C’est çà la
France, Barbara Lefebvre, Albin Michel
La logique binaire
« gentils progressistes » contre « méchants nationalistes »
construite par Emmanuel Macron écrase toute perspective multidimensionnelle. p.
11
Ce serait manquer de nuance
dans l’analyse politique et de connaissance des singularités historiques de
chaque état que mettre dans le même sac Trump, Poutine, Bolsonaro, Erdogan,
Orban, Salvini, Kurz, Modi, Duterte ! Pris un à un, ces
« nationalismes » répondent à leur propre crise sociale et politique.
p. 11.
Plus la mondialisation
creuse les inégalités, plus elle montre l’injustice produite par son modèle
technologique de plus en plus orwellien, plus les peuples reviendront à
l’échelle nationale. p. 12
Toutes les identités
nationales se construisent selon un modèle commun qu’Anne-Marie Thiesse a
clairement explicité : « Des ancêtres fondateurs, une histoire
multiséculaire continue qui établit le lien entre les origines et le présent,
des héros qui sont des exemples de civisme et de morale, une langue spécifique,
des œuvres culturelles remarquables (en littérature, peinture, musique), des
monuments historiques et des lieux de mémoire, des traditions populaires,
des paysages emblématiques. pp. 12-13
Le fil des générations est
brisé. Chacune se vit comme la première de son espèce.
p. 13
Beaucoup de temps a été
perdu à espérer que l’Union européenne se substituerait à la nation sans
contestation. p. 14
L’identité nationale doit
être revivifiée sur des ancrages anciens et nouveaux d’unité et d’attachement à
la France, à sa culture, son histoire, ses paysages, et non en la fondant sur
des divisions ethniques ou religieuses, des rancœurs mémorielles concurrentes,
des pénitences indéfinies qui alimentent les hontes françaises, autant que la
haine de soi. p. 14
On n’a fait qu’inventer des
substituts tel le chauvinisme sportif qu’on fait passer pour du patriotisme…p.
17
Comment expliquer qu’à des
époques où n’existaient ni la CAF ni la Sécurité sociale, les Français
faisaient montre d’un puissant patriotisme ? Une fois encore, c’est la
domination de l’intérêt individuel et sa légitimation par un État fragilisé, ce
sont les multitudes de « j’ai le droit à » qui ont eu raison du
bien commun. p. 18
Peu importe que ce modèle se
fracasse contre le réel du terrorisme, il faut continuer de nourrir la
mythologie du « vivre-ensemble ». pp. 24-25
Les GAFA savent exploiter
l’émotion populaire pour collecter des données.p. 25
L’ultragauche et les
mouvances indigénistes s’unissaient dans la même détestation de l’Occident
démocratique. p. 26
Contradiction politique à
défendre à la fois le mariage homosexuel et l’islam politique ! p. 26
Lien idéologique entre la
gauche révolutionnaire et les courants islamistes. p. 27
« La patrie des jeunes, c’est
Apple ! Le drapeau français, ils l’ont foutu dehors. Il n’y a rien de
patriotique. » pp. 31-32
La politique est faite de
symboles, c’est parfois même tout ce qu’il en reste. p. 36
Nos critères contemporains
servent de boussole morale pour juger notre histoire et expliquent les
anachronismes des boutiquiers de l’indignation…p. 50
Dissoudre dans le
relativisme bien-pensant. p. 51
Le parti du
« pasdamalgame » était né. Il règne toujours. p. 52
Notre construction nationale
ne s’est pas faite sur un critère de « pureté ethnoraciale ». p. 53
Pour exister autant que se
sentir exister, les peuples ont besoin d’enracinement et d’unité, en
particulier dans les périodes troublées où la perception collective des
changements qui s’opèrent indique que le pire est toujours possible. p. 54
Et si le naufrage de la
France catholique était un des signes d’une décomposition plus générale de
l’identité commune ? p. 56
Les religions sont des
structurants identitaires fondamentaux, conscients ou inconscients, que
l’Occident a eu tort de balayer comme s’il ne s’agissait que de naïvetés
ancestrales.p. 58
Qui peut imaginer qu’en
moins de deux siècles, la modernité ait « désintoxiqué » le corps
social du « venin » religieux ? p. 59
Si la religion issue du
modèle judéo-chrétien est récusée par la doxa qui se plaît à la décrire comme
désuète, voire réactionnaire, on tolère en revanche la religiosité comme
méthode de développement personnel pour peu qu’on la revête d’un habit plus
chic appelé « spiritualité ». pp. 59-60
L’orthopraxie de l’islam
séduit davantage car elle engage l’individu physiquement, et précisément
certains musulmans convertis ou reborn sont en recherche d’implication
totalisante. p. 60
L’institution scolaire
prêche la foi dans le progrès, célèbre le rationalisme, encourage l’anticléricalisme,
annonce l’émancipation de l’individu par les savoirs comme on annonçait la
Bonne nouvelle. On peut se demander si la crise dans laquelle s’enfonce notre
éducation depuis trente ans ne reflète pas l’échec de ce projet idéologique
originel ? pp. 61-62
La démocratie impose une
nouvelle condition sociale créant ces « hommes semblables et égaux qui
tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires
plaisirs dont ils remplissent leurs âmes » décrits par Tocqueville.p. 62
Le peuple français s’est peu
à peu dilué en de multiples minorités. Elles sont à présent légitimées dans
leur existence politique et sociale sous le nom de « communautés ».
p. 63
Durant les Trente
Glorieuses, la transformation des sociétés occidentales en sociétés de masse,
de loisir et de consommation, sur fond de libération des mœurs, a été perçue
par la majorité des catholiques comme une évolution inéluctable. pp. 63-64
L’histoire de la chrétienté
européenne est-elle un mythe ? Oui à écouter Pierre Moscovici. On postule
donc que l’Europe politique se construira sur un terrain historique vierge, son
identité ne se rattachant à rien de commun, sinon aux intérêts strictement
économiques des uns et des autres, des uns contre les autres.p. 69
L’islam ne peut prendre
paisiblement sa place en France que si l’État n’est pas laïque, car la laïcité
est selon lui un principe étranger à la pensée et la théologie islamique. Étant
entendu que le catholicisme n’a aucune chance de retrouver son statut de
religion d’État d’avant 1830, la situation décrite par Houellebecq n’est pas
pour autant dépourvue de sens. p. 72
Seul un discours de type
religieux peut être audible pour les musulmans afin de définir les contours de
leur insertion dans la nation française. p. 72
Repentance occidentale
articulée autour de la « victimisation du musulman » p. 72
Des intellectuels ou des
élus n’hésitent plus à parler de « Frères musulmans modérés », sans
oublier les « salafistes quiétistes » apparemment comparables à des
bonzes tibétains. p. 73
Si La Libre pensée veut
bien « bouffer du curé », elle ne veut en revanche pas « bouffer
de l’imam » ! p. 74
La religion (islam) est
alors un socle plus résistant que la raison d’État ou la défense d’intérêts
nationaux, puisque c’est la vérité de Dieu, échappant à toute explication
rationnelle, qui justifie le combat. p. 75
Mohamed est « le
sceau ». Lui vient révéler la parole authentique d’Allah pervertie par
l’interprétation rabbinique juive et l’association trinitaire christique. p. 76
À la différence de l’islam,
le judéo-christianisme n’a cessé de pousser l’homme à s’émanciper au nom du
libre arbitre. p. 78
La raison émancipatrice
s’est transformée au cours du XIXe siècle en une « religion du
progrès », en un culte de la technique et des machines, finalement un
outil au service d’un asservissement économique. p. 78
La raison dépérit à mesure
que croît la rationalité, et à mesure qu’elle cesse d’appartenir et d’obéir à
l’individu pour passer du côté des organisations géantes. C’est alors qu’il y a
rationalité sans raison7. » p. 79
Prophétie
nietzschéenne : « Dieu est mort : il ne vous reste plus rien qui
ait de la nécessité9. » p. 79
Quelle figure consensuelle
incarne le peuple français aujourd’hui sinon la victime, dans cette société qui
ne pense plus que sur le registre de l’émotion ? p. 81
On présente comme un signe
de progrès tout ce qui censure pour n’offenser aucune minorité. p. 83
Le juif israélien se
transforme en nazi tandis que le Palestinien devient la victime juive ressuscitée.
pp. 86-87
Il y aura désormais deux
camps : ceux qui condamnent l’usage du terrorisme armé et ceux qui
l’excusent, voire le justifient, comme une forme de rétribution historique pour
les crimes occidentaux. p. 87
La France du remords épuise
l’esprit et le corps social, exaspère ceux qui veulent faire nation sur des
bases politiques et culturelles communes et non sur le ressassement des
rancunes. pp. 88-89
Position unanime de nos
États pacifistes européens dont les élites dirigeantes ont déconstruit consciencieusement
l’idée de nation. p. 119
Les historiens sont des
individus insérés dans leur époque, dans leur classe sociale, dans leur
culture, dans leur vécu intime. Et la politisation de certains historiens a
transformé chez eux l’analyse critique en prêchi-prêcha idéologique. p. 149
Plus question que l’histoire
soit un manteau d’Arlequin, elle doit ressembler à l’habit immaculé du
pénitent. p. 149
La démocratie des droits de
l’homme ne suffit pas à créer une identité commune. Instrumentalisés par des
groupes minoritaires qui les confisquent au nom de leurs intérêts particuliers,
les droits de l’homme se retournent contre le bien commun. p. 151
L’universalité émancipatrice
des droits de l’homme a cédé la place à l’hyper-individualisme oppresseur. p.
152
Nous assistons en réalité à
la substitution de nouveaux mythes identitaires aux mythes unitaires nationaux.
p. 157
La postmodernité a dévasté
le champ historique. p. 159
Reconnaissance et
indemnisation, mais surtout pénitence éternelle des descendants des vainqueurs.
Ils prétendent les exiger pour leurs ancêtres, mais tirent un profit personnel
de cette rente morale. On est désormais victime par héritage. p. 159
Nous vivons dans une
« égocratie transgressive » qui assène ses « synthèses-minute,
potages planétaires et autres dévoilements massifs de la vérité des origines à
nos jours » p. 164
Il aura suffi de quelques
enseignants passés à la moulinette pédagauchiste pour tenter de déshonorer
d’Estienne d’Orves. Grands redresseurs de torts de l’histoire nationale, ils
ont exigé que leur nouveau lycée de Carquefou ne porte pas le nom du résistant.
p. 175
S’il est heureux que notre
temps ne soit pas celui du « nationalisme intégral », n’est-il pas
fâcheux qu’il soit celui du relativisme intégral ? p. 177
Que peut comprendre
aujourd’hui un Français de moins de 40 ans à la crise sociale, économique
et environnementale dans laquelle sont plongés non seulement notre agriculture,
mais le pays tout entier ? p. 182
La géographie scolaire
actuelle se résume à la géographie humaine économique, arrimée aux sciences
sociales bien davantage qu’à l’histoire. p. 183
On s’est mis à
« réaménager » le territoire pour laisser circuler le mastodonte
mécanique. p. 188
En quinze ans, le temps de
travail sera divisé par quatre mais l’agriculteur ne cessera plus jamais de
travailler pour… rembourser ses dettes. p. 196
L’endettement d’un
agriculteur français de moins de 40 ans est en moyenne de
200 000 euros selon les chiffres officiels du ministère de
l’Agriculture. p. 196
Méthode habituelle du
marketing : vider les mots de leur sens en espérant en effacer la réalité.
p. 199
La France continue de
s’affaiblir parce qu’elle cultive la haine de soi, la honte d’elle-même. p. 211
Les discours allient
désormais habilement lexique managérial et vulgate du coaching en développement
personnel avec sa terminologie « positive et inclusive ». p. 213)
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