mercredi 23 juin 2021

L'Extinction de l'homme: - T - Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

 

L'Extinction de l'homme: - T - Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

 



 


Les antispécistes y tiennent : il ne faudrait pas dire « les animaux » mais « les animaux non humains », puisque l’homme serait un animal… comme un autre. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Respecter l’animal, c’est juger que l’homme, par la place qu’il occupe au sein du vivant, est doté d’une responsabilité qui lui intime des devoirs ; libérer l’animal, c’est au contraire admettre que celui-ci dispose de droits. On peut donc, et distinguer ici le véganisme, qui est un mode de vie, et l’antispécisme qui est un courant intellectuel. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Les gender studies à leurs débuts : elles n’ont concerné tout d’abord qu’un nombre restreint d’intellectuels, assez marginalisés y compris au sein de leur propre champ disciplinaire. Mais quarante ans plus tard, leur hégémonie est presque totale : tout le monde ou presque s’accorde malheureusement à penser que l’identité sexuelle n’est qu’une construction sociale, et l’on n’en débat plus vraiment – même les manuels scolaires l’enseignent. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

L’antispécisme est une véritable révolution2. Une révolution qui touche directement à l’idée que nous nous faisons de l’homme, et qui remet en cause la supériorité des intérêts humains sur ceux des autres animaux. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Pour la science, l’homme est certes le plus intelligent des animaux mais il n’est qu’un animal comme un autre. Sauf qu’à l’inverse, il est rigoureusement impossible de démontrer que les antispécistes ont raison, car il n’est pas davantage possible de démontrer que l’homme est juste un animal. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

La biologie n’est pas la seule science qui ait quelque chose à dire au sujet de l’animal – et, surtout, de l’homme. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Réduit à sa dimension biologique, il ne reste plus rien d’humain dans l’homme. C’est le grand danger de l’antispécisme : nous faire oublier qui nous sommes. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

La psychologie, la sociologie, l’histoire, la littérature, la philosophie, enseignent combien l’homme tient en réalité une place à part dans l’univers. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

l’antispécisme voue aux religions monothéistes, et en particulier à l’anthropologie judéo-chrétienne, une haine féroce) L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Accepter qu’il existe des vérités que nous ne pouvons pas démontrer par la seule force d’un raisonnement logique peut paraître assez scandaleux aux yeux de beaucoup d’entre nous car nous sommes des esprits cartésiens. Nous faisons pourtant l’expérience quotidienne de telles vérités, certaines parmi les plus profondes de notre existence. L’amour qui unit deux êtres n’est jamais démontrable et aucun raisonnement L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

 « Tout croire ou tout nier » : c’est l’alternative, radicale, qu’Albert Camus nous laisse dans La Peste. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Toutes nos certitudes ne sont pas des vérités établies par la raison : certaines sont plutôt le fruit d’une expérience. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

La science vient parfois ébranler notre expérience et nous révèle que les choses ne sont pas toujours telles que nous les sentons : ce n’est pas le Soleil qui tourne autour de la Terre, mais l’inverse. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

L’antispécisme plonge la pensée des hommes dans le néant, puisqu’il affirme que ni nos philosophies ni nos cultures ne sont suffisamment importantes pour constituer un éventuel « propre de l’homme ». L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Pris au sérieux, l’antispécisme entend supprimer la frontière morale qui sépare l’espèce humaine des autres espèces. Cela revient à prêcher la fin de l’humanité – l’extinction de l’homme. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

absurde qu’une théorie conçue et propagée par des hommes puisse servir à notre propre destruction. Pourtant, depuis qu’il maîtrise l’arme nucléaire, l’homme est techniquement Capable d’effacer toute trace de vie humaine sur terre ; avec l’antispécisme, il vient d’acquérir à nouveau la faculté de se supprimer lui-même, mais cette fois par la pensée. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

En apparence ue pensée semble toujours inoffensive. Pourtant il n’en est rien : les idées, lorsqu’elles sont venimeuses, peuvent être des armes d’une dangerosité redoutable. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Qu’il est impossible d’accorder la même valeur à la vie humaine et à la vie animale sans du même coup déprécier la première, c’est-à-dire sans animaliser l’homme. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Notre humanité est bien fragile. Le vieillard le sait bien, qui, certes, a acquis une grande sagesse tout au long de sa vie d’homme, mais voit ses forces s’amenuiser et ses capacités disparaître peu à peu pour laisser place à une dépendance qu’aucun animal sauvage n’accepterait de subir. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

L’humanisme aussi, qui longtemps a garanti nos frontières d’avec le monde animal, est parvenu à l’âge de la sénilité. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Séparation stricte entre l’humain et l’animal est aussi vieux que cette certitude elle-même. Celle-ci fut patiemment édifiée au cours des siècles, jusqu’à triompher avec l’âge d’or de l’humanisme ; elle était prospère encore au temps des Lumières, bien qu’affaiblie déjà, et désormais elle semble ne plus cesser de décliner, comme la lumière du jour décroît à mesure que le soleil a quitté son zénith. Et dans la pénombre contemporaine, le combat contre l’humanisme sent venir l’heure de sa victoire définitive. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Légitimité de l’espèce humaine est plus que jamais menacée1, L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

L’ultime stade de l’affirmation humaine est selon lui un « humanisme exclusif », celui du positivisme scientifique né au XVIIIe siècle, qui consiste à placer l’homme au-dessus des autres êtres afin que tout rival soit exclu du piédestal sur lequel l’homme se hisse lui-même. Cette prouesse prométhéenne ne rabaisse plus seulement les animaux ou tous les êtres vivants non humains mais Dieu lui-même, comme l’énonce la formule de Karl Marx : « La conscience humaine est la divinité suprême, devant la face de laquelle il ne saurait y avoir aucune autre divinité. » L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Désormais, l’humanité sera seule gardienne d’elle-même, lasse d’avoir trop longtemps confié la clé de ses remparts aux dieux qui la veillaient. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

