mercredi 20 novembre 2019

C'est çà la France, Barbara Lefebvre, Albin Michel


C’EST CA LA FRANCE, Barbara Lefebvre, Albin Michel


La logique binaire « gentils progressistes » contre « méchants nationalistes » construite par Emmanuel Macron écrase toute perspective multidimensionnelle. p. 11

Ce serait manquer de nuance dans l’analyse politique et de connaissance des singularités historiques de chaque état que mettre dans le même sac Trump, Poutine, Bolsonaro, Erdogan, Orban, Salvini, Kurz, Modi, Duterte ! Pris un à un, ces « nationalismes » répondent à leur propre crise sociale et politique. p. 11

Plus la mondialisation creuse les inégalités, plus elle montre l’injustice produite par son modèle technologique de plus en plus orwellien, plus les peuples reviendront à l’échelle nationale. p. 12

Toutes les identités nationales se construisent selon un modèle commun qu’Anne-Marie Thiesse a clairement explicité : « Des ancêtres fondateurs, une histoire multiséculaire continue qui établit le lien entre les origines et le présent, des héros qui sont des exemples de civisme et de morale, une langue spécifique, des œuvres culturelles remarquables (en littérature, peinture, musique), des monuments historiques et des lieux de mémoire, des traditions populaires, des paysages emblématiques3. » pp. 12-13

Le fil des générations est brisé. Chacune se vit comme la première de son espèce. p. 13

Beaucoup de temps a été perdu à espérer que l’Union européenne se substituerait à la nation sans contestation. p. 14

». L’identité nationale doit être revivifiée sur des ancrages anciens et nouveaux d’unité et d’attachement à la France, à sa culture, son histoire, ses paysages, et non en la fondant sur des divisions ethniques ou religieuses, des rancœurs mémorielles concurrentes, des pénitences indéfinies qui alimentent les hontes françaises, autant que la haine de soi. p. 14

On n’a fait qu’inventer des substituts tel le chauvinisme sportif qu’on fait passer pour du patriotisme…p. 17

Comment expliquer qu’à des époques où n’existaient ni la CAF ni la Sécurité sociale, les Français faisaient montre d’un puissant patriotisme ? Une fois encore, c’est la domination de l’intérêt individuel et sa légitimation par un État fragilisé, ce sont les multitudes de « j’ai le droit à » qui ont eu raison du bien commun. p. 18

Peu importe que ce modèle se fracasse contre le réel du terrorisme, il faut continuer de nourrir la mythologie du « vivre-ensemble ». pp. 24-25

Les GAFA savent exploiter l’émotion populaire pour collecter des données. p. 25

L’ultragauche et les mouvances indigénistes s’unissaient dans la même détestation de l’Occident démocratique. p. 26

Contradiction politique à défendre à la fois le mariage homosexuel et l’islam politique ! p. 26

Lien idéologique entre la gauche révolutionnaire et les courants islamistes. p. 27

« La patrie des jeunes, c’est Apple ! Le drapeau français, ils l’ont foutu dehors. Il n’y a rien de patriotique. » pp. 31-32

La politique est faite de symboles, c’est parfois même tout ce qu’il en reste. p. 36

Nos critères contemporains servent de boussole morale pour juger notre histoire et expliquent les anachronismes des boutiquiers de l’indignation…p. 50

Se dissoudre dans le relativisme bien-pensant. p. 51

Il ne fallait pas tomber dans le double piège tendu d’une part par l’État islamique, d’autre part le Front national, tous deux aspirant à la guerre civile. Le parti du « pasdamalgame » était né. Il règne toujours. p. 52

Notre construction nationale ne s’est pas faite sur un critère de « pureté ethnoraciale ».p. 53

Pour exister autant que se sentir exister, les peuples ont besoin d’enracinement et d’unité, en particulier dans les périodes troublées où la perception collective des changements qui s’opèrent indique que le pire est toujours possible. p. 54

Et  si le naufrage de la France catholique était un des signes d’une décomposition plus générale de l’identité commune ? p. 56

