Ainsi parlait
Zarazoustra, - T - Friedrich Nietzsche
Tous les êtres jusqu’à présent ont créé
quelque chose au-dessus d’eux, et vous voulez être le reflux de ce grand flot
et plutôt retourner à la bête que de surmonter l’homme Ainsi parlait Zarazoustra,
Friedrich Nietzsche
Restez fidèles à la terre et ne croyez
pas ceux qui vous parlent d’espoirs supraterrestres ! Ainsi parlait Zarazoustra,
Friedrich Nietzsche
Ce qu’il y a de plus terrible maintenant,
c’est de blasphémer la terre et d’estimer les entrailles de l’impénétrable plus
que le sens de la terre Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
L’heure où vous dites : « Qu’importe
mon bonheur ! Il est pauvreté, ordure et pitoyable contentement de
soi-même. Mais mon bonheur devrait légitimer l’existence
elle-même ! » Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Ce ne sont pas vos péchés — c’est votre
contentement qui crie contre le ciel, c’est votre avarice, même dans vos
péchés, qui crie contre le ciel ! Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
L’homme est une corde tendue entre la bête
et le Surhumain, — une corde sur l’abîme. Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Ce qu’il y a de grand dans l’homme, c’est
qu’il est un pont et non un but : Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
J’aime celui qui ne réserve pour lui-même
aucune parcelle de son esprit, mais qui veut être tout entier l’esprit de sa
vertu Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
il faut porter encore en soi un chaos, pour
pouvoir mettre au monde une étoile dansante. Je vous le dis : vous portez
en vous un chaos. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Qui voudrait encore gouverner ? Qui
voudrait obéir encore ? Ce sont deux choses trop pénibles. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Est-ce cela : être malade et renvoyer
les consolateurs, se lier d’amitié avec des sourds qui n’entendent jamais ce
que tu veux ? Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Quel est le grand dragon que l’esprit ne
veut plus appeler ni dieu ni maître ? « Tu dois », s’appelle le
grand dragon. Mais l’esprit du lion dit : « Je veux. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Il aimait jadis le « Tu dois »
comme son bien le plus sacré : maintenant il lui faut trouver l’illusion
et l’arbitraire, même dans ce bien le plus sacré, pour qu’il fasse, aux dépens
de son amour, la conquête de la liberté : il faut un lion pour un pareil
rapt. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
L’enfant est innocence et oubli, un
renouveau et un jeu, une roue qui roule sur elle-même, un premier
mouvement, une sainte affirmation. Oui, pour le jeu divin de la création, ô mes
frères, il faut une sainte affirmation : l’esprit veut maintenant
sa propre volonté, celui qui a perdu le monde veut gagner
son propre monde. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Ainsi moi aussi, je jetai mon illusion
par-delà les hommes, pareil à tous les hallucinés de l’arrière-monde. Par-delà
les hommes, en vérité ? Hélas, mes frères, ce dieu que j’ai créé était
œuvre faite de main humaine et folie humaine, comme sont tous les dieux. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Tu dis « moi » et tu es fier de ce
mot. Mais ce qui est plus grand, c’est — ce à quoi tu ne veux pas croire — ton
corps et son grand système de raison : il ne dit pas moi, mais il
est moi. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Il y a plus de raison dans ton corps que dans
ta meilleure sagesse. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
« Ce
qui fait le tourment et la douceur de mon âme est inexprimable et sans nom, et
c’est aussi ce qui cause la faim de mes entrailles. Ainsi parlait Zarazoustra,
Friedrich Nietzsche
Autrefois tu avais des passions et tu les
appelais des maux. Mais maintenant tu n’as plus que tes vertus : elles
naquirent de tes passions. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Leur vertu consiste à vivre longtemps dans
un misérable contentement de soi. Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Mais pourquoi auriez-vous le matin votre
fierté et le soir votre soumission ? Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
La terre est pleine de superflus, la vie est
gâtée par ceux qui sont de trop. Qu’on les attire hors de cette vie, par
l’appât de la « vie éternelle » Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Les phtisiques de l’âme : à peine
sont-ils nés qu’ils commencent déjà à mourir, et ils aspirent aux doctrines de
la fatigue et du renoncement. Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Vous dont la vie est inquiétude et travail
sauvage : n’êtes-vous pas fatigués de la vie ? N’êtes-vous pas
mûrs pour la prédication de la mort ? Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
L’État, c’est le plus froid de tous les
monstres froids : il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa
bouche : « Moi, l’État, je suis le Peuple. C’est un mensonge !
