La Pensée Ecologique, Timothy Morton, Zelma
Il n’y a pas de royaumes plus ambigus que ceux de l’art et
du langage. p. 39
Nos catégories actuelles ne sont pas gravées dans le marbre.
p. 41
Avoir une hypothèse signifie avoir l’esprit
ouvert – la supposition est peut-être fausse. p. 47
Les humains ne doivent pas agir parce qu’une figure
d’autorité puissante les y a incités, mais mus par le sentiment d’un espace
ouvert. p. 47
Satan représente l’égo boursouflé qui veut qu’on le voie
vraiment grand. p. 48
« Donnez-moi un point d’appui, et je soulèverai le
Monde. » p. 49
Grâce à Google Earth, on a constaté que les vaches
s’orientaient selon l’axe nord-sud de la Terre11. Ce phénomène n’était pas à la
portée des gens soi-disant bien « enchâssés » dans le « monde
vécu ». p. 50
Plus nous connaissons le risque, plus le risque s’étend. Le
risque se démocratise, et la démocratie devient la gestion du risque. p. 50
Nous ne pouvons pas « dé-penser » le risque. Le
sentiment de puissance phénoménal et le fantasme sadique, voyeuriste, d’être
capable de tout voir (sur Google Earth, YouTube et le reste) s’accompagnent
d’une vulnérabilité périlleuse. p. 50
C’est « l’Occident » qui est obsédé par le lieu,
en pensant qu’il existe une chose immuable, réelle et indépendante, nommée
« lieu », qui aurait progressivement été sapée par la modernité, le
capitalisme, la technologie, ou tout ce que vous voudrez. L’obsession du lieu
empêche toute vision véritablement écologique.p.. 51
L’environnementalisme de Heidegger est une version triste,
fasciste, une version de bonsaï rabougri contraint de pousser dans un minuscule
pot de fleurs en fer devant un chalet de la Forêt-Noire. p. 54
Allusion au réchauffement climatique. Le temps qu’il fait
n’est plus la toile de fond en apparence neutre sur laquelle des événements
adviennent. p. 55
La pensée écologique suscite l’émoi parce que le maillage se
manifeste dans nos domaines sociaux, psychiques et scientifiques. p. 56
Dans une situation où tout est potentiellement signifiant,
nous sommes perdus. p. 59
Schizophrène. Il est incapable de distinguer entre
l’information (premier plan) et le bruit (arrière-plan)31. Ainsi il entend des
voix provenant du radiateur, mais les paroles sont pour lui un gargouillis
insignifiant. Tout paraît faire sens de façon menaçante, mais il ne peut en
saisir le sens. p. 59
Il n’y a pas d’« extérieur » à cet univers d’où
effectuer des mesures impartiales. p. 59
En langage philosophique, nous ne sommes pas seulement en
train de perdre des niveaux « ontologiques » de signifiance. Nous
perdons le niveau « ontique », le niveau physique auquel nous nous
fions depuis si longtemps. pp. 59-60
Il est important de ne pas paniquer et, chose étrange à
dire, de ne pas surréagir à la déchirure du réel.p. 60
Le pire, c’est que nous perdons le sol sous nos pieds au
moment précis où nous comprenons à quel point nous sommes dépendants de lui. p.
60
« On ne résoudra pas le réchauffement climatique parce
que j’ai changé des “p…” d’ampoules électriques chez moi. C’est une entreprise
collective36. » p. 62
Le discours restrictif efface les questions de plaisir et de
joie du tableau écologique.p. 70
Selon l’expression de Marx58. Je dis que le discours
restrictif transforme l’écologie en un puritanisme personnel et interpersonnel.
p. 70
Penser réellement le maillage signifie se débarrasser de
l’idée qu’il a un centre. Il n’y a aucun être au « milieu »
– d’ailleurs que signifierait le « milieu » ? Le plus
important ? Comment un être peut-il être plus important qu’un autre
être ? C’est un problème pour l’éthique environnementale qui simplifie
parfois les choses à l’extrême afin d’obliger les gens à agir. p. 71
Ce que nous appelons Nature est en réalité de l’histoire
solidifiée. p. 78
Le Naturel est une illusion temporelle : comme les
saisons, les choses paraissent statiques parce qu’on ne les voit pas changer,
et quand elles changent, elles le font de manière plus ou moins prévisible. p.
80
Si vous retracez l’histoire de l’évolution, vous n’y verrez
ni rime ni raison – ou plutôt, vous y verrez des rimes incroyables et des
raisons complexes mais aucun progrès (nulle téléologie) et aucun point
culminant. Les humains ne sont pas le mystérieux « point oméga » que
prétendait un certain évolutionniste chrétien89. Les humains ne sont pas la
culmination de quoi que ce soit ; ils ne sont même pas une culmination. p.
81
Nous ne pouvons jamais exactement présumer de qui, de ce que
sont les étranges étrangers, s’ils sont un « qui » ou un
« quoi ». p. 84
La compassion humaine découle des instincts sociaux
primaires des autres êtres sensibles95.
p. 84
L’industrie signifie la répétition, l’automatisation et la
création d’un junkspace. p. 94
L’idée de lieu authentique est un mythe occidental puissant,
mais les cultures autochtones possèdent des traditions qui incluent le
cosmos. p. 96
Dévoilée par la NASA, Google Earth ou la cartographie du
réchauffement climatique. Plus nous obtenons d’informations dans notre avidité
de tout voir, plus notre sentiment d’un monde profond, riche et cohérent paraîtra
hors d’atteinte : il semblera avoir disparu dans le passé (nostalgie) ou
n’appartenir qu’à d’autres (primitivisme). p. 98
Sentiment de perte est une illusion créée par notre point de
vue contemporain. Nous pourrions lire les symboles phalliques récemment
découverts, tracés sur les toits de propriétaires qui ne se doutaient de
rien – symboles ne pouvant être vus qu’avec l’aide de Google Earth.
p. 98
Heidegger disait poétiquement qu’on n’entend jamais le vent
en soi mais seulement la tempête qui siffle dans la cheminée, le vent dans les
arbres126. p. 100
L’histoire des formes du vivant est comme un livre auquel il
manque de nombreuses pages : on ne peut les déduire que des quelques pages
restantes. pp. 106-107
Non, nous nous retournons sur ce moment de l’Histoire
quelques siècles plus tard et nous l’appelons Renaissance. La causalité marche
à rebours. On ne peut nommer les choses que rétrospectivement. p. 108
Les humains sont peut-être des « animaux », mais
les « animaux » ne sont pas des « animaux ». p. 108
Parce que la causalité marche à rebours, il n’y a pas lieu
de se poser la question d’un quelconque « dessein intelligent ». La
causalité à rebours signifie qu’il n’y a aucune intentionnalité.
L’intentionnalité vient se greffer aux formes évolutives du vivant bien après.
p. 109
Marx, Freud et Darwin décrivent des processus qui ont lieu
dans notre dos. Nous ne pouvons pas voir l’évolution, ni le secret de la
forme-marchandise, ni l’inconscient. p. 112
À la base de la vie, il y a l’ADN qui n’a aucun arôme
particulier52. Il n’y a pas un ADN à arôme de chimpanzé ou à arôme
humain ; nous partageons 98 % de notre ADN avec les chimpanzés
et 35 % avec les jonquilles. p. 115
La théorie de l’évolution déconstruit la « vie »
elle-même. p. 115
Consultez The Algorithmic Beauty of Plants (« La Beauté
algorithmique des plantes »), un texte magnifiquement illustré et
disponible en ligne58. p. 117
S’il n’y a pas d’espèce en tant que telle, il ne peut pas
non plus y avoir de race en tant que telle.p. 119
La détermination du moment où nous aurons affaire à un
programme IA, et non pas à un programme simplement “bizarre”, nous donnera
beaucoup de fil à retordre. pp. 122-123
Le danger en politique et en philosophie, c’est de
considérer que nous avons réussi à dépasser l’idéologie, que nous pouvons nous
tenir en dehors, disons, de la réalité « humaniste ». p. 129
L’anthropocentrisme, c’est l’idée que l’« humain »
occupe un non-lieu privilégié, qui est à la fois au-dedans et en dehors du
maillage. p. 129
Dès lors qu’on admet qu’il existe une Nature dont notre
pensée peut s’écarter, tout ce qu’on pense devient suspect. pp. 129-130
L’expérience était si intense que je n’étais même pas sûr de
la vivre ou qu’il y ait eu un moi susceptible de la vivre. Pendant les jours
qui ont suivi, je me suis senti bizarre et vide. » Nous ne savons pas si
les êtres sensibles sont des machines ou pas. Et il serait dangereux de croire
que nous pourrions le savoir. La profondeur intérieure n’est peut-être qu’une
illusion. p. 135
Les textes sont des bouteilles à la mer. Le lecteur est
l’avenir du texte. p. 136
Ma prise de conscience de votre prise de conscience de ma
prise de conscience de votre être à venir affecte-t-elle cet écrit ? p.
136
L’environnementalisme s’est fait piéger par les idéologies
de la masculinité, la performance ultime de la non-performance, l’imitation
ultime de la Nature.p. 138
La subjectivité est une part de la réalité à laquelle il est
impossible d’échapper. pp. 140-141
Le « retour à la Nature » rejoue désespérément le
mythe du self-made man, excluant l’amour, la chaleur, la vulnérabilité et
l’ambiguïté.p. 142
Une forme de
technologie. Les champs et les fossés sont de la technologie. Les grands singes
et leurs bâtons à termites sont technologiques. p. 146
L’étrange étranger n’est pas seulement
l’« autre » – le « moi » est cet autre. Puisqu’il
n’y a pas de moi (solide, durable, indépendant, singulier), nous sommes
l’étrange étranger. « Je est un autre138. » p. 147
Dans une série de formes progressant insensiblement depuis
une créature qui ressemble à un grand singe jusqu’à l’homme tel qu’il existe
maintenant, il serait impossible de déterminer un point fixe auquel on pourrait
appliquer le terme “homme”152. p. 150
Là où apparaît l’étrange étranger, il y a des intensités que
nous ne pouvons pas comprendre.
. 154
Ce n’est pas difficile d’aimer la Nature comme un espace
ouvert inspirant l’effroi. Ça l’est beaucoup plus d’aimer les êtres
inquiétants, repoussants qui ne portent pas si facilement un visage humain.
Certains de ces êtres sont des humains. L’une des tâches de la pensée
écologique est de découvrir comment aimer l’inhumain : pas seulement le
non-humain p. 154
L’inhumain est le noyau étrangement étrange de l’humain. p.
154
La pensée écologique plonge dans la dimension esthétique.
Elle fait place à ce que nous appelons, de façon inadéquate, le subjectif et la
subjectivité. p. 157
Pour obtenir l’écologie, nous devons renoncer à la Nature.
Mais comme nous sommes depuis longtemps dépendants de la Nature, le renoncement
sera douloureux. Renoncer à un fantasme est plus difficile que de renoncer à la
réalité. Le culte de la Nature fait penser à un homosexuel dépressif qui ne
serait pas sorti du placard, et qui affirmerait avec insistance qu’il est
hétéro171. La mélancolie a l’aspect « maladif » d’une dévotion
excessive, d’une fidélité excessive aux ténèbres de l’instant présent. p. 159
Descartes a promu un dualisme du sujet et de l’objet que
beaucoup considèrent comme un des fondements de la catastrophe écologique. p. 159
La pensée écologique subvertit l’idéalisme, puisque la
position depuis laquelle nous pouvons être idéalistes est la coexistence175. p.
160
On n’a pas besoin d’une raison ; on se contente de
faire ce qu’on doit faire, et on y réfléchira après. Voilà pourquoi cela
s’appelle une décision éthique. Elle n’a pas besoin d’être prouvée ni
justifiée. On agit, c’est tout. pp. 164-165
Au stade esthétique, on fait les choses parce qu’elles sont
agréables ou qu’elles en ont l’air. Au stade éthique, l’agréable – voire
la validité rationnelle, qui est peut-être aussi une sorte d’ordre
esthétique – n’a aucune importance. p. 165
Il est donc possible d’être en même temps et pour les mêmes
raisons pleinement conscient et totalement spontané.p. 166
La chanson O Superman de Laurie Anderson propose un sample
répété de sa voix et une lugubre série de messages enregistrés11. Cette voix
est typique du matériau de l’art postmoderne : des formes d’une existence
incompréhensible, indicible. Certains diront que c’est une existence inerte,
pure – l’art comme suintement. C’est un médium où le sens et le non-sens
coexistent. Ce médium suintant a quelque chose de physique que j’appelle
ambiance12. p. 170
Dans les espaces ouverts par l’ambiance, nous voyons
l’histoire – la Nature n’en est qu’une version réifiée, plastifiée.
L’« ici » est un maillage de présences et d’absences enchevêtrées, et
non un concept fondamental, localiste, antiglobal. pp. 171-172
Le vocabulaire religieux est dangereux : il risquerait
d’instituer l’écologie comme une autre sorte de super-être hors du maillage,
hors de l’impermanence et de l’évanescence évidentes de la réalité. p. 172
L’art est une sorte d’ombre de l’avenir qui plane sur notre
monde présent17. p. 173
Au-delà de tout, l’art est un « désœuvrement »
plutôt qu’une œuvre d’art précieuse en tant que telle23. p. 174
La dérive est « une technique du passage hâtif à
travers des ambiances variées27.p. 176
Il faut parfois jouer longtemps avant de pouvoir jouer comme
soi-même. p. 180
L’improvisation, c’est l’adaptation plus la prise de
conscience. p. 180
Dans la terminologie des Lumières, la Créature est pleine
d’humanité – essentiellement humaine. Elle fait preuve d’une humanité et
d’une compassion, surtout à travers ses paroles, qui ne cessent de frapper de
nouveaux lecteurs, troublés par son extrême dignité (il y a encore du chemin à
faire à propos du statut de personne). p. 185
Frankenstein lui-même. Tout l’intérêt du roman est dans le
défi lancé par la Créature aux êtres humains. Vous pensez avoir une
éthique ? Vous vous croyez les êtres les plus raisonnables, les plus
intelligents sur Terre ? Pouvez-vous aimer et traiter avec bienveillance
un être aussi laid que moi, aussi incertain de son statut de personne que
moi ? Pouvez-vous pardonner à un autre être sa violence, vous qui exécutez
et torturez au nom de la raison et de la justice ? p. 185
Réplicants : des êtres dont le cœur même n’est qu’un
artifice, une simple somme de souvenirs. pp. 185-186
Le post-humanisme (une tendance actuelle dans les sciences
humaines) associe trop facilement (i) une déconstruction de
l’humanité – de l’animalité et de toutes les formes du
vivant – en des ensembles de processus algorithmiques semblables à
ceux d’une machine. p. 186
L’humanisme ne doit être dénoncé que parce qu’il n’est pas
suffisamment humain52.p. 187
Les humanistes devraient publier sur Internet la liste des
expériences qu’ils souhaiteraient voir réaliser. pp. 187-188
« La conscience est-elle intentionnelle ? »
Une réponse négative fournirait une très bonne raison de ne pas nuire aux
formes du vivant. Si nous pouvons démontrer que la conscience n’est pas une
sorte de bonus, récompensant une constitution sophistiquée, mais un mode par
défaut fourni avec le logiciel, alors les vers de terre seront conscients au
sens le plus plein du terme. p. 188
L’esprit n’a peut-être pas de règles ancrées en lui pour
analyser la réalité. pp. 189-190
Le connexionnisme soutient que les phénomènes mentaux
naissent de systèmes interconnectés. Autrement dit, il n’y a pas d’esprit en
tant que tel parce que l’esprit naît toujours de réseaux qui interagissent,
dont l’un au moins doit être un système qui traite les données telles que les
sensations et les perceptions.p. 191
L’argument de Varela implique que, bien que nous puissions
réduire les phénomènes mentaux à des mécanismes, le tout (le cerveau) est plus
grand que la somme de ses parties. Cela met en œuvre une logique double et
simultanée. Nous avons des composants minuscules et un grand moi : c’est à
la fois du réductionnisme et du holisme. p. 191
La réalité paraît trouée de l’intérieur, comme si on se
rendait compte qu’on flottait dans le cosmos. p. 192
Cela affecte notre sens de l’orientation, qui dépendait
traditionnellement d’un arrière-plan, que nous l’appelions Nature, monde du
vivant ou biologie.p. 192
S’il n’y a pas d’arrière-plan, il n’y a pas de premier plan.
Ce monde qui nous fait défaut est un réel problème, un vrai problème.pp.
192-193
Il y a eu un certain nombre de révolutions coperniciennes
dans la pensée humaine, au sujet de la raison et de la société, révolutions qui
ont déplacé le champ de l’action humaine. p. 194
Croire en un moi, c’est croire en un objet, même s’il semble
plus subtil qu’une chaise ou une brique. La vision du non-moi est plus
« subjective », d’une certaine façon. En n’ayant aucune
représentation objectale de moi-même, en admettant mon incapacité à me définir
moi-même, je suis plus honnête. 197-198
La subjectivité est comme un matelas à eau :
comprimez-le quelque part, il se gonfle ailleurs.
p. 198
Le capitalisme ne réglera décidément pas les choses. Il est
réactif ; or nous avons besoin de proactivité. p. 200
Lress deux guerres mondiales furent les désastres de l’âge
du nationalisme, le réchauffement climatique est celui de l’âge de la
globalisation. Les deux guerres mondiales, c’est du nationalisme qui a
déraillé, quelque chose que le système ne pouvait plus maîtriser. p. 200
L’espoir d’un avenir meilleur est précisément ce qui bloque
l’action écologique. p. 203
L’action écologique ne sera jamais agréable et le non-monde
n’aura jamais l’air élégant. p. 203
L’idée, quelle que soit la manière dont on l’exprime, qu’en
prenant soin de la Terre on se sentira mieux – ne fonctionnent pas.
p. 204
Ne pas troquer notre dualisme, notre mécanisme, contre
quelque chose qui aurait meilleur aspect, p. 204
Et si, au bout du compte, la Nature en tant que telle,
l’idée d’un extérieur radical au système social, était un fantasme capitaliste,
voire, précisément, le fantasme capitaliste ? pp. 205-206
Au nom de quoi pouvons-nous utiliser cet « être »
pour instaurer un « devoir être » ? p. 207
Le localisme, le nationalisme et l’immersion dans le bain
idéologique du monde vécu ne sont plus à la hauteur91. Ce dont nous avons
besoin, c’est d’une « communauté sans présupposé et sans objet92 ».
p. 208
Les collectivités écologiques doivent être des totalités
ouvertes et non closes. p. 208
« Se perdre dans les choses, se perdre au point de ne
pouvoir concevoir que des choses96. p. 209
Laisser-être , c’est le revers de la médaille de
l’idéologie du laissez-faire. Il y a une agressivité passive dans cette
injonction à laisser tranquille, à écarter toute « interférence »
humaine. p. 210
Accepter la réalité du réchauffement climatique signifierait
que la réalité n’est pas équipée pour le libertarianisme ni pour
l’individualisme, les hiérarchies rigides ou tout autre vache sacrée de la
droite. p. 211
L’expression préférée des réactionnaires est
« réchauffement climatique anthropogène », ce qui lui donne un côté
geek et flippant). p. 212
Dans dix mille ans, le plutonium existera encore. Les
hyperobjets ne se décomposent pas dans le temps d’une vie. Ils ne brûlent pas
sans eux-mêmes nous brûler (en libérant des rayons, des dioxines, etc.). p. 213
Pourtant, réfléchir à ces matériaux engage à quelque chose
d’ordre religieux parce qu’ils transcendent notre propre mort. p. 214
Mais pour s’attaquer à la pollution, au dérèglement
climatique, aux radiations, il faut penser et agir grand, ce qui signifie
penser et agir collectivement. Cela implique des données conscientes. Il faudra
choisir d’agir et de penser ensemble. Nous n’allons pas tomber par hasard sur
les solutions adéquates. La société n’est pas un groupe de molécules entrant
aléatoirement en collision sous l’effet d’un mouvement brownien. p. 215
Perdre un fantasme, c’est plus difficile que de perdre une
réalité –p. 219
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