espace et cette tendance qu’a la matière de se concilier avec le fluide. Alors les corps deviennent flexibles et se plient dans des mises en variation continue de la matière. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 82

Se « déprendre de soi », comme le dit Foucault, requiert de cesser de se prendre pour un sujet, doué d’une identité fixée, d’une intention d’œuvre arrêtée. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise (pp. 82-83

Parlant des fausses revendications d’identité juive, Pierre Pachet me dit un jour malicieusement : « Être juif, pour certains, c’est une histoire infiniment désirable... » Dans ces jouissances bloquées sombrent parfois les élans créateurs. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 84

Que faut-il entendre finalement dans ce terme si érodé de « crise » ou plutôt comment en réactiver l’écoute tant son pouvoir d’inquiétude semble émoussé, comme si la crise, au vu de la liste sans fin ressassée des bouleversements annoncés, était devenue notre horizon quotidien ? Mondiale, écologique, crise des repères, de la famille, du politique, crise du sens... On n’en finit plus de réciter la litanie de ses formes diverses. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 85

Devrait-on alors cultiver l’insécurité ? Un tel mot d’ordre apparaîtrait évidemment choquant de nos jours où le mot de « sécurité » est si constamment appelé en renfort pour préserver notre repos quotidien, apaiser nos angoisses et nos peurs, qu’elles soient individuelles ou collectives. Qui oserait faire l’éloge de l’insécurité, fût-elle créatrice ? Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 86

Ainsi, le « Pèse-Nerfs » d’Artaud, le pli de Deleuze (ou Leibniz-Deleuze), le « suspens » mallarméen, l’aphorisme nietzschéen... Pourquoi « déséquilibre » ? Parce que, s’il est rompu, surgissent deux risques : d’un côté celui de l’équilibre retrouvé, le retour à la normale (voire à la normalité), à la vie ordinaire ; de l’autre, l’effondrement, la chute, la folie. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 87

La crise est cette séparation. Il le répète dans ses tout premiers textes : « Je peux dire, moi, vraiment, que je ne suis pas au monde » ; ou encore : « je m’assiste, j’assiste à Antonin Artaud ». Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise pp. 91-92

Que me veut-on à la fin et quelle est ma place dans cette histoire ? Quel est ce Créateur impotent, ce dramaturge incompétent qui a oublié d’écrire mon rôle ? Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 94

Brusquement, le réel se détache et j’ai la sensation d’être séparé de moi et du monde, d’être définitivement au spectacle. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 94

Qui parle ? Quelle est cette voix en moi qui dit « je », Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise. p. 94

Qui parle quand je dis « je » ? Qui est le sujet de la création ? Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 95

« Je m’assiste, j’assiste à Samuel Beckett. » Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 95

On passe ainsi souvent sa vie à attendre que quelque chose se passe, que quelqu’un entre en scène avant de se rendre compte qu’il est trop tard, que rien ne s’est passé, que personne n’est venu, que le spectacle est fini, que la vie est finie. Seule a duré, indéfiniment étirée, l’attente. « [...] et où sont les autres spectateurs, on n’avait pas remarqué, dans l’étau de l’attente, qu’on est seul à attendre, c’est ça le spectacle, attendre seul, dans l’air inquiet, que ça commence, [...] Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise pp. 95-96

D’où la plaisanterie récurrente de Beckett : je suis né le jour de la mort du Sauveur, trop tard pour le Salut ; il n’y a plus qu’à « se sauver tout seul », voire « se sauver » tout court, autrement dit, prendre la fuite. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 97

Avec Beckett, donc, la source de l’écriture automatique, le dripping des mots qui tombent et s’égouttent tout seuls, semble bien tarie. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 98

Pour Freud, on le sait, loin d’être un raté seulement, le lapsus est une réussite de l’inconscient. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 99

Il faut en effet distinguer deux choses : l’échec qui est un résultat et le ratage qui est un acte, un processus mis à l’œuvre. L’échec répété est signe de névrose. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 100

Autrement dit, je vais continuer à parler, à écrire... pour maintenir en vie cette création ratée, cette dynamique (désespérée mais drôle) du ratage. Je vais continuer jusqu’à l’épuisement mais l’épuisement est infini. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 101

« Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation14. » Ainsi, la société marchande ne produit plus qu’un sujet-consommateur séparé de ses véritables désirs. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 102