L’homme comprend que s’il n’y a pas de Dieu (ou si l’homme est Dieu, mais cela ne revient-il pas au même ?), il devient dès lors très difficile de croire encore dans la supériorité de l’homme sur l’animal, dont Dieu s’était fait jusque-là le garant. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

La naissance du mot « humanisme » est concomitante à l’apparition de cet humanisme athée. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Ceux qui se sont opposés au régime carnivore étaient presque toujours des penseurs « antisystème », au point que l’on peut se demander si, plus que la question de la viande en elle-même, ce n’est pas une critique plus générale du système de valeurs ou de la religion de leur temps qui a intéressé les végétariens. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Pythagore croit dans la métempsychose, le passage de l’âme humaine dans un corps d’animal après la mort, ce qui le conduit à sacraliser la vie animale au même titre que celle des hommes puisque les âmes peuvent résider aussi bien dans des corps humains que dans des corps animaux8. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Gandhi fait longuement référence à Salt pour rejeter tout végétarisme pensé exclusivement sur des arguments ayant trait à la santé : « Les fondements sur lesquels repose une association végétarienne, proclamant un principe végétarien, ne peuvent et ne doivent être que moraux18. » L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Le végétarisme et par la suite les thèses antispécistes ont connu davantage de succès dans les pays protestants que catholiques). L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Pour les déontologistes, une action est bonne si elle est conforme au devoir de celui qui l’accomplit ; pour les utilitaristes, elle est bonne si elle augmente le bonheur collectif (la somme des bonheurs de chaque individu). Les utilitaristes confondent donc le bien avec le bonheur, et même, parfois, avec le plaisir. On dit encore des utilitaristes qu’ils sont « conséquentialistes » : ce sont les conséquences d’une action qui les intéressent, plus que l’action en elle-même. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

L’utilitarisme refuse fermement d’admettre qu’il existe des principes moraux universels ou une quelconque loi de la nature. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Qui se chargera de tirer la ligne de démarcation qui sépare les degrés divers de la vie animale, en commençant par l’homme, et descendant de proche en proche jusqu’à la plus humble créature capable de distinguer la souffrance de la jouissance ? La distinction sera-t-elle établie par la faculté de la raison ou celle de la parole ? L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Que tant que le racisme était toléré dans le monde, une réflexion plus aboutie sur la libération des animaux était impossible25. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Pas une égalité de traitement entre les animaux et les hommes (qui serait absurde puisque les animaux n’auraient que faire de la plupart de nos droits), mais une égalité de considération. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

La sentience n’est pas seulement la sensibilité, mais la capacité à avoir conscience des afflictions sensibles que l’on ressent. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Cultural studies, un champ de recherches transdisciplinaires mêlant le regard de la sociologie, de l’anthropologie, de la philosophie, de la littérature et de l’étude des arts en général, pour interroger les représentations culturelles d’une société donnée. Ce courant né, dans les années 1960 au Royaume-Uni sous l’impulsion de Richard Hoggart, Raymond William et Stuart Hall, a suscité un vif intérêt en France, au point qu’on regroupe les travaux de philosophes comme Jacques Derrida, Gilles Deleuze ou Michel Foucault, dans les années 1970, sous le nom de French Theory. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

l’éthologie, qui prouvent l’existence plus ou moins développée de formes de conscience animale, est permis de se demander si son combat antispéciste n’est pas mû davantage par la recherche de l’acte transgressif en lui-même que par une adhésion au projet de libération animale. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Combat commun contre l’essentialisme, c’est-à-dire, selon elles, le fait de recourir à l’idée de nature pour expliquer les différences culturelles entre individus.

Haraway : son idée est que nature et culture ne peuvent plus être séparées, car l’histoire commune des hommes et des animaux et la possibilité d’une tendresse réciproque rend cette distinction obsolète. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Le philosophe français Jean-François Braunstein, qui a également eu le courage de la lire, note que pour Haraway, « le projet explicite n’est pas seulement celui d’une fusion mystique avec la nature, il est aussi celui d’une destruction de toute pensée objective et rationnelle42 ». L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

L’unité originelle du monde. En somme, la différenciation est une invention des hommes pour construire leur pensée, mais elle les pousse à commettre des injustices, qui ne peuvent être réparées qu’au moyen d’une déconstruction ou même d’une destruction méthodique de toutes ces prétendues distinctions. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Les élus de la ville de Strasbourg ont ainsi pu assister à un débat surréaliste au conseil municipal de leur ville, le 21 septembre 2020, alors que, sous l’égide de la toute nouvelle maire (EELV) Jeanne Barseghian, les élus de la majorité écologiste décidaient de mettre en place une « mission d’information et d’évaluation pour la gestion du rat en ville et des animaux liminaires dans l’habitat ». L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

L’antispécisme ne naît pas du surgissement spontané d’une préoccupation envers les animaux, mais procède au contraire d’une progression continue de l’attention portée par nos sociétés aux catégories opprimées. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Un jour viendra où la libération des animaux semblera tout aussi évidente que l’est désormais la libération des esclaves ou des femmes – autant de combats qui, jadis, n’allaient pas de soi et supposaient un engagement courageux. Cette référence est évidemment, pour l’antispécisme, un gage de légitimité : quiconque continuerait de penser que les discriminations « spécistes » sont légitimes se verrait du même coup suspