La Révolution racialiste,
et autres virus idéologiques – T -, Mathieu Bock-Côté, La Cité
Ce n’est pas d’hier que les
campus américains passent pour des asiles à ciel ouvert. Mais il était d’usage,
chez les gens qui se voulaient raisonnables, de les regarder avec une distance
amusée, en se disant, de très loin, qu’ils sont fous, ces Américains. Il n’en
est plus ainsi. On ne rit plus devant leur délire et les aberrations qui en
sortent ne sont plus traitées comme des faits divers mais comme des symptômes d’un
mal plus profond. Leur univers mental s’est déconfiné et est désormais au cœur
du débat public des sociétés occidentales. Une mouvance nouvelle, une nouvelle
gauche religieuse américaine, la gauche « woke », qui se veut
éveillée, éclairée par la Révélation diversitaire, et qui fait de la
« race » la catégorie sociologique et politique la plus importante,
multiplie les grandes processions au cœur des capitales et métropoles des deux
côtés de l’Atlantique, en scandant des slogans « décoloniaux », pour
qu’enfin s’effondre le vieil Occident, qui croulerait sous le poids du racisme
systémique. La Révolution racialiste, et
autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Après des siècles
d’aveuglement, il faudrait exposer au grand jour la structure raciale des sociétés
occidentales, pour mieux la démanteler et anéantir enfin l’empire de la
« suprématie blanche ». La
Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
C’est seulement lorsque les
peuples occidentaux seront devenus étrangers chez eux qu’on la jugera achevée. La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Les blancs aiment à croire
que nous sommes à une époque postraciale de l’histoire. Mais la vérité est que
le racisme et le racisme antinoir sont toujours bien vivants aujourd’hui. La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Le messianisme hante
l’histoire de la civilisation occidentale et l’énergie religieuse inemployée
dans une société sécularisée qui ne croit plus aux vieilles idéologies qui ont
marqué le XXe siècle finira toujours par se canaliser quelque part. Aucune
société n’est étrangère au désir d’absolu et la fiction libérale d’un monde
consentant à un vide métaphysique se désagrège sous nos yeux. La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Joe Biden était-il
conscient de la portée de la concession conceptuelle qu’il accordait à l’aile
radicale du parti démocrate américain en faisant de la lutte contre le
« racisme systémique » l’un des grands axes de sa candidature
présidentielle7 ? Emmanuel Macron savait-il vraiment ce qu’il faisait, en
décembre 2020, en portant crédit à la théorie du « privilège
blanc » ? Etait-il conscient qu’au-delà de la ruse désormais éventée
du en même temps il basculait dans un imaginaire sémantique et conceptuel
absolument étranger au substrat culturel de son pays ? La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Le progressiste se faisait
une fierté, hier, de ne pas être raciste : il s’en fait une aujourd’hui de
l’être, ou du moins d’avouer l’être, première étape pour ne plus l’être. La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Aucune société ne peut être
absolument indifférente à la population qui la compose. Le monde occidental
commence à voir la portée des transformations sociales entraînées par
l’immigration massive18. Les appels fervents à l’intégration substantielle des
populations qui en sont issues pèsent de moins en moins devant un facteur que
la communauté des savants jugeait encore hier négligeable : le poids
démographique. La Révolution racialiste,
et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Pillages une forme de
« réparation » historique2, la « défense du pillage »
devenant même un thème de philosophie politique à la mode, la philosophe Vicky
Osterweil y voyant un instrument privilégié pour renverser la « suprématie
blanche » qui s’appuierait sur une sacralisation du droit de propriété et
dissimulerait les inégalités raciales en les institutionnalisant derrière la
société libérale. La Révolution
racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Il faudrait enfin faire
tomber le privilège blanc et jeter à terre une civilisation qui se serait
avilie en commettant les plus grands crimes. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
La seule manière d’être
authentiquement démocrate aujourd’hui consisterait à reprendre le monde à zéro.
Une nation témoignerait même de sa grandeur en cherchant à s’abolir :
c’est dans la désincarnation angélique qu’elle trouverait sa rédemption. En
renonçant à voir le monde à partir de sa propre histoire et de sa propre
situation existentielle, elle parviendrait enfin à adopter le visage de
l’humanité. La Révolution racialiste, et
autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Ce qui vient du passé doit
être retraduit en termes actuels pour éviter que les œuvres du monde d’hier ne
contaminent le présent. Celles qui sont produites aujourd’hui ne doivent pas
heurter le régime diversitaire et ses minorités protégées, comme on le voit
avec certaines maisons d’édition américaines embauchant des sensitivity
readers, des lecteurs de sensibilité, chargés d’assurer une représentation
idéologiquement correcte des personnes qui s’y retrouvent, ce qui n’est pas
sans évoquer la réécriture de l’histoire et de la littérature chez Orwell. La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Les Etats-Unis n’étaient
plus appelés à poursuivre l’histoire occidentale sur le continent nord-américain,
mais à en inaugurer une toute nouvelle, où se croiseraient les peuples et les
civilisations engendrant un monde nouveau, pour peu qu’ils parviennent à se
laver une fois pour toutes de la souillure de leur péché originel. La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
« Ce qui caractérise la culture et
l’histoire modernes, c’est la structuration du monde entre les Occidentaux
et les pays exploités par l’Occident. On ne peut pas ne pas se dire que l’on
jouit aujourd’hui d’un passé, sans penser à ce que cela a coûté à
d’autres », dit Rokhaya Diallo24. En d’autres termes, la prospérité
de la civilisation occidentale serait fondamentalement illégitime : elle
ne devrait rien à sa propre dynamique religieuse, philosophique, politique,
culturelle, technique et économique. Elle serait exclusivement le fruit de
l’exploitation coloniale et du pillage. La
Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
En expulsant symboliquement
les Européens et leurs descendants, au nom d’une Amérique précolombienne pure,
qui s’engagerait aujourd’hui dans une entreprise de Reconquista amérindienne26.
La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
L’abolition des frontières
ou, du moins, leur neutralisation pour permettre l’ouverture intégrale des pays
nord-américains aux migrants qui aujourd’hui traversent le monde,
concrétiserait ce processus de décolonisation, la souveraineté des Etats étant
enfin annihilée. La Révolution
racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Les peuples issus de la
colonisation européenne sont sommés de s’excuser publiquement d’être là
– la rhétorique décoloniale étant même récupérée par une frange de la
jeune génération issue de l’immigration pour remettre en question l’exigence
d’intégration culturelle à la société d’accueil dans la mesure où elle conteste
ainsi la légitimité même de ces sociétés. La
Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Les Amérindiens en viennent
à être présentés comme des Autochtones, ce qui n’est certainement pas
contestable, et les Québécois, comme les Allochtones, ce qui est plus étonnant
– en d’autres termes, ils deviennent, dans leur manière même de se nommer,
des étrangers chez eux, extérieurs à eux-mêmes, en poussant le décentrement
identitaire jusqu’à l’expulsion de soi32. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
L’argument est connu :
l’immigration massive est toujours présentée comme une conséquence de la
décolonisation, à la manière d’un reflux démographique des anciennes colonies
vers leurs métropoles – sans qu’on ne se demande pourquoi des sociétés
comme la Suède, le Danemark ou la Norvège sont aussi emportées par cette
tendance. La Révolution racialiste, et
autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
La décolonisation engagée
dans les années 1950 n’ira au bout d’elle-même que lorsque les peuples
européens seront étrangers chez eux. La
Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Comme si toutes ses nations
reproduisaient dans leur vie collective les dérèglements américains …/. La
thèse anxiogène de persécutions policières à grande échelle contre les
minorités en Occident s’est pourtant imposée partout au cœur du récit
médiatique. La Révolution racialiste, et
autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
La haine de la police
serait un humanisme. On en appelle donc au définancement, au désarmement voire
à une abolition des services policiers qui permettrait d’engager la
construction d’une société véritablement inclusive et antiraciste. La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
La révolution, quoi qu’on
en dise, ne tolère pas qu’on ne s’y soumette pas. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
Transe collective, en
demandant pardon pour les crimes de leurs ancêtres et le racisme supposément
structurel du monde occidental. Il n’était pas permis de ne pas y participer.
Il s’agissait d’un rite par lequel on espérait renaître en se faisant pardonner
ses péchés et son privilège blanc, qu’on jurait de critiquer inlassablement,
pour tuer le vieil homme blanc en soi. La
Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
C’est en se maudissant
comme Blanc que l’homme blanc pourrait se délivrer un peu de sa blanchité,
condition impérieuse à la construction d’un monde antiraciste. La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Qui sont les wokes ?
Radio-Canada en donne une définition fondamentalement positive :
« Expression anglaise. Signifie littéralement “réveillé”. Dans un contexte
de combat en matière de justice sociale, cette expression définit quelqu’un qui
est alerte aux injustices qui peuvent avoir lieu autour de lui. On utilise
souvent cette expression en opposition à “être endormi”, soit ne pas être
éduqué sur les enjeux socio-économiques et sur les questions raciales2. » La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
On pourrait aussi définir
le wokisme comme une forme d’hypersensibilité revendiquée aux minorités qui
s’engageraient sur le chemin de l’émancipation et à leurs revendications à
travers leur mise en procès de l’homme blanc. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
Le wokisme devient un
critère pour distinguer ceux qui appartiennent à la nouvelle humanité et les
rebuts de l’ancienne : La Révolution
racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Le régime diversitaire
pousse ainsi d’importants segments de la population à se définir dans un
imaginaire et une psychologie victimaires. Le woke est l’Homo sovieticus du
régime diversitaire. La Révolution
racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Le modèle de la fluidité
identitaire contribue à la déstructuration anthropologique des jeunes
générations, La Révolution racialiste, et
autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Concept de
micro-agression : toutes les normes sociales sont potentiellement
offensantes ou discriminatoires dans la mesure où elles peuvent contraindre la
représentation qu’un individu se fait de son identité, La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
Le mégenrage d’un individu,
qui consiste à l’interpeller à partir d’un autre genre que celui auquel il
s’identifie, devenant ici une figure paradigmatique de la micro-agression. Il
existerait au cœur de l’ordre social un « code » à briser pour
permettre à chacun de déployer pleinement son authenticité. La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Les micro-agressions
trouvent leur origine dans l’expression de la culture « majoritaire »
insensible à la condition particulière des identités minoritaires et de la
diversité – on pourrait aussi y voir le signe d’une fragilisation de la
subjectivité qui ne parvient plus à se construire à partir d’assises
culturelles solides et qui bascule dans une obsession de l’authenticité, au
point même de se reconnaître dans la mystique de l’auto-engendrement portée par
la théorie du genre qui a prétendu artificialiser intégralement l’identité
humaine. La Révolution racialiste, et
autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
La psychologie de la
génération woke est structurée par sa surexposition au regard social qui la
pousse à pratiquer l’exhibitionnisme vertueux et la surenchère moralisatrice. La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Dans certaines, comme la
prestigieuse UCLA, les étudiants sont invités en première année à se faire
tester pour dépister leurs préjugés La
Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Il faut donc
« équilibrer » la liberté d’expression des intellectuels invités sur
les campus avec la susceptibilité de ces groupes militants prétendant disposer
du droit de ne pas être offensé, c’est-à-dire de ne pas entendre un autre
propos que celui qu’ils veulent entendre. La
Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
La simple prononciation des
mots « homme » et « femme » pouvait même heurter les
étudiants queers, qui se sentaient exclus de la classe par l’adhésion
inconsciente du professeur au système binaire hétéropatriarcal37. Pour les
wokes, c’est l’existence même du monde qui devient un scandale. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques,
Mathieu Bock-Côté
Alors qu’il y a peu encore,
le prisme racial était jugé moralement condamnable et scientifiquement
irrecevable, il revient fardé d’une légitimité nouvelle, dans le langage de la
sociologie. La Révolution racialiste, et
autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Il ne suffit plus de ne pas
être raciste, mais il faut être antiraciste. En d’autres termes, il ne suffit
pas de ne pas être raciste soi-même, mais l’on doit adopter la théorie et le
discours de l’antiracisme racialiste en lutte contre le système raciste blanc
pour être du bon côté de l’histoire. La
Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Se dessine ici le procès de
l’universalisme, au cœur de l’antiracisme racialiste. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
L’antiracisme diversitaire
bute néanmoins sur un problème majeur : les sociétés occidentales,
traumatisées avec raison par la catastrophe hitlérienne, ont fait du refus
radical de la race le principe fondateur de leur imaginaire démocratique. La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
1492, date maudite :
l’expansion européenne à partir du XVe siècle serait indissociable du
racisme et d’un système de classification hiérarchique des groupes humains
selon leur apparence supposée. L’Europe se serait étendue à la taille du monde
en théorisant la légitimité de sa propre domination. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
La question de l’universalisme
est essentielle : les sociétés occidentales veulent croire que ce principe
les caractérise, et y voient le principal levier intellectuel pour transcender
les déterminismes ethniques, et raciaux, en rappelant aux individus leur
commune appartenance à l’humanité. Mais ce principe ne serait pas seulement
illusoire, ou limité, comme le rappellent les sociologues attachés au rappel de
son ancrage culturel et civilisationnel : il serait frauduleux. La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
La fiction universaliste
ferait écran à la réalité et servirait exclusivement les intérêts d’une
majorité blanche reproduisant dans les frontières de la société occidentale une
structure de domination coloniale au désavantage des immigrés. La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
L’universalisme serait le
mensonge que le monde occidental se raconterait à lui-même pour continuer à
occulter les populations autrefois colonisées. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
Certains rêvent de doubler
la valeur du vote des populations « racisées »28, d’autres souhaitent
l’abolition des frontières et la libre entrée des immigrés dans les pays
occidentaux, qui devraient leur fortune actuelle à leur aventure coloniale
passée. La Révolution racialiste, et
autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
L’antiracisme consiste
donc, aujourd’hui, à viser la blanchité, à détruire les institutions qui la
soutiendraient, et à amener les Blancs à ne plus l’être. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
Où ils ont été socialisés
dans une culture blanche, ils ont intériorisé les codes de la suprématie
blanche, qu’ils reproduiraient naturellement, surtout s’ils croient ne pas le
faire. Ils le sont dans la mesure où la norme blanche s’est constituée sur le
mode de la suprématie raciale invisibilisée dans les termes de la mythologie
libérale. La Révolution racialiste, et
autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Aux Etats-Unis, les cadres
doivent se soumettre de plus en plus à un genre de dépistage inédit, celui des
pensées coupables, censées se dévoiler à travers un test d’association d’idées
qui se généralise dans le milieu du management, et qui les conduit à s’engager dans
une série de séances de formation pour déconstruire leurs préjugés et leur
faire voir la société à travers le prisme de la sociologie antiraciste37. La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Cette entreprise de
rééducation peut aller jusqu’à l’organisation de stages spécialement destinés
aux hommes blancs hétérosexuels, où ils sont conviés à avouer leurs préjugés et
à s’accuser de racisme, tout en écrivant aux personnes issues des minorités
autour d’eux pour s’excuser du mal qu’ils leur ont fait, comme on a pu le voir
dans une affaire qui a fait grand bruit aux Etats-Unis, dans le milieu de
l’armement38. La Révolution racialiste,
et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Comment se délivrer de son
privilège blanc ? Comment se purger de ses propres préjugés ? Comment
devenir l’allié des groupes minoritaires sans prétendre les sauver ni prendre
le leadership de leurs combats – sans tomber dans le mythe du white
savior, du « sauveur blanc » ? La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
On était autrefois fier de
ne pas être raciste. Il faut aujourd’hui l’être d’avouer qu’on l’est. La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Les pouvoirs publics sont
appelés à produire un nouvel imaginaire collectif, comme le dira en France
Delphine Ernotte qui, sur la base de statistiques ethniques voulant que
25 % de la population française soit non blanche, entendait consacrer son
mandat à la direction de France Télévisions à la représentation de cette
diversité dans les productions télévisuelles du pays44. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
». Il s’agit donc de
permettre à ses employés issus des minorités de raconter les faits selon une
perspective militante, délivrée du souci classique d’objectivité. La direction
de la chaîne se montrera favorable à cette revendication en se demandant si
« nos définitions de l’objectivité, de l’équilibre, de l’équité et de
l’impartialité – et notre exigence voulant que les journalistes
n’expriment pas leurs opinions personnelles sur les sujets que nous
couvrons – vont à l’encontre de nos objectifs d’inclusion […]La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
On assiste donc à l’émergence
du racisme intraracial, que les spécialistes autoproclamés de la question
nomment colorisme. La Révolution
racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Se vivant comme
une minorité civilisée isolée au sein d’une nation de ploucs
et de cul-terreux, les libéraux tombaient dans un style
de critique sociale qui avait pour étrange effet de renforcer
leur complaisance au lieu d’y remédier. Christopher Lasch La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
L’idéal d’une surveillance
intégrale des pensées et conversations est revendiqué par le régime
diversitaire, comme on le constate avec la « stratégie anti-rumeurs »
financée par le Conseil de l’Europe dans le cadre de son programme Cités
interculturelles. Cette politique entend « identifier les rumeurs qui
courent dans une ville ; collecter des données objectives mais aussi des
arguments émotionnels pour dissiper les fausses rumeurs ; créer un réseau
anti-rumeurs composé d’acteurs de la société civile locale ; nommer et
former des “agents anti-rumeurs” ; et concevoir et mener des campagnes de
sensibilisation pour lutter contre ces rumeurs »2. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
Une grande croisade pour
bannir de la cité ceux qui participent consciemment ou inconsciemment à la
défense d’un ordre jugé discriminatoire, fondé sur des préjugés racistes,
sexistes et transphobes, s’annonce. La
Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Il s’agit chaque fois d’en finir
avec le bois mort de l’humanité, de liquider les classes sociales ou les
catégories de la population qui sont perçues comme des obstacles à la marche de
l’Histoire et au progrès. La Révolution
racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Il faudrait peut-être, plus
exactement, parler de la tentation fondamentaliste de la modernité qui s’empare
du concept de démocratie pour lui prêter une nouvelle définition lui permettant
de qualifier ses critiques d’antidémocrates. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
La théorie du genre
représente le point d’aboutissement de la tendance constructiviste des sciences
sociales, qui décrète le caractère artificiel de toutes les formes naturelles,
historiques et sociales. Tout est construction sociale et tout peut être
déconstruit. Le naturel n’existe pas, le culturel est arbitraire. Ce qu’on
prenait encore hier pour le sens commun ne serait en fait qu’un résidu du vieux
monde, un amoncellement de préjugés. Derrière les constructions sociales, il
n’y aurait qu’un flux insaisissable, immaîtrisable. Toute forme d’identité
substantielle est perçue comme une assignation identitaire autoritaire, qu’il
faudrait renverser pour permettre à la subjectivité de s’émanciper La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Kamala Harris, dans les
jours qui suivirent la victoire de son ticket avec Joe Biden, elle ajouta à son
identité Twitter « She/Her », une « pratique visant à se
positionner sur le spectre du genre en solidarité avec les personnes trans20 La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Dans de nombreux pays
occidentaux, au fil des dernières années, les termes père et mère ont
progressivement été effacés du vocabulaire administratif, parce qu’ils seraient
aussi des vestiges de l’ordre hétéronormatif. Mieux vaudrait parler de
parent 1 et parent 2. La
Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
L’antifascisme,
aujourd’hui, se définit par sa lutte contre « le suprémacisme blanc et
l’autoritarisme » et cherche à « construire des tabous sociaux qui
empêchent le racisme, le sexisme, l’homophobie, et toutes les formes
d’oppression sur lesquelles se fonde le fascisme, d’être au cœur du processus
complexe de fabrique de l’opinion. Et pour maintenir ces tabous sociaux, il
faut mettre en pratique […] l’antifascisme du quotidien ». La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
C’est un trait propre de la
psychologie antifa de légitimer cette pulsion nihiliste lui offrant un exutoire
politique qui, par ailleurs, l’ennoblit. Ceux qui s’ennuient en démocratie y
trouvent la possibilité d’un héroïsme à bon marché, où la violence devient
symbole d’authenticité. Les hommes et les femmes en quête de radicalité peuvent
s’y investir en goûtant aux plaisirs de la clandestinité encagoulée et de
l’aristocratie militante qui entend s’investir dans tous les conflits sociaux
pour les radicaliser, La Révolution
racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Jeunesse antifasciste qui
proviendrait majoritairement des beaux quartiers, comme si la progéniture des
bourgeois représentait le principal bassin de recrutement des antifas. Le
recrutement des antifas se fait surtout dans les milieux désocialisés engendrés
par la modernité radicale. Ce sont des enfants du lumpenprolétariat
universitaire, et autres militants victimes de la déstructuration psychique à
grande échelle des sociétés occidentales, qui trouvent dans cet engagement
violent une forme de rédemption, leur promettant une participation à
l’avant-garde révolutionnaire. La
Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Si l’antifascisme a la
cote, c’est qu’il représente la version milicienne de l’idéologie diversitaire
qui assimile systématiquement toute résistance résolue à son endroit à du
fascisme. La Révolution racialiste, et
autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
La gauche libérale réclame
le monopole de l’interprétation de ses propres dérives ou de son propre
aveuglement. Il faut avoir été de gauche pour avoir le droit de ne plus l’être.
Il s’agit d’un schème historique récurrent. Tant que l’anticommunisme était
porté par la « droite », il était réactionnaire. Il est devenu
légitime quand les progressistes s’en sont emparés. Il en est de même pour la
critique de l’islamisme et du multiculturalisme. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
Si l’être humain a pour
vocation d’aménager le monde, il ne saurait le créer, ses coordonnées de base
lui échappent à jamais. La Révolution
racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Savoir nouveau sur le
monde, censé transformer fondamentalement notre rapport à l’existence, dans une
perspective émancipatrice. Le réel, ici, n’est qu’un fantasme réactionnaire et
la nature, une fiction idéologique au service du patriarcat. Les sexes
n’existent plus qu’à la manière de résidus biologiques. On décrète aussi
l’inexistence des peuples, des nations, des civilisations, des religions, comme
si le fantasme de la table rase se redéployait dans le langage de la
sociologie. Le constructivisme représente la condition de possibilité théorique
du totalitarisme. Ce n’est pas sans raison que les conservateurs qui critiquent
la théorie du genre y voient une pathologie du rationalisme moderne, qui avait
formulé le projet d’une connaissance scientifique intégrale de la société, mais
a cédé à une certaine forme d’hubris intellectuelle. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
A travers tout cela,
l’intelligence s’emporte et l’homme se laisse gagner par la tentation du
démiurge : il n’entend plus seulement aménager le monde, le transformer,
l’améliorer, le réformer, mais le recréer intégralement, par la seule puissance
de sa volonté. Il s’agit, au sens propre, d’un délire de toute-puissance qui
repose sur un oubli de la finitude. Il n’y a plus de mystère du monde, pas plus
qu’un fond d’opacité au cœur de la société : la sociologie contemporaine
croit rendre la société absolument transparente à elle-même en dévoilant tous
les mécanismes qui la constituent. Les meilleurs esprits ont rappelé les
limites du rationalisme dans les sciences sociales. La société ne peut jamais
être entièrement connue. Une société n’est jamais le fruit d’une planification
rationnelle intégrale et la connaissance que peut en avoir l’homme demeure
partielle et limitée. La Révolution
racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Elle-même, la culture
comportant une dimension irréductiblement symbolique qui ne se laisse pas
manipuler selon les codes de l’ingénierie sociale. C’est ce que nous disait
Paul Ricœur, qui parlait du noyau éthico-mythique de chaque peuple et de chaque
civilisation. La Révolution racialiste,
et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Théorie du genre en
écrivant que rien n’existe sinon « un flux de tout et de n’importe quoi1 La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Le simple fait d’entendre
un mot leur déplaisant peut les plonger dans une détresse émotionnelle. Pour
reprendre les termes d’une militante féministe se reconnaissant dans cette
mouvance, « bien des militants pour la justice sociale sont prompts à
admettre souffrir de dépression, d’anxiété, de stress post-traumatique, de
troubles alimentaires ou de troubles de la personnalité. Cette fragilité se
traduit parfois même dans leur façon de présenter les enjeux comme des
atteintes à leur quiétude, à leur bien-être ou à leur sécurité3 ». C’est
ce qu’on appellera la fragilité mentale du woke. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
« Au XXIe siècle, il est temps de
revoir notre façon de s’exprimer pour assurer l’inclusion des divers types de
genre humain. » Les fonctionnaires municipaux sont appelés à suivre une
formation linguistique pour apprendre à écrire la novlangue inclusive. La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Qui ne se soumet pas à ses
codes s’affiche comme un individu non idéologiquement réformé, comme un citoyen
réfractaire, comme un dissident orthographique. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
Remplacement aux Etats-Unis
des termes latino et latina par latinx, censé permettre une meilleure inclusion
symbolique et sociale des latinos non-binaires. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
Pour faire carrière et
gagner ses galons de savant officiel, de ne pas voir ce qu’on voit. Mais les
nuées, toujours, finissent par se dissiper, et le réel par frapper à la porte. La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Une nation qui toujours
s’accuse, se maudit, se décrète sans avenir et ne rêve plus que de se fondre
dans le grand tout mondialisé ou n’être plus qu’une province mentale de
l’empire américain n’est certainement pas appelée à inspirer ceux qui y
naissent et ceux qui la rejoignent. Et la nation qui se décompose ne fait pas
disparaître le besoin d’appartenance, qui se reporte vers des identités dispersées,
comme en témoigne la poussée des communautarismes. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
C’est dans la mesure où les
processus sociaux poussent à l’intégration substantielle que la nation conserve
sa force d’attraction sur les populations nouvelles qui s’y installent. Lorsque
ce n’est plus le cas, une dynamique d’ethnicisation des rapports sociaux
s’engage presque inévitablement. La
Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Le décolonialisme
racialiste devient même la porte d’entrée dans l’espace public d’une partie de
la frange militante des jeunes générations issues de l’immigration, et
parvient, comme on le voit avec le parti travailliste britannique, Québec
solidaire ou la France insoumise, à s’intégrer à la vie politique en se
greffant à l’aile gauche des partis de gauche, qui y voient l’occasion
d’acquérir une radicalité nouvelle et d’élargir à la fois leur base électorale.
La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Les sociétés occidentales
sont frappées par une série de vagues migratoires qui amènent non plus des
individus mais des communautés à s’installer à l’intérieur de leurs frontières La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Une immigration massive ne
respectant pas les capacités d’accueil d’une société donnée est appelée presque
inévitablement à engendrer une ethnicisation puis une racialisation des
rapports sociaux. La Révolution
racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
La stabilité des sociétés
peut être mise en cause. Evolueront-elles vers l’intégration à la deuxième
génération ou vers un intégrisme religieux pour conserver leur identité ?
Dans quelle mesure des
communautés habitées par des cultures contradictoires et des mémoires
conflictuelles peuvent-elles cohabiter pacifiquement ? La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Ce qui pourrait au moins
partiellement être pensé comme une implosion du corps social soumis à une trop
forte hétérogénéité culturelle est dispersé en milliers de faits divers
auxquels on refuse de prêter une signification politique. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
Les populations associées à
la « diversité » en Europe descendent d’immigrés et de réfugiés, qui
ont poursuivi dans ces différents pays l’espoir de trouver une vie meilleure,
il ne s’agit pas, encore une fois, de descendants d’esclaves15. « En
France, écrit Michel De Jaeghere, où l’iconoclasme s’est polarisé contre notre
passé colonial, cette revendication a ceci de particulier qu’elle a d’abord été
lancée par des communautés dont la présence sur notre sol n’a pas plus de
cinquante ans. Les indigénistes n’y sont pas indigènes. Ce qu’ils réclament ne
relève donc pas de l’examen de conscience, mais de la mise en accusation d’un
passé qui n’est pas le leur : celui d’un pays qu’eux-mêmes ou leurs
parents ont choisi comme destination, et qui les a accueillis en masse, par
générosité ou par indolence16. » La
Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Un pays ne saurait être
absolument indifférent à la population qui le compose. La mise en minorité
progressive d’un peuple historique, aussi lente soit-elle, dans un Etat ne
saurait être considérée comme un détail insignifiant. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
Est-ce qu’on connaît un
seul article présentant un argumentaire solide et convaincant démontrant de
façon concrète en quoi la diversité ethnique est une source d’enrichissement
culturel ? La Révolution racialiste,
et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Le congédiement du concept
d’immigration illégale au profit de celui d’immigration irrégulière a pour
fonction de normaliser le détournement du droit d’asile en filière migratoire à
part entière, comme on le constate des deux côtés de l’Atlantique – parler
d’immigration illégale peut même désormais relever du champ des fake news et
mériter correction de la part des fact checkers. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
La laïcité française est
ainsi présentée comme une forme de néocolonialisme intérieur destiné à étouffer
les populations immigrées. La Révolution
racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Autrefois, le colonialisme
consistait à imposer sa culture chez les autres, aujourd’hui, il consiste à
imposer sa propre culture chez soi. Nous sommes tous des immigrants, telle est
la devise du régime diversitaire. La
Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Le rapprochement est
saisissant et marqué : la colonisation était une chance pour les pays
colonisés, l’immigration massive est une chance pour les pays autrefois
colonisateurs. La Révolution racialiste,
et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Ceux qui s’en prennent aux
morts versent dans la mémoire revancharde et ne retiennent désormais de
l’histoire occidentale qu’une série de crimes. La mouvance indigéniste
réinterprète l’intégralité de l’Histoire à la lumière du colonialisme, du
racisme, de l’esclavagisme, et ce, faut-il préciser, de manière parfaitement
anachronique. Qui veut tuer les morts d’une civilisation veut en fait tuer
cette civilisation même, et la destruction violente d’une statue est
l’équivalent symbolique du viol d’une sépulture. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
Ce sont les minorités
idéologiques les plus résolues qui font l’Histoire. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu
Bock-Côté
Le racialisme vient abolir
la diversité des cultures, des peuples, des nations, des religions et des
civilisations pour créer une identité artificielle entre les hommes selon le
critère exclusif de la couleur de peau. La
Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté
Le proverbial bon sens,
auquel se fient exagérément ceux qui ne prennent pas au sérieux la part
tragique de l’Histoire, ne suffira pas pour stopper le racialisme. La Révolution racialiste, et autres virus
idéologiques, Mathieu Bock-Côté
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