samedi 23 mai 2020

Sapiens face à Sapiens, Pascal Picq, Flammarion


Sapiens face à Sapiens, Pascal Picq, Flammarion


Un nouveau transhumanisme postule que, si l’humanité est parvenue à son pinacle, alors il faut avoir recours au « solutionnisme » technologique pour dépasser cette condition de nature, autrement dit, se dégager de l’évolution. Or il n’en est rien. Nous réalisons que ce que nous sommes dépend précisément des choix culturels et techniques de nos ancêtres – ainsi de l’alimentation – et de nos modes de vie contemporains. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens

Une part croissante des populations humaines « décroche » partout dans le monde : cela se traduit en termes de santé, d’espérance de vie, de libido, de capacités cognitives, de fécondité… Une mal-évolution de plus en plus dramatique. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens

Forte est la tentation de glisser dans la facilité et le confort, une servitude volontaire et délétère qui anéantit tout ce qui a fait l’aventure de la lignée humaine depuis 2 millions d’années : relations sociales, cultures, activités physique et sexuelle, mobilité… Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens


Homo sapiens peut-elle s’adapter aux conséquences fulgurantes de son succès depuis 40 000 ans et à son amplification sans précédent depuis un demi-siècle ? Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens

Aujourd’hui, la diversité des populations provient en partie de gènes captés par hybridations multiples avec des espèces sœurs tout aussi humaines que Sapiens. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens

Notre lignée devient « humaine » en inventant la coévolution entre notre biologie et nos milieux technico-culturels, ce que j’appelle la deuxième coévolution. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 10
Toute évolution est un compromis, et plus une espèce connaît un fort accroissement démographique, plus elle modifie ses environnements ; il lui faut alors s’adapter aux conséquences. Depuis que je suis né, la population humaine a triplé et vieilli. Les conséquences en sont l’effondrement des écosystèmes, le dérèglement climatique et l’urbanisation massive. Les conséquences de ces conséquences se font encore à peine ressentir, mais nous sommes entrés dans une phase critique de l’évolution humaine qui se traduit déjà par de profondes transformations anthropologiques. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens

En toile de fond, pesant sur l’humanité, la menace des contraintes de la nature, l’impact de celle-ci sur notre espèce via les nombreux sévices qui lui sont infligés. L’humanité sera-t-elle capable de s’en affranchir ? Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens

L’adaptation des « premiers hommes » faisait intervenir l’usage d’outils, en particulier pour la préparation de la nourriture : cela eut comme conséquence possible une réduction de la taille des mâchoires et des dents. Alors, s’agit-il ici précisément de coévolution ? Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens

Ce processus de réduction des molaires de la dernière vers la première qui n’affecte pas la dentition antérieure est une caractéristique séculaire de l’évolution du genre Homo d’Erectus à Sapiens. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens

À partir d’Homo erectus, les humains ne se déplacent plus que d’une seule allure : le trot. Pour marcher ou courir, Homo erectus avance alternativement une jambe d’un côté avec un bras de l’autre. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens

Le choix de la pierre, les formes obtenues par leur symétrie et leur équilibre, la qualité des retouches témoignent d’une recherche esthétique. Plus encore, la reconstitution des chaînes opératoires – l’ensemble des gestes nécessaires à la fabrication – mobilise des capacités cognitives identiques à celles utilisées pour le langage. Le geste et la parole procèdent de la même façon, que ce soit pour faire un biface ou une phrase ; les retouches, par exemple, sont l’équivalent cognitif des récursions de nos discours. L’anatomie de leur main le permet, comme celle de la partie antérieure du cerveau gauche pour le langage. Erectus invente les premiers modes d’expression symbolique. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens

Actuellement, nombre de personnes en quête d’une vision naïve de la vie de nos ancêtres ont adopté des régimes basés sur des nourritures végétales et animales crues. Plus minces que la moyenne de la population, elles souffrent chroniquement de déficits en calories et les femmes ont des problèmes sévères de fertilité. Car, même en vivant dans un environnement citadin, avec des aliments de bonne qualité produits par l’agriculture, sans risque de rupture d’approvisionnement et nonobstant les moyens efficaces proposés par nos ustensiles de cuisine pour les préparer, les « crudistes » souffrent régulièrement de déficiences physiologiques. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens

Actuellement, nombre de personnes en quête d’une vision naïve de la vie de nos ancêtres ont adopté des régimes basés sur des nourritures végétales et animales crues. Plus minces que la moyenne de la population, elles souffrent chroniquement de déficits en calories et les femmes ont des problèmes sévères de fertilité. Car, même en vivant dans un environnement citadin, avec des aliments de bonne qualité produits par l’agriculture, sans risque de rupture d’approvisionnement et nonobstant les moyens efficaces proposés par nos ustensiles de cuisine pour les préparer, les « crudistes » souffrent régulièrement de déficiences physiologiques. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens pp. 72-73.

L’hypothèse canonique de la viande procède de l’idée que sa digestibilité favorise l’absorption au niveau du petit intestin, tandis que la part du régime incorporant des nourritures végétales dégradées par le microbiote dans le gros intestin régresse. Une transformation biologique et physiologique considérable en découle, avec, d’un côté, la réduction de la taille du gros intestin et du cæcum et, de l’autre, l’augmentation de la taille du cerveau. Est-ce que cette évolution a commencé avec Erectus ? Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 74

Notre ventre se comprend comme notre « deuxième cerveau » : ce que nous mangeons nourrit et influence nos capacités cognitives.Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 75

Par-delà la mode actuelle de l’altruisme, les études comparées en éthologie montrent que les sociétés qui pratiquent la solidarité, la coopération et l’altruisme s’adaptent mieux et résistent mieux aux périodes de crise Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 90


Toute bonne recherche s’appuie sur de bonnes questions et non sur des clichés jamais questionnés. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 91

Depuis qu’existent les sciences du lointain passé de l’homme, la préhistoire et la paléoanthropologie ont été asservies à une idéologie du progrès qui centre tout sur un Occident triomphant et dominateur depuis la Renaissance, renvoyant les autres civilisations et surtout les peuples dits traditionnels à des stades inférieurs d’une histoire universelle dominée par les Européens, ce qu’on appelle l’évolutionnisme culturel. Par conséquent, on a négligé toutes les capacités d’innovation des autres peuples, que ce soit dans l’histoire et, a fortiori, dans la préhistoire. Picq, Pascal. Sapiens face à p. 205

Nos grands navigateurs de la Renaissance revivront cette aventure, mais, partout où ils accostèrent, il y avait déjà des hommes, les premiers vrais conquérants des Nouveaux Mondes qui les y avaient précédés en des temps qu’ils ne pouvaient pas imaginer ; eux étaient portés par d’autres imaginaires et représentations du monde.
Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 208

Savoir si les civilisations répondent à des projets humains nonobstant la nature ou en réaction à des changements climatiques. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens  (p. 212

Nous avons constamment négligé un facteur à propos de l’évolution : plus les espèces ont du succès, plus elles doivent s’adapter aux conséquences de ce succès… Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 213

Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829) est le fondateur du transformisme, une théorie évolutionniste qui décrit comment les espèces s’adaptent en réponse aux facteurs de l’environnement. C’est de l’innovation active où, selon une expression célèbre, les nécessités sont les mères des inventions. Seulement, ce postulat contient une conséquence arbitraire : si les conditions ne changent pas, alors à quoi bon inventer ? Dans le processus lamarckien, il y a adéquation de fait entre les problèmes et leurs solutions. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 218

L’histoire de l’humanité se raconte toujours sur le mode solutionniste, des premières pierres taillées au transhumanisme actuel avec, en filigrane, des inventions portées au crédit des seuls hommes, les mâles, qui dégagent l’humanité des contingences naturelles, ce que ne peuvent faire les femmes, trop contraintes par leur nature. Il en va très différemment dans les mondes darwiniens, où les inventions précèdent les innovations. En d’autres termes, les caractères ou les inventions n’apparaissent pas en réponse à un besoin, mais attendent d’être sélectionnés : les solutions attendent leurs problèmes. Il en va ainsi de la génétique et de tous les mécanismes produisant des variations, comme la sexualité ; on découvre qu’il en est de même pour les innovations techniques et leurs usages, notamment dans le cadre de la révolution numérique actuelle, où l’on parle de darwinisme artificiel. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens pp. 218-219

