La Religion dans les
limites de la Raison – T – Emmanuel Kant
Le drame de la croyance et
de la science, lequel a débuté d’une manière si saisissante dans notre Pascal, La Religion dans les limites de la Raison
Emmanuel Kant
Tandis que la France,
sortie de l’enceinte de la tradition, niait ostensiblement le christianisme par
l’organe des encyclopédistes, l’Allemagne arrivait au même but, changeant,
modifiant, transformant le dogme de manière à y substituer un théorème moral. La Religion dans les limites de la Raison
Emmanuel Kant
Où est l’humanité, là est
la cité de Dieu. La Religion dans les
limites de la Raison Emmanuel Kant
Deux voies : l’une, le
panthéisme spiritualiste, qui érige la fatalité à la place de la
providence ; l’autre, le panthéisme matérialiste, qui aboutit à la
doctrine des intérêts. La Religion dans
les limites de la Raison Emmanuel Kant
Comment la raison peut-elle
s’ingérer de répondre au cœur ? Ces deux facultés, qui ont chacune leur
langage, peuvent-elles jamais se comprendre ? La raison, surtout, au
milieu de sa sphère d’abstractions, de déductions logiques, concevra-t-elle
jamais rien aux élans sublimes du sentiment ? La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
Seul, abandonné à lui-même,
le sentiment, comme moyen de connaissance, jette dans les extravagances du
mysticisme ; comme règle de conduite, il expose à la superstition, au
fanatisme et aux déceptions les plus amères La
Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
Jésus non point comme une
idée, mais comme la manifestation de l’idéal le plus parfait de l’humanité, La Religion dans les limites de la Raison
Emmanuel Kant
Quant au style de
l’ouvrage, je n’en dis rien ici ; je conviens seulement qu’il peut être
comparé à un massif de végétation vigoureuse dans lequel l’air ne circule qu’à
grand’peine. La Religion dans les limites
de la Raison Emmanuel Kant
l’idée d’un bien suprême
dans le monde, de ce bien dont la possibilité suppose l’acceptation d’un être
indépendant, moral, saint, tout-puissant, et ce bien suprême seul réunit les
deux précédents éléments. La Religion
dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
La morale conduit donc
irrésistiblement à la religion, et de là s’élève à l’idée d’un législateur
moral, tout-puissant, en dehors de l’humanité{V}, d’un législateur dans la
volonté duquel réside la fin suprême de la création, la fin telle que les
hommes peuvent et doivent se la proposer. La
Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
Si l’on se départit de ce
principe, il arrivera, à la fin, ce qui est déjà arrivé autrefois, au temps de
Galilée : la théologie biblique, pour abaisser la légitime fierté des
sciences et s’épargner à elle-même les efforts qu’elles réclament, ne craignit
pas d’entraver l’astronomie et d’autres sciences, par exemple l’histoire
primitive de la terre ; et, semblable à ces peuples qui, par impuissance,
par légèreté d’esprit ou par incurie, ne repoussent les périlleuses agressions
qu’en formant un vaste désert autour d’eux, la théologie arrêta tout essor de
l’esprit humain. La Religion dans les
limites de la Raison Emmanuel Kant
Ce ne peut être ni dans un
objet déterminant la volonté par l’inclination, ni dans une impulsion
instinctive que se trouve la source du mal, mais uniquement dans une règle que
la volonté se crée à elle-même pour l’usage de sa liberté, c’est-à-dire dans
une maxime. La Religion dans les limites
de la Raison Emmanuel Kant
Principes de détermination
dans la nature humaine, et distinguer : 1°. La disposition de l’homme à
l’animalité, en tant qu’être vivant ; 2°. Sa disposition à l’humanité, en
tant qu’être vivant et tout ensemble raisonnable ; 3°. Sa disposition à la
personnalité, en tant qu’être raisonnable et tout ensemble susceptible
d’imputabilité{XI}. La Religion dans les
limites de la Raison Emmanuel Kant
C’est seulement, en effet,
par voie de comparaison que l’homme se juge heureux ou malheureux. La Religion dans les limites de la Raison
Emmanuel Kant
De cet amour de soi
provient notre penchant à nous acquérir une valeur dans l’opinion d’autrui, La Religion dans les limites de la Raison
Emmanuel Kant
La première suppose
l’absence de la raison, que la seconde requiert sans doute la raison pratique,
mais uniquement dans l’intérêt des autres mobiles, et que la troisième seule se
fonde sur la raison pratique La Religion
dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
Il y a dans le malheur de
nos meilleurs amis quelque chose qui ne nous déplaît pas
absolument ; La Religion dans
les limites de la Raison Emmanuel Kant
les peuples civilisés se
tiennent, les uns à l’égard des autres, dans des rapports dignes du plus
grossier état de nature (sur le pied de guerre continuelle), La Religion dans les limites de la Raison
Emmanuel Kant
Le penchant à colorer ses
actions d’un vernis de moralité se trouve dans la nature humaine, il y a dans
l’homme un penchant naturel au mal ; et ce penchant lui-même devant être
cherché, en définitive, dans une volonté libre, pouvant par conséquent être
imputé, est moralement mauvais. La
Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
L’état de l’homme avant
tout penchant au mal s’appelle état d’innocence. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
La transgression du premier
homme s’appelle chute, tandis que chez nous elle serait représentée comme
dérivant de la méchanceté inhérente à notre nature. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
L’Écriture les explique
dans un récit{XVIII} ; elle place le mal au commencement du monde, non
dans l’homme encore, mais dans un esprit d’une destinée originairement
supérieure. De cette manière le premier commencement de tout mal en général est
représenté comme incompréhensible pour nous (car d’où vient le mal dans cet
esprit ?), et l’homme n’est représenté comme tombé dans le mal que par
séduction, par conséquent comme exempt de corruption dans le principe La Religion dans les limites de la Raison
Emmanuel Kant
Ce que l’homme, sous le
rapport moral, est ou doit devenir, son caractère de bonté ou de méchanceté est
nécessairement son propre ouvrage. L’un et l’autre doivent être un résultat de
son libre arbitre ; car autrement ils ne pourraient pas lui être
imputés ; par conséquent il ne serait, moralement, ni bon ni méchant. La Religion dans les limites de la Raison
Emmanuel Kant
L’éducation morale de
l’homme doit commencer non point par l’amélioration de ses mœurs, mais par la
rénovation de sa manière de penser et par la formation d’un caractère en lui La Religion dans les limites de la Raison
Emmanuel Kant
L’expérience interne de
l’homme par lui-même ne lui permet point de pénétrer la profondeur de son cœur
au point de pouvoir acquérir une connaissance parfaitement sûre du principe des
maximes qu’il professe, ni de leur pureté et de leur stabilité.
Si j’eusse reçu une volonté
parfaitement sainte, toutes les tentations au mal échoueraient d’elles-mêmes en
moi ; La Religion dans les limites
de la Raison Emmanuel Kant
Nous sommes inévitablement
circonscrits dans les conditions de temps, l’action reste toujours
défectueuse ; en sorte que nous devons considérer le bien phénoménal,
c’est-à-dire en acte, comme constamment insuffisant eu égard à une loi sainte La Religion dans les limites de la Raison
Emmanuel Kant
L’homme, malgré ses
imperfections permanentes, peut espérer en général d’être agréable à Dieu dans
quelque moment que soit brisée son existence. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
On ne se trompe jamais plus
facilement qu’en ce qui favorise la bonne opinion de soi-même. Il ne paraît
donc pas convenable d’exciter en soi une pareille confiance ; au
contraire, il semble plus avantageux (pour la moralité) de « faire son
salut par la crainte et la terreur. » La
Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
il n’y a qu’un acte unique,
parce que l’abandon du mal n’est possible que par l’intervention du bon
sentiment qui met dans la voie du bien, et réciproquement. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
L’homme fut investi
primitivement de la possession des biens de toute la terre (I. Moïse, I, 28), à
condition, toutefois, qu’il posséderait ces biens seulement en sous-propriété
(dominium utile), relevant de son créateur et maître, comme d’un possesseur
supérieur et direct (dominus diretor). La
Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
La domination et le gouvernement
de la suprême sagesse s’exerce sur les êtres raisonnables conformément au
principe de leur liberté, et tout ce qui se rencontre de bien et de mal doit
leur être directement imputé. Ainsi, en dépit du bon principe, un empire du mal
fut fondé, et tous les hommes descendant (naturellement) d’Adam y furent
soumis, avec leur consentement toutefois : l’illusion que produisirent sur
eux les biens de ce monde détourna leurs regards de l’abîme de corruption
auquel ils étaient réservés. Le bon principe, à cause de sa légitime prétention
à la domination sur l’homme, se mit en sûreté en créant une forme de
gouvernement basée simplement sur le respect public de son nom (la théocratie
juive) ; mais, comme les âmes de ses sujets n’étaient déterminées par aucun
autre mobile que par les biens temporels et qu’ils ne voulaient être ainsi
gouvernés qu’au moyen de récompenses et de châtiments ; comme ils
n’étaient susceptibles d’aucune loi, hormis celles qui imposaient des
cérémonies et des pratiques gênantes, hormis ces lois, d’ailleurs parfaitement
morales, pour lesquelles il y a lieu à contrainte extérieure, qui ne sont, par
conséquent, que des lois civiles dans lesquelles le sentiment moral n’est point
pris en considération ; alors cette forme de gouvernement ne porta aucun
préjudice essentiel au royaume des ténèbres, mais servit tout simplement à
rappeler sans cesse à la mémoire l’imprescriptible droit du possesseur
primitif. La Religion dans les limites de
la Raison Emmanuel Kant
Une nouvelle domination
morale (car il en faut toujours une à l’homme) qui sera un état de liberté dans
lequel ils trouveront pour leur moralité soutien et protection, qu’il n’y a de
salut pour les hommes que dans l’acceptation la plus intime des Véritables
principes moraux dans sa conscience ; et que cette acceptation est
entravée non par la sensibilité si souvent incriminée, mais par une certaine
perversité (par versitas) coupable, ou, si l’on veut nommer autrement cette
méchanceté, par la perfidie, par la fausseté, par une ruse satanique qui
infiltra le mal dans le monde La Religion
dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
Si une religion morale (qui
ne consiste pas dans des règlements et des observances, mais dans la
disposition du cœur à pratiquer régulièrement les devoirs humains considérés
comme préceptes de Dieu) doit avoir une base, ce ne peut être les miracles que
l’histoire rattache à son institution et qui doivent eux-mêmes rendre enfin
superflue la croyance aux miracles en général. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
Si l’on demande, toutefois,
ce qu’il faut entendre par le mot miracle, comme il s’agit proprement de savoir
ce que sont les miracles pour nous, c’est-à-dire pour l’usage pratique de notre
raison, on peut s’expliquer en disant que ce sont des événements extérieurs
dont les causes sont et doivent demeurer pour nous absolument inconnues. La Religion dans les limites de la Raison
Emmanuel Kant
Dieu laisse dévier la
nature quelquefois La Religion dans les
limites de la Raison Emmanuel Kant
Dans la vie, on ne peut
donc compter sur des miracles ni en faire état dans l’usage de sa raison (usage
qui est nécessaire dans toutes les positions). La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
Un état politico-juridique
ou politique est la relation des hommes entre eux lorsqu’ils sont associés sous
des lois publiques de droit (qui sont toutes des lois de contrainte). Un état
politico-moral est celui où les hommes sont réunis sous des lois qui
n’emportent pas avec elles la contrainte, c’est-à-dire sous des lois purement
morales. La Religion dans les limites de
la Raison Emmanuel Kant
Malheur au législateur qui
voudrait réaliser par contrainte une constitution tendant à une fin
morale ! car non-seulement il réaliserait le contraire d’une constitution
morale, mais il minerait et affaiblirait encore sa constitution politique. La Religion dans les limites de la Raison
Emmanuel Kant
le bien moral suprême, loin
d’être atteint par l’aspiration d’une seule personne à sa propre perfection
morale, exige l’union de cette personne à un tout pour marcher vers un seul et
même but, vers un système d’hommes bien intentionnés, dans lequel et par
l’unité duquel seulement le souverain bien moral peut être réalisé La Religion dans les limites de la Raison
Emmanuel Kant
Comme, d’un autre côté,
l’idée d’un pareil tout, en tant que république universelle conçue selon des
lois morales, est une idée absolument différente de toutes les lois morales,
lesquelles concernent ce que nous savons être en notre pouvoir, à savoir une
idée tendant à agir sur un tout sans que nous sachions s’il nous est possible
ou non d’agir sur ce tout, — alors c’est là un devoir, quant à la nature et
quant au principe, différent de tous les autres devoirs. — On peut déjà induire
de ce qui précède, que ce devoir exige la supposition d’une autre idée, à
savoir celle d’un être moral supérieur, par la direction universelle duquel les
forces, insuffisantes en soi, des individus, seraient réunies pour une action
commune. Mais il nous faut suivre d’abord le fil conducteur de ce besoin moral
en général, et nous verrons où il nous conduira. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
La législation repose sur
ce principe : limiter la liberté de chacun aux conditions sous lesquelles
elle peut subsister avec la liberté de tous selon une loi générale{XL} ;
dans cette république, par conséquent, la volonté générale institue une
contrainte extérieure légale. La Religion
dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
Les caractères nécessaires,
par conséquent aussi les signes distinctifs de la véritable Église, sont les
suivants : 1°. L’universalité, conséquemment l’unité numérique. L’Église
doit renfermer en elle une disposition à ce caractère, c’est-à-dire que,
quoique partagée en opinions contingentes et dénuée d’unité, elle est pourtant,
si on la considère à son point de vue essentiel, fondée sur des principes tels
qu’il doit nécessairement en résulter pour elle l’unité et l’universalité. Par
conséquent, point de sectes. 2°. La qualité, c’est-à-dire la pureté.
L’association ne doit reconnaître d’autres mobiles que les mobiles
moraux : elle doit être purifiée et de la faiblesse de la superstition et
de la frénésie du fanatisme.
3°. La relation, sous le
principe de liberté ; tant la relation interne des membres de l’Église les
uns avec les autres que la relation extérieure de l’Église avec le pouvoir
politique : double rapport qui existe dans un état libre. Il ne peut donc
être question ni de hiérarchie, ni d’illuminisme, sorte de démocratie résultant
d’inspirations individuelles qui peuvent être différentes les unes des autres
dans la tête de chacun. La Religion dans
les limites de la Raison Emmanuel Kant
La Constitution d’une
Église dépend toujours de quelque croyance historique (révélée) que l’on peut
appeler croyance ecclésiastique, et cette croyance est d’autant mieux fondée
qu’elle s’appuie sur des écrits sacrés. La
Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
C’est une faiblesse propre
de la nature humaine, et conséquemment une faute, de ne jamais pouvoir juger la
croyance pure la croyance rationnelle selon son exacte valeur, de ne jamais
pouvoir la tenir pour seul et unique fondement d’une Église. La Religion dans les limites de la Raison
Emmanuel Kant
On regarde le devoir, en
tant qu’il est en même temps un précepte divin, comme l’expression d’un intérêt
de Dieu, non de l’homme : de là l’idée d’une religion de culte au lieu de
l’idée d’une religion morale pure. La
Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
Savoir comment Dieu veut
être honoré (et obéi). — Or, la volonté divine législative commande par des
lois positives en soi, ou par des lois morales pures. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
L’idfée de la Divinité
découle essentiellement de la conscience des lois morales, et du besoin
rationnel de reconnaître une puissance capable de produire dans sa plénitude
cet effet possible dans un monde donné, et d’accord avec le but final de la
moralité. La Religion dans les limites de
la Raison Emmanuel Kant
La question : comment
Dieu veut-il être honoré dans une Église en tant que communion divine ?
paraît être soluble par la seule raison, mais requérir une législation positive
communiquée aux hommes par la révélation, une croyance historique par
conséquent, et que l’on peut nommer, par opposition à la croyance religieuse
pure, croyance ecclésiastique. La
Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
Il n’y a aucun motif de
tenir la loi qui constitue le fondement et la forme d’une Église pour une loi
divine positive ; il y a plutôt de la témérité à la faire telle pour se
dispenser d’améliorer constamment la forme de l’Église, à moins que ce ne soit
une usurpation de l’autorité suprême pour imposer, avec les préceptes
ecclésiastiques, sous le prétexte d’ordre divin, un joug à la foule. l’Écriture
qui, en tant que révélation, doit être un objet sacré pour les contemporains et
pour la postérité : il faut à l’homme une confirmation permanente pour
qu’il soit sûr de ses devoirs de culte divin. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
Tombe devant cette parole
qui détruit toutes les objections : Cela est écrit. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
C’est qu’il existe, bien
avant cette croyance populaire, une disposition profonde de la raison humaine à
la religion morale, à cette religion dont les premières manifestations
grossières furent, à la vérité, certaines pratiques de culte, et donnèrent lieu
conséquemment à de prétendues révélations ; quelque chose du caractère de
leur origine supra-sensible se retrouve ainsi, sans dessein préconçu, dans ces
inventions poétiques. — On ne peut donc nous accuser de cacher des intentions
mauvaises sous nos explications : si l’on ne veut pas accorder que le sens
donné par nous aux symboles de la croyance populaire ou même aux livres saints
en est directement tiré, on doit convenir que ce sens peut y être rattaché, et
qu’il rend possible l’intelligence de ces livres et de ces symboles. Car la lecture
de l’Écriture sainte, la méditation sur son sens intime, a pour résultat
l’amélioration morale de l’homme ; quant à la partie historique, qui
n’aboutit point à de pareils résultats, elle est parfaitement indifférente en
soi, et l’on peut agir avec elle comme bon semble. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
La croyance historique est
« morte en elle-même, » c’est-à-dire que considérée comme
connaissance, elle ne renferme rien, elle ne porte sur rien qui ait pour nous
une importance morale. La Religion dans
les limites de la Raison Emmanuel Kant
Toute recherche, tout
commentaire sur l’Écriture doit avoir pour but d’y découvrir cet esprit
vivifiant, populaire, ne peut être négligée : car le peuple ne croit point
devoir adopter une doctrine fondée sur la simple raison, comme une règle
invariable ; il exige la révélation divine, par conséquent aussi une
garantie historique de l’autorité de cette doctrine, La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
La croyance à une religion
de culte est, au contraire, une croyance servile et mercenaire ; elle ne
peut être considérée comme une croyance sanctifiante parce qu’elle n’est point
morale. Une croyance morale est nécessairement une croyance libre, fondée sur
les purs sentiments du cœur (fides ingenua). La croyance de culte pense être
agréable à Dieu au moyen d’actes qui, tout pénibles qu’ils sont, n’ont pourtant
aucune valeur en soi, sont simplement déterminés par la crainte et l’espérance,
et sont possibles également au méchant ; tandis que la croyance morale
suppose, comme nécessaire pour être agréable à Dieu, un sentiment moral
excellent. La Religion dans les limites
de la Raison Emmanuel Kant
Décider si une croyance
historique ou ecclésiastique doit toujours s’ajouter comme partie essentielle à
la croyance religieuse pure ; ou si, en tant que simple moyen, elle
pourrait à la fin, quelque éloigné qu’en soit le jour, passer dans la croyance
religieuse pure. La Religion dans les
limites de la Raison Emmanuel Kant
ON ne peut désirer une histoire
universelle de la religion, à prendre le mot de religion dans son acception la
plus étroite ; car, en tant que fondée sur la croyance morale pure, elle
n’est pas un état public : chacun isolément a conscience des progrès qu’il
y fait. sans croyance à une vie future, nulle religion ne peut être imaginée La Religion dans les limites de la Raison
Emmanuel Kant
Il s’en faut beaucoup que
le judaïsme ait constitué une époque de l’Église universelle, une Église
universelle même pour son temps ; on peut plutôt dire qu’il a exclu le
genre humain entier de sa communion ; il se regardait comme le peuple élu
de Jéhovah, ce qui lui attirait l’inimitié de tous les peuples, et excitait la
sienne envers eux. La Religion dans les
limites de la Raison Emmanuel Kant
Comme personne ne peut
contester la possibilité d’un écrit qui renferme, quant au fond pratique,
quelque chose de purement divin, cet écrit peut (en ce qui concerne la partie
historique) être considéré effectivement comme une révélation divine, et
conséquemment l’association des hommes en une religion ne peut être réalisée et
fermement établie sans un livre sacré, sans une croyance ecclésiastique la
véritable religion ne peut résider dans la connaissance de ce que Dieu fait ou
a fait pour notre sanctification, mais bien dans ce que nous devons faire pour
en être dignes. La Religion dans les
limites de la Raison Emmanuel Kant
Dans toute espèce de
croyances relatives à la religion, lorsqu’on en recherche le caractère interne,
on rencontre inévitablement un mystère, c’est-à-dire quelque chose de saint
qui, bien que connu de chacun, n’est pourtant point démontrable publiquement,
c’est-à-dire ne peut être communiqué universellement. La Religion dans les limites de la Raison Emmanuel Kant
La liberté, propriété qui
est connue de l’homme grâce à la déterminabilité de son arbitre par la loi
morale absolue, n’est pas un mystère, car la connaissance peut en être
communiquée à chacun. Le principe à nous impénétrable de cette propriété, voilà
le mystère ; car il ne nous est pas donné de le connaître. La Religion dans les limites de la Raison
Emmanuel Kant
L’homme ne peut réaliser
lui-même l’idée du souverain bien (non-seulement du bonheur qui en fait partie,
mais aussi de la communion nécessaire des hommes dans un seul et unique but),
idée qui est inséparablement liée au sentiment moral pur. L’homme pourtant
trouve en lui le devoir d’accomplir cette réalisation ; il est donc forcé
de croire à la coopération directe ou indirecte d’un maître moral du monde,
coopération par laquelle seule la fin précédente est possible. Alors, s’offre
béant devant lui l’abîme d’un mystère : il ne sait ce que Dieu fait en ce
cas, s’il exerce quelque action en général, et laquelle en particulier il doit
lui attribuer. Il en va autrement, s’il s’agit de devoirs ; l’homme ne
connaît rien des devoirs, si ce n’est que, pour être digne de cette assistance,
qui est incompréhensible, ou, du moins, qu’il ne connaît pas, il doit les
accomplir. La Religion dans les limites
de la Raison Emmanuel Kant
La véritable croyance
religieuse universelle est la croyance en Dieu, 1°. en tant que créateur
tout-puissant du ciel et de la terre, c’est-à-dire, moralement, en tant que
législateur saint ; 2°. en tant que conservateur de l’espèce humaine,
c’est-à-dire gouverneur plein de bonté et de sollicitude pour elle ; 3°.
en tant qu’exécuteur de ses propres lois saintes, c’est-à-dire en tant que juge
impartial. La Religion dans les limites
de la Raison Emmanuel Kant
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