Ils étaient des créateurs, ceux qui créèrent les peuples et qui suspendirent
au-dessus des peuples une foi et un amour : ainsi ils servaient la vie. Ce
sont des destructeurs, ceux qui tendent des pièges au grand nombre et qui
appellent cela un État : ils suspendent au-dessus d’eux un glaive et cent
appétits. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Certes, il vous devine, vous aussi,
vainqueurs du Dieu ancien ! Le combat vous a fatigués et maintenant votre
fatigue se met au service de la nouvelle idole Ainsi parlait Zarazoustra,
Friedrich Nietzsche
Voyez donc ces superflus ! Ils sont
toujours malades, ils rendent leur bile et appellent cela des journaux. Ils se
dévorent et ne peuvent pas même se digérer. Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Voyez donc ces superflus ! Ils
acquièrent des richesses et en deviennent plus pauvres. Ainsi parlait Zarazoustra,
Friedrich Nietzsche
La place publique est pleine de bouffons
tapageurs — et le peuple se vante de ses grands hommes ! Ils sont
pour lui les maîtres du moment. Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Puisque tu es bienveillant et juste, tu
dis : « Ils sont innocents de leur petite existence. » Mais leur
âme étroite pense : « Toute grande existence est coupable. » Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
L’amitié. Si l’on veut avoir un ami il
faut aussi vouloir faire la guerre pour lui Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
En son ami on doit voir son meilleur ennemi.
C’est quand tu luttes contre lui que tu dois être le plus près de son cœur. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
C’est l’homme qui mit des valeurs dans les
choses, afin de se conserver, — c’est lui qui créa le sens des choses, un sens
humain ! C’est pourquoi il s’appelle « homme », c’est-à-dire,
celui qui évalue. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Votre amour du prochain, c’est votre mauvais
amour de vous-mêmes. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Plus haut que l’amour du prochain se trouve
l’amour du lointain et de ce qui est à venir. Ainsi parlait Zarazoustra,
Friedrich Nietzsche
Tu as peur et tu t’enfuis chez ton prochain.
Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Vous ne vous aimez pas assez : c’est
pourquoi vous voudriez séduire votre prochain par votre amour et vous dorer de
son erreur. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Vous invitez un témoin quand vous voulez
dire du bien de vous-mêmes ; et quand vous l’avez induit à bien penser de
vous, c’est vous qui pensez bien de vous. Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
L’un va chez le prochain parce qu’il se
cherche, l’autre parce qu’il voudrait s’oublier. Ainsi parlait Zarazoustra,
Friedrich Nietzsche
Ce sont les plus lointains qui payent votre
amour du prochain ; et quand vous n’êtes que cinq ensemble, vous en faites
toujours mourir un sixième. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Il y a tant de grandes pensées qui
n’agissent pas plus qu’une vessie gonflée. Elles enflent et rendent plus vide
encore. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
J’aime celui qui veut créer plus haut que lui-même
et qui périt ainsi. — Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Chez la femme tout est une énigme :
mais il y a un mot à cet énigme : ce mot est grossesse. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
L’homme est pour la femme un moyen : le
but est toujours l’enfant. Mais qu’est la femme pour l’homme ? Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Ennemi, ne lui rendez pas le bien pour le
mal ; car il en serait humilié. Démontrez-lui, au contraire, qu’il vous a
fait du bien. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Chez celui qui veut être juste au fond de
l’âme, le mensonge même devient philanthropie. Ainsi parlait Zarazoustra,
Friedrich Nietzsche
Tu dois construire des monuments vivants à
ta victoire et à ta délivrance. Tu dois construire plus haut que toi-même. Mais
il faut d’abord que tu sois construit toi-même, carré de la tête à la base. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Tu ne dois pas seulement propager ta race
plus loin, mais aussi plus haut. Tu dois créer un corps d’essence supérieure,
un premier mouvement, une roue qui roule sur elle-même, — tu dois créer un
créateur. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Mariage : c’est ainsi que j’appelle la