Nous sommes tellement ancrés dans ce qui est devenu le dogme lamarckien – mais Lamarck n’y est pour rien – que l’on n’a pas vu venir la révolution numérique. Tant que nos penseurs politiques et économiques de toutes obédiences – nourris de conceptions progressistes de la philosophie et de l’histoire – n’ont pas compris « à quoi ça sert », ils méprisent les inventions. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 220

Nos penseurs s’efforcent de comprendre en quoi une invention peut servir un monde existant, mais ils ne saisissent pas qu’elles vont changer le monde tel qu’il est. Préserver les acquis plutôt que d’envisager de nouveaux acquis. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 220

On note ces profonds changements dans les activités physiques sur fond de sédentarité accrue et de moindre déplacement, par rapport à ce qu’on connaissait pour la collecte ou la chasse. À cela s’ajoute la propagation des maladies contagieuses liées à la concentration des habitants. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 226

La pensée axiale. Ce concept a été proposé par le philosophe Karl Jaspers au siècle dernier pour décrire les émergences simultanées et indépendantes de nouveaux systèmes de pensée philosophiques et religieux dans les civilisations gréco-romaine, perse, indienne et chinoise avec l’écriture et les écritures, ce qu’on appelle aussi la naissance de la raison graphique. Picq, Pascal. Sapiens face à p. 242

La théorie mémétique admet que nos systèmes de pensée contiennent des éléments qui se diffusent comme des gènes – les mèmes, qui seraient aux représentations du monde ce que les gènes sont à notre biologie, donc au cœur des processus coévolutifs, tout en rappelant que les gènes et les mèmes n’ont aucune relation fonctionnelle. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 245.

Si toute l’histoire de l’humanité sapienne a été celle de chasseurs-collecteurs, celle-ci a tout au plus 10 000 ans, soit à peu près un cinquantième de l’histoire évolutive de Sapiens en tant qu’espèce. Les agricultures et les éleveurs façonnent son évolution biologique et culturelle, tandis que l’histoire ne marque son empreinte qu’à partir des âges des métaux, plus précisément du bronze et du fer, avec les premières cités-États et les empires, il y a seulement 5 000 ans. Quant à la Révolution industrielle, elle s’est opérée il y a deux siècles. Une prodigieuse verticalisation du monde en découle depuis lors, avec des différences économiques considérables dans la diversité des populations actuelles. Mais voilà que, d’un coup, toutes ces sociétés humaines se retrouvent connectées dans l’espace digital darwinien et nonobstant leurs immenses différences économiques et culturelles. Pour la première fois depuis 10 000 ans, toutes les sociétés humaines s’engagent dans la révolution numérique avec la diversité de leurs héritages biologiques et culturels. Picq, Pascal. Sapiens face à pp. 246-247

Les religions qui « sont dans le monde » et les religions « orientées vers d’autres mondes ». Picq, Pascal. Sapiens face à p. 257

Cette conception hiérarchique et progressiste de l’évolution et de l’histoire, datant du temps de la domination de la culture occidentale sur la nature et les autres peuples, nous entrave si l’on veut comprendre l’importance des changements climatiques et des dégradations des écosystèmes pour l’avenir de l’humanité. De même pour notre incapacité à comprendre, non pas le retour, mais l’émergence des autres peuples et civilisations toujours ignorés – voire méprisés – dans le cadre mondialisé de la révolution numérique. La controverse récente entre [notre] l’histoire et ce qu’on appelle l’histoire-monde en témoigne. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 261

