Sapiens face
à Sapiens, Pascal Picq, Flammarion
Un nouveau transhumanisme
postule que, si l’humanité est parvenue à son pinacle, alors il faut avoir
recours au « solutionnisme » technologique pour dépasser cette
condition de nature, autrement dit, se dégager de l’évolution. Or il n’en est
rien. Nous réalisons que ce que nous sommes dépend précisément des choix
culturels et techniques de nos ancêtres – ainsi de l’alimentation – et de nos
modes de vie contemporains. Picq, Pascal.
Sapiens face à Sapiens
Une part croissante des
populations humaines « décroche » partout dans le monde : cela
se traduit en termes de santé, d’espérance de vie, de libido, de capacités
cognitives, de fécondité… Une mal-évolution de plus en plus dramatique. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens
Forte est la tentation de
glisser dans la facilité et le confort, une servitude volontaire et délétère
qui anéantit tout ce qui a fait l’aventure de la lignée humaine depuis
2 millions d’années : relations sociales, cultures, activités physique
et sexuelle, mobilité… Picq, Pascal.
Sapiens face à Sapiens
Homo sapiens peut-elle
s’adapter aux conséquences fulgurantes de son succès depuis 40 000 ans et à son
amplification sans précédent depuis un demi-siècle ? Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens
Aujourd’hui, la diversité
des populations provient en partie de gènes captés par hybridations multiples
avec des espèces sœurs tout aussi humaines que Sapiens. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens
Notre lignée devient
« humaine » en inventant la coévolution entre notre biologie et nos
milieux technico-culturels, ce que j’appelle la deuxième coévolution. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p.
10
Toute évolution est un
compromis, et plus une espèce connaît un fort accroissement démographique, plus
elle modifie ses environnements ; il lui faut alors s’adapter aux
conséquences. Depuis que je suis né, la population humaine a triplé et vieilli.
Les conséquences en sont l’effondrement des écosystèmes, le dérèglement
climatique et l’urbanisation massive. Les conséquences de ces conséquences se
font encore à peine ressentir, mais nous sommes entrés dans une phase critique
de l’évolution humaine qui se traduit déjà par de profondes transformations
anthropologiques. Picq, Pascal. Sapiens
face à Sapiens
En toile de fond, pesant sur
l’humanité, la menace des contraintes de la nature, l’impact de celle-ci sur
notre espèce via les nombreux sévices qui lui sont infligés. L’humanité
sera-t-elle capable de s’en affranchir ? Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens
L’adaptation des
« premiers hommes » faisait intervenir l’usage d’outils, en
particulier pour la préparation de la nourriture : cela eut comme
conséquence possible une réduction de la taille des mâchoires et des dents.
Alors, s’agit-il ici précisément de coévolution ? Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens
Ce processus de réduction
des molaires de la dernière vers la première qui n’affecte pas la dentition
antérieure est une caractéristique séculaire de l’évolution du genre Homo
d’Erectus à Sapiens. Picq, Pascal. Sapiens
face à Sapiens
À partir d’Homo erectus, les
humains ne se déplacent plus que d’une seule allure : le trot. Pour
marcher ou courir, Homo erectus avance alternativement une jambe d’un côté avec
un bras de l’autre. Picq, Pascal. Sapiens
face à Sapiens
Le choix de la pierre, les
formes obtenues par leur symétrie et leur équilibre, la qualité des retouches
témoignent d’une recherche esthétique. Plus encore, la reconstitution des
chaînes opératoires – l’ensemble des gestes nécessaires à la fabrication – mobilise
des capacités cognitives identiques à celles utilisées pour le langage. Le
geste et la parole procèdent de la même façon, que ce soit pour faire un biface
ou une phrase ; les retouches, par exemple, sont l’équivalent cognitif des
récursions de nos discours. L’anatomie de leur main le permet, comme celle de
la partie antérieure du cerveau gauche pour le langage. Erectus invente les
premiers modes d’expression symbolique. Picq,
Pascal. Sapiens face à Sapiens
Actuellement, nombre de
personnes en quête d’une vision naïve de la vie de nos ancêtres ont adopté des
régimes basés sur des nourritures végétales et animales crues. Plus minces que
la moyenne de la population, elles souffrent chroniquement de déficits en
calories et les femmes ont des problèmes sévères de fertilité. Car, même en
vivant dans un environnement citadin, avec des aliments de bonne qualité
produits par l’agriculture, sans risque de rupture d’approvisionnement et
nonobstant les moyens efficaces proposés par nos ustensiles de cuisine pour les
préparer, les « crudistes » souffrent régulièrement de déficiences
physiologiques. Picq, Pascal. Sapiens
face à Sapiens
Actuellement, nombre de
personnes en quête d’une vision naïve de la vie de nos ancêtres ont adopté des
régimes basés sur des nourritures végétales et animales crues. Plus minces que
la moyenne de la population, elles souffrent chroniquement de déficits en
calories et les femmes ont des problèmes sévères de fertilité. Car, même en
vivant dans un environnement citadin, avec des aliments de bonne qualité
produits par l’agriculture, sans risque de rupture d’approvisionnement et
nonobstant les moyens efficaces proposés par nos ustensiles de cuisine pour les
préparer, les « crudistes » souffrent régulièrement de déficiences
physiologiques. Picq, Pascal. Sapiens
face à Sapiens pp. 72-73.