volonté à deux de créer l’unique qui est plus que ceux qui l’ont créé. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Respect mutuel, c’est là le mariage, respect
de ceux qui veulent d’une telle volonté. Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Jje n’en veux pas de ce ciel des
superflus ! Non, je n’en veux pas de ces bêtes empêtrées dans le filet
céleste Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Et tous ceux qui cherchent la gloire doivent
au bon moment prendre congé de l’honneur, et exercer l’art difficile de s’en
aller à temps. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Il faut cesser de se faire manger, au moment
où l’on vous trouve le plus de goût Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Il est mort trop tôt ; il aurait
lui-même rétracté sa doctrine, s’il avait vécu jusqu’à mon âge ! Il était
assez noble pour se rétracter ! Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Que votre mort ne soit pas un blasphème sur
l’homme et la terre, ô mes amis : telle est la grâce que j’implore du miel
de votre âme. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Quand votre cœur bouillonne, large et plein,
pareil au grand fleuve, bénédiction et danger pour les riverains : c’est
alors l’origine de votre vertu. Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
L’homme qui cherche la connaissance ne doit
pas seulement savoir aimer ses ennemis, mais aussi haïr ses amis. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
« TOUS
LES DIEUX SONT MORTS : NOUS VOULONS, MAINTENANT, QUE LE SURHUMAIN
VIVE ! » Que ceci soit un jour, au grand midi, notre dernière
volonté ! Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Jadis on disait Dieu, lorsque l’on regardait
sur les mers lointaines ; mais maintenant je vous ai appris à dire :
Surhumain. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Votre imagination doit aller jusqu’à la
limite de vos sens ! Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
S’il existait des Dieux, comment
supporterais-je de n’être point Dieu ! Donc il n’y a point de
Dieux. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
« Vouloir »
affranchit : Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Less miséricordieux qui cherchent la
béatitude dans leur pitié : ils sont trop dépourvus de pudeur. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Lorsque je lui suis venu en aide, j’ai blessé
durement sa fierté. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
On devrait entièrement supprimer les
mendiants ! En vérité, on se fâche de leur donner et l’on se fâche de ne
pas leur donner. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Ainsi parle tout grand amour : il
surmonte même le pardon et la pitié. tout grand amour est au-dessus de sa
pitié : car ce qu’il aime, il veut aussi le — créer ! « Je
m’offre moi-même à mon amour, et mon prochain tout comme moi » —
ainsi parlent tous les créateurs. Cependant, tous les créateurs sont durs. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
il en est d’autres qui sont semblables à des
pendules que l’on remonte ; ils font leur tic-tac et veulent que l’on
appelle tic-tac — vertu. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Ils veulent crever les yeux de leurs ennemis
avec leur vertu ; et ils ne s’élèvent que pour abaisser les autres. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
il en est d’autres de nouveau qui croient
qu’il est vertueux de dire : « La vertu est nécessaire » ;
mais au fond ils ne croient qu’une seule chose, c’est que la police est
nécessaire. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Pour que vous vous fatiguiez des mots
« récompense », « représailles »,
« punition », « vengeance dans la justice » — pour que vous
vous fatiguiez de dire « une action est bonne, parce qu’elle est
désintéressée ». Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Passée, la méchanceté de mes flocons de
neige en juin ! Je devins estival tout entier, tout entier après-midi
d’été ! Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
« Volonté
d’égalité — c’est ainsi que nous nommerons dorénavant la vertu ; et nous
voulons élever nos cris contre tout ce qui est puissant ! » Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Bon et mauvais, riche et pauvre, haut et bas
et tous les noms de valeurs : autant d’armes et de symboles cliquetants
pour indiquer que la vie doit toujours à nouveau se surmonter elle-même !