Depuis les Lumières, de nombreuses avancées ont été accomplies. Mais Condorcet était bien loin d’imaginer ce qu’il adviendrait de ces « bons sauvages » devenus « primitifs » du temps de Darwin et proches de l’extinction à l’époque de Lévi-Strauss (les « peuples premiers » au bord du précipice). De même pour les biodiversités sauvages et domestiques, sans oublier les guerres mondiales, la bombe atomique et les capacités d’autodestruction des hommes, ou la bombe démographique à retardement par le nombre et le vieillissement. Comment l’un des apôtres les plus brillants du progrès aurait-il perçu les controverses actuelles sur l’environnement et l’avenir de l’humanité, avec en filigrane de forts courants de contestation de l’humanisme, comme dans le posthumanisme, et le nouveau repentir de groupes qui revisitent l’histoire et ses « erreurs » : les premiers hommes n’auraient jamais dû quitter les forêts, la chasse et manger de la viande ; les Néolithiques n’auraient jamais dû inventer les agricultures ; les acteurs des Lumières n’auraient jamais dû mettre en place la Révolution industrielle ; ou encore la génération des baby-boomers est accusée de tous les maux… Une révolution générationnelle qui revendique la haine de ses aînés, d’Erectus à ses parents. Reprenons les grandes transitions de l’évolution humaine avec un regard axial ; comme pivot du changement et de ses valeurs. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens pp. 262-263

D’un point de vue cognitif, de nouvelles représentations du monde, et plus spécifiquement des rapports entre les humains et la nature, accompagnent l’émergence de ces nouvelles économies, non sans influences entre elles. Naissance de nouvelles divinités et de nouveaux cultes, avec une tendance à humaniser les divinités et à tenter la maîtrise voire la domination de la nature. Les pratiques des cultes se font de plus fréquemment dans les villages et dans les maisons. Picq, Pascal. Sapiens face à pp. 274-275

Les génomes de chasseurs-collecteurs subissent des facteurs de sélection. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, des choix culturels créent des facteurs de sélection naturelle. Picq, Pascal. Sapiens face à p. 276

Les sociétés s’articulent en trois grandes classes : nobles et guerriers – clergés et lettrés – paysans dans les campagnes et artisans dans les villes selon leurs divers métiers (poterie, métallurgie, menuiserie, taille de la pierre, etc.) Picq, Pascal. Sapiens face à p. 279

Une part considérable des inventions techniques est dédiée aux armes, ce qui est toujours le cas. Picq, Pascal. Sapiens face à p. 280

Capacité des élites à imposer des conceptions officielles du monde, même si elles se heurtent à d’autres représentations ou tout simplement au bon sens (naturel). Par exemple, le dualisme qui oppose homme/animal ou nature/culture est une construction ontologique puissante produite par des clercs qui encore de nos jours, occupe les chaires de philosophie et des humanités en général, et contre laquelle bataillent les anthropologues, éthologues, les évolutionnistes et les cognitivistes.

Les fourches caudines du dualisme, valorisant toujours les conceptions idéelles par rapport aux approches matérialistes – et vulgaires – des sciences. Les élites forgent leurs idéologies de la domination en inventant des conceptions du monde qui justifient leur mépris des conditions matérialistes de production et imposent l’obligation morale de les nourrir et de leur assurer des privilèges. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 280

L’un des moyens techniques les plus efficaces pour la diffusion des mèmes est le commerce ; les idées et les biens voyagent de concert. Mais d’autres agents empruntent ces routes des idées et des biens : les agents pathogènes. Des maladies civilisationnelles comme la grippe, apparue en Chine, ne cessent depuis cette époque de décimer les populations, comme l’épidémie si dévastatrice de 1918. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens pp. 281-282

Les divinités égyptiennes ont des corps humains avec des têtes d’animaux, à l’exception de Thot, le protecteur des érudits et des scripts, représenté par un babouin hamadryas. (C’est la première – et dernière – incursion d’un singe déifié dans la pensée du bassin méditerranéen.) Ailleurs, d’autres religions polythéistes s’orientent aussi vers la domination d’un dieu sur les autres, comme Zoroastre, Ahura Mazda ou encore le terrible dieu Baal. À défaut d’être humains, les dieux s’humanisent, comme ceux de l’Olympe, Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 283

Après le geste suspendu d’Abraham, les sacrifices d’humains disparaissent. Les sacrifices d’animaux persistent de nos jours, même dans les grands monothéismes, des pratiques les plus réelles aux plus symboliques.Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 284

Cette conception inepte postulant que les autres espèces, à l’instar des singes, sont restées en panne d’évolution ou que les autres peuples, cultures ou civilisations seraient englués dans leur archaïsme. Il n’y a rien de plus faux, sauf chez les idéologues de toutes obédiences universitaires accrochés à leurs dogmes anthropocentrique et progressiste. Même celles et ceux qui, de nos jours, pensent trouver chez les peuples dits racines des leçons de philosophie de la vie s’égarent.
Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 285.

J’appartiens à la génération qui a connu le progrès comme jamais l’histoire de la lignée humaine n’en avait connu. Depuis la Renaissance et l’humanisme, puis les Lumières au XVIIIe siècle, suivies de la Révolution industrielle au XIXe siècle, de la croissance dans la seconde moitié du XXe siècle, l’humanité a vu sa condition s’améliorer grâce aux savoirs, aux sciences, aux techniques et aux avancées sociales. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 287

Les autres pays ne se contentent plus de consommer les biens et les services des nations industrialisées ou de les produire à moindre coût. Désormais, ils innovent et inventent d’autres formes de développement économique. La Chine et d’autres pays d’extrême Asie, bien sûr, mais aussi l’Afrique, qui court-circuite deux siècles d’âge industriel. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 293

Pour les pays de l’hémisphère Nord, l’accroissement démographique est davantage dû à l’allongement de la vie qu’à la natalité (avec une réduction comme jamais de la mortalité infantile) Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 295

Les jeunes enfants se construiront cognitivement et socialement avec des parents âgés et en retrait des activités économiques. La retraite sera consacrée à la procréation et non plus à la transmission filiale entre grands-parents et petits-enfants. Décidément, jamais les questions de filiation n’auront été aussi vives dans nos sociétés postmodernes. Picq, Pascal. Sapiens face à pp. 296-297

Partout dans le monde, l’évolution des techniques médicales autour de la procréation et les choix des « parents », qu’ils soient motivés par la nécessité, un désir fantasmé d’un type d’enfant ou différentes formes d’eugénisme positif ou négatif, bousculent les modes de procréation, de la conception aux premiers âges de la vie. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens pp. 298-299

Depuis Homo erectus, les sociétés humaines ont inventé une très grande diversité de relations de parenté et de filiation, ce qui représente l’un des sujets d’études majeurs de l’anthropologie. Un fait nouveau toutefois. Alors que jusqu’à présent tout enfant, quel que soit son mode de procréation, s’inscrivait dans une parenté et une filiation, donc sans questionner ses ancêtres, on voit aussi désormais des personnes se mettre en quête d’autres ancêtres ; ni plus ni moins qu’une inversion anthropologique. À notre époque, on choisit ses enfants comme on choisit ses ancêtres. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 300

En se baladant sur les réseaux à la recherche des dix à vingt principales menaces qui pèsent sur l’avenir de l’humanité en 2019, on lit, par ordre d’inquiétude décroissant : les conséquences du dérèglement climatique ; les migrations provoquées par celui-ci, les catastrophes naturelles ; les fraudes massives sur les data – les cyber-attaques et l’intelligence artificielle ; les catastrophes industrielles ; l’effondrement de la biodiversité ; la raréfaction de l’accès à l’eau ; ou encore les bulles spéculatives de la finance. Il y a deux décennies, les principaux sujets d’inquiétude étaient plutôt d’ordre céleste – on parlait des météorites – ou liés à la tectonique des plaques… En fait, les idéologies du progrès et de la croissance sont incapables de questionner leur croyance en la destinée de l’humanité, si ce n’est à travers ces vilaines causes naturelles. Pourtant, en deux décennies, les principales menaces pesant sur l’avenir de l’humanité sont devenues d’origine humaine : maladies, industries, économies, urbanisation, pollutions…Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 310



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