Les religions sont des structurants identitaires fondamentaux, conscients ou inconscients, que l’Occident a eu tort de balayer comme s’il ne s’agissait que de naïvetés ancestrales. p. 58

Qui peut imaginer qu’en moins de deux siècles, la modernité ait « désintoxiqué » le corps social du « venin » religieux.p. 59

Si la religion issue du modèle judéo-chrétien est récusée par la doxa qui se plaît à la décrire comme désuète, voire réactionnaire, on tolère en revanche la religiosité comme méthode de développement personnel pour peu qu’on la revête d’un habit plus chic appelé « spiritualité ». pp. 59-60

L’orthopraxie de l’islam séduit davantage car elle engage l’individu physiquement, et précisément certains musulmans convertis ou reborn sont en recherche d’implication totalisante. p. 60

L’institution scolaire prêche la foi dans le progrès, célèbre le rationalisme, encourage l’anticléricalisme, annonce l’émancipation de l’individu par les savoirs comme on annonçait la Bonne nouvelle. On peut se demander si la crise dans laquelle s’enfonce notre éducation depuis trente ans ne reflète pas l’échec de ce projet idéologique originel ?  pp. 61-62

La démocratie impose une nouvelle condition sociale créant ces « hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs dont ils remplissent leurs âmes » décrits par Tocqueville. p. 62

Le peuple français s’est peu à peu dilué en de multiples minorités. Elles sont à présent légitimées dans leur existence politique et sociale sous le nom de « communautés ». p. 63

Durant les Trente Glorieuses, la transformation des sociétés occidentales en sociétés de masse, de loisir et de consommation, sur fond de libération des mœurs, a été perçue par la majorité des catholiques comme une évolution inéluctable. pp. 63-64

L’histoire de la chrétienté européenne est-elle un mythe ? Oui à écouter Pierre Moscovici. On postule donc que l’Europe politique se construira sur un terrain historique vierge, son identité ne se rattachant à rien de commun, sinon aux intérêts strictement économiques des uns et des autres, des uns contre les autres. p. 69

L’islam ne peut prendre paisiblement sa place en France que si l’État n’est pas laïque, car la laïcité est selon lui un principe étranger à la pensée et la théologie islamique. Étant entendu que le catholicisme n’a aucune chance de retrouver son statut de religion d’État d’avant 1830, la situation décrite par Houellebecq n’est pas pour autant dépourvue de sens. p. 72

Seul un discours de type religieux peut être audible pour les musulmans afin de définir les contours de leur insertion dans la nation française. p. 72

Repentance occidentale articulée autour de la « victimisation du musulman » p. 72

Des intellectuels ou des élus n’hésitent plus à parler de « Frères musulmans modérés », sans oublier les « salafistes quiétistes » apparemment comparables à des bonzes tibétains. p. 73

Si La Libre pensée veut bien « bouffer du curé », elle ne veut en revanche pas « bouffer de l’imam » ! p. 74

La religion est alors un socle plus résistant que la raison d’État ou la défense d’intérêts nationaux, puisque c’est la vérité de Dieu, échappant à toute explication rationnelle, qui justifie le combat. p. 75

Mohamed est « le sceau ». Lui vient révéler la parole authentique d’Allah pervertie par l’interprétation rabbinique juive et l’association trinitaire christique. p. 76

À la différence de l’islam, le judéo-christianisme n’a cessé de pousser l’homme à s’émanciper au nom du libre arbitre. p. 78

La raison émancipatrice s’est transformée au cours du XIXe siècle en une « religion du progrès », en un culte de la technique et des machines, finalement un outil au service d’un asservissement économique. p. 78

« La raison dépérit à mesure que croît la rationalité, et à mesure qu’elle cesse d’appartenir et d’obéir à l’individu pour passer du côté des organisations géantes. C’est alors qu’il y a rationalité sans raison7. » p. 79

Prophétie nietzschéenne : « Dieu est mort : il ne vous reste plus rien qui ait de la nécessité9. »
p. 79