L’hypothèse canonique de la
viande procède de l’idée que sa digestibilité favorise l’absorption au niveau
du petit intestin, tandis que la part du régime incorporant des nourritures
végétales dégradées par le microbiote dans le gros intestin régresse. Une
transformation biologique et physiologique considérable en découle, avec, d’un
côté, la réduction de la taille du gros intestin et du cæcum et, de l’autre,
l’augmentation de la taille du cerveau. Est-ce que cette évolution a commencé
avec Erectus ? Picq, Pascal. Sapiens
face à Sapiens p. 74
Notre ventre se comprend
comme notre « deuxième cerveau » : ce que nous mangeons nourrit
et influence nos capacités cognitives.Picq,
Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 75
Par-delà la mode actuelle de
l’altruisme, les études comparées en éthologie montrent que les sociétés qui
pratiquent la solidarité, la coopération et l’altruisme s’adaptent mieux et
résistent mieux aux périodes de crise Picq,
Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 90
Toute bonne recherche
s’appuie sur de bonnes questions et non sur des clichés jamais questionnés. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 91
Depuis qu’existent les
sciences du lointain passé de l’homme, la préhistoire et la paléoanthropologie
ont été asservies à une idéologie du progrès qui centre tout sur un Occident
triomphant et dominateur depuis la Renaissance, renvoyant les autres
civilisations et surtout les peuples dits traditionnels à des stades inférieurs
d’une histoire universelle dominée par les Européens, ce qu’on appelle
l’évolutionnisme culturel. Par conséquent, on a négligé toutes les capacités
d’innovation des autres peuples, que ce soit dans l’histoire et, a fortiori,
dans la préhistoire. Picq, Pascal. Sapiens face à p. 205
Nos grands navigateurs de la
Renaissance revivront cette aventure, mais, partout où ils accostèrent, il y
avait déjà des hommes, les premiers vrais conquérants des Nouveaux Mondes qui
les y avaient précédés en des temps qu’ils ne pouvaient pas imaginer ; eux
étaient portés par d’autres imaginaires et représentations du monde.
Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 208
Savoir si les civilisations
répondent à des projets humains nonobstant la nature ou en réaction à des
changements climatiques. Picq, Pascal. Sapiens
face à Sapiens (p. 212
Nous avons constamment
négligé un facteur à propos de l’évolution : plus les espèces ont du
succès, plus elles doivent s’adapter aux conséquences de ce succès… Picq,
Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 213
Jean-Baptiste de Lamarck
(1744-1829) est le fondateur du transformisme, une théorie évolutionniste qui
décrit comment les espèces s’adaptent en réponse aux facteurs de
l’environnement. C’est de l’innovation active où, selon une expression célèbre,
les nécessités sont les mères des inventions. Seulement, ce postulat contient
une conséquence arbitraire : si les conditions ne changent pas, alors à
quoi bon inventer ? Dans le processus lamarckien, il y a adéquation de
fait entre les problèmes et leurs solutions. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 218
L’histoire de l’humanité se
raconte toujours sur le mode solutionniste, des premières pierres taillées au
transhumanisme actuel avec, en filigrane, des inventions portées au crédit des
seuls hommes, les mâles, qui dégagent l’humanité des contingences naturelles,
ce que ne peuvent faire les femmes, trop contraintes par leur nature. Il en va
très différemment dans les mondes darwiniens, où les inventions précèdent les
innovations. En d’autres termes, les caractères ou les inventions
n’apparaissent pas en réponse à un besoin, mais attendent d’être
sélectionnés : les solutions attendent leurs problèmes. Il en va ainsi de
la génétique et de tous les mécanismes produisant des variations, comme la
sexualité ; on découvre qu’il en est de même pour les innovations
techniques et leurs usages, notamment dans le cadre de la révolution numérique
actuelle, où l’on parle de darwinisme artificiel. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens pp. 218-219
Nous sommes tellement ancrés
dans ce qui est devenu le dogme lamarckien – mais Lamarck n’y est pour rien –
que l’on n’a pas vu venir la révolution numérique. Tant que nos penseurs
politiques et économiques de toutes obédiences – nourris de conceptions
progressistes de la philosophie et de l’histoire – n’ont pas compris « à
quoi ça sert », ils méprisent les inventions. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 220
Nos penseurs s’efforcent de
comprendre en quoi une invention peut servir un monde existant, mais ils ne
saisissent pas qu’elles vont changer le monde tel qu’il est. Préserver les
acquis plutôt que d’envisager de nouveaux acquis. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 220
On note ces profonds
changements dans les activités physiques sur fond de sédentarité accrue et de
moindre déplacement, par rapport à ce qu’on connaissait pour la collecte ou la
chasse. À cela s’ajoute la propagation des maladies contagieuses liées à la
concentration des habitants. Picq,
Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 226
La pensée axiale. Ce concept
a été proposé par le philosophe Karl Jaspers au siècle dernier pour décrire les
émergences simultanées et indépendantes de nouveaux systèmes de pensée
philosophiques et religieux dans les civilisations gréco-romaine, perse,
indienne et chinoise avec l’écriture et les écritures, ce qu’on appelle aussi
la naissance de la raison graphique. Picq,
Pascal. Sapiens face à p. 242
La théorie mémétique admet
que nos systèmes de pensée contiennent des éléments qui se diffusent comme des
gènes – les mèmes, qui seraient aux représentations du monde ce que les gènes
sont à notre biologie, donc au cœur des processus coévolutifs, tout en
rappelant que les gènes et les mèmes n’ont aucune relation fonctionnelle. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 245.
Si toute l’histoire de
l’humanité sapienne a été celle de chasseurs-collecteurs, celle-ci a tout au
plus 10 000 ans, soit à peu près un cinquantième de l’histoire évolutive
de Sapiens en tant qu’espèce. Les agricultures et les éleveurs façonnent son
évolution biologique et culturelle, tandis que l’histoire ne marque son
empreinte qu’à partir des âges des métaux, plus précisément du bronze et du
fer, avec les premières cités-États et les empires, il y a seulement 5 000
ans. Quant à la Révolution industrielle, elle s’est opérée il y a deux siècles.
Une prodigieuse verticalisation du monde en découle depuis lors, avec des
différences économiques considérables dans la diversité des populations
actuelles. Mais voilà que, d’un coup, toutes ces sociétés humaines se
retrouvent connectées dans l’espace digital darwinien et nonobstant leurs
immenses différences économiques et culturelles. Pour la première fois depuis
10 000 ans, toutes les sociétés humaines s’engagent dans la
révolution numérique avec la diversité de leurs héritages biologiques et culturels.
Picq, Pascal. Sapiens face à pp. 246-247
Les religions qui
« sont dans le monde » et les religions « orientées vers
d’autres mondes ». Picq, Pascal.
Sapiens face à p. 257
Cette conception
hiérarchique et progressiste de l’évolution et de l’histoire, datant du temps
de la domination de la culture occidentale sur la nature et les autres peuples,
nous entrave si l’on veut comprendre l’importance des changements climatiques
et des dégradations des écosystèmes pour l’avenir de l’humanité. De même pour
notre incapacité à comprendre, non pas le retour, mais l’émergence des autres
peuples et civilisations toujours ignorés – voire méprisés – dans le cadre
mondialisé de la révolution numérique. La controverse récente entre [notre]
l’histoire et ce qu’on appelle l’histoire-monde en témoigne. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 261
Depuis les Lumières, de
nombreuses avancées ont été accomplies. Mais Condorcet était bien loin
d’imaginer ce qu’il adviendrait de ces « bons sauvages » devenus
« primitifs » du temps de Darwin et proches de l’extinction à
l’époque de Lévi-Strauss (les « peuples premiers » au bord du
précipice). De même pour les biodiversités sauvages et domestiques, sans
oublier les guerres mondiales, la bombe atomique et les capacités d’autodestruction
des hommes, ou la bombe démographique à retardement par le nombre et le
vieillissement. Comment l’un des apôtres les plus brillants du progrès
aurait-il perçu les controverses actuelles sur l’environnement et l’avenir de
l’humanité, avec en filigrane de forts courants de contestation de l’humanisme,
comme dans le posthumanisme, et le nouveau repentir de groupes qui revisitent
l’histoire et ses « erreurs » : les premiers hommes n’auraient
jamais dû quitter les forêts, la chasse et manger de la viande ; les
Néolithiques n’auraient jamais dû inventer les agricultures ; les acteurs
des Lumières n’auraient jamais dû mettre en place la Révolution
industrielle ; ou encore la génération des baby-boomers est accusée de
tous les maux… Une révolution générationnelle qui revendique la haine de ses
aînés, d’Erectus à ses parents. Reprenons les grandes transitions de
l’évolution humaine avec un regard axial ; comme pivot du changement et de
ses valeurs. Picq, Pascal. Sapiens face à
Sapiens pp. 262-263
D’un point de vue cognitif,
de nouvelles représentations du monde, et plus spécifiquement des rapports
entre les humains et la nature, accompagnent l’émergence de ces nouvelles
économies, non sans influences entre elles. Naissance de nouvelles divinités et
de nouveaux cultes, avec une tendance à humaniser les divinités et à tenter la
maîtrise voire la domination de la nature. Les pratiques des cultes se font de
plus fréquemment dans les villages et dans les maisons. Picq, Pascal. Sapiens
face à pp. 274-275
Les génomes de chasseurs-collecteurs
subissent des facteurs de sélection. Pour la première fois dans l’histoire de
l’humanité, des choix culturels créent des facteurs de sélection naturelle. Picq, Pascal. Sapiens face à p. 276
Les sociétés s’articulent en
trois grandes classes : nobles et guerriers – clergés et
lettrés – paysans dans les campagnes et artisans dans les villes selon
leurs divers métiers (poterie, métallurgie, menuiserie, taille de la pierre,
etc.) Picq, Pascal. Sapiens face à p. 279
Une part considérable des
inventions techniques est dédiée aux armes, ce qui est toujours le cas. Picq, Pascal. Sapiens face à p. 280
Capacité des élites à
imposer des conceptions officielles du monde, même si elles se heurtent à
d’autres représentations ou tout simplement au bon sens (naturel). Par exemple,
le dualisme qui oppose homme/animal ou nature/culture est une construction
ontologique puissante produite par des clercs qui encore de nos jours, occupe
les chaires de philosophie et des humanités en général, et contre laquelle bataillent
les anthropologues, éthologues, les évolutionnistes et les cognitivistes.
Les fourches caudines du
dualisme, valorisant toujours les conceptions idéelles par rapport aux
approches matérialistes – et vulgaires – des sciences. Les élites forgent leurs
idéologies de la domination en inventant des conceptions du monde qui
justifient leur mépris des conditions matérialistes de production et imposent
l’obligation morale de les nourrir et de leur assurer des privilèges. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 280
L’un des moyens techniques
les plus efficaces pour la diffusion des mèmes est le commerce ; les idées
et les biens voyagent de concert. Mais d’autres agents empruntent ces routes
des idées et des biens : les agents pathogènes. Des maladies civilisationnelles
comme la grippe, apparue en Chine, ne cessent depuis cette époque de décimer
les populations, comme l’épidémie si dévastatrice de 1918. Picq, Pascal.
Sapiens face à Sapiens pp. 281-282
Les divinités égyptiennes
ont des corps humains avec des têtes d’animaux, à l’exception de Thot, le
protecteur des érudits et des scripts, représenté par un babouin hamadryas.
(C’est la première – et dernière – incursion d’un singe déifié dans la
pensée du bassin méditerranéen.) Ailleurs, d’autres religions polythéistes
s’orientent aussi vers la domination d’un dieu sur les autres, comme Zoroastre,
Ahura Mazda ou encore le terrible dieu Baal. À défaut d’être humains, les dieux
s’humanisent, comme ceux de l’Olympe, Picq,
Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 283
Après le geste suspendu
d’Abraham, les sacrifices d’humains disparaissent. Les sacrifices d’animaux
persistent de nos jours, même dans les grands monothéismes, des pratiques les
plus réelles aux plus symboliques.Picq,
Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 284
Cette conception inepte
postulant que les autres espèces, à l’instar des singes, sont restées en panne
d’évolution ou que les autres peuples, cultures ou civilisations seraient
englués dans leur archaïsme. Il n’y a rien de plus faux, sauf chez les
idéologues de toutes obédiences universitaires accrochés à leurs dogmes
anthropocentrique et progressiste. Même celles et ceux qui, de nos jours,
pensent trouver chez les peuples dits racines des leçons de philosophie de la
vie s’égarent.
Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 285.
J’appartiens à la génération
qui a connu le progrès comme jamais l’histoire de la lignée humaine n’en avait
connu. Depuis la Renaissance et l’humanisme, puis les Lumières au
XVIIIe siècle, suivies de la Révolution industrielle au XIXe siècle,
de la croissance dans la seconde moitié du XXe siècle, l’humanité a vu sa
condition s’améliorer grâce aux savoirs, aux sciences, aux techniques et aux
avancées sociales. Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 287
Les autres pays ne se
contentent plus de consommer les biens et les services des nations
industrialisées ou de les produire à moindre coût. Désormais, ils innovent et
inventent d’autres formes de développement économique. La Chine et d’autres
pays d’extrême Asie, bien sûr, mais aussi l’Afrique, qui court-circuite deux
siècles d’âge industriel. Picq, Pascal.
Sapiens face à Sapiens p. 293
Pour les pays de
l’hémisphère Nord, l’accroissement démographique est davantage dû à
l’allongement de la vie qu’à la natalité (avec une réduction comme jamais de la
mortalité infantile) Picq, Pascal.
Sapiens face à Sapiens p. 295
Les jeunes enfants se
construiront cognitivement et socialement avec des parents âgés et en retrait
des activités économiques. La retraite sera consacrée à la procréation et non
plus à la transmission filiale entre grands-parents et petits-enfants.
Décidément, jamais les questions de filiation n’auront été aussi vives dans nos
sociétés postmodernes. Picq, Pascal. Sapiens face à pp. 296-297
Partout dans le monde,
l’évolution des techniques médicales autour de la procréation et les choix des
« parents », qu’ils soient motivés par la nécessité, un désir
fantasmé d’un type d’enfant ou différentes formes d’eugénisme positif ou
négatif, bousculent les modes de procréation, de la conception aux premiers
âges de la vie. Picq, Pascal. Sapiens
face à Sapiens pp. 298-299
Depuis Homo erectus, les
sociétés humaines ont inventé une très grande diversité de relations de parenté
et de filiation, ce qui représente l’un des sujets d’études majeurs de l’anthropologie.
Un fait nouveau toutefois. Alors que jusqu’à présent tout enfant, quel que soit
son mode de procréation, s’inscrivait dans une parenté et une filiation, donc
sans questionner ses ancêtres, on voit aussi désormais des personnes se mettre
en quête d’autres ancêtres ; ni plus ni moins qu’une inversion
anthropologique. À notre époque, on choisit ses enfants comme on choisit ses
ancêtres. Picq, Pascal. Sapiens face à
Sapiens p. 300
En se baladant sur les
réseaux à la recherche des dix à vingt principales menaces qui pèsent sur
l’avenir de l’humanité en 2019, on lit, par ordre d’inquiétude
décroissant : les conséquences du dérèglement climatique ; les
migrations provoquées par celui-ci, les catastrophes naturelles ; les
fraudes massives sur les data – les cyber-attaques et l’intelligence
artificielle ; les catastrophes industrielles ; l’effondrement de la
biodiversité ; la raréfaction de l’accès à l’eau ; ou encore les
bulles spéculatives de la finance. Il y a deux décennies, les principaux sujets
d’inquiétude étaient plutôt d’ordre céleste – on parlait des
météorites – ou liés à la tectonique des plaques… En fait, les idéologies
du progrès et de la croissance sont incapables de questionner leur croyance en
la destinée de l’humanité, si ce n’est à travers ces vilaines causes
naturelles. Pourtant, en deux décennies, les principales menaces pesant sur
l’avenir de l’humanité sont devenues d’origine humaine : maladies,
industries, économies, urbanisation, pollutions…Picq, Pascal. Sapiens face à Sapiens p. 310
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire