mercredi 20 novembre 2019

Histoire de l'islamisation française 1979-2019


HISTOIRE DE L’ISLAMISATION FRANCAISE 1979-2019, Collectif, édition L’Artilleur


En 1948 aussi, l’Arabie saoudite, seul État musulman vraiment indépendant avant la décolonisation, avait eu la franchise de refuser de voter la Déclaration universelle des droits de l’homme, soumise au vote des 58 membres des Nations unies. Ce texte d’inspiration mécréante ne pouvait lui convenir. C’est le Français René Cassin qui en avait été le principal rédacteur, la décalquant de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et l’imprégnant de laïcité française. C’est également lui qui avait eu l’idée un peu prétentieuse de rajouter le terme « universelle ».  p. 48

Le droit islamique est fondé sur une idée très particulière, qui est que le droit divin a primauté sur le droit humain : la Déclaration universelle, au contraire, est authentiquement laïque dans son thème et dans son essence et, en tant que telle, diffère du droit islamique par l’origine même de celui-ci ». p. 49

Mohammed Arkoun, professeur d’histoire de la pensée islamique à la Sorbonne depuis 1963, modèle du « musulman modéré »  annonce que les temps ont changé : « La philosophie des Lumières a permis des progrès réels, notamment dans l’affirmation des droits de l’homme, mais dans un cadre culturel aujourd’hui dépassé. »  p. 51

Léon Blum, présentait dans le même esprit civilisateur la politique du Front populaire à la Chambre des députés, le 15 décembre 1936 : « La colonisation, pour nous, c’est le développement même des masses qui habitent les colonies, par l’élévation de leur niveau matériel, social, économique, intellectuel et culturel. » p. 58

La colonisation de l’Algérie fut la plus ambitieuse de cette entreprise civilisatrice pour deux raisons : elle fit l’objet d’une colonisation de peuplement – un cas unique – et entraîna l’occupation d’une terre musulmane. p. 58

Ce qui allait se passer en Algérie : « Il arrivera souvent sans doute, dans les discussions internationales, qu’on parle à l’Occident son langage, en utilisant dans les débats les mots de “nation”, d’“indépendance”. Mais le peuple musulman, qui redevient le vrai maître du jeu et entraîne avec lui ses élites à la poursuite de son unité retrouvée, de sa puissance religieuse restaurée, ne comprend quant à lui que les mots d’“islam”, de “foi”, de “supériorité sur les infidèles”. » pp. 69-70

Le déni du caractère religieux de la guerre d’Algérie est une façon de s’arranger avec l’échec de son œuvre colonisatrice : mieux vaut reconnaître céder à des militants se battant au nom de droits de l’homme que la colonisation leur a apportés que d’être défaits par les éternels combattants d’un islam irréductible. Mieux vaut faire de ses ennemis religieux des frères politiques…pp. 74-75

Jean Daniel, algérien de naissance : « Les sartriens et en général les lecteurs les plus militants (de L’Express à l’époque et de L’Observateur) ne voulaient pas entendre parler de l’islam. »
p. 77

Le mouvement de renforcement de l’attachement aux valeurs islamiques agit sur l’immigration en lui donnant le ciment idéologique, philosophique et culturel d’une affirmation de son identité. » pp. 103-104

SOS Racisme. L’opération relève du génie politique. Elle permettra de faire diversion en passant de la lutte des classes à la lutte des races au moment où la gauche renonce à son Programme commun et amorce son tournant néolibéral. pp. 107-108

En  1974, aux Assises du socialisme : « Le socialisme autogestionnaire repose sur le pluralisme. Il reconnaît à toutes les minorités le droit à la différence et à l’affirmation de leur identité collective. […] Cette égalité des droits avec les nationaux doit être complétée par un droit des travailleurs immigrés à la différence : maintien de la langue et de la culture maternelle. » Puis en 1980, dans le Projet socialiste pour la France des années 80 : « Les socialistes entendent reconnaître aux immigrés le droit à leur identité culturelle. La transmission de la connaissance et de la culture nationale à leurs enfants sera favorisée par tous les moyens. Car il n’est pas question de rompre les liens avec leur pays d’origine. […] Il faut préparer les nations les plus riches, dont la France, à envisager leur avenir en termes communautaires. » pp. 108-109

L’Église française, elle aussi hantée par cet inconscient colonial depuis son échec de l’évangélisation de l’Algérie. p. 109

Catéchisme néo-antiraciste. Il n’y a plus d’individus ni de citoyens, mais des « communautés », plus de salut ni de choix personnels, mais des « cultures », des « appartenances religieuses » et des « manières de vivre différentes » qui doivent à la fois favoriser et régir la « coexistence », le « mieux-vivre ensemble », l’« estime réciproque », pour provoquer des « enrichissements mutuels ». Et la peur d’une dépossession face à des comportements contraires à la culture française ne peut être que de l’« intolérance » p. 110

L’Immigration (Éditions La Découverte). Cet ouvrage explique que les « communautés installées sur le territoire national » fonctionnent comme des « micro-sociétés autonomes avec leurs vies culturelles propres, leurs rites de vie, leurs propres marchés matrimoniaux ». Et qu’il faut les y encourager : « Ceux qui se sentent appartenir à ces communautés doivent jouir du droit d’être “français” sans avoir à se franciser. » Pour en finir avec « la tradition féroce du modèle culturel “unique” français ». p. 111-112

« La réalité des gens de ma génération est que, depuis le bac à sable jusqu’à l’ANPE, nous jouons avec des chrétiens, des Arabes et des juifs, des Italiens et des Bourguignons. » Il ne faut plus voir que des « communautés », comme le met en scène de manière exotique, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française, le défilé du 14 juillet 1989, conçu par Jean-Paul Goude, illustrant le remplacement des droits de l’homme par les droits des tribus.
p. 113

« la dissociation de la citoyenneté et de la nationalité, assortie d’un modèle d’intégration communautaire fondé sur le respect du droit à la différence » pp. 114-115

Selon Éléments, par les atouts de l’islam : « L’islam est une religion actuelle, c’est-à-dire en acte, répondant à un besoin que la science ou la puissance ne comblent pas. L’Occident produit tout… sauf des raisons de vivre. L’anti-islamisme, la diabolisation des musulmans (l’affaire Rushdie, les foulards) lui en donnent une. […] Certains musulmans veulent rester eux-mêmes. Ils luttent avec une vraie ténacité contre les séductions superficielles d’un Occident déculturant et atomisant. On ne peut que leur rendre hommage. Or le tchador participe à cet élan de sacralisation qui nous fait tant défaut. […] Seul le système occidental génère l’anomie sociale que nous subissons. Cette perte de sens peut trouver dans l’islam un remède. » p. 115

Jean-Luc Mélenchon, qui confie, effondré : « Je ne peux pas survivre quand il n’y a que des blonds aux yeux bleus. C’est au-delà de mes forces. » Le leader du Front de gauche va encore plus loin dans cette supériorité de l’immigré sur le misérable autochtone. Lui qui se prend pour un « métèque » parce qu’il est fils de pieds-noirs d’origine espagnole explique en 2015 dans Marianne son amour pour la France des immigrés et sa haine pour les Français d’héritage : « Cet amour ne s’attache à aucun paysage en particulier, aucun terroir, aucun terrier. Juste l’idée. Les miens ont choisi d’être français. Une passion transmise que ne peuvent peut-être pas comprendre ceux qui ont trouvé leur carte d’identité dans mille ans de banale reproduction biologique. Comme je te plains, Le Pen, de ne rien savoir d’un amour choisi ! Si tu savais quelle passion nous ressentons, nous, les métèques de tout poil ! Nos souvenirs sont plus purs que les tiens. Ils sont consignés officiellement dans les livres d’histoire. Nos ancêtres sont donc exempts de tous les crimes des vôtres, dont notre histoire nationale est aussi faite. Nous pardonnons à ceux des vieilles souches ! Nous autres, les nouvelles branches, nous aimons tant ce pays ! Vos fautes ne sont pas suffisantes pour venir à bout de nos passions. » pp. 118-119

L’intelligence occidentale, atrophiée par sa rationalité, cherche à comprendre avec ses deux principaux outils. Marx et Freud. L’aliénation et la folie. Ne se voulant plus d’ennemi, le monde occidental reste habité par un ethnocentrisme aussi dominateur que prétentieux : un islamiste ne peut être qu’autre chose que l’ennemi venu d’ailleurs qu’il revendique être. Il ne peut être que notre créature. Il ne peut venir que du tréfonds de nous-mêmes. Bernard-Henri Lévy, abonné à la fulgurance ridicule, se rassure dans le registre nostalgique du déjà-vu : « Le djihadisme est la dernière perle noire lâchée par l’huître du nazisme. » p. 149

Ou l’imam de Bordeaux Tareq Oubrou, un bon élève qui ne se fait pas prier pour synthétiser tout cela, puisqu’on l’aide à se débarrasser du problème : « Si les gens sont violents, c’est parce qu’eux-mêmes subissent une violence symbolique socio-économique, un manque de reconnaissance, une fragilité identitaire. » pp. 156-157

Aujourd’hui, l’Institut national d’études démographiques (Ined) estime qu’en France plus de 50 000 femmes sont mutilées et que 40 % d’entre elles l’ont été sur le territoire national. Des chirurgiens urologues ont élaboré une technique de restauration du clitoris, intervention chirurgicale remboursée par la Sécurité sociale qui permet, au minimum, d’éliminer les douleurs et d’atténuer les problèmes obstétricaux et urologiques dus à l’excision. p. 169

Psychiatrie néocoloniale qui estime que l’étranger n’est pas accessible à l’analyse personnelle, à la confrontation avec sa responsabilité, mais qu’il faut le conforter dans son sentiment d’être victime d’une cause extérieure, d’un sort, d’un maléfice ou de Dieu. p. 170

Esther Benbassa et Noël Mamère, à la fin de 2011, dans une tribune publiée par Le Monde : « Nous sommes entrés dans une ère postnationale, où la citoyenneté ne peut plus être l’apanage des seuls nationaux. » p. 183

Face à ce refus ou à cette impossibilité d’intégration – ce sont non pas les accueillants qui se ferment, mais les accueillis qui viennent avec leur fermeture –, les élites ont décidé de céder, jugeant plus facile de défranciser la France. L’époque est à la liquidation de tous les outils de l’assimilation. p. 223

Il n’y a plus de nations ni de nationaux, et même plus de culture européenne, mais des zones où « résident » des « résidents » n’ayant pas plus de droits que les immigrants qui rejoignent ces zones et qui sont leurs égaux dès qu’ils arrivent. « Être français, c’est avoir sa vie en France et rien de plus », comme le traduit Hamé, le rappeur du groupe La Rumeur, dont Le Monde recueille les réflexions en 2009. pp. 230-231

Démographe Hervé Le Bras, adepte du grand déménagement, qu’« il faudra admettre que la France perdra une partie de ses “meilleurs” citoyens, qui seront remplacés par une partie des “meilleurs” citoyens des pays situés au-dessous d’elle dans l’ordre mondial » pp. 254-255

Fernand Braudel a tout dit de ce mensonge dans son chapitre « L’immigration étrangère : un problème récent » de son maître livre, L’Identité de la France : « Chez nous, l’immigration massive a été relativement tardive : en 1851, à la veille du second Empire, les étrangers ne représentaient pas 1 % de la population ; ils sont 2 % vers 1872, au début de notre IIIe République. […] Vers 1914, leur proportion demeure inférieure à 3 % de l’ensemble. » p. 256

L’islamologue anglo-américain Bernard Lewis : « C’est le manque de liberté qui est à la base des maux dont souffre le monde musulman. » p. 289

L’objectif des Lumières, défini par Kant comme la mise « hors de l’état de tutelle » de la liberté humaine, est la négation même de l’islam. « L’idée qu’il puisse exister des êtres, des activités ou des aspects de l’existence humaine qui échappent à l’emprise de la religion et de la loi divine est étrangère à la pensée musulmane », résume Bernard Lewis. 294

Que faire avec des commandements religieux qui appellent à la mort des non-musulmans dans des sociétés libérales qui pénalisent tout acte de violence ? p. 295

Le Coran leur interdit de « prendre leurs amis parmi les juifs et les chrétiens », mais certains ont des amis juifs ou chrétiens. p. 304

Un sondage de l’Ifop réalisé en 2016 a notamment révélé que 28 % des musulmans de France (et 50 % des moins de 25 ans) étaient dans une logique « sécessionniste », se réclamant d’un système de références religieuses « clairement opposé aux valeurs de la République » et que 37 % se déclaraient « proches » de Tariq Ramadan. p. 305

Un des dogmes les plus constants – et les plus problématiques – de la charia, défendu par une partie de ses interlocuteurs : le refus de la liberté de conscience. p. 359

Cette idée que la France républicaine, avec ses valeurs, convient plus que tout autre pays pour accoucher d’un « islam des Lumières ». p. 360

La différence entre la liberté individuelle de pensée, de religion et d’expression, affirmée par la Déclaration des droits de l’homme de 1789, et le principe de la soumission éternelle à Dieu, exigée par la charia : on ne sort pas de l’islam. La conversion d’un musulman au christianisme ou au judaïsme, ou le simple fait d’abjurer sa foi, est un sacrilège. p. 362

Le professeur Roger Henrion, gynécologue, alerté à la même époque par le développement des grossesses précoces, avait enquêté pour le HCI sur ces mariages décidés par le père, attribuant, dès la puberté ou un peu avant, un mari généralement beaucoup plus âgé à ses filles : « Il s’agit ni plus ni moins d’un viol organisé et prémédité. […] Dans le milieu maghrébin, le père, les frères et les amis des frères se coalisent souvent pour contrôler la jeune fille réfractaire, la privant de toute liberté et de la possibilité de chercher des appuis. » Et celles qui ont le courage de s’échapper ne trouvent guère d’accueil, le tabou qui pèse sur ces pratiques n’ayant pas favorisé la mise en place de structures publiques adéquates pour les héberger et les préserver de représailles familiales.p. 423

La France est le premier point de mire de la volonté de revanche islamique. Parce que, parmi les « croisés », c’est la France qui a le plus contrarié la parole d’Allah : la victoire de Poitiers, les croisades, l’expédition d’Égypte, l’occupation de l’Algérie, la fin de l’Empire ottoman et jusqu’à la suppression symbolique du califat avec ce Mustafa Kemal ouvertement francophile.
pp. 452-453

Et le déjà inévitable Michel Wieviorka enrichit cette plaquette en discréditant tout souci de culture nationale. Pour lui, en effet, « le thème de la France, de la culture française […] est tout à fait l’illustration de ce que l’on peut appeler un mythe, car ou bien il existe ce que l’on peut appeler une culture française en elle-même et qui, par conséquent, pour perdurer, lorsque d’autres cultures se manifestent, serait bien amenée, d’une façon ou d’une autre, à les broyer, les écraser, les laminer, ou bien il n’existe pas ce qu’on peut appeler une sorte d’éternel qui serait cette culture française et, par conséquent, il existe simplement une culture qui se transforme au fur et à mesure d’apports successifs ». pp. 467-468

liberté qui fait sa réputation, pour la culture française, grâce à laquelle elles ont pu s’exprimer. Le talent d’Isabelle Adjani, par exemple, doit plus aux traditions françaises – de l’école à la Comédie-Française – qu’à celle de soumission de la femme que voulait lui imposer son père et à laquelle elle a ainsi pu échapper. p. 513

La théologie occidentale n’a pas été moins persécutrice que celle de l’islamisme. Seulement, elle n’a pas réussi, elle n’a pas écrasé l’esprit moderne, comme l’islamisme a écrasé l’esprit des pays qu’il a conquis. pp. 524-525

La plupart des normes actuelles sont issues de l’histoire chrétienne, et cela a un impact parfois discriminatoire sur les nouveaux venus. » Parce que l’islam ne partage aucune de ces règles communes au christianisme et à la République : la liberté de conscience lui est aussi étrangère que la séparation du religieux et du politique. Et la laïcité, qui découle de la liberté de conscience, est inadéquate à l’islam. Et c’est aussi parce qu’elle est d’inspiration chrétienne que la loi de 1905 est si souvent remise en cause depuis que l’islam s’enracine en France.p. 549

La philosophie politique et à la conception du pouvoir de la deuxième gauche : l’abandon du volontarisme politique et de la souveraineté nationale pour s’en remettre à l’autogestion du marché sans frontières. p. 561

« le droit illimité de l’individu en Europe » et, de l’autre, « le pouvoir illimité de la loi divine en terre d’islam » : « Ces deux principes, d’une part, n’offrent guère de flexibilité politique. p. 568

« Il nous faut entrer dans une pensée du temps où la bataille de Poitiers et les croisades sont beaucoup plus proches de nous que la Révolution française et l’industrialisation du second Empire. » p. 595

L’exemple turc, preuve historique incontestable de la résistance de l’islam à l’occidentalisation forcée menée sans ménagement par un Turc lui-même, est, en effet, foncièrement trop contradictoire avec les espoirs de tant d’intellectuels français annonçant depuis quarante ans l’adaptation pacifique de l’islam aux droits de l’homme et à l’égalité de l’homme et de la femme. p. 628

François Héran, ancien directeur de l’Institut national d’études démographiques (Ined) et professeur depuis peu au Collège de France, qui, en préalable, commence par répéter, alors que ce n’est pas le sujet, ses habituels slogans iréniques : « Nous sous-estimons la capacité d’intégration des immigrés », lesquels « ont assuré la reconstruction de l’après-guerre »…./ François Héran est l’un de ces experts officiels qui ont réduit leur fonction à celle de médiateurs d’ambiance s’efforçant de rassurer en magnifiant par tous les moyens les conséquences d’une immigration envers laquelle les politiques ont abandonné tout volontarisme. p. 662. 663

La politique nataliste, longtemps prônée aussi bien à gauche qu’à droite, est, en effet, devenue synonyme de « pétainisme », bien que plus de la moitié des parents n’étant plus en âge d’enfanter regrettent de n’avoir pas eu davantage d’enfants, selon une enquête de l’Union nationale des associations familiales de 2014. 667-668

Et le très sérieux Pew Research Center, think thank américain spécialisé notamment dans les statistiques religieuses, a publié, en novembre 2017, une étude envisageant une augmentation de la population musulmane en France de 50 % entre 2016 et 2050 sans migration, mais une multiplication par 2,2 à 2,3 si les flux d’entrées à venir devaient ressembler à ceux des années 2014-2016. p. 672


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