Quelle figure consensuelle incarne le peuple français aujourd’hui sinon la victime, dans cette société qui ne pense plus que sur le registre de l’émotion ? p. 81

On présente comme un signe de progrès tout ce qui censure pour n’offenser aucune minorité.
p. 83

Le juif israélien se transforme en nazi tandis que le Palestinien devient la victime juive ressuscitée. pp. 86-87

Il y aura désormais deux camps : ceux qui condamnent l’usage du terrorisme armé et ceux qui l’excusent, voire le justifient, comme une forme de rétribution historique pour les crimes occidentaux. p. 87

La France du remords épuise l’esprit et le corps social, exaspère ceux qui veulent faire nation sur des bases politiques et culturelles communes et non sur le ressassement des rancunes. pp. 88-89

Position unanime de nos États pacifistes européens dont les élites dirigeantes ont déconstruit consciencieusement l’idée de nation. p. 119

Les historiens sont des individus insérés dans leur époque, dans leur classe sociale, dans leur culture, dans leur vécu intime. Et la politisation de certains historiens a transformé chez eux l’analyse critique en prêchi-prêcha idéologique. p. 149

Plus question que l’histoire soit un manteau d’Arlequin, elle doit ressembler à l’habit immaculé du pénitent. p. 149

La démocratie des droits de l’homme ne suffit pas à créer une identité commune. Instrumentalisés par des groupes minoritaires qui les confisquent au nom de leurs intérêts particuliers, les droits de l’homme se retournent contre le bien commun. p. 151

L’universalité émancipatrice des droits de l’homme a cédé la place à l’hyper-individualisme oppresseur. p. 152

Nous assistons en réalité à la substitution de nouveaux mythes identitaires aux mythes unitaires nationaux. p. 157

La postmodernité a dévasté le champ historique. p. 159

Reconnaissance et indemnisation, mais surtout pénitence éternelle des descendants des vainqueurs. Ils prétendent les exiger pour leurs ancêtres, mais tirent un profit personnel de cette rente morale. On est désormais victime par héritage. p. 159

Nous vivons dans une « égocratie transgressive » qui assène ses « synthèses-minute, potages planétaires et autres dévoilements massifs de la vérité des origines à nos jours ».p. 164

Mais il aura suffi de quelques enseignants passés à la moulinette pédagauchiste pour tenter de déshonorer d’Estienne d’Orves. Grands redresseurs de torts de l’histoire nationale, ils ont exigé que leur nouveau lycée de Carquefou ne porte pas le nom du résistant. p. 175

S’il est heureux que notre temps ne soit pas celui du « nationalisme intégral », n’est-il pas fâcheux qu’il soit celui du relativisme intégral.p. 177

Que peut comprendre aujourd’hui un Français de moins de 40 ans à la crise sociale, économique et environnementale dans laquelle sont plongés non seulement notre agriculture, mais le pays tout entier ? p. 182

La géographie scolaire actuelle se résume à la géographie humaine économique, arrimée aux sciences sociales bien davantage qu’à l’histoire. p. 183

On s’est mis à « réaménager » le territoire pour laisser circuler le mastodonte mécanique.
p. 188

En quinze ans, le temps de travail sera divisé par quatre mais l’agriculteur ne cessera plus jamais de travailler pour… rembourser ses dettes. p. 196

L’endettement d’un agriculteur français de moins de 40 ans est en moyenne de 200 000 euros selon les chiffres officiels du ministère de l’Agriculture. p. 196

Méthode habituelle du marketing : vider les mots de leur sens en espérant en effacer la réalité. p. 199

Et tandis que les nations partout hissent les voiles pour affronter les vents mauvais de la mondialisation ou de l’islamisme, la France continue de s’affaiblir parce qu’elle cultive la haine de soi, la honte d’elle-même. p. 211

Les discours allient désormais habilement lexique managérial et vulgate du coaching en développement personnel avec sa terminologie « positive et inclusive ». p. 213

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire