Homo
Artificialis: Plaidoyer pour un humanisme numérique, Guy Vallancien,.. Michalon
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Sa facilité d’accès nous
sature, à l’image des milliards de clics quotidiens que nos doigts déclenchent
via Internet et l’ensemble des réseaux sociaux, desquels sourd trop souvent
l’ignorance la plus crasse sous des pseudos barbares distillant n’importe quoi,
n’importe quand, à n’importe qui.
Aproximation des opinions en
guise d’information,
Les bases de données (ces
data alimentées par tous nos clics quotidiens), vicieux carburant nourrissant
les algorithmes, nous mettent à nu sans bruit, au prix d’une pseudo-gratuité
que nous payons en dévoilant nos envies, nos manies et jusqu’à nos addictions.
À la fois aides et
compagnons inestimables autant que voyeurs silencieux et prédateurs, les GAFA
transforment
Peur, fille naturelle de la
perte d’autorité morale des églises salvatrices comme des idéologies marxistes
et socialistes qui échouèrent dans leur mission universaliste d’une juste
redistribution des richesses.
L’individu roi, fils
orgueilleux des Lumières, qui se voulait seul maître à bord de sa carcasse au
nom du droit, se retrouve à poil, paumé, sans maître à qui se fier, sans ordre
à respecter, sans vision cosmique pour espérer.
Expérience que l’éphémère de
la vérité se brise sur la dynamique d’une irrésistible évolution de l’Univers
dont la finalité nous échappe.
Homo Artificialis, dans son
incarnation de robot humanoïde la plus aboutie. La place qu’occupera ce
compagnon de labeur dépendra de notre seule volonté de collaborer avec lui en
bonne intelligence dans un partage des tâches accepté par tous. Par sa seule
présence, nous aurons à repenser totalement notre humanité, nos modes de
production de biens et de services, nos façons de travailler et de nous
divertir pour envisager d’autres formes d’organisation sociale adaptées aux
défis colossaux qui se dressent face à nous.
A l’est dudit océan, les «
entreprises numériques mondes » américaines déjà citées, inexistantes il y a
quarante ans, dominent la planète, nouvel empire sans conquête de terres,
instillant dans les esprits ce qu’il veut au moyen d’algorithmes
ultrapuissants.
Seul son regard reste froid,
noyé dans le lointain car il lui manque ces micromouvements ultrarapides qui
font briller nos yeux et captent l’auditoire.
Leur entrée dans l’univers
dérangeant de la robotique. Le petit phoque en peluche, Paro, est déjà utilisé
dans les maisons de retraite japonaises, où les personnes âgées leur parlent
tout en les caressant, dans la plus pure tradition shintoïste qui reconnaît une
âme à chaque objet.
Inexplicable connexion entre
la matière inerte et l’empathie humaine, relation qui semble aux Français
cartésiens totalement artificielle.
Robots soldats sans cœur,
conçus pour neutraliser électriquement leurs cibles ennemies après les avoir
reconnues ; retour aux combats de gladiateurs à l’échelle de l’arène planétaire
; soldats « moraux » qui ne neutraliseraient que leurs ennemis, sans piller les
maisons ni violer les femmes et égorger les enfants ;
Nos pensées ne seraient que
des combinaisons de concepts, dédiés à des buts et à des désirs résultant
seulement de multiples arrangements de perceptions fournies par nos organes
sensoriels, selon des modes de raisonnements logiques ou probabilistes.
Société humaine elle-même en
pleine mutation et s’interrogeant sur son devenir ? Nouvelles entités, tout
droit sorties des cerveaux d’ingénieux chercheurs, les robots conçus hors de
l’évolution biologique peuvent-ils être considérés comme vivants, c’est-à-dire possédant
les trois capacités de relation, de nutrition et de reproduction – fonctions
essentielles à la définition de la vie, micro-organismes, animaux et humains
confondus ?
Les mots que j’emploie ne
prennent sens qu’en fonction de l’environnement dans lequel ils sont prononcés.
