mercredi 11 novembre 2020

La grande histoire du monde, - T - François Reynaert, Fayard

 

La grande histoire du monde, - T - François Reynaert, Fayard


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La terre est ronde. Cela permet à tous les peuples qui l’habitent de se croire au centre du monde. » La grande histoire du monde, François Reynaert

À partir du XVIe siècle, l’Europe a connu une expansion fulgurante qui lui a permis de conquérir la quasi-totalité de la planète. Cette domination s’est achevée au XXe siècle dans le fracas des deux guerres mondiales que le petit continent a provoquées. À la suite de la Seconde, les États-Unis et l’URSS ont pris le relais. Ils se sont partagé le globe au nom de deux systèmes idéologiques – hérités de la pensée européenne. La grande histoire du monde, François Reynaert

Mon idée fixe a été de ne garder que les lignes de force essentielles à la compréhension d’un grand mouvement de l’histoire, et de donner les rudiments de la connaissance à son sujet. La grande histoire du monde, François Reynaert

Non, l’homme n’est pas une créature façonnée par Dieu à son image, apparue au moment de la Création, il y a 6 000 ans. L’homme est un primate comme un autre et les mystérieuses lois de l’évolution l’ont lentement transformé au cours des millénaires pour en faire cet être d’aujourd’hui qui a réussi, grâce à son intelligence – et parfois sa déraison – à dominer la planète. La grande histoire du monde, François Reynaert

Et si Homo sapiens n’était pas né d’un seul berceau africain, mais était le fruit de l’évolution qui s’est reproduite un peu à la fois dans des endroits divers du globe ? La grande histoire du monde, François Reynaert

Les civilisations sont le produit de lents mouvements historiques qui prennent leurs racines loin dans le temps, elles sont nourries par des courants divers, multiples, contradictoires et nulle borne aussi clairement posée ne marque leur début. La grande histoire du monde, François Reynaert

Le christianisme et la culture grecque sont deux sources essentielles de la civilisation occidentale. Qu’il soit croyant ou qu’il soit athée, qu’il soit docteur en philosophie ou qu’il n’ait jamais ouvert un texte grec de sa vie, qu’il soit bulgare, espagnol, belge ou suédois, tout Européen est aussi un fils d’Athènes et de Jérusalem, qui ont façonné sa façon de penser, sa morale, son esthétique, la langue qu’il parle, ses conceptions politiques, son rapport au temps ou à l’univers. La grande histoire du monde, François Reynaert

Les Grecs se sont établis en Asie Mineure, sur la mer Noire et sur le pourtour du Bassin méditerranéen. Ils y sont, écrira Platon, comme les grenouilles autour d’une mare ». La grande histoire du monde, François Reynaert

Alphabet ainsi nommé car alpha et bêta sont les deux premières lettres de la liste. La grande histoire du monde, François Reynaert

Barbares, c’est-à-dire des rustres incapables de s’exprimer convenablement qui ne savent que bredouiller des bruits incompréhensibles, bar… bar… – c’est l’étymologie du mot. La grande histoire du monde, François Reynaert

Dans cet univers profondément religieux, de nombreuses décisions se prennent par tirage au sort, car les Grecs pensaient que celui-ci indiquait la volonté des dieux. La grande histoire du monde, François Reynaert

L’humanisme, en plaçant l’Homme au centre de la Création, lui donne une position de domination sur la nature qui, contrairement à la place qu’elle tient dans d’autres mondes, n’a rien de sacré. La grande histoire du monde, François Reynaert

la magnifique notion de progrès scientifique, mal comprise, peut s’égarer dans le scientisme, cette dérive consistant à idolâtrer la science, à estimer qu’elle est supérieure à tout. Au bout de ce chemin pointe une maladie contre lesquels les Grecs mettaient en garde, l’hubris, ce péché d’orgueil. La grande histoire du monde, François Reynaert

Le monothéisme universaliste chrétien a un défaut : en posant l’idée qu’il n’y a qu’un seul dieu et qu’il doit parler à tous les hommes, il décrète le règne de la vérité unique, mère de l’intolérance et des guerres de religion. C’est la grande limite de la pensée occidentale. Par nature, elle s’autorise à se croire seule capable de dire le bien et le mal, la vérité et l’erreur. La grande histoire du monde, François Reynaert

L’un et l’autre principe ne sont pas plus chargés en valeurs morales que le pôle « plus » et le pôle « moins » d’une pile électrique. Précisément, ils fonctionnent comme le courant. Ils sont complémentaires, l’un a besoin de l’autre, et l’autre a besoin de l’un, car c’est leur opposition, leur alternance qui créent la direction, le mouvement, comme l’alternance de la jambe gauche et celle de la jambe droite créent la marche. Enfin, ce mouvement perpétuel met en branle tout ce qui constitue l’univers, et est formé de cinq éléments. La grande histoire du monde, François Reynaert

En Chine, on ne se préoccupe pas de l’opposition mais de l’énergie produite par l’interaction des uns et des autres. La grande histoire du monde, François Reynaert

Le confucianisme est une doctrine sociale, dans le sens premier du mot. La grande histoire du monde, François Reynaert

Les dieux ont coupé l’homme primordial en quatre. Les brahmanes, qui ont le monopole de la parole, correspondent à sa bouche ; les guerriers à ses bras ; les artisans et commerçants à ses jambes ; et les serviteurs, soumis à tous les autres, à ses pieds. La grande histoire du monde, François Reynaert

En Lydie coule le Pactole, une rivière où abondent les paillettes d’or. La grande histoire du monde, François Reynaert

Quand l’empereur prend une décision alors qu’il est sobre, ajoute l’historienne, il juge sage de boire pour vérifier si, une fois saoul, il la maintient… La grande histoire du monde, François Reynaert

En persan, un jardin clos se dit pairi daeza. Les Grecs, éblouis par ceux qu’ils découvrirent, reprirent le mot pour en faire le « paradis ». Le monde judéo-chrétien le fit monter au ciel. La grande histoire du monde, François Reynaert

Synthétise ces apports dans la religion qu’il fonde. Elle est dualiste, c’est-à-dire qu’elle repose sur une opposition frontale entre un monde bon et un monde méchant, et porte son nom : le manichéisme. La grande histoire du monde, François Reynaert

Ces cultes nouveaux sont très différents des religions anciennes sur un point essentiel. Le plus souvent, ils ne sont plus réservés à tel ou tel peuple en particulier, mais prétendent parler à tous les hommes. Cela rend leur concurrence difficile. Comment faire coexister plusieurs vérités si une seule existe ? La grande histoire du monde, François Reynaert

Un Chinois ne connaît son pays que comme zhong guo, « le pays du Milieu » (plus tard traduit en Europe en « empire du Milieu »), c’est-à-dire l’axe du monde autour duquel ne peuvent tourner que des inférieurs et des barbares. La grande histoire du monde, François Reynaert

Les hommes doivent n’avoir que la loi pour référence. Ils n’ont donc plus besoin de toute la littérature ni du prétendu savoir qui ne servait qu’à créer le trouble dans les esprits et le désordre dans le pays. La grande histoire du monde, François Reynaert

La calligraphie, art chinois par excellence, qui s’attache, dans la perfection du dessin d’un caractère, à exprimer plus qu’un simple mot, un concept, une essence. La grande histoire du monde, François Reynaert

Aux VIIe et VIIIe siècles de notre ère, la grande conquête arabe dessinera une ligne de fracture au milieu de la Méditerranée. C’est depuis qu’on y voit un Sud – le monde musulman – et un Nord – l’Europe chrétienne. La grande histoire du monde, François Reynaert

Un Romain conçoit son empire tel un monde circulaire, tournant autour de la mare internum – la mer intérieure – comme il lui arrive de l’appeler, et ne différencie nullement sa rive nord ou sud. L’Égypte ou la Tunisie, appelée l’Afrique, sont de grandes et riches provinces romaines au même titre que la Pannonie, où se trouve l’actuelle Hongrie, ou la Germanie inférieure, où sont les Pays-Bas et le nord de l’Allemagne. La grande histoire du monde, François Reynaert

De même que Rome est devenue chrétienne, le christianisme se romanise. Dès ses débuts, il s’est répandu dans le creuset qu’offrait l’empire, c’est-à-dire tout autour de la Méditerranée. Partout, il a du mal à s’implanter dans les campagnes, qui restent longtemps fidèles aux anciens cultes. Le vocabulaire l’atteste : le mot « païen » dérive du latin paganus, le paysan. La grande histoire du monde, François Reynaert

Un calife n’est nécessaire que pour faire l’unité de la communauté ; les savants, qu’on appelle des oulémas, ne sont là que pour éclairer la doctrine ; et les imams sont simplement les hommes qui guident la prière à la mosquée. Pour le reste, un croyant n’a, en matière de religion, qu’à se fonder sur le Coran et les faits et dits du Prophète, les hadiths. Ces deux piliers de la foi forment la sunna, la tradition. Leur courant est le sunnisme. La grande histoire du monde, François Reynaert

Qui, de celui qui règne sur les âmes ou de celui qui règne sur les hommes est supérieur à l’autre ? Et le simple fait de la poser sans cesse aboutit à entériner la séparation entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel si fondamentale, sens, c’est d’elle que naîtra bien plus tard le principe de laïcité. La grande histoire du monde, François Reynaert

Réformer (c’est-à-dire de lui redonner sa forme première). La grande histoire du monde, François Reynaert

Les Mongols ont conquis le monde. En quelques décennies, le monde qu’ils ont conquis les absorbe. La grande histoire du monde, François Reynaert

Cette façon de voir a été façonnée au temps de la conquête coloniale, quand il s’agissait de prouver que seule l’Europe avait su « apporter la civilisation » à un univers qui en était dépourvu. La grande histoire du monde, François Reynaert

Le Moyen Âge, lit-on souvent, était tourné vers Dieu et posait la soumission aux maîtres comme source de toute sagesse. La Renaissance déplace le regard vers l’homme. Elle l’incite à penser par lui-même en s’affranchissant des dogmes. La grande histoire du monde, François Reynaert

L’Europe chrétienne se sent investie d’une mission, elle est intimement persuadée qu’il est de son devoir de convertir tous les peuples qu’elle rencontrera à ses propres conceptions religieuses, à ses normes, à ses valeurs. La grande histoire du monde, François Reynaert

Capables d’affronter tous les périls, les chefs des expéditions ne sont pas des repris de justice, et pour la plupart, ils sont bien les hommes d’un courage surhumain dont la postérité a fixé le souvenir. Il n’est pas inutile d’ajouter qu’ils puisent essentiellement cette intrépidité dans leur fanatisme religieux. Rien ne peut leur arriver, puisque Dieu est avec eux. Formés dans la mythologie de la Reconquista, ils haïssent tout particulièrement les musulmans, en qui ils voient par ailleurs leurs principaux rivaux commerciaux. Ils sont capables de tout pour assouvir cette haine. La grande histoire du monde, François Reynaert

Le but des expéditions était, selon une formule attribuée à Vasco de Gama, de « trouver des chrétiens et des épices ». La grande histoire du monde, François Reynaert

La guerre entre les deux est inscrite dans la géographie. La grande histoire du monde, François Reynaert

Je voudrais bien voir la clause du testament d’Adam qui m’exclut du partage du monde. » La grande histoire du monde, François Reynaert

Francis Bacon (1561-1626) élabore la méthode expérimentale, qui veut que toute vérité ne puisse être tirée que de l’expérience observée, vérifiée, doublée du principe de l’induction, consistant à partir des cas particuliers étudiés pour en induire les lois générales qu’on cherche. La grande histoire du monde, François Reynaert

Tous les astres tiennent grâce à l’attraction qu’ils exercent les uns sur les autres. C’est la loi de la gravitation universelle. La grande histoire du monde, François Reynaert

Le merrcantilisme suppose que la possession d’or et d’argent est la seule source de richesse d’un pays et que le rôle de l’État est de tout mettre en œuvre pour l’augmenter le plus possible. L’idéal mercantiliste est donc de faire grossir les réserves monétaires en exportant beaucoup et en important peu. La grande histoire du monde, François Reynaert

 « Que peut-on faire pour vous aider ? » demande un jour Colbert, le très dirigiste ministre de Louis XIV, à un marchand. « Monseigneur, répond celui-ci, laissez faire, laissez passer ! »

Le mot tsar est la version slave de César, le titre que se donnaient les empereurs romains. Il nous indique le destin que le pays s’assigne désormais à lui-même. L’idée est qu’après la chute aux mains des Turcs de Constantinople, la deuxième capitale romaine, Moscou est appelée à être la Troisième Rome, seule à même de maintenir vivante la flamme du christianisme orthodoxe. La grande histoire du monde, François Reynaert

L’Inde, une des terres les plus riches du monde, est devenue la colonie d’un pays vingt fois plus petit qu’elle au cours d’un long processus qui a été, pendant deux siècles et demi, le fait de marchands travaillant pour une entreprise privée. La grande histoire du monde, François Reynaert.

À la fin du XVIIIe siècle, le mot « nabab » entre dans le vocabulaire anglais selon un sens qui nous est resté depuis : le viveur, le flambeur. Il désigne les employés de la Compagnie revenant en Angleterre pour y jouir, dans l’excès, des fortunes colossales amassées outre-mer, dépassant de très loin les plus modestes bénéfices versés aux actionnaires de l’entreprise qu’ils étaient censés servir. La grande histoire du monde, François Reynaert

Sur le plan économique, le propre de la colonisation est de sortir du cadre d’un échange d’égal à égal entre deux partenaires pour passer à l’exploitation pure et simple du pays colonisé au profit d’une métropole. La grande histoire du monde, François Reynaert

Vers 1600, nous précise l’Atlas historique Kinder-Hilgemann, 49 % des terres de la planète ont été reconnues. En 1800, le chiffre monte à 83 % La grande histoire du monde, François Reynaert

Les femmes, ces « nymphes » belles et nues comme un premier matin du monde, ne poussent-elles pas l’hospitalité jusqu’à s’offrir à tous les étrangers qui se présentent à elles ? Elles sont si simples et naturelles, explique le capitaine, qu’il ne faut leur offrir que quelques clous, inconnus dans ces lieux, pour recevoir leur consentement. La grande histoire du monde, François Reynaert

Il semble confirmer la philosophie du « bon sauvage » développée par Rousseau : c’est bien la société qui corrompt les hommes alors qu’à l’« état de nature », dans lequel ils sont manifestement restés dans cette île lointaine de Tahiti, ils vivent dans le bonheur. La grande histoire du monde, François Reynaert

Comme ailleurs, le surgissement des armes à feu et de la Bible dans un monde qui ne les connaissait pas change tout. La grande histoire du monde, François Reynaert

Les dix premiers amendements au texte, votés très rapidement après son adoption, forment une sorte de charte garantissant les droits individuels, tels que le droit de propriété, celui de porter une arme, ou encore la liberté de parole, de religion ou de réunion. La grande histoire du monde, François Reynaert

Le texte commence par ces mots : « We, the people of the United States ». Pour la première fois dans l’histoire occidentale moderne, un peuple s’est constitué en entité pour prendre son destin en main et a réussi à transformer celui-ci sans bain de sang ni guerre civile. La grande histoire du monde, François Reynaert

 

Dans la nuit du 4 août, l’Assemblée nationale vote dans l’euphorie l’abolition des privilèges. Le 26, elle proclame la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui commence par ces mots : « Tous les hommes naissent libres et égaux en droit. » En trois mois, un millénaire de féodalité, d’inégalité fondée sur le sang, de trône appuyé sur l’autel, ont été jetés à bas. Un nouveau monde est à construire. La grande histoire du monde, François Reynaert

Jenner (1749-1823), père de la vaccination4, c’est-à-dire l’inoculation d’une forme atténuée de la maladie, a terrassé la variole. La grande histoire du monde, François Reynaert

Syllabus, le catalogue de ce que le Saint-Siège estime être les erreurs de notre temps ». Sont condamnés, entre autres égarements, la liberté de conscience, le droit de l’État d’agir hors du contrôle de l’Église, le fait que la science peut établir des vérités contraires au dogme, l’enseignement laïque, c’est-à-dire à peu près toutes les valeurs qui, de nos jours, forment le socle idéologique des démocraties. La grande histoire du monde, François Reynaert

Auguste Comte (1798-1857), un philosophe français, invente le positivisme qui théorise cette représentation : l’humanité, selon lui, a connu des âges divers. Après celui de la religion, puis celui de la philosophie, des idées abstraites, arrive enfin l’âge positif, celui de la science, des faits. La grande histoire du monde, François Reynaert

Au XIXe, aucun Européen n’en voit plus nulle part ailleurs qu’en Europe. Le monde, à leurs yeux, n’est plus composé de diverses civilisations. Il est partagé entre la civilisation, c’est-à-dire la leur, celle du progrès, de la science, des bateaux à vapeur, de la puissance moderne, et le reste du monde. La grande histoire du monde, François Reynaert

L’impérialisme, c’est-à-dire la volonté des puissances européennes de créer des empires loin de chez eux, découle de ce sentiment de supériorité. La grande histoire du monde, François Reynaert

Puisque l’Occident est « en avance », puisqu’il a réussi à produire la meilleure société qui puisse être au monde, il a pour devoir de sortir les « sauvages » de leur « sauvagerie », et les mondes en léthargie de leur sommeil. La grande histoire du monde, François Reynaert

Même chez les plus grands esprits, cet universalisme aboutit toujours à théoriser la supériorité de certains sur d’autres. La grande histoire du monde, François Reynaert

Victor Hugo, par ailleurs l’admirable défenseur des nobles causes et des pauvres gens s’écrie : « Au XIXe siècle, le Blanc a fait du Noir un homme. » Rôles selon lui dévolus aux différents peuples de la Terre : la « race chinoise » est une « race d’ouvriers », à la « dextérité de main merveilleuse » mais qui n’a « presque aucun sentiment d’honneur ». Le « nègre » appartient à la « race de travailleurs de la terre » tandis que la « race européenne », est celle des « maîtres et des soldats ». « Que chacun fasse ce pour quoi il est fait et tout ira bien », conclut-il benoîtement10. Tous les gens de son temps pensent ainsi, y compris ceux qui sont censés faire l’usage le plus rationnel de leur cerveau. La grande histoire du monde, François Reynaert

Il a fait naître en Europe un autre principe, parfaitement contradictoire avec les options réactionnaires du tsar et de ses amis : l’idée nationale. La grande histoire du monde, François Reynaert

Le pouvoir des princes, que ceux-ci prétendaient tenir de la volonté de Dieu. Les révolutions américaine et française ont renversé ce principe. À Philadelphie et au Jeu de paume, elles ont décrété que désormais la souveraineté n’émanerait plus du sommet de la pyramide sociale, mais de sa base, de l’ensemble du peuple habitant le pays, de la nation. La grande histoire du monde, François Reynaert

 Le peuple français s’est constitué dans un cadre qui préexistait, un État longuement construit par les rois. La plupart des autres Européens ne sont pas dans ce cas. La grande histoire du monde, François Reynaert

Vienne, en 1867, signe avec les Hongrois un « compromis » qui crée un nouveau système de pouvoir leur laissant une plus grande autonomie. Désormais, François-Joseph ne tiendra plus toutes ses possessions sous une même couronne. Il en aura deux. Il sera à la fois empereur d’Autriche et roi de Hongrie, souverain bicéphale d’un nouveau pays, la double monarchie d’Autriche-Hongrie. La grande histoire du monde, François Reynaert

Les colons affluent vers les terres nouvelles dans l’espoir d’une vie meilleure que celle qu’ils ont laissée derrière eux. Le mouvement est également porté par un fort sentiment religieux. Dès les temps des Pères pèlerins, l’Amérique apparaissait comme la Terre promise par Dieu aux chrétiens fuyant les persécutions religieuses3. L’expansion du XIXe siècle, se place sous les mêmes auspices. Au moment où un débat opposait les Américains pour savoir s’il fallait ou non annexer le Texas, dans les années 1840, le journaliste John O’Sullivan écrit : « C’est notre destinée manifeste de nous étendre sur un continent qui nous a été donné par la Providence. » L’expression de « destinée manifeste4 » fait florès, elle résume le messianisme américain, cette idée que tout ce qu’entreprend le peuple des États-Unis est l’expression d’une volonté divine. On la retrouvera à l’œuvre longtemps. La grande histoire du monde, François Reynaert

Les ouvriers apprennent à s’organiser, comme le font leurs cousins d’Europe. Contrairement à ce qui se passe dans le Vieux Monde, peu d’entre eux défendent le socialisme. Le capitalisme et ses promesses d’enrichissement sont trop liés au « rêve américain » qui a attiré les immigrants pour être remis en cause. La grande histoire du monde, François Reynaert

Comment réussir cette progression démocratique quand la base du peuple est éclatée entre des groupes aux intérêts aussi divergents ? Les seuls qui arrivent à résoudre cette contradiction sont les leaders populistes qui flattent les masses en jouant sans complexe sur les ressorts du patriotisme le plus outrancier et, dans le même temps, apaisent les possédants en promettant des régimes d’ordre et en garantissant leurs privilèges. La grande histoire du monde, François Reynaert

Le pays (Chine) n’avait pas pris la voie de l’industrialisation tout simplement parce que sa prospérité lui suffisait et qu’il n’avait donc nul besoin de transformer un système qui fonctionnait ? Le spécialiste appelle cela le « piège de l’équilibre de haut niveau ». La grande histoire du monde, François Reynaert

Pendant des siècles, le confucianisme a servi à pacifier les rapports sociaux et à former la solide administration mandarinale. Il ne réussit plus qu’à scléroser les esprits, à les empêcher de réagir face au choc de la rencontre avec l’Occident. La grande histoire du monde, François Reynaert

Tous les Chinois la connaissent jusque dans ses détails. L’effondrement de l’empire durant ce siècle terrible représente, pour eux, un traumatisme dont ils ne sont toujours pas guéris. L’opiniâtreté de la Chine du XXIe siècle à retrouver un leadership international, à conquérir la première place en économie, est encore et toujours soutenue par la volonté forcenée d’effacer la honte. La grande histoire du monde, François Reynaert

Dans la vision hiérarchisée du monde que se font ceux qui s’en croient les maîtres, le continent noir tient une place particulière : il est tout en bas. Il n’est pas « en retard », comme le sont les vieilles civilisations d’Asie, il est tout simplement resté au stade du monde « primitif », c’est-à-dire situé quelque part entre la « sauvagerie » et l’âge de pierre. Il est donc impératif de l’en tirer au plus vite pour extirper les pratiques barbares qui s’y appliquent encore, en particulier l’esclavage. Presque toutes les interventions coloniales, on l’a oublié, sont justifiées au départ par des motifs humanitaires. La grande histoire du monde, François Reynaert

Les expéditions se sont toutes parées du masque de l’humanité. Il ne s’agissait jamais de conquérir, mais toujours de libérer les populations du joug de ceux qui les opprimaient, les roitelets cruels, les marchands d’esclaves arabes, les terribles anthropophages. On venait faire le bien. Il serait d’ailleurs injuste de négliger le fait que nombre de missionnaires, de médecins, d’infirmiers, d’instituteurs ont participé à l’entreprise coloniale parce qu’ils voyaient en elle un outil du progrès, et, à titre individuel, chacun dans leur branche, en éduquant, en soignant, ont fait ce qu’ils ont pu pour la rendre telle. La grande histoire du monde, François Reynaert

Même animé des meilleures intentions, le Blanc ne considère le Noir que comme un enfant à qui il faut tout apprendre, La grande histoire du monde, François Reynaert

Tous les Africains, sauf de rares exceptions, sont soumis à un équivalent de ce que les Français nomment le Code de l’indigénat, qui fait des sujets de l’empire des inférieurs et leur dénie tous les droits politiques et syndicaux des citoyens de la métropole. La grande histoire du monde, François Reynaert

Les traités imposés aux vaincus devaient assurer au monde une paix perpétuelle ; ils contiennent en germe des guerres à venir. La grande histoire du monde, François Reynaert

Toutes les anciennes provinces ottomanes deviennent ce qu’on appelle alors des « mandats » de la SDN, des territoires dont les « peuples ne sont pas encore capables de se diriger eux-mêmes ». La grande histoire du monde, François Reynaert

Leur administration est donc confiée à des puissances, ce qui revient, dans les faits, à en faire des protectorats. Une conférence diplomatique tenue à San Remo en fixe les frontières, qui suivent à peu près ce que les diplomates Sykes et Picot avaient prévu dès 1916. La grande histoire du monde, François Reynaert

Les Français obtiennent le nord d’une vaste zone centrée sur Damas. Las d’attendre, Fayçal, qui s’y trouvait, s’est fait couronner roi. Sans la moindre considération pour un ancien allié, les Français envoient une armée le chasser et prennent possession d’une région dont, après des hésitations, ils font deux pays. La création du premier est demandée par leurs alliés traditionnels, les chrétiens maronites, qui sont majoritaires autour du mont Liban. Le problème est que leur petite région est trop pauvre pour former un État viable. Paris accepte donc de lui adjoindre la riche plaine de la Bekaa et les ports de la côte, comme Beyrouth ou Tripoli, autant d’endroits habités par d’autres populations, druze, chiite ou sunnite. Dans cette nouvelle configuration, les maronites sont à peine majoritaires, mais le pays peut vivre. Le Grand Liban (fondé en 1920) est à l’origine du Liban actuel. Il existe également de nombreuses minorités dans le reste du mandat. Après avoir songé à le diviser en petits États pour y régner plus facilement, les Français décident de n’en plus faire qu’un seul, la Syrie ; La grande histoire du monde, François Reynaert

Stakhanov, un mineur du bassin houiller du Donbass (Ukraine), aurait mis tant d’ardeur à la tâche, lors d’une nuit d’été de 1935, qu’il aurait multiplié par quatorze, à lui seul, le quota demandés à chaque travailleur. Une campagne de propagande en fait une gloire nationale, le type même de l’« homme nouveau » que le régime veut voir naître. Le « stakhanovisme » devient le nom d’une méthode utilisée pour augmenter la productivité dans les usines. La grande histoire du monde, François Reynaert

La politique étrangère d’Hitler repose sur trois obsessions. Effacer le traité de Versailles, ce diktat qui a humilié l’Allemagne ; réaliser le pangermanisme, c’est-à-dire l’union de tous les Allemands, où qu’ils vivent, sous la coupe de Berlin ; et enfin assurer à la race aryenne son « espace vital » par l’expansion à l’est, là où vivent des populations slaves dont le Führer estime qu’elles ne méritent que d’être vaincues et asservies. La grande histoire du monde, François Reynaert

Depuis le XIXe siècle, depuis la colonisation et l’humiliation par l’Occident, le monde arabo-musulman est hanté par la même question : comment notre civilisation (et notre religion) qui régnait sur le monde a-t-elle pu tomber si bas ? Comment peut-elle remonter ? D’une certaine manière, toute l’histoire du Moyen-Orient après 1945 peut s’entendre comme une réponse à cette dernière interrogation. La grande histoire du monde, François Reynaert

Mais l’idée qui a été mise en valeur est appelée à un grand avenir. Elle pose que le meilleur gouvernement des hommes ne peut prendre sa source que dans le respect de Dieu et de la loi religieuse : on l’appelle l’« islamisme » ; La grande histoire du monde, François Reynaert

Pour Ibn Séoud, l’affaire est tentante. Il est à la tête d’un grand État à la vaste frontière, qu’il est en peine de protéger. Le mariage se fait sur cette base dès l’après-guerre : les Saoudiens laissent aux Américains la main sur leur pétrole en échange du parapluie de leur force militaire. C’est le paradoxe de la seconde moitié du XXe siècle. Les États-Unis se retrouvent les meilleurs alliés d’un pays qui va devenir le plus grand propagandiste d’un islam qui se veut en guerre contre l’Occident. La grande histoire du monde, François Reynaert

Le royaume d’Ibn Séoud a une autre caractéristique. Il défend le wahhabisme, une doctrine fondamentaliste qui promeut la lecture la plus étroite et la plus littérale du Coran, et pose la charia comme seule règle de gouvernement. La grande histoire du monde, François Reynaert

Dès les années 1920, Mao a commencé à former sa propre doctrine en adaptant le communisme à la réalité chinoise : il donne un rôle important aux masses paysannes, plutôt qu’à la classe ouvrière, ou encore estime qu’il faut passer directement de la « féodalité » à la société nouvelle, sans transition bourgeoise, comme le voulait Karl Marx, qui raisonnait en se référant à l’histoire occidentale.

Disparition des idéologies au nom d’un modèle lui-même très messianique. Comme les positivistes du XIXe siècle avaient eu le don de transformer l’amour de la science en une croyance, et les communistes le matérialisme en un culte, l’horizon indépassable d’un paradis terrestre issu du croisement étonnant de Wall-Street et de la Bible avait tout de la pensée religieuse. La grande histoire du monde, François Reynaert

La fin de la guerre froide allait permettre non pas l’avènement du libéralisme pour tous, mais un nouvel ordre du monde, structuré autour d’une dizaine de grandes civilisations toutes rivales les unes des autres et donc susceptibles de s’affronter. La grande histoire du monde, François Reynaert

Les extrémistes cherchent à déstabiliser l’adversaire pour le forcer à rejeter les musulmans en bloc, de manière à pousser ceux-ci dans les bras des fanatiques qui prétendent les représenter. La grande histoire du monde, François Reynaert

 

 

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