La vie veut elle-même s’élever dans les hauteurs avec des piliers et des
degrés : elle veut scruter les horizons lointains et regarder au-delà des
beautés bienheureuses, — c’est pourquoi il lui faut des
hauteurs ! Et puisqu’il faut des hauteurs, il lui faut des degrés et de
l’opposition à ces degrés, l’opposition de ceux qui s’élèvent ! La vie
veut s’élever et, en s’élevant, elle veut se surmonter elle-même. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Vous avez servi le peuple et la superstition
du peuple, vous tous, sages illustres ! — vous n’avez pas servi
la vérité ! Et c’est précisément pourquoi l’on vous a honorés. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
C’est dans le désert qu’ont toujours vécu
les véridiques, les esprits libres, maîtres du désert ; mais dans les
villes habitent les sages illustres et bien nourris, — les bêtes de trait. Car
ils tirent toujours comme des ânes — le chariot du peuple ! Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
L’esprit, c’est la vie qui incise elle-même
la vie : c’est par sa propre souffrance que la vie augmente son propre
savoir, — le saviez-vous déjà ? Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Il faut que ceux qui cherchent la
connaissance apprennent à construire avec des montagnes ! Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Vous ne voyez que les étincelles de
l’esprit : mais vous ignorez quelle enclume est l’esprit et vous ne
connaissez pas la cruauté de son marteau Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Vous avez fait de la sagesse un hospice et
un refuge pour de mauvais poètes. Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Il fait nuit : voici que s’élève plus
haut la voix des fontaines jaillissantes. Et mon âme, elle aussi, est une
fontaine jaillissante. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Il y a en moi quelque chose d’inapaisé et
d’inapaisable qui veut élever la voix. Il y a en moi un désir d’amour qui parle
lui-même le langage de l’amour. Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Je vis de ma propre lumière, j’absorbe en
moi-même les flammes qui jaillissent de moi. Ainsi parlait Zarazoustra,
Friedrich Nietzsche
Qui ne craint pas mes ténèbres trouvera sous
mes cyprès des sentiers fleuris de roses. Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
On ne répond jamais plus durement que quand
on dit « ses vérités » à sa sagesse. Ainsi parlait Zarazoustra,
Friedrich Nietzsche
Tu subsistes toujours, égale à toi-même, toi
ma volonté patiente ! tu as toujours passé par toutes les tombes !
C’est en toi que subsiste ce qui ne s’est pas délivré pendant ma jeunesse, et
vivante et jeune tu es assise, pleine d’espoir, sur les jaunes décombres des
tombeaux. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Oui, tu demeures pour moi la destructrice de
tous les tombeaux : salut à toi, ma volonté ! Et ce n’est que là où
il y a des tombeaux, qu’il y a résurrection. Ainsi parlait Zarazoustra,
Friedrich Nietzsche
Commander est plus difficile qu’obéir. Car
celui qui commande porte aussi le poids de tous ceux qui obéissent, et parfois
cette charge l’écrase Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Et la vie elle-même m’a confié ce
secret : « Voici, m’a-t-elle dit, je suis ce qui doit toujours
se surmonter soi-même. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Le bien et le mal qui seraient impérissables
— n’existent pas ! Il faut que le bien et le mal se surmontent toujours de
nouveau par eux-mêmes. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Il est plus dur de se taire ; toutes
les vérités que l’on a passées sous silence deviennent venimeuses. Et que soit
brisé tout ce qui peut être brisé par nos vérités ! Il y a encore bien des
maisons à construire ! Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Et vous me dites, amis, que « des goûts
et des couleurs il ne faut pas discuter ». Mais toute vie est lutte pour
les goûts et les couleurs ! Le goût, c’est à la fois le poids, la balance
et le peseur ; et malheur à toute chose vivante qui voudrait vivre sans la
lutte à cause des poids, des balances et des peseurs Ainsi parlait Zarazoustra,
Friedrich Nietzsche
Je goûte beaucoup chez lui l’échine du
taureau : mais maintenant j’aimerais voir aussi le regard de l’ange. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Êtres éphémères, c’est ainsi que je vous
appelle. Vous les « hommes de la réalité » ! Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
L’immaculée connaissance de toutes
choses : ne rien demander aux choses que de pouvoir s’étendre devant
elles, ainsi qu’un miroir aux cent regards. Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Ayez donc tout d’abord le courage d’avoir
foi en vous-mêmes — en vous-mêmes et en vos entrailles ! Celui qui n’a pas
foi en lui-même ment toujours. Vous avez mis devant vous le masque d’un dieu,
hommes « purs » : votre affreuse larve rampante s’est cachée
sous le masque d’un dieu. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Dupe de vos peaux divines ; il n’a pas
deviné quels serpents remplissaient cette peau. Ainsi parlait Zarazoustra,
Friedrich Nietzsche
Je suis d’aujourd’hui et de jadis, dit-il
alors ; mais il y a quelque chose en moi qui est de demain, et
d’après-demain, et de l’avenir. Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
En vérité, nous nous sommes déjà trop
fatigués pour mourir, maintenant nous continuons à vivre éveillés — dans des
caveaux funéraires ! » Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
La volonté ne peut pas vouloir agir en
arrière ; ne pas pouvoir briser le temps et le désir du temps, — c’est là
la plus solitaire affliction de la volonté. Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
La volonté est-elle déjà devenue, pour
elle-même, rédemptrice et messagère de joie ? A-t-elle désappris l’esprit
de vengeance et tous les grincements de dents ? Ainsi parlait Zarazoustra,
Friedrich Nietzsche
Ceci est ma première sagesse humaine de me
laisser tromper, pour ne pas être obligé de me tenir sur mes gardes à cause des
trompeurs. Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Pour que la vie soit bonne à regarder il
faut que son jeu soit bien joué : mais pour cela il faut de bons
acteurs. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Tu es quelqu’un qui a désappris
d’obéir : maintenant tu dois commander. Ne sais-tu pas quel est celui dont
tous ont le plus besoin ? Celui qui ordonne de grandes choses. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
« Ô
Zarathoustra, tes fruits sont mûrs, mais toi tu n’es pas mûr encore pour tes
fruits ! Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Et si dorénavant toutes les échelles te
manquent, il faudra que tu saches grimper sur ta propre tête : comment
voudrais-tu faire autrement pour monter plus haut ? Ainsi parlait Zarazoustra,
Friedrich Nietzsche
Pour voir beaucoup de choses il
faut apprendre à voir loin de soi : — cette dureté est nécessaire
pour tous ceux qui gravissent les montagnes. Ainsi parlait Zarazoustra,
Friedrich Nietzsche
C’est du plus bas que le plus haut doit
atteindre son sommet. — Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
« Vois
ce portique ! nain ! repris-je : il a deux visages. Deux chemins
se réunissent ici : personne encore ne les a suivis jusqu’au bout. Cette
longue rue qui descend, cette rue se prolonge durant une éternité et cette
longue rue qui monte — c’est une autre éternité. Ces chemins se contredisent,
ils se butent l’un contre l’autre : — et c’est ici, à ce portique, qu’ils
se rencontrent. Le nom du portique se trouve inscrit à un fronton, il s’appelle
« instant Ainsi parlait
Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Car les parcelles de bonheur qui sont en
route entre le ciel et la terre se cherchent un asile dans les âmes de lumière.
Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Zarathoustra se mit à rire en son cœur, et
il dit d’un ton ironique : « Le bonheur me court après. Cela vient de
ce que je ne cours pas après les femmes. Or, le bonheur est une femme. » Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Quelques-uns d’entre eux
« veulent », mais la plupart ne sont que « voulus Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Les qualités de l’homme sont rares
ici : c’est pourquoi les femmes se masculinisent. Car celui qui est assez
homme sera seul capable d’affranchir dans la femme — la femme. Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Je suis Zarathoustra, l’impie : je fais
bouillir dans ma marmite tout ce qui est hasard. Et ce n’est que
lorsque le hasard est cuit à point que je lui souhaite la bienvenue pour en
faire ma nourriture. Ainsi
parlait Zarazoustra, Friedrich Nietzsche
Il avait aussi l’esprit confus. Que ne nous
en a-t-il pas voulu, ce coléreux, de ce que nous l’ayons mal compris. Mais pourquoi
ne parlait-il pas plus clairement ? Et si c’était la faute à nos oreilles,
pourquoi nous donnait-il des oreilles qui l’entendaient mal ? S’il y avait
de la bourbe dans nos oreilles, eh bien ! qui donc l’y avait mise ?
« Faites
toujours ce que vous voudrez, — mais soyez d’abord de ceux qui peuvent
vouloir ! » « Aimez toujours votre prochain comme vous-mêmes,
mais soyez d’abord de ceux qui s’aiment eux-mêmes — — qui s’aiment avec le
grand amour, avec le grand mépris ! Ainsi parlait Zarazoustra, Friedrich
Nietzsche
Je vous enseigne le Surhumain. [41]L’homme
est quelque chose qui doit être surmonté. Qu’avez-vous fait pour le
surmonter ?Tous les êtres jusqu’à présent ont créé quelque chose au-dessus
d’eux, et vous voulez être le reflux de ce grand flot et plutôt retourner à la
bête que de surmonter l’homme