La phrase « Je crois qu’il
pense que je ne sais pas qu’il ment » a de quoi faire tourner des heures les
processeurs des machines pensantes sans succès.
Concevoir, ce dont un
système purement raisonnable se montre incapable. Comment donc pourrions-nous
créer cette intelligence globale qui nous fait être humain, puisque nous-mêmes
ignorons comment nous fonctionnons ?
Ce qui nous fait sentir,
penser et agir tient d’abord à l’organisation d’un immense réseau d’échanges
fluides entre différents groupes de neurones impliqués appartenant à des zones
variées de l’encéphale, elles-mêmes en mutation incessante sous les
stimulations innombrables et quotidiennes nous renvoyant à Héraclite selon qui
« l’homme ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ». C’est le câblage
qui fait Homo Sapiens, autant si ce n’est plus que la collection de données
emmagasinées.
Dès l’instant où j’entre en
relation avec quelqu’un, des millions de neurones cherchent à se brancher sur
la même longueur d’onde que ceux de la personne qui me fait face. Nous
possédons ainsi un système de type Wi-Fi ultrasophistiqué.
Elias Canetti dans Masse et
Puissance (12). Il
Cette communication
ultrarapide constitue la « voie basse » de l’intelligence relationnelle – système
extrêmement précis qui fonctionne en mode du tout ou rien, en « J’aime/ J’aime
pas » sans réflexions ni nuances. La « voie haute » est l’autre pilier cortical
de notre intelligence relationnelle, siège de la réflexion consciente. C’est
notre cerveau civilisé dont la vitesse d’action est beaucoup plus lente, mais
plus nuancée et hautement sophistiquée. C’est à ce niveau qu’interviennent la
mémoire, les valeurs, les croyances et la culture qui forgent la personnalité.
Finalement, une personne
équilibrée est le sujet d’une collaboration étroite entre l’intelligence
réfléchie de sa « voie haute » et les fulgurantes intuitions de sa « voie basse
»
L’organisation des
relations, basée sur l’altruisme de notre cerveau social qui nous fait homme,
est aujourd’hui menacée : nous sommes littéralement bombardés heure après heure
d’informations effroyables par les divers médias distillant en boucle des
images violentes sans que nous puissions répondre à ces horreurs par une bonne
action. Nous nous sentons mal,
Les petits enfants jouent de
moins en moins et sont de plus en plus violents, la vie associative directe est
en déshérence, l’indifférence aux souffrances d’autrui nous gagne. Serions-nous
condamnés à disparaître par régression de notre cerveau social ? Je n’en crois
rien, à condition que nous réfléchissions à d’autres modes de convivialité et
que nous retrouvions le contact physique et la chaleur humaine indispensables à
une vraie vie sociale.
Étudier un cerveau dit «
normal » en tentant de l’imiter artificiellement n’a aucun sens dans la mesure
où il n’existe pas deux cerveaux identiques.
La physique et la chimie
sont au service de l’homme dans un agencement adaptatif permanent.
La machine reste
profondément bête, incapable de dépasser le raisonnement par déduction ou par
induction.
Je respire en marchant,
tenant une canne dans la main gauche tout en discutant avec mon voisin comme
Aristote déambulait avec ses élèves du lycée, et en plus je fais attention à ne
pas trébucher sur une pierre sans perdre de vue les nuages qui s’amoncellent
dans le ciel que je pointe avec mon index droit. Ce que notre encéphale
accomplit en une seconde réclame quarante minutes au super-ordinateur japonais
K.
Durant l’évolution des
primates et du développement du cerveau humain, la chimie a pris une importance
croissante dans notre vie que les pseudo-neurones artificiels des ordinateurs
ne pourront jamais suppléer.
La capacité de travail du
cerveau robotique est beaucoup trop faible, parcellaire et normée pour
participer aux échanges.
Epigénomique incessante : je
ne suis pas, je n’existe pas, je deviens sans cesse.
Rien de plus détestable que
d’entendre parler à longueur de médias de ces « innovations de rupture », alors
qu’il s’agit le plus souvent de pâles améliorations techniques.
Dans certains cercles de
chercheurs. Ces derniers sont obnubilés par l’idée selon laquelle l’univers se
résume à des processus mathématiques, mécaniques, chimiques et biologiques
contenus dans un modèle que nous comprendrons un jour.
Si le métronome garantit un
ordre de vitesse, il laisse toute latitude à l’interprète pour s’en détacher en
créant ce rapport indicible entre la partition et l’auditoire. Pas un morceau
n’est joué deux fois exactement à la même vitesse par le même artiste ni par
plusieurs artistes différents. La liberté totale dans un univers normé !
Il suffit de regarder le
visage d’un pianiste pour mesurer combien son corps est engagé dans la
production du son jusqu’au plus profond de lui-même, dans des mimiques parfois
infimes exprimant, au-delà de ses doigts sur le clavier, sa totale appartenance
à la pièce qu’il joue, dans un abandon de sa propre individualité pour
rejoindre un état dans lequel la partition, l’instrument, le public et lui-même
ne font qu’un :
La musique est le mode de
communication le plus abouti, le plus mondialisé, le plus global.
Une vraie musique peut
s’écouter des centaines de fois sans ennui grâce à ce phénomène de surprise
créée par la composition, même répétée, qui la différencie de la ritournelle
lassante. Son interprétation, qui varie elle aussi selon les musiciens, ajoute
de la surprise à l’œuvre entendue.
On passe sans rupture
d’éléments physiques mathématiquement distribués à une inexplicable alchimie
mélodique et harmonique qui ne se joue qu’une fois de la même façon dans la
communion admirable d’un langage écouté et compris par tous. La fusion entre la
matière et l’esprit que génère la musique est éblouissante, sans pour autant
recevoir d’explication.
C’est ce que je fais avec
mon accordéon électronique Cavagnolo, qui a quand même besoin du soufflet et de
mes doigts pour jouer comme je l’entends des airs composés par d’autres. Je
peux à volonté distordre les sons, ajouter des accompagnements avec divers
instruments sélectionnés, mais je choisis moi-même ce que je veux faire.
L’ordinateur m’accompagne, il ne me remplace pas.
Tenir un archet fait appel à
une multitude de sensations qui déclenchent autant de variations de mouvements,
de pression, d’attaque et de vitesse sur les deux cordes que l’on peut faire
vibrer ensemble, qualité technique que le violoniste mécanique est incapable de
développer suffisamment pour m’émouvoir.
Sans vibration pas de son
véritable, mais du bruit pénible.
Les compositeurs qui ont
raconté leur mode de création retrouvent cette faculté étrange que possède
notre cerveau de travailler : les notes viennent toutes seules, comme si elles
sortaient d’une imprimante sans que je les aie commandées, tout comme les idées
Que la machine acquiert un
certain degré de conscience, peut-être, mais qu’elle atteigne la conscience de
sa conscience pour exprimer ses états d’âme semble au-delà de ses capacités
globales.
Les instruments résonnent
parce que les matériaux qui les composent sont naturels. Allez donc faire
résonner des robots !
Sans affect, sans drame
personnel, sans joie ineffable point de musique. Homo Artificialis ne tiendra
qu’une place limitée en matière de création musicale. Dans son rôle d’assistant
dévoué, il servira de support technique à la panoplie des sons et à leur mixage.
Passage sous une porte basse
en se courbant remet à la même place chacun des participants quel que soit son
statut social.
La sagesse orientale se
situe aux antipodes de notre volonté occidentale de dominer le monde par la
force et la raison. L’homme asiatique se moule dans l’univers sans chercher à
le violer : il le respecte puisqu’il s’y inscrit.
« Cesse de vouloir à tous
vents et laisse l’infini te remuer », répétait Tchouang-tseu.
Participer à l’harmonie de
l’univers dans un libre partage. Quels ingénieurs parmi les plus doués
pourraient-ils modéliser ce qui n’appartient plus à l’esprit ni au corps, mais
à l’être
« Nous vous l’avions bien
dit, ça devait arriver : à force de produire des machines pour vous servir,
vous êtes devenus vous-mêmes les esclaves de vos instruments.