Le spectacle réunit le séparé, mais il le réunit en tant que séparé15. » Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 103

Le sentiment humain s’est ainsi chargé d’infiniment de douleur, d’arrogance, de dureté, d’aliénation, de froideur par le fait que l’on croyait voir des contrastes où il n’y a que des transitions21. » Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 108

Zarathoustra en appelle à la trahison, il n’en finit pas d’échouer et d’être la risée des hommes, il décline et il tombe. L’opposé même de toute doctrine : éloge de la danse et de l’insécurité. « Je vous le dis : il faut porter en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante23. » Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise pp. 109-110

Comment lutter contre la bêtise ? Non pas en élaborant une critique solidement argumentée mais plutôt en lui enlevant « sa bonne conscience », en sapant ses fondements Grossman, Evelyne. La Créativité de la cris . p. 111

La vérité n’est plus à chercher mais à produire comme interprétation provisoire : conflit, énigme, tension, instabilité – séparation sans synthèse comme chez Héraclite24. Non plus la vérité solidifiée, sacralisée, doctrinale mais le processus éphémère et sans cesse inachevé de création d’une interprétation. Crise de la vérité, sans aucun doute. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise pp. 111-112

La question, entre interrogation, exclamation et contradiction massive, reste en déséquilibre, ouverte à toute interprétation. Vivre est indécidable. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 114

Inventer « une prosodie neuve », une langue poétique instable qui ouvre dans les mots un « centre de suspens vibratoire ». Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 114

Crépuscule des idoles, § 5 : « Je crains que nous ne puissions jamais nous débarrasser de Dieu, parce que nous croyons encore à la grammaire28. » Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 115

Contamination réciproque de Wille et Welle. « C’est ainsi que vivent les vagues, – c’est ainsi que nous vivons, nous qui possédons la volonté ! Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 116

Les vagues (Welle) sont comme moi, douées de vouloir et d’intentions, mais je suis une vague soumise au mouvement du ressac. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 117

À la fin, nous allons connaître le secret, le sens qu’avait tout cela. Et pourquoi pas le sens de la vie, tant que vous y êtes ! Vous confondez le philosophe et le prêtre ! Rien ne nous est donc donné à la fin : pas de solution à l’énigme pour nous apaiser, aucune autre sinon celle dont nous pouvons être l’acteur et le créateur. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 118

Poursuivez la quête, continuez à rater le sens, ratez mieux, répète Beckett. Ceci n’est pas un examen ; il n’y a ni gagnant ni perdant, ni Salut ni damnation. Et si l’on tombe, c’est souvent drôle : enfin un événement ! On tombe comme tombent les dés et les mots : le ratage est une expérimentation créatrice. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise pp. 118-119

La foi, dit Nietzsche nous sert de soutien, de béquille. Or, on mesure le degré de faiblesse de quelqu’un au nombre de principes « solides » dont il a besoin pour tenir debout. Ce désir que nous avons d’un appui, « cet impétueux désir de certitude », voilà ce qui conserve leur puissance aux religions, aux métaphysiques, aux dictatures. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise (p. 119

Que faut-il imaginer au contraire ? Une joie, une liberté du vouloir. Et voici la fin du paragraphe : alors « l’esprit abandonnerait toute foi, tout désir de certitude, exercé comme il l’est à se tenir sur les cordes légères de toutes les possibilités, à danser même au bord de l’abîme ». Apprendre à danser, toujours. Apprendre à traverser le déséquilibre.Grossman, Evelyne. La Créativité de la p. 120

Cultiver l’art de l’interprétation comme puissance d’instabilité, d’invention, de créativité. Éloge du déséquilibre créateur, refus des dogmes et croyances dictées. Plaidoyer pour l’insécurité poétique et créative de ceux qui, comme dit Deleuze, osent plonger dans le chaos. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 120

Louise Bourgeois : « L’art est une garantie de santé. » Ajoutons : pour l’artiste comme pour celui qui rejoue son œuvre avec lui. Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 121

Zarathoustra : il n’y a pas de valeur en soi, toute valeur se crée, s’expérimente, dans l’équilibre instable du désir et du rejet. « Évaluer, c’est créer : écoutez donc, vous qui êtes créateurs ! C’est leur évaluation qui fait des trésors et des joyaux de toutes choses évaluées34. » Grossman, Evelyne. La Créativité de la crise p. 124

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