samedi 1 mai 2021

La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques – T -, Mathieu Bock-Côté, La Cité

 

La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques – T -, Mathieu Bock-Côté, La Cité



Ce n’est pas d’hier que les campus américains passent pour des asiles à ciel ouvert. Mais il était d’usage, chez les gens qui se voulaient raisonnables, de les regarder avec une distance amusée, en se disant, de très loin, qu’ils sont fous, ces Américains. Il n’en est plus ainsi. On ne rit plus devant leur délire et les aberrations qui en sortent ne sont plus traitées comme des faits divers mais comme des symptômes d’un mal plus profond. Leur univers mental s’est déconfiné et est désormais au cœur du débat public des sociétés occidentales. Une mouvance nouvelle, une nouvelle gauche religieuse américaine, la gauche « woke », qui se veut éveillée, éclairée par la Révélation diversitaire, et qui fait de la « race » la catégorie sociologique et politique la plus importante, multiplie les grandes processions au cœur des capitales et métropoles des deux côtés de l’Atlantique, en scandant des slogans « décoloniaux », pour qu’enfin s’effondre le vieil Occident, qui croulerait sous le poids du racisme systémique. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 

Après des siècles d’aveuglement, il faudrait exposer au grand jour la structure raciale des sociétés occidentales, pour mieux la démanteler et anéantir enfin l’empire de la « suprématie blanche ». La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 

C’est seulement lorsque les peuples occidentaux seront devenus étrangers chez eux qu’on la jugera achevée. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 

Les blancs aiment à croire que nous sommes à une époque postraciale de l’histoire. Mais la vérité est que le racisme et le racisme antinoir sont toujours bien vivants aujourd’hui. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le messianisme hante l’histoire de la civilisation occidentale et l’énergie religieuse inemployée dans une société sécularisée qui ne croit plus aux vieilles idéologies qui ont marqué le XXe siècle finira toujours par se canaliser quelque part. Aucune société n’est étrangère au désir d’absolu et la fiction libérale d’un monde consentant à un vide métaphysique se désagrège sous nos yeux. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Joe Biden était-il conscient de la portée de la concession conceptuelle qu’il accordait à l’aile radicale du parti démocrate américain en faisant de la lutte contre le « racisme systémique » l’un des grands axes de sa candidature présidentielle7 ? Emmanuel Macron savait-il vraiment ce qu’il faisait, en décembre 2020, en portant crédit à la théorie du « privilège blanc » ? Etait-il conscient qu’au-delà de la ruse désormais éventée du en même temps il basculait dans un imaginaire sémantique et conceptuel absolument étranger au substrat culturel de son pays ? La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le progressiste se faisait une fierté, hier, de ne pas être raciste : il s’en fait une aujourd’hui de l’être, ou du moins d’avouer l’être, première étape pour ne plus l’être. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Aucune société ne peut être absolument indifférente à la population qui la compose. Le monde occidental commence à voir la portée des transformations sociales entraînées par l’immigration massive18. Les appels fervents à l’intégration substantielle des populations qui en sont issues pèsent de moins en moins devant un facteur que la communauté des savants jugeait encore hier négligeable : le poids démographique. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 