Les humains provoquent alors
un hiver nucléaire en recouvrant la Terre d’un nuage filtrant les rayons
solaires pour empêcher les Machines de les dominer.
Grands singes, les dauphins
ou les rats. La conscience humaine va au-delà en générant cet espace de liberté
que représente la capacité de déroger aux règles dans un projet éthique qui le
surpasse – signature même de l’homme.
Nous croyons décider
librement de nos actes, mais nos comportements n’échappent pas aux causes qui
régissent l’ensemble du monde physico-chimique. Mes choix seraient-ils donc
programmés avant même d’en avoir conscience ? Voilà qui donnerait du grain à
moudre aux défenseurs du cerveau tout-numérique.
Tous les jours nous prenons
d’innombrables décisions qui sont en fait déterminées en amont par de
nombreuses causes dont nous n’avons pas conscience.
Quand je rattrape à la volée
un verre que j’ai poussé par inadvertance au bord de la table, je suis tout
surpris d’avoir fait le bon geste mais ma conscience de l’acte vient après.
Nous usons donc de notre
liberté dans de très rares occasions car la nature est peu suspecte de gâchis.
Le volontarisme ancré au cœur des sociétés occidentales qui nous meut serait-il
une erreur de l’Histoire ?
Si je choisis, c’est parce
que j’ai autant de raisons de faire une chose plutôt qu’une autre ; sinon,
lorsque la solution est unique ou évidente, le choix s’estompe. Il explique,
dans ces cas où l’on croit choisir, qu’un réseau neuronal l’emporte sur
l’autre, mais sur quels critères
Musk n’est pas philosophe,
mais il pose à sa manière un peu rustique les questions auxquelles toutes les
sagesses et religions occidentales, asiatiques et primitives ont tenté de
répondre selon des modes de pensées variés. Il nous oblige, à l’aune des
progrès dans le décryptage de ce qu’est l’intelligence, à nous extraire des
schémas classiques pour nous rapprocher de l’inconnue de notre présence au
monde.
Conscients des dangers de la
puissance de leurs bases de données et de leurs calculateurs, avertis des
risques d’une transparence absolue des rapports humains, Google, Facebook,
Amazon et IBM viennent de créer un groupe de réflexion sur l’éthique numérique
et le respect des bonnes pratiques : le Partnership Artificial Intelligence,
qui devance les États dans leur rôle de régulateur. Voilà quatre des plus
grandes compagnies au monde penchées sur le berceau de leurs productions au
bénéfice des peuples et des sociétés bousculées par leurs inventions.
Réparer nous ferait croire
que des solutions techniques peuvent être opposées à tous les défauts, à toutes
les erreurs, à toutes les turpitudes, à tous les mensonges.
L’homme est ainsi fait, seul
être vivant capable de se dépasser pour défricher l’univers avant de
l’expliquer pour mieux le dominer. L’animal ne s’aventure jamais, il délimite
son territoire.
Francis Fukuyama s’insurge
contre ces nouveaux prométhéens qui jouent avec le feu des circuits intégrés, «
chercheurs dans le domaine de l’intelligence artificielle contournant la
question de la conscience en changeant de facto de sujet. Ils supposent que
l’encéphale est simplement un modèle extrêmement complexe d’ordinateur
organique qui peut être identifié par ses caractéristiques extérieures » (29).
L’intelligence artificielle
dépossédera le médecin d’une part de son pouvoir médical reposant sur le savoir
; mais elle le libérera pour retrouver l’essentiel de la relation, de la
compassion et de l’accompagnement de l’homme meurtri par la souffrance.
Actuellement, les malades peuvent accéder aux mêmes informations que les
médecins ; ce qu’ils attendent de notre part est ce surplus d’humanisme dans la
décision qui les concerne personnellement en raison de notre expérience.
La densité de ma vocation
médicale ne sera plus dépendante du savoir mais de la relation à l’être
Aujourd’hui, les barbares de
l’État islamique utilisent les techniques informatiques les plus sophistiquées
pour commettre leurs crimes, avant de les diffuser en direct sur toute la
planète. Quelle belle victoire pour la science ! Amer constat qui démontre
l’absence totale de corrélation entre les progrès dans la connaissance de
l’homme et le développement d’un monde apaisé et fraternel.
L’espoir de voir la science
façonner des rapports sociaux plus fluides en critiquant les idéologies religieuses
qu’elle dénonçait avec vigueur, comme y aspiraient les savants au xixe siècle,
est un vœu pieux, une illusion, un mirage.
Réfléchir au pourquoi d’une
pensée radicale distillée par certains spécialistes des sciences numériques et
cognitives qui vire à l’idéologie la plus réductrice. En considérant l’homme
comme un sous-produit ayant achevé son parcours pour laisser place à des
cerveaux augmentés, hyperconnectés, débarrassés de leurs enveloppes corporelles
gênantes, les posthumanistes rabaissent l’homme à un système numériquement
perfectible.
Détruisant la notion de vie
même, au résultat inverse de notre désir le plus cher. La mort de la mort
qu’anticipe Laurent Alexandre ne répond pas à la vie de la vie, mais à la mort
de la vie.
Quand l’asymptote de la
courbe de longévité rejoint la ligne droite verticale de l’infini jusqu’au
fameux point de singularité, cette même valeur temporelle s’estompe avant de
s’évaporer.
Mourir ne m’inquiète donc
pas, puisqu’il s’agit de l’aboutissement naturel de mon état d’être vivant. La
mort est d’autant moins inquiétante que je ne saurai jamais moi-même que j’ai
disparu, le mort étant finalement le seul à ne pas être au courant de sa
situation nouvelle.
Homo Artificialis possède
dès sa naissance des qualités qui, à certains égards, le rendent supérieur à
Sapiens : il n’a pas besoin d’années d’éducation pour devenir opérationnel, il
agit sans fatigue jour et nuit, il ne tremble pas, il assure ses gestes avec
une précision supérieure à celle de la main humaine, il n’est jamais dépressif,
ni saoul, ni drogué.
Plus nous serons entourés,
pour ne pas dire cernés, de robots, d’écrans, d’objets connectés, de synthèse
et de virtuel, plus nous aurons besoin de nous retrouver pour nous voir, nous
parler, nous toucher, rire, pleurer, échanger – vocation première de l’homme
dans la plénitude de sa fonction biologique et spirituelle.
La machine ne tue donc pas
l’homme : elle le replace au centre du système productif dans des rôles de
contrôle et de relation, qui sont ses qualités premières.
Croire que les GAFA vont
disparaître détrônées par les marchés locaux, alors que ces compagnies règnent
sans partage sur la collection des données, la communication et la distribution
des biens courants, voilà qui est naïf.
Refrain du « tout le monde
il est beau, tout le monde il est gentil » berce nos sociétés occidentales
repues, prêtes à une certaine décroissance, mais les autres qui rêvent de notre
confort veulent y accéder au plus vite. Trop facile de dire « Stop » le ventre
plein, quand le voisin crève de faim avec dans les yeux le mirage étincelant de
notre monde occidental
Finalement, c’est à une
régulation de partage qu’il faut nous atteler, combinant un capitalisme
revisité à des coopératives loco-régionales, tous deux dévolus à des politiques
économico-sociales complémentaires au service de l’humanité.
En trente ans, le nombre de
personnes vivant avec moins de deux dollars par jour est passé de 43 à 12 %
tandis que la démographie mondiale a quasiment doublé. Moins de 10 % d’entre
nous restent dans l’extrême pauvreté. La faim régresse, selon le rapport 2014
de la FAO (44) relevant plus de 200 millions d’hommes, de femmes et d’enfants
qui ne meurent plus de n’avoir rien à manger. Il en reste 800 millions à subir
les aléas climatiques, les guerres tribales et les épidémies mortifères qui les
accompagnent silencieusement.
Que faire d’autre que tendre
la main, sourire, pleurer, consoler et agir en partageant ce sentiment d’être
ensemble sur une grosse boule ronde dont les forces nous dépassent. Ne me
demandez pas où est l’au-delà, je n’en sais rien ; ne me proposez pas de vivre
mille ans au prix de manipulations incertaines, je m’en moque éperdument ; ne
cherchez pas à augmenter mes capacités, j’ai assez à faire avec ce fichu corps
qui grince pour ne pas multiplier les bogues, mais surtout ne résumez pas la
vie à une complexité organisationnelle numérisable qui pourrait à elle seule
expliquer notre présence au monde.
Si je ne me résume pas à une
machine, que me reste-t-il pour me définir ? Je sais que je pense, je pense
donc je vis, je vis donc je change, je change parce que j’échange, mais je ne
sais ni où je vais ni d’où je viens.
tombe ? J’en doute fort, et
là se situe probablement le cœur de nos différences. Si je ne me résume pas à
une machine, que me reste-t-il pour me définir ? Je sais que je pense, je pense
donc je vis, je vis donc je change, je change parce que j’échange, mais je ne
sais ni où je vais ni d’où je viens.
Incapacité à pénétrer
l’intimité de la matière qui nous façonne.
Alors que tout semble
matière, l’esprit résultant de combinatoires extrêmement complexes et
évolutives que nous ne comprenons pas, en viendrions-nous à penser que rien
n’est matière mais seulement flux, vibration, énergie pour exprimer les états
quantiques, ou qu’ondes et corpuscules soient une même réalité à facettes
variables, élégant moyen de décrire le continuum qui relie l’inerte au vivant,
de la collision nucléaire à la pensée symbolique
Dehors d’un évolutionnisme
quasiment tombé en désuétude, nous constatons que la réalité de l’univers
dépasse nos grossières approches raisonnées.
Nous sommes
incontestablement faits d’autres choses que de théorèmes et d’équations et
certains phénomènes étranges aux esprits cartésiens qui nous habitent, appelés
paraphysiques d’une science dite occulte, défient notre entendement.
Nous sommes effectivement en
contact permanent les uns avec les autres, parfois à très grande distance,
rejoignant la tradition bouddhiste de l’Anatman selon laquelle « rien n’aurait
une existence indépendante et réelle en soi », le monde étant une simple
agrégation de phénomènes conditionnés.
De l’attention à l’autre et
du partage accapare toute mon énergie, toute ma force ? La science n’a jamais
apporté plus d’être, mais un simple mieux-être quand ses dérivées techniques
pratiques ne se sont pas retournées contre l’homme lui-même.
Les chercheurs et les
ingénieurs pensent qu’ils pourront un jour parachever la définition de l’humain
en comprenant les causes intimes de nos pensées et de nos actes.
Si demain nous étions
capables de connaître jusque dans les plus petits détails notre anatomie
intime, notre biologie, notre chimie, nos circuits sensoriels, moteurs et
cognitifs, la vie personnelle disparaîtrait au profit d’un individu formaté, normalisé,
aseptisé.
Zarathoustra selon lequel la
vie est dépassement « Je suis ce qui doit toujours se surmonter soi-même
Si je ne comprends pas
vraiment qui je suis, serait-il possible que je sois dans des états différents,
matériel et spirituel, comme l’eau, mais simultanément : solide lorsqu’elle est
glacée et dure comme la matière, liquide à température ambiante et fluide comme
la vie, gazeuse à haute température, vapeur d’esprit dispersant ses volutes
intuitives ?
Il n’existe rien de
constant, si ce n’est le changement.
Il n’y a donc pas de réalité
indépendante, neutre, il n’y a que nos propres réalités ou plutôt je ne suis
probablement que l’imagination de moi-même, vivant dans un monde que je
m’invente et que je modifie sans cesse.
L’agence Cybio, filiale
imaginaire d’Alphabet, nous démarchera pour nous proposer en leasing des
forfaits H +, H + + ou H + + + selon nos moyens financiers en nous vantant de
voir plus loin, de mieux entendre, de sentir, d’agir, de penser et de jouir,
C’est la fragilité qui me
rend humain, profondément humain, c’est le handicap qui me fait me dépasser,
c’est le malheur qui m’ouvre aux autres, c’est l’amour qui m’entraîne à donner.
La Digitocratie avance
masquée, elle pourrait nous anéantir sans même que nous en rendions compte.
Nous piétinons, hagards, sur un champ de ruines conceptuelles labouré par les
Derrida, Lyotard et autres grands prêtres de la french theory qui, il y a
quarante ans ont cassé nos jouets sans nous en offrir d’autres. Échappés en
titubant d’une déconstruction magistrale de l’ordre ancien, vers quels horizons
allons-nous marcher ? Les hiérarchies ont été piétinées, les experts conspués
et, par miracle, le peuple serait devenu savant.
L’opinion, cette prostituée
des médias. Ces derniers, en parfaits souteneurs comptant leurs billets,
diffusent en boucle l’horreur et le drame.
Notre vision de l’Évolution
fut biaisée par le « tout-darwinien », or la nature sait collaborer autant que
se battre pour sa survie.
Lançons la « World
Consultation on Humankind » (WCHkind), forum du Pan-humanisme, afin de mener
ensemble l’indispensable réflexion sur le sens de l’humanité et sur la place
que nous offrirons aux machines pensantes et aux robots.
L’être qui ne rime pas avec
le plus mais se situe au-delà, dans la symbiose de l’amour et du pardon.
Le Pan-humanisme s’appuiera
sur cinq piliers indissociables : partager, participer, soulager, refuser,
promouvoir.
Au
moyen de la World Consultation on Humankind, jetons les bases d’une nouvelle
démocratie dans laquelle des forums réguliers traiteront des grandes
préoccupations que sont la santé et l’environnement, l’éducation, la défense et
la finance.
23/02/20
Monsieur,
Je vous ai "découvert" au récent Forum de
Bioéthique (Strasbourg) suscitant l'envie de "vous" approfondir.
Si tous les sujets de société me passionnent ma tête
néophyte mais chercheuse m'a conduit à explorer ce que deviendrait le travail
et plus généralement le "statut" de l'homme. ..."Le Travail
sera-t-il encore nécessaire ?( il y a 30 ans)" ,"Transhumanisme"
dont je fis description neutre, précurseur, par quelques exposés à public
français alors médusé voire opposant, méprisant, mais avant surtout refusant
parce que se sentant définitivement l'archipel de la valeur universelle ; ne
voyant pas venir, je vous cite, que: "Musk n’est pas philosophe, mais il
pose à sa manière un peu rustique les questions auxquelles toutes les sagesses
et religions occidentales, asiatiques et primitives ont tenté de répondre selon
des modes de pensées variés. Il nous oblige, à l’aune des progrès dans le
décryptage de ce qu’est l’intelligence, à nous extraire des schémas classiques
pour nous rapprocher de l’inconnue de notre présence au monde".
J'ai toujours les mots "intelligence
artificielle" et "transhumanisme" en recherche Google et je lis
moult ouvrages même si je pressens puis constate leur tendance hyperoptimiste
(côté Amérique ou Chine) ou hyperréfractaire (côté européen et surtout
français).
AUSSI est-ce un grand bain de fraîcheur, ENFIN, de
(vous) lire un humaniste lucide,
réussissant en plus à pimenter ses pointues analyses de "coup de
guelte" dont l'Intelligence Artificielle
ne sera jamais capable. CQFD ! Champion !
AUSSI, je vous remercie et vous dis ma disponibilité
pour œuvrer selon votre appel : "Au
moyen de la World Consultation on Humankind, jetons les bases d’une nouvelle
démocratie dans laquelle des forums réguliers traiteront des grandes
préoccupations que sont la santé et l’environnement, l’éducation, la défense et
la finance.
Veuillez agréer monsieur l'expression de ma
reconnaissance
Patrick Lener,
0680889447 / lenerpatrick@gmail.com