L'Extinction de l'homme: -
T - Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Les antispécistes y tiennent : il ne faudrait pas dire « les animaux » mais « les animaux non humains », puisque l’homme serait un animal… comme un autre. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Respecter l’animal, c’est juger que l’homme,
par la place qu’il occupe au sein du vivant, est doté d’une responsabilité qui
lui intime des devoirs ; libérer l’animal, c’est au contraire admettre que
celui-ci dispose de droits. On peut donc, et distinguer ici le véganisme, qui
est un mode de vie, et l’antispécisme qui est un courant intellectuel. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
antispécistes Paul Sugy
Les gender studies à leurs débuts :
elles n’ont concerné tout d’abord qu’un nombre restreint d’intellectuels, assez
marginalisés y compris au sein de leur propre champ disciplinaire. Mais
quarante ans plus tard, leur hégémonie est presque totale : tout le monde
ou presque s’accorde malheureusement à penser que l’identité sexuelle n’est
qu’une construction sociale, et l’on n’en débat plus vraiment – même les
manuels scolaires l’enseignent. L'Extinction
de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
L’antispécisme est une véritable
révolution2. Une révolution qui touche directement à l’idée que nous nous
faisons de l’homme, et qui remet en cause la supériorité des intérêts humains
sur ceux des autres animaux. L'Extinction
de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Pour la science, l’homme est certes le plus
intelligent des animaux mais il n’est qu’un animal comme un autre. Sauf qu’à
l’inverse, il est rigoureusement impossible de démontrer que les antispécistes
ont raison, car il n’est pas davantage possible de démontrer que l’homme est
juste un animal. L'Extinction de l'homme:
Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
La biologie n’est pas la seule science qui
ait quelque chose à dire au sujet de l’animal – et, surtout, de l’homme. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
antispécistes Paul Sugy
Réduit à sa dimension biologique, il ne
reste plus rien d’humain dans l’homme. C’est le grand danger de
l’antispécisme : nous faire oublier qui nous sommes. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
La psychologie, la sociologie, l’histoire,
la littérature, la philosophie, enseignent combien l’homme tient en réalité une
place à part dans l’univers. L'Extinction
de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
l’antispécisme voue aux religions
monothéistes, et en particulier à l’anthropologie judéo-chrétienne, une haine
féroce) L'Extinction de l'homme: Le
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Accepter qu’il existe des vérités que nous
ne pouvons pas démontrer par la seule force d’un raisonnement logique peut
paraître assez scandaleux aux yeux de beaucoup d’entre nous car nous sommes des
esprits cartésiens. Nous faisons pourtant l’expérience quotidienne de telles
vérités, certaines parmi les plus profondes de notre existence. L’amour qui unit
deux êtres n’est jamais démontrable et aucun raisonnement L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
« Tout croire ou tout nier » :
c’est l’alternative, radicale, qu’Albert Camus nous laisse dans La Peste. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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Toutes nos certitudes ne sont pas des
vérités établies par la raison : certaines sont plutôt le fruit d’une
expérience. L'Extinction de l'homme: Le
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La science vient parfois ébranler notre
expérience et nous révèle que les choses ne sont pas toujours telles que nous
les sentons : ce n’est pas le Soleil qui tourne autour de la Terre, mais
l’inverse. L'Extinction de l'homme: Le
projet fou des antispécistes Paul Sugy
L’antispécisme plonge la pensée des hommes
dans le néant, puisqu’il affirme que ni nos philosophies ni nos cultures ne
sont suffisamment importantes pour constituer un éventuel « propre de
l’homme ». L'Extinction de l'homme:
Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Pris au sérieux, l’antispécisme entend
supprimer la frontière morale qui sépare l’espèce humaine des autres espèces.