Pillages une forme de « réparation » historique2, la « défense du pillage » devenant même un thème de philosophie politique à la mode, la philosophe Vicky Osterweil y voyant un instrument privilégié pour renverser la « suprématie blanche » qui s’appuierait sur une sacralisation du droit de propriété et dissimulerait les inégalités raciales en les institutionnalisant derrière la société libérale. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Il faudrait enfin faire tomber le privilège blanc et jeter à terre une civilisation qui se serait avilie en commettant les plus grands crimes. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La seule manière d’être authentiquement démocrate aujourd’hui consisterait à reprendre le monde à zéro. Une nation témoignerait même de sa grandeur en cherchant à s’abolir : c’est dans la désincarnation angélique qu’elle trouverait sa rédemption. En renonçant à voir le monde à partir de sa propre histoire et de sa propre situation existentielle, elle parviendrait enfin à adopter le visage de l’humanité. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Ce qui vient du passé doit être retraduit en termes actuels pour éviter que les œuvres du monde d’hier ne contaminent le présent. Celles qui sont produites aujourd’hui ne doivent pas heurter le régime diversitaire et ses minorités protégées, comme on le voit avec certaines maisons d’édition américaines embauchant des sensitivity readers, des lecteurs de sensibilité, chargés d’assurer une représentation idéologiquement correcte des personnes qui s’y retrouvent, ce qui n’est pas sans évoquer la réécriture de l’histoire et de la littérature chez Orwell. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Les Etats-Unis n’étaient plus appelés à poursuivre l’histoire occidentale sur le continent nord-américain, mais à en inaugurer une toute nouvelle, où se croiseraient les peuples et les civilisations engendrant un monde nouveau, pour peu qu’ils parviennent à se laver une fois pour toutes de la souillure de leur péché originel. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 « Ce qui caractérise la culture et l’histoire modernes, c’est la structuration du monde entre les Occidentaux et les pays exploités par l’Occident. On ne peut pas ne pas se dire que l’on jouit aujourd’hui d’un passé, sans penser à ce que cela a coûté à d’autres », dit Rokhaya Diallo24. En d’autres termes, la prospérité de la civilisation occidentale serait fondamentalement illégitime : elle ne devrait rien à sa propre dynamique religieuse, philosophique, politique, culturelle, technique et économique. Elle serait exclusivement le fruit de l’exploitation coloniale et du pillage. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

En expulsant symboliquement les Européens et leurs descendants, au nom d’une Amérique précolombienne pure, qui s’engagerait aujourd’hui dans une entreprise de Reconquista amérindienne26. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

L’abolition des frontières ou, du moins, leur neutralisation pour permettre l’ouverture intégrale des pays nord-américains aux migrants qui aujourd’hui traversent le monde, concrétiserait ce processus de décolonisation, la souveraineté des Etats étant enfin annihilée. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Les peuples issus de la colonisation européenne sont sommés de s’excuser publiquement d’être là – la rhétorique décoloniale étant même récupérée par une frange de la jeune génération issue de l’immigration pour remettre en question l’exigence d’intégration culturelle à la société d’accueil dans la mesure où elle conteste ainsi la légitimité même de ces sociétés. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Les Amérindiens en viennent à être présentés comme des Autochtones, ce qui n’est certainement pas contestable, et les Québécois, comme les Allochtones, ce qui est plus étonnant – en d’autres termes, ils deviennent, dans leur manière même de se nommer, des étrangers chez eux, extérieurs à eux-mêmes, en poussant le décentrement identitaire jusqu’à l’expulsion de soi32. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

L’argument est connu : l’immigration massive est toujours présentée comme une conséquence de la décolonisation, à la manière d’un reflux démographique des anciennes colonies vers leurs métropoles – sans qu’on ne se demande pourquoi des sociétés comme la Suède, le Danemark ou la Norvège sont aussi emportées par cette tendance. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La décolonisation engagée dans les années 1950 n’ira au bout d’elle-même que lorsque les peuples européens seront étrangers chez eux. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 

Comme si toutes ses nations reproduisaient dans leur vie collective les dérèglements américains …/. La thèse anxiogène de persécutions policières à grande échelle contre les minorités en Occident s’est pourtant imposée partout au cœur du récit médiatique. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La haine de la police serait un humanisme. On en appelle donc au définancement, au désarmement voire à une abolition des services policiers qui permettrait d’engager la construction d’une société véritablement inclusive et antiraciste. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La révolution, quoi qu’on en dise, ne tolère pas qu’on ne s’y soumette pas. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 

Transe collective, en demandant pardon pour les crimes de leurs ancêtres et le racisme supposément structurel du monde occidental. Il n’était pas permis de ne pas y participer. Il s’agissait d’un rite par lequel on espérait renaître en se faisant pardonner ses péchés et son privilège blanc, qu’on jurait de critiquer inlassablement, pour tuer le vieil homme blanc en soi. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

C’est en se maudissant comme Blanc que l’homme blanc pourrait se délivrer un peu de sa blanchité, condition impérieuse à la construction d’un monde antiraciste. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 

Qui sont les wokes ? Radio-Canada en donne une définition fondamentalement positive : « Expression anglaise. Signifie littéralement “réveillé”. Dans un contexte de combat en matière de justice sociale, cette expression définit quelqu’un qui est alerte aux injustices qui peuvent avoir lieu autour de lui. On utilise souvent cette expression en opposition à “être endormi”, soit ne pas être éduqué sur les enjeux socio-économiques et sur les questions raciales2. » La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

On pourrait aussi définir le wokisme comme une forme d’hypersensibilité revendiquée aux minorités qui s’engageraient sur le chemin de l’émancipation et à leurs revendications à travers leur mise en procès de l’homme blanc. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le wokisme devient un critère pour distinguer ceux qui appartiennent à la nouvelle humanité et les rebuts de l’ancienne : La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le régime diversitaire pousse ainsi d’importants segments de la population à se définir dans un imaginaire et une psychologie victimaires. Le woke est l’Homo sovieticus du régime diversitaire. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le modèle de la fluidité identitaire contribue à la déstructuration anthropologique des jeunes générations, La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Concept de micro-agression : toutes les normes sociales sont potentiellement offensantes ou discriminatoires dans la mesure où elles peuvent contraindre la représentation qu’un individu se fait de son identité, La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le mégenrage d’un individu, qui consiste à l’interpeller à partir d’un autre genre que celui auquel il s’identifie, devenant ici une figure paradigmatique de la micro-agression. Il existerait au cœur de l’ordre social un « code » à briser pour permettre à chacun de déployer pleinement son authenticité. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Les micro-agressions trouvent leur origine dans l’expression de la culture « majoritaire » insensible à la condition particulière des identités minoritaires et de la diversité – on pourrait aussi y voir le signe d’une fragilisation de la subjectivité qui ne parvient plus à se construire à partir d’assises culturelles solides et qui bascule dans une obsession de l’authenticité, au point même de se reconnaître dans la mystique de l’auto-engendrement portée par la théorie du genre qui a prétendu artificialiser intégralement l’identité humaine. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La psychologie de la génération woke est structurée par sa surexposition au regard social qui la pousse à pratiquer l’exhibitionnisme vertueux et la surenchère moralisatrice. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 

Dans certaines, comme la prestigieuse UCLA, les étudiants sont invités en première année à se faire tester pour dépister leurs préjugés La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Il faut donc « équilibrer » la liberté d’expression des intellectuels invités sur les campus avec la susceptibilité de ces groupes militants prétendant disposer du droit de ne pas être offensé, c’est-à-dire de ne pas entendre un autre propos que celui qu’ils veulent entendre. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La simple prononciation des mots « homme » et « femme » pouvait même heurter les étudiants queers, qui se sentaient exclus de la classe par l’adhésion inconsciente du professeur au système binaire hétéropatriarcal37. Pour les wokes, c’est l’existence même du monde qui devient un scandale. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Alors qu’il y a peu encore, le prisme racial était jugé moralement condamnable et scientifiquement irrecevable, il revient fardé d’une légitimité nouvelle, dans le langage de la sociologie. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Il ne suffit plus de ne pas être raciste, mais il faut être antiraciste. En d’autres termes, il ne suffit pas de ne pas être raciste soi-même, mais l’on doit adopter la théorie et le discours de l’antiracisme racialiste en lutte contre le système raciste blanc pour être du bon côté de l’histoire. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Se dessine ici le procès de l’universalisme, au cœur de l’antiracisme racialiste. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

L’antiracisme diversitaire bute néanmoins sur un problème majeur : les sociétés occidentales, traumatisées avec raison par la catastrophe hitlérienne, ont fait du refus radical de la race le principe fondateur de leur imaginaire démocratique. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

1492, date maudite : l’expansion européenne à partir du XVe siècle serait indissociable du racisme et d’un système de classification hiérarchique des groupes humains selon leur apparence supposée. L’Europe se serait étendue à la taille du monde en théorisant la légitimité de sa propre domination. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La question de l’universalisme est essentielle : les sociétés occidentales veulent croire que ce principe les caractérise, et y voient le principal levier intellectuel pour transcender les déterminismes ethniques, et raciaux, en rappelant aux individus leur commune appartenance à l’humanité. Mais ce principe ne serait pas seulement illusoire, ou limité, comme le rappellent les sociologues attachés au rappel de son ancrage culturel et civilisationnel : il serait frauduleux. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La fiction universaliste ferait écran à la réalité et servirait exclusivement les intérêts d’une majorité blanche reproduisant dans les frontières de la société occidentale une structure de domination coloniale au désavantage des immigrés. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

L’universalisme serait le mensonge que le monde occidental se raconterait à lui-même pour continuer à occulter les populations autrefois colonisées. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Certains rêvent de doubler la valeur du vote des populations « racisées »28, d’autres souhaitent l’abolition des frontières et la libre entrée des immigrés dans les pays occidentaux, qui devraient leur fortune actuelle à leur aventure coloniale passée. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

L’antiracisme consiste donc, aujourd’hui, à viser la blanchité, à détruire les institutions qui la soutiendraient, et à amener les Blancs à ne plus l’être. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Où ils ont été socialisés dans une culture blanche, ils ont intériorisé les codes de la suprématie blanche, qu’ils reproduiraient naturellement, surtout s’ils croient ne pas le faire. Ils le sont dans la mesure où la norme blanche s’est constituée sur le mode de la suprématie raciale invisibilisée dans les termes de la mythologie libérale. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Aux Etats-Unis, les cadres doivent se soumettre de plus en plus à un genre de dépistage inédit, celui des pensées coupables, censées se dévoiler à travers un test d’association d’idées qui se généralise dans le milieu du management, et qui les conduit à s’engager dans une série de séances de formation pour déconstruire leurs préjugés et leur faire voir la société à travers le prisme de la sociologie antiraciste37. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Cette entreprise de rééducation peut aller jusqu’à l’organisation de stages spécialement destinés aux hommes blancs hétérosexuels, où ils sont conviés à avouer leurs préjugés et à s’accuser de racisme, tout en écrivant aux personnes issues des minorités autour d’eux pour s’excuser du mal qu’ils leur ont fait, comme on a pu le voir dans une affaire qui a fait grand bruit aux Etats-Unis, dans le milieu de l’armement38. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Comment se délivrer de son privilège blanc ? Comment se purger de ses propres préjugés ? Comment devenir l’allié des groupes minoritaires sans prétendre les sauver ni prendre le leadership de leurs combats – sans tomber dans le mythe du white savior, du « sauveur blanc » ? La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

On était autrefois fier de ne pas être raciste. Il faut aujourd’hui l’être d’avouer qu’on l’est. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Les pouvoirs publics sont appelés à produire un nouvel imaginaire collectif, comme le dira en France Delphine Ernotte qui, sur la base de statistiques ethniques voulant que 25 % de la population française soit non blanche, entendait consacrer son mandat à la direction de France Télévisions à la représentation de cette diversité dans les productions télévisuelles du pays44. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

». Il s’agit donc de permettre à ses employés issus des minorités de raconter les faits selon une perspective militante, délivrée du souci classique d’objectivité. La direction de la chaîne se montrera favorable à cette revendication en se demandant si « nos définitions de l’objectivité, de l’équilibre, de l’équité et de l’impartialité – et notre exigence voulant que les journalistes n’expriment pas leurs opinions personnelles sur les sujets que nous couvrons – vont à l’encontre de nos objectifs d’inclusion […]La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

On assiste donc à l’émergence du racisme intraracial, que les spécialistes autoproclamés de la question nomment colorisme. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Se vivant comme une minorité civilisée isolée au sein d’une nation de ploucs et de cul-terreux, les libéraux tombaient dans un style de critique sociale qui avait pour étrange effet de renforcer leur complaisance au lieu d’y remédier. Christopher Lasch La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

L’idéal d’une surveillance intégrale des pensées et conversations est revendiqué par le régime diversitaire, comme on le constate avec la « stratégie anti-rumeurs » financée par le Conseil de l’Europe dans le cadre de son programme Cités interculturelles. Cette politique entend « identifier les rumeurs qui courent dans une ville ; collecter des données objectives mais aussi des arguments émotionnels pour dissiper les fausses rumeurs ; créer un réseau anti-rumeurs composé d’acteurs de la société civile locale ; nommer et former des “agents anti-rumeurs” ; et concevoir et mener des campagnes de sensibilisation pour lutter contre ces rumeurs »2. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Une grande croisade pour bannir de la cité ceux qui participent consciemment ou inconsciemment à la défense d’un ordre jugé discriminatoire, fondé sur des préjugés racistes, sexistes et transphobes, s’annonce. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Il s’agit chaque fois d’en finir avec le bois mort de l’humanité, de liquider les classes sociales ou les catégories de la population qui sont perçues comme des obstacles à la marche de l’Histoire et au progrès. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Il faudrait peut-être, plus exactement, parler de la tentation fondamentaliste de la modernité qui s’empare du concept de démocratie pour lui prêter une nouvelle définition lui permettant de qualifier ses critiques d’antidémocrates. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La théorie du genre représente le point d’aboutissement de la tendance constructiviste des sciences sociales, qui décrète le caractère artificiel de toutes les formes naturelles, historiques et sociales. Tout est construction sociale et tout peut être déconstruit. Le naturel n’existe pas, le culturel est arbitraire. Ce qu’on prenait encore hier pour le sens commun ne serait en fait qu’un résidu du vieux monde, un amoncellement de préjugés. Derrière les constructions sociales, il n’y aurait qu’un flux insaisissable, immaîtrisable. Toute forme d’identité substantielle est perçue comme une assignation identitaire autoritaire, qu’il faudrait renverser pour permettre à la subjectivité de s’émanciper La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Kamala Harris, dans les jours qui suivirent la victoire de son ticket avec Joe Biden, elle ajouta à son identité Twitter « She/Her », une « pratique visant à se positionner sur le spectre du genre en solidarité avec les personnes trans20 La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Dans de nombreux pays occidentaux, au fil des dernières années, les termes père et mère ont progressivement été effacés du vocabulaire administratif, parce qu’ils seraient aussi des vestiges de l’ordre hétéronormatif. Mieux vaudrait parler de parent 1 et parent 2. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

L’antifascisme, aujourd’hui, se définit par sa lutte contre « le suprémacisme blanc et l’autoritarisme » et cherche à « construire des tabous sociaux qui empêchent le racisme, le sexisme, l’homophobie, et toutes les formes d’oppression sur lesquelles se fonde le fascisme, d’être au cœur du processus complexe de fabrique de l’opinion. Et pour maintenir ces tabous sociaux, il faut mettre en pratique […] l’antifascisme du quotidien ». La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

C’est un trait propre de la psychologie antifa de légitimer cette pulsion nihiliste lui offrant un exutoire politique qui, par ailleurs, l’ennoblit. Ceux qui s’ennuient en démocratie y trouvent la possibilité d’un héroïsme à bon marché, où la violence devient symbole d’authenticité. Les hommes et les femmes en quête de radicalité peuvent s’y investir en goûtant aux plaisirs de la clandestinité encagoulée et de l’aristocratie militante qui entend s’investir dans tous les conflits sociaux pour les radicaliser, La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Jeunesse antifasciste qui proviendrait majoritairement des beaux quartiers, comme si la progéniture des bourgeois représentait le principal bassin de recrutement des antifas. Le recrutement des antifas se fait surtout dans les milieux désocialisés engendrés par la modernité radicale. Ce sont des enfants du lumpenprolétariat universitaire, et autres militants victimes de la déstructuration psychique à grande échelle des sociétés occidentales, qui trouvent dans cet engagement violent une forme de rédemption, leur promettant une participation à l’avant-garde révolutionnaire. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Si l’antifascisme a la cote, c’est qu’il représente la version milicienne de l’idéologie diversitaire qui assimile systématiquement toute résistance résolue à son endroit à du fascisme. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La gauche libérale réclame le monopole de l’interprétation de ses propres dérives ou de son propre aveuglement. Il faut avoir été de gauche pour avoir le droit de ne plus l’être. Il s’agit d’un schème historique récurrent. Tant que l’anticommunisme était porté par la « droite », il était réactionnaire. Il est devenu légitime quand les progressistes s’en sont emparés. Il en est de même pour la critique de l’islamisme et du multiculturalisme. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Si l’être humain a pour vocation d’aménager le monde, il ne saurait le créer, ses coordonnées de base lui échappent à jamais. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Savoir nouveau sur le monde, censé transformer fondamentalement notre rapport à l’existence, dans une perspective émancipatrice. Le réel, ici, n’est qu’un fantasme réactionnaire et la nature, une fiction idéologique au service du patriarcat. Les sexes n’existent plus qu’à la manière de résidus biologiques. On décrète aussi l’inexistence des peuples, des nations, des civilisations, des religions, comme si le fantasme de la table rase se redéployait dans le langage de la sociologie. Le constructivisme représente la condition de possibilité théorique du totalitarisme. Ce n’est pas sans raison que les conservateurs qui critiquent la théorie du genre y voient une pathologie du rationalisme moderne, qui avait formulé le projet d’une connaissance scientifique intégrale de la société, mais a cédé à une certaine forme d’hubris intellectuelle. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

A travers tout cela, l’intelligence s’emporte et l’homme se laisse gagner par la tentation du démiurge : il n’entend plus seulement aménager le monde, le transformer, l’améliorer, le réformer, mais le recréer intégralement, par la seule puissance de sa volonté. Il s’agit, au sens propre, d’un délire de toute-puissance qui repose sur un oubli de la finitude. Il n’y a plus de mystère du monde, pas plus qu’un fond d’opacité au cœur de la société : la sociologie contemporaine croit rendre la société absolument transparente à elle-même en dévoilant tous les mécanismes qui la constituent. Les meilleurs esprits ont rappelé les limites du rationalisme dans les sciences sociales. La société ne peut jamais être entièrement connue. Une société n’est jamais le fruit d’une planification rationnelle intégrale et la connaissance que peut en avoir l’homme demeure partielle et limitée. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Elle-même, la culture comportant une dimension irréductiblement symbolique qui ne se laisse pas manipuler selon les codes de l’ingénierie sociale. C’est ce que nous disait Paul Ricœur, qui parlait du noyau éthico-mythique de chaque peuple et de chaque civilisation. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Théorie du genre en écrivant que rien n’existe sinon « un flux de tout et de n’importe quoi1 La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le simple fait d’entendre un mot leur déplaisant peut les plonger dans une détresse émotionnelle. Pour reprendre les termes d’une militante féministe se reconnaissant dans cette mouvance, « bien des militants pour la justice sociale sont prompts à admettre souffrir de dépression, d’anxiété, de stress post-traumatique, de troubles alimentaires ou de troubles de la personnalité. Cette fragilité se traduit parfois même dans leur façon de présenter les enjeux comme des atteintes à leur quiétude, à leur bien-être ou à leur sécurité3 ». C’est ce qu’on appellera la fragilité mentale du woke. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 « Au XXIe siècle, il est temps de revoir notre façon de s’exprimer pour assurer l’inclusion des divers types de genre humain. » Les fonctionnaires municipaux sont appelés à suivre une formation linguistique pour apprendre à écrire la novlangue inclusive. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Qui ne se soumet pas à ses codes s’affiche comme un individu non idéologiquement réformé, comme un citoyen réfractaire, comme un dissident orthographique. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Remplacement aux Etats-Unis des termes latino et latina par latinx, censé permettre une meilleure inclusion symbolique et sociale des latinos non-binaires. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Pour faire carrière et gagner ses galons de savant officiel, de ne pas voir ce qu’on voit. Mais les nuées, toujours, finissent par se dissiper, et le réel par frapper à la porte. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Une nation qui toujours s’accuse, se maudit, se décrète sans avenir et ne rêve plus que de se fondre dans le grand tout mondialisé ou n’être plus qu’une province mentale de l’empire américain n’est certainement pas appelée à inspirer ceux qui y naissent et ceux qui la rejoignent. Et la nation qui se décompose ne fait pas disparaître le besoin d’appartenance, qui se reporte vers des identités dispersées, comme en témoigne la poussée des communautarismes. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

C’est dans la mesure où les processus sociaux poussent à l’intégration substantielle que la nation conserve sa force d’attraction sur les populations nouvelles qui s’y installent. Lorsque ce n’est plus le cas, une dynamique d’ethnicisation des rapports sociaux s’engage presque inévitablement. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le décolonialisme racialiste devient même la porte d’entrée dans l’espace public d’une partie de la frange militante des jeunes générations issues de l’immigration, et parvient, comme on le voit avec le parti travailliste britannique, Québec solidaire ou la France insoumise, à s’intégrer à la vie politique en se greffant à l’aile gauche des partis de gauche, qui y voient l’occasion d’acquérir une radicalité nouvelle et d’élargir à la fois leur base électorale. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Les sociétés occidentales sont frappées par une série de vagues migratoires qui amènent non plus des individus mais des communautés à s’installer à l’intérieur de leurs frontières La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Une immigration massive ne respectant pas les capacités d’accueil d’une société donnée est appelée presque inévitablement à engendrer une ethnicisation puis une racialisation des rapports sociaux. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La stabilité des sociétés peut être mise en cause. Evolueront-elles vers l’intégration à la deuxième génération ou vers un intégrisme religieux pour conserver leur identité ?

Dans quelle mesure des communautés habitées par des cultures contradictoires et des mémoires conflictuelles peuvent-elles cohabiter pacifiquement ? La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Ce qui pourrait au moins partiellement être pensé comme une implosion du corps social soumis à une trop forte hétérogénéité culturelle est dispersé en milliers de faits divers auxquels on refuse de prêter une signification politique. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Les populations associées à la « diversité » en Europe descendent d’immigrés et de réfugiés, qui ont poursuivi dans ces différents pays l’espoir de trouver une vie meilleure, il ne s’agit pas, encore une fois, de descendants d’esclaves15. « En France, écrit Michel De Jaeghere, où l’iconoclasme s’est polarisé contre notre passé colonial, cette revendication a ceci de particulier qu’elle a d’abord été lancée par des communautés dont la présence sur notre sol n’a pas plus de cinquante ans. Les indigénistes n’y sont pas indigènes. Ce qu’ils réclament ne relève donc pas de l’examen de conscience, mais de la mise en accusation d’un passé qui n’est pas le leur : celui d’un pays qu’eux-mêmes ou leurs parents ont choisi comme destination, et qui les a accueillis en masse, par générosité ou par indolence16. » La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Un pays ne saurait être absolument indifférent à la population qui le compose. La mise en minorité progressive d’un peuple historique, aussi lente soit-elle, dans un Etat ne saurait être considérée comme un détail insignifiant. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Est-ce qu’on connaît un seul article présentant un argumentaire solide et convaincant démontrant de façon concrète en quoi la diversité ethnique est une source d’enrichissement culturel ? La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le congédiement du concept d’immigration illégale au profit de celui d’immigration irrégulière a pour fonction de normaliser le détournement du droit d’asile en filière migratoire à part entière, comme on le constate des deux côtés de l’Atlantique – parler d’immigration illégale peut même désormais relever du champ des fake news et mériter correction de la part des fact checkers. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

La laïcité française est ainsi présentée comme une forme de néocolonialisme intérieur destiné à étouffer les populations immigrées. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Autrefois, le colonialisme consistait à imposer sa culture chez les autres, aujourd’hui, il consiste à imposer sa propre culture chez soi. Nous sommes tous des immigrants, telle est la devise du régime diversitaire. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le rapprochement est saisissant et marqué : la colonisation était une chance pour les pays colonisés, l’immigration massive est une chance pour les pays autrefois colonisateurs. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Ceux qui s’en prennent aux morts versent dans la mémoire revancharde et ne retiennent désormais de l’histoire occidentale qu’une série de crimes. La mouvance indigéniste réinterprète l’intégralité de l’Histoire à la lumière du colonialisme, du racisme, de l’esclavagisme, et ce, faut-il préciser, de manière parfaitement anachronique. Qui veut tuer les morts d’une civilisation veut en fait tuer cette civilisation même, et la destruction violente d’une statue est l’équivalent symbolique du viol d’une sépulture. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Ce sont les minorités idéologiques les plus résolues qui font l’Histoire. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le racialisme vient abolir la diversité des cultures, des peuples, des nations, des religions et des civilisations pour créer une identité artificielle entre les hommes selon le critère exclusif de la couleur de peau. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

Le proverbial bon sens, auquel se fient exagérément ceux qui ne prennent pas au sérieux la part tragique de l’Histoire, ne suffira pas pour stopper le racialisme. La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques, Mathieu Bock-Côté

 

 

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