Généalogie de la Morale,
Frédéric Nietzche, Mercure de France
Les « hommes de haute naissance » avaient le
sentiment d’être les « heureux » ; ils n’avaient pas besoin de construire artificiellement
leur bonheur en se comparant à leurs ennemis, en s’en imposant à eux-mêmes
(comme font tous les hommes du ressentiment) ; et de même en leur qualité
d’hommes complets, débordants de vigueur et, par conséquent, nécessairement
actifs, ils ne savaient pas séparer le bonheur de l’action, — chez eux,
l’activité était nécessairement mise au compte du bonheur. Généalogie de la Morale, Frédéric Nietzche
L’homme du ressentiment n’est ni franc, ni
naïf, ni loyal envers lui-même. Une telle race composée d’hommes du
ressentiment finira nécessairement par être plus prudente que n’importe quelle
race aristocratique, aussi honorera-t-elle la prudence en une tout autre mesure
: elle en fera une condition d’existence de premier ordre, tandis que chez les
hommes de distinction la prudence prend facilement un certain vernis de luxe et
de raffinement . Généalogie de la Morale,
Frédéric Nietzche
Oui, le destin fatal de l’Europe est là —
ayant cessé de craindre l’homme, nous avons aussi cessé de l’aimer, de le
vénérer, d’espérer en lui, de vouloir avec lui. L’aspect de l’homme nous lasse
aujourd’hui. — Qu’est-ce que le nihilisme, si ce n’est cette lassitude-là ?...
Nous sommes fatigués de l’homme... Généalogie
de la Morale, Frédéric Nietzche
Exiger de la force qu’elle ne se manifeste
pas comme telle, qu’elle ne soit pas une volonté de terrasser et d’assujettir,
une soif d’ennemis, de résistance et de triomphes, c’est tout aussi insensé que
d’exiger de la faiblesse qu’elle manifeste de la force. Généalogie de la Morale, Frédéric Nietzche
Une douceur mielleuse englue chaque son. Un
mensonge doit transformer la faiblesse en mérite, cela n’est pas douteux — il
en est comme vous l’avez dit. » — — Après ! — « Et l’impuissance
qui n’use pas de représailles devient, par un mensonge, la « bonté » ; la
craintive bassesse, « humilité » ; la soumission à ceux qu’on hait, «
obéissance » (c’est-à-dire l’obéissance à quelqu’un dont ils disent qu’il
ordonne cette soumission, — ils l’appellent Dieu). Généalogie de la Morale, Frédéric Nietzche
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