Cela revient à prêcher la fin de l’humanité – l’extinction de l’homme. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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absurde qu’une théorie conçue et propagée
par des hommes puisse servir à notre propre destruction. Pourtant, depuis qu’il
maîtrise l’arme nucléaire, l’homme est techniquement Capable d’effacer toute
trace de vie humaine sur terre ; avec l’antispécisme, il vient d’acquérir
à nouveau la faculté de se supprimer lui-même, mais cette fois par la pensée. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
antispécistes Paul Sugy
En apparence ue pensée semble toujours
inoffensive. Pourtant il n’en est rien : les idées, lorsqu’elles sont
venimeuses, peuvent être des armes d’une dangerosité redoutable. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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Qu’il est impossible d’accorder la même
valeur à la vie humaine et à la vie animale sans du même coup déprécier la
première, c’est-à-dire sans animaliser l’homme. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Notre humanité est bien fragile. Le
vieillard le sait bien, qui, certes, a acquis une grande sagesse tout au long
de sa vie d’homme, mais voit ses forces s’amenuiser et ses capacités
disparaître peu à peu pour laisser place à une dépendance qu’aucun animal
sauvage n’accepterait de subir. L'Extinction
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L’humanisme aussi, qui longtemps a garanti
nos frontières d’avec le monde animal, est parvenu à l’âge de la sénilité. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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Séparation stricte entre l’humain et
l’animal est aussi vieux que cette certitude elle-même. Celle-ci fut patiemment
édifiée au cours des siècles, jusqu’à triompher avec l’âge d’or de
l’humanisme ; elle était prospère encore au temps des Lumières, bien
qu’affaiblie déjà, et désormais elle semble ne plus cesser de décliner, comme
la lumière du jour décroît à mesure que le soleil a quitté son zénith. Et dans
la pénombre contemporaine, le combat contre l’humanisme sent venir l’heure de
sa victoire définitive. L'Extinction de
l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Légitimité de l’espèce humaine est plus que
jamais menacée1, L'Extinction de l'homme:
Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
L’ultime stade de l’affirmation humaine est
selon lui un « humanisme exclusif », celui du positivisme
scientifique né au XVIIIe siècle, qui consiste à placer l’homme au-dessus
des autres êtres afin que tout rival soit exclu du piédestal sur lequel l’homme
se hisse lui-même. Cette prouesse prométhéenne ne rabaisse plus seulement les
animaux ou tous les êtres vivants non humains mais Dieu lui-même, comme
l’énonce la formule de Karl Marx : « La conscience humaine est la
divinité suprême, devant la face de laquelle il ne saurait y avoir aucune autre
divinité. » L'Extinction de l'homme:
Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Désormais, l’humanité sera seule gardienne
d’elle-même, lasse d’avoir trop longtemps confié la clé de ses remparts aux
dieux qui la veillaient. L'Extinction de
l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
L’homme comprend que s’il n’y a pas de Dieu
(ou si l’homme est Dieu, mais cela ne revient-il pas au même ?), il
devient dès lors très difficile de croire encore dans la supériorité de l’homme
sur l’animal, dont Dieu s’était fait jusque-là le garant. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
La naissance du mot « humanisme »
est concomitante à l’apparition de cet humanisme athée. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Ceux qui se sont opposés au régime carnivore
étaient presque toujours des penseurs « antisystème », au point que
l’on peut se demander si, plus que la question de la viande en elle-même, ce
n’est pas une critique plus générale du système de valeurs ou de la religion de
leur temps qui a intéressé les végétariens. L'Extinction
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Pythagore croit dans la métempsychose, le
passage de l’âme humaine dans un corps d’animal après la mort, ce qui le
conduit à sacraliser la vie animale au même titre que celle des hommes puisque
les âmes peuvent résider aussi bien dans des corps humains que dans des corps
animaux8. L'Extinction de l'homme: Le
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Gandhi fait longuement référence à Salt pour
rejeter tout végétarisme pensé exclusivement sur des arguments ayant trait à la
santé : « Les fondements sur lesquels repose une association
végétarienne, proclamant un principe végétarien, ne peuvent et ne doivent être
que moraux18. » L'Extinction de
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Le végétarisme et par la suite les thèses
antispécistes ont connu davantage de succès dans les pays protestants que
catholiques). L'Extinction de l'homme: Le
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Pour les déontologistes, une action est
bonne si elle est conforme au devoir de celui qui l’accomplit ; pour les
utilitaristes, elle est bonne si elle augmente le bonheur collectif (la somme
des bonheurs de chaque individu). Les utilitaristes confondent donc le bien
avec le bonheur, et même, parfois, avec le plaisir. On dit encore des
utilitaristes qu’ils sont « conséquentialistes » : ce sont les
conséquences d’une action qui les intéressent, plus que l’action en elle-même. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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L’utilitarisme refuse fermement d’admettre
qu’il existe des principes moraux universels ou une quelconque loi de la
nature. L'Extinction de l'homme: Le
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Qui se chargera de tirer la ligne de
démarcation qui sépare les degrés divers de la vie animale, en commençant par
l’homme, et descendant de proche en proche jusqu’à la plus humble créature
capable de distinguer la souffrance de la jouissance ? La distinction
sera-t-elle établie par la faculté de la raison ou celle de la parole ? L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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Que tant que le racisme était toléré dans le
monde, une réflexion plus aboutie sur la libération des animaux était
impossible25. L'Extinction de l'homme: Le
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Pas une égalité de traitement entre les
animaux et les hommes (qui serait absurde puisque les animaux n’auraient que
faire de la plupart de nos droits), mais une égalité de considération. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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La sentience n’est pas seulement la
sensibilité, mais la capacité à avoir conscience des afflictions sensibles que
l’on ressent. L'Extinction de l'homme: Le
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Cultural studies, un champ de recherches
transdisciplinaires mêlant le regard de la sociologie, de l’anthropologie, de
la philosophie, de la littérature et de l’étude des arts en général, pour
interroger les représentations culturelles d’une société donnée. Ce courant né,
dans les années 1960 au Royaume-Uni sous l’impulsion de Richard Hoggart,
Raymond William et Stuart Hall, a suscité un vif intérêt en France, au point
qu’on regroupe les travaux de philosophes comme Jacques Derrida, Gilles Deleuze
ou Michel Foucault, dans les années 1970, sous le nom de French Theory. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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l’éthologie, qui prouvent l’existence plus
ou moins développée de formes de conscience animale, est permis de se demander
si son combat antispéciste n’est pas mû davantage par la recherche de l’acte
transgressif en lui-même que par une adhésion au projet de libération animale. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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Combat commun contre l’essentialisme,
c’est-à-dire, selon elles, le fait de recourir à l’idée de nature pour
expliquer les différences culturelles entre individus.
Haraway : son idée est que nature et
culture ne peuvent plus être séparées, car l’histoire commune des hommes et des
animaux et la possibilité d’une tendresse réciproque rend cette distinction
obsolète. L'Extinction de l'homme: Le
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Le philosophe français Jean-François
Braunstein, qui a également eu le courage de la lire, note que pour Haraway,
« le projet explicite n’est pas seulement celui d’une fusion mystique avec
la nature, il est aussi celui d’une destruction de toute pensée objective et
rationnelle42 ». L'Extinction de
l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
L’unité originelle du monde. En somme, la
différenciation est une invention des hommes pour construire leur pensée, mais
elle les pousse à commettre des injustices, qui ne peuvent être réparées qu’au
moyen d’une déconstruction ou même d’une destruction méthodique de toutes ces
prétendues distinctions. L'Extinction de
l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Les élus de la ville de Strasbourg ont ainsi
pu assister à un débat surréaliste au conseil municipal de leur ville, le
21 septembre 2020, alors que, sous l’égide de la toute nouvelle maire
(EELV) Jeanne Barseghian, les élus de la majorité écologiste décidaient de
mettre en place une « mission d’information et d’évaluation pour la
gestion du rat en ville et des animaux liminaires dans l’habitat ». L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
antispécistes Paul Sugy
L’antispécisme ne naît pas du surgissement
spontané d’une préoccupation envers les animaux, mais procède au contraire
d’une progression continue de l’attention portée par nos sociétés aux
catégories opprimées. L'Extinction de
l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Un jour viendra où la libération des animaux
semblera tout aussi évidente que l’est désormais la libération des esclaves ou
des femmes – autant de combats qui, jadis, n’allaient pas de soi et
supposaient un engagement courageux. Cette référence est évidemment, pour
l’antispécisme, un gage de légitimité : quiconque continuerait de penser
que les discriminations « spécistes » sont légitimes se verrait du
même coup suspecté de sexisme, de racisme et même d’esclavagisme. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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Saint Paul : « Il n’y a plus ni
juif ni païen, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme
et la femme1 », toutes les distinctions ne s’évanouissant plus dans
l’union avec le Christ prêchée par l’apôtre, mais dans la lutte sociale et le
renversement du maître par l’opprimé. Il n’y a plus ni animal ni homme !
s’écrient les antispécistes. L'Extinction
de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
L’accomplissement de la raison dans
l’histoire doit tendre vers l’abolition des frontières morales, l’indistinction
de tous les êtres dans une seule et même loi de justice et de paix. Avec
l’antispécisme, il s’agit de vaincre l’ultime injustice, la barbarie suprême
dont procéderaient toutes les autres. Car pour beaucoup de défenseurs des
animaux, la cruauté dont nous faisons preuve à l’égard des bêtes est intimement
semblable aux violences que nous infligeons aux autres hommes. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
antispécistes Paul Sugy
L’antispécisme est le prolongement de ce
cri. Il veut que cela finisse. Cela ? Non pas seulement la cruauté envers
les animaux, mais la cruauté en elle-même. Guérir l’homme de la violence, une
fois pour toutes. L'Extinction de
l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Moyennisation des sociétés rend obsolète la
distinction entre bourgeoisie et prolétariat. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
La société n’est pas, ou n’est plus, fondée
selon eux sur l’exploitation économique des ouvriers par les propriétaires
capitalistes, mais sur des « hégémonies » au sens gramscien,
c’est-à-dire des relations de pouvoir favorisant les intérêts des puissants (et
notamment des mâles, des Blancs ou des hétérosexuels). L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Aymeric Caron, qui a contribué à vulgariser
les thèses antispécistes en France7, le clame haut et fort : « La
protection animale est le marxisme du XXIe siècle8 » ! L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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Une bonne part de la gauche socialiste,
comme l’a montré le philosophe français Jean-Claude Michéa, a abandonné la
lutte des classes pour n’être plus qu’une « religion du progrès15 ». L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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Guérilla intellectuelle, qui vise notamment
à s’emparer de l’université comme d’une place forte d’où partent ensuite tous
les mouvements de conquête visant peu à peu à instaurer l’hégémonie des
nouveaux credos professés par ces justiciers du XXIe siècle. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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L’urgence d’une libération des
animaux : il suffit pour cela que les premiers voient dans les animaux des
prolétaires, et que les seconds les considèrent comme des minorités. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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Libéralisme économique désormais hors de
tout contrôle et qui a instigué un relativisme absolu quant à la nature de nos
civilisations et des principes qui les fondent) est un puits sans fonds :
la conquête des droits importe moins par ses résultats que par l’acte en
lui-même, le mouvement continuel de lutte qui anime ses adeptes. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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L’histoire du progressisme rappelle la
légende de saint Georges et du dragon. Après des siècles de désespoir et de
superstition, saint Georges est revenu dans le monde aux environs du
XVIe siècle, prenant cette fois les traits de la Raison moderne. Les
premiers dragons qu’il affronta de sa lance furent d’abord le despotisme et
l’intolérance religieuse. Puis, après avoir triomphé, il resta là un moment car
d’autres problèmes requéraient son intervention, comme l’esclavage, les
conditions de détention des prisonniers ou la misère sociale. Au
XIXe siècle, sa lance ne trouva pas le repos : elle s’enfonça cette
fois dans les écailles des privilèges insolents de l’aristocratie. Mais
contrairement à saint Georges, le progressisme n’a pas su prendre sa retraite.
Plus il triomphait et plus son rêve de dépouiller une fois pour toutes le monde
de ses dragons l’obsédait, à tel point qu’il devenait incapable de s’arrêter de
combattre. Il lui fallait des dragons. Les affronter était sa seule raison
d’être, il avait besoin de nouvelles causes à défendre – les pauvres, les
exploités, les peuples colonisés, discriminés ou sous-développés. Mais tel un
guerrier sénile, il finit par perdre son souffle à force de pourchasser des
dragons de plus en plus minuscules – car les vrais dragons, eux, étaient
devenus très difficiles à terrasser. L'Extinction
de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
On en vient à vouloir « décoloniser les
arts » au point d’interrompre une pièce d’Eschyle jouée à la Sorbonne, ou
qu’au nom du féminisme on finit par promouvoir l’écriture inclusive, on combat
davantage des lézards que des dragons. L'Extinction
de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Sans combustible, la flamme progressiste
s’éteindrait vite… La cause des animaux est pour certains de ses militants une
aubaine : avec l’antispécisme, les guerriers de la justice sociale en ont
pour au moins deux siècles de lutte. L'Extinction
de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Inscrire la lutte pour la libération animale
dans la continuité de ces autres mouvements de libération semble chez tous ces
penseurs aller de soi. L’argument est pourtant pernicieux, car si l’on accepte
cette filiation, alors on est contraint, soit de tout approuver d’un bloc et
d’établir une équivalence absolue entre le féminisme (antisexisme),
l’antiracisme et l’antispécisme ; soit de tout refuser et de ne pas
seulement passer pour un complice des bouchers et des éleveurs, mais aussi un
promoteur du patriarcat et de la ségrégation raciale, voire de l’esclavage. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
antispécistes Paul Sugy
Le combat pour les animaux a pratiquement
toujours été un combat mené par des urbains » L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Se demander si la perte du contact avec la
faune sauvage ou avec les animaux de ferme n’a pas contribué à changer le
regard que leur portent nos sociétés urbanisées, les animaux étant davantage
idéalisés aujourd’hui qu’autrefois. L'Extinction
de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Une femme noire peut être doublement
rejetée, à la fois parce qu’elle n’est pas un homme et parce qu’elle n’est pas
blanche. Mais cette notion fut rapidement galvaudée par de nombreux militants
pour en faire un appel à une « convergence » de toutes les luttes. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
antispécistes Paul Sugy
La magie de la convergence des luttes est de
permettre du même coup une disculpation et une convergence des
détestations : la souffrance animale n’est pas le fait du groupe humain
dans son ensemble, elle est seulement l’un des nombreux crimes commis par le
même et éternel coupable : l’homme blanc hétérosexuel. Ce qui n’a pas
échappé à l’œil avisé de Mathieu Bock-Côté : « C’est notre
civilisation qui est d’abord et avant tout visée par cette mouvance. L’homme
occidental ne cesse de trouver de nouvelles manières de s’accuser25 »
écrivait-il dans Le Figaro. L'Extinction
de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
L’élevage comme un « holocauste »
et même un « nolocauste », terme insistant sur le fait que, dans
l’élevage, la naissance des animaux est programmée en vue de leur meurtre. Dans
un déluge verbeux de néologismes et d’expressions douteuses, elle n’hésite pas
à parler de « crime contre l’animalité ». L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Antinazisme, antispécisme : même
combat… Quant aux bouchers et aux éleveurs, la sentence est terrible : ils
ne seraient ni plus ni moins que des SS, et un jour viendra peut-être où leurs
« crimes » seront jugés par un nouveau tribunal de Nuremberg. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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Dès lors que l’on est antispéciste, toutes
les formes de terrorisme animaliste se trouvent justifiées : s’il est vrai
que le fait de tuer des animaux pour en faire de la viande est aussi moralement
scandaleux que de commettre un génocide, tous les moyens semblent permis pour
mettre un terme à cette barbarie, fussent-ils illégaux – puisqu’ils sont
légitimes. Les violences commises contre les bouchers et les éleveurs, les
incendies d’abattoirs… relèvent donc, du point de vue des antispécistes, d’une
croisade menée au nom de la justice. L'Extinction
de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
« Il
ne faut pas renier l’intelligence. Elle est l’instrument de sa propre
négation : elle s’affirme encore en se niant – et elle survit à
son suicide. » L'Extinction de
l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Nous vivons fort heureusement dans un monde
où l’égalité de tous, sans distinction de race, de sexe ou de religion, n’est
plus seulement un grand mot mais une réalité de plus en plus concrète. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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Peter Singer écrit aussi : « Nous
mangeons de la chair animale bien avant de pouvoir comprendre que ce que nous
mangeons est le corps mort d’un animal. Nous ne prenons donc jamais une
décision consciente et éclairée de manger de la chair animale sans être soumis
à l’influence qu’exerce toute habitude invétérée, renforcée par toutes les
pressions qui poussent au conformisme social6. » L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Tout comme les féministes dénoncent les
représentations sexistes véhiculées par ces histoires de princesses, les
antispécistes s’insurgent contre les fables qui donnent le mauvais rôle aux
animaux. L'Extinction de l'homme: Le
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La déconstruction systématique des opinions
communes aboutit à une impasse : en suivant cette méthode, nous en
viendrions rapidement à devoir rendre compte de chacune de nos conceptions ou
de nos représentations du monde. Ce serait à peine vivable ! L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
antispécistes Paul Sugy
A trop vouloir dénigrer l’acte même de
construction, nous pourrions un jour nous retrouver tout bonnement orphelins du
monde, rendus incapables de l’habiter. L'Extinction
de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Nous sommes des nains juchés sur des épaules
de géants : si nous avons honte des géants qui nous ont précédés et du
fait que nous descendons de leurs épaules, nous redeviendrons des nains. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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La suprématie de l’homme ne relève pas pour
les antispécistes d’une loi de la nature mais d’une décision arbitraire des
humains. L'Extinction de l'homme: Le
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« Naître » :
natus. Est naturel ce qui est donné dès le commencement de la vie : voilà
une définition dont nous pourrons nous satisfaire dans un premier temps, avant
de l’affiner à la lumière de distinctions. L'Extinction
de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
L’antispécisme propose d’abolir cette
distinction en établissant que la nature et la culture doivent être de nouveau
réunies, et qu’il faut se départir de tout le surplus que notre culture ajoute
à la nature et qui ne sert qu’à l’enrégimenter aux intérêts humains. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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Le positivisme moderne, soucieux d’arracher
l’homme à toute détermination extérieure à lui-même, a refusé de considérer
qu’il peut exister au-dessus de l’homme un « plus haut » que lui, qu’il
s’agisse de Dieu ou de la nature. L'Extinction
de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
L’origine de l’homme n’est pas l’homme
lui-même. Il existait quelque chose avant l’homme : celui-ci est donc
dépassé au moins par le mystère insondable de son apparition sur la Terre. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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L’antispécisme a beau jeu de se présenter
sous les traits d’un nouvel universalisme, plus prestigieux encore que le
précédent, puisque plus inclusif : en déconstruisant méthodiquement notre
nature commune, il fait planer au-dessus de nos têtes la menace d’un
écroulement définitif des acquis les plus précieux de la civilisation humaine. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
antispécistes Paul Sugy
Une critique du récit judéo-chrétien :
dans la Genèse, Yahvé donne à l’homme le pouvoir de nommer les animaux. L’homme
s’est ainsi octroyé le monopole du langage (Derrida soutient que les animaux
aussi ont un langage, mais que nous nous refusons à les écouter) ; ce
faisant, l’homme devient seul à même de produire du récit, ce que Derrida
appelle l’« autobiographie ». L'Extinction
de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Comment sera-t-il possible encore de dire
quelque chose du monde ? Quel discours subsistera ? La philosophie,
la littérature, l’art ont-ils encore leur place dans un système gouverné par un
projet si radical de déconstruction ? L'Extinction
de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
C’est humaniser l’homme, le dépouiller de
son animalité, le situer à part au sein du monde des vivants. Le seul geste
créatif qui reste admis est celui qui produit du néant. Le nihilisme n’est plus
une option, comme il l’était encore chez Camus, mais une injonction. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
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En voulant déconstruire les fondements de
l’anthropologie, la philosophie a scié la branche sur laquelle elle était
assise. C’est une pensée qui se délégitime elle-même – une automutilation.
Le philosophe antispéciste, s’il est cohérent, ne peut qu’en venir à détester
la philosophie et à se détester lui-même. Ce faisant, il aboutira à démontrer
son propre postulat, puisque l’homme, devenu incapable de conceptualiser le
monde, se dépossède de ce que les hommes détiennent en propre, et que n’ont pas
les animaux, cette faculté à définir les choses et non pas simplement à les
regarder. Il aura donc bel et bien rompu la digue qui étanchéifiait le monde
des hommes de celui des animaux, non pas en élevant l’animal jusqu’à l’homme,
mais en rabaissant l’homme jusqu’à l’animal. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
De la chair animée par un souffle de vie,
voilà bien ce que nous sommes tous, humains et animaux ; produits
certainement par une même histoire évolutive qui a peu à peu différencié les
espèces, mais qui laisse encore 98,77 % de parenté génétique entre les
humains et les chimpanzés. Tous pareils. L'Extinction
de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Est autant une certitude qu’un défi :
l’éveil philosophique commence au moment où l’homme se demande ce qu’il a en
plus de l’animal. L'Extinction de
l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
L’émerveillement de l’homme devant la nature
est encore un réflexe spéciste, une forme d’appropriation et de mise en récit
spécifiquement humaines… L'Extinction de
l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Les personnes qui adoptent un régime
entièrement végan (dont les vertus
nutritionnelles sont largement contestées, certains médecins n’hésitant pas à
dire que ce régime alimentaire favorise les risques pour la santé, comme
récemment le docteur Édouard Pélissier8) sont pratiquement obligées de se
complémenter en vitamine B12, une molécule nécessaire à l’organisme dont
la plupart des végans sont carencés s’ils ne se fournissent pas auprès des
laboratoires qui la synthétisent. L'Extinction
de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Effort conjoint de la technologie et de
l’idéologie, de renouveler le genre humain et même le vivant tout entier. De le
forcer à devenir meilleur, coûte que coûte… L'Extinction
de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
L’idée même que l’accomplissement moral de
l’humanité soit tributaire de ses compétences techniques nous paraît insupportable,
et contraire à notre vision de l’éthique, L'Extinction
de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
L’homme moderne, c’est-à-dire l’homme des
droits de l’homme, est un homme vidé de sa substance pour n’être ramené qu’à
une enveloppe formelle : celle de son individualité, qui le rend sujet de
droits. L'Extinction de l'homme: Le
projet fou des antispécistes Paul Sugy
L’homme fut jadis bien plus qu’un simple
individu, et voilà peut-être ce que, tout à notre euphorie d’avoir construit
l’individu moderne, réceptacle de la noble aspiration de nos sociétés à plus
d’égalité et de justice, nous avons un peu trop vite oublié. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
antispécistes Paul Sugy
Force est de constater qu’en supprimant
toute idée de Dieu, l’homme a sans doute moins cherché à l’éliminer qu’à le
remplacer, et que cette illimitation de ses prétentions lui donne sans doute
trop hâtivement le sentiment que son emprise bienfaisante sur l’univers
pourrait être illimitée – comme devait l’être celle de Dieu. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des
antispécistes Paul Sugy
Ce surhomme, qui se rêve en rédempteur du
monde, devient si peu définissable que les contours de sa propre humanité
finissent bien vite par s’estomper et laisser la voie à un parfait flottement
anthropologique. L'Extinction de l'homme:
Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
On peut très bien envisager l’émergence
d’une humanité techniquement réformée, réanimalisée, déshominisée, où le désir
ne sera plus, comme chez les bêtes, que périodique et utilitaire, et où
n’entrera plus que minimalement, dans les luttes sexuelles, la question du
prestige – liée aux temps historiques. Ainsi sera résolue toute cette
affaire. Fin du corps sexué. Fin de l’Histoire. Fin des contradictions. Fin des
conflits. Fin de la distinction entre animal et humain. Retour de la Culture au
bercail de la Nature. Fin du roman. Fin, en douceur, des hasards de la
séduction. Bien des gens s’emploient actuellement à nous rapprocher de cet
idéal. Ces bons apôtres n’ont pas besoin de la science : il leur suffit de
réclamer l’abolition de la différence abusive des sexes, génératrice
d’injustices et de positions de pouvoir, au nom de l’égalité : qui oserait
se dire contre ? L'Extinction de
l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy
Subsiste encore est celui de la lutte
postmarxiste pour l’illimitation des droits
L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy