Réflexions
sur la révolution en France, Edmund Burke, Les belles Lettres
Burke défendait les
hiérarchies traditionnelles. Pour Burke, l’aristocratie, comme la monarchie et
toutes les autres conventions du code traditionnel de l’honneur, sont pour tous
les hommes une protection, parce qu’elles adoucissent la domination, mais
surtout parce qu’elles dissimulent la nature animale de l’homme, en donnant au
respect et à l’admiration une base vécue que le travail des Lumières risque
toujours de ruiner. Burke, Edmund.
Réflexions sur la Révolution en France
Il serait aussi ridicule de
tenter de fixer l’hérédité de la beauté que celle de la sagesse. Quelle que
soit la sagesse, c’est comme une plante sans semence, on peut la cultiver quand
elle paraît, mais on ne saurait la reproduire à volonté. Il y a toujours une
quantité suffisante à toutes les fins dans la masse de la société ; mais elle
n’a pas de point fixe, elle grandit continuellement. Burke, Edmund. Réflexions
sur la Révolution en France
Le préjugé est bon en son
temps, car il rend heureux. Il ramène les peuples à leur centre, les rattache
plus solidement à leur souche, les rend plus florissants selon leur caractère
propre, plus ardents et par conséquent aussi plus heureux dans leurs penchants
et leurs buts. Burke, Edmund. Réflexions
sur la Révolution en France
Dans le contenu de sa
critique, en revanche, Genz reste très proche de Burke : il reproche à la
Déclaration d’avoir érigé en principes politiques les droits présents dans
l’état de nature Burke, Edmund.
Réflexions sur la Révolution en France
La doctrine de la
Déclaration aboutit à une contradiction permanente entre théorie et pratique.
En fait, le mérite propre de Gentz .Burke,
Edmund. Réflexions sur la Révolution en France
La supériorité des «
préjugés » sur le jugement individuel manifeste clairement l’infirmité de la
Raison humaine.Burke, Edmund. Réflexions
sur la Révolution en France
La Constitution anglaise est
« le plus bel équilibre de forces qu’on ait jamais vu dans le monde », alors même
qu’elle n’est pas le produit d’une action délibérée189, mais l’« ouvrage des
circonstances190 », et sa valeur vient de sa fidélité toujours maintenue aux
formes traditionnelles (féodales) de la représentation. Burke, Edmund. Réflexions sur la Révolution en France
Constant y analyse les
raisons qui font croire à la supériorité des préjugés sur les principes
rationnels. La force des préjugés vient de ce qu’ils sont liés au monde vécu
traditionnel, alors que, si l’on ignore les « principes intermédiaires » qui
les rendraient praticables198, les « principes » semblent heurter de front les
intérêts constitués : Lorsqu’on jette tout à coup, au milieu d’une association
d’hommes, un principe premier, séparé de tous les principes intermédiaires qui
le font descendre jusqu’à nous et l’approprient à notre situation, l’on produit
sans doute un grand désordre ; car le principe arraché à tous ses entours,
dénué de tous ses appuis, environné de choses qui lui sont contraires, détruit
et bouleverse ; mais ce n’est pas la faute du principe premier qui est adopté,
c’est celle des principes intermédiaires qui sont inconnus : ce n’est pas son
admission, c’est leur ignorance qui plonge tout dans le chaos. […] Les
préjugés, au contraire, ont eu ce grand avantage, qu’étant la base des
institutions, ils se sont trouvés adaptés à la vie commune par un usage
habituel : ils ont enlacé étroitement toutes les parties de notre existence ;
ils sont devenus quelque chose d’intime ; ils ont pénétré dans toutes nos
relations ; et la nature humaine, qui s’arrange toujours de ce qui est, s’est
bâtie, des préjugés, une espèce d’abri, une sorte d’édifice social, plus ou
moins parfait, Edmund. Réflexions sur la
Révolution en France
Il est vrai, comme l’avait
dit Burke, que le jacobinisme est d’abord une insurrection du talent et de
l’énergie contre la « société. Burke,
Edmund. Réflexions sur la Révolution en France
D’où vient, dans ces
conditions, la force persuasive des Réflexions sur la révolution en France ?
Leur charme naît de l’art incomparable avec lequel Burke a su évoquer les
limites que la finitude humaine donne à l’action politique : l’impossibilité de
déchirer sans traumatisme le « voile » des conventions, la nécessité où nous
sommes de comprendre le lien social à partir d’un « monde de la vie » dont les
principes ne sont jamais totalement explicitables, l’enracinement de
l’émancipation elle-même dans la dépendance qui marque toute éducation. Burke, Edmund. Réflexions sur la Révolution
en France
Pour les individus, l’effet
de la liberté est de leur permettre de faire ce qui leur plaît ; voyons donc ce
qu’il leur plaira de faire avant de nous risquer à des félicitations que
bientôt peut-être il faudra changer en condoléances. Burke, Edmund. Réflexions sur la Révolution en France
Tout bien considéré, la
révolution française est la plus étonnante qui soit jamais survenue dans le
monde. Les choses les plus surprenantes y sont souvent produites par les moyens
et dans les conditions les plus absurdes et les plus ridicules ; et, semble-t-il,
par les agents les plus méprisables. Tout paraît hors de nature dans ce chaos
étrange où la légèreté le dispute à la férocité et où tous les crimes se mêlent
indistinctement à toutes les folies. Comment cette monstrueuse tragi-comédie
n’inspirerait-elle pas tour à tour, et parfois même tout ensemble, les
sentiments les plus opposés ? Burke,
Edmund. Réflexions sur la Révolution en France
Le zèle du docteur Price est
de nature bien singulière. Il aspire à la propagation non de ses propres idées,
mais de n’importe lesquelles ; non point à la diffusion de la vérité, mais à
l’universalisation de la contradiction. Burke,
Edmund. Réflexions sur la Révolution en France
Vos anciens états vous
assuraient de tous ces avantages ; mais vous avez préféré agir comme si vous
n’aviez jamais constitué une société ni formé un ordre civil, et qu’il vous
fallait tout refaire à neuf. Vous avez mal commencé parce que vous avez
commencé par mépriser tout ce qui vous appartenait. Burke, Edmund. Réflexions sur la Révolution en France
La liberté s’accorde avec la
loi, mais celle-ci trouve dans une liberté disciplinée le meilleur des
auxiliaires. Vous eussiez bénéficié d’un système fiscal productif, mais qui ne
serait oppressif pour personne. Vous eussiez disposé, pour alimenter les
caisses de l’État, d’un commerce florissant. Vous auriez eu une constitution
libre ; une monarchie puissante ; une armée disciplinée ; un clergé réformé et
respecté ; une noblesse moins fière mais pleine de caractère, prête à
encourager au mérite et non à l’étouffer ; vous auriez eu un Tiers d’esprit
libéral, qui éveillerait l’émulation de la noblesse et lui fournirait de
nouvelles recrues ; vous auriez eu un peuple protégé, content, laborieux et
obéissant, un peuple formé à rechercher et à reconnaître le bonheur que procure
la vertu dans tous les états de la vie. C’est dans ce bonheur et dans cette
vertu que consiste la véritable égalité morale parmi les hommes, et non pas
dans ces fictions monstrueuses qui, en inspirant des idées fausses et des espérances
vaines à des hommes destinés à cheminer dans l’obscurité d’une vie laborieuse,
ne servent qu’à alourdir et à envenimer l’inégalité de fait à laquelle elles ne
peuvent mettre fin. Burke, Edmund.
Réflexions sur la Révolution en France
En s’éclairant de ces
fausses lumières, la France a payé plus cher pour s’attirer d’incontestables
calamités que tout autre pays pour se procurer les biens les plus certains. Burke, Edmund. Réflexions sur la Révolution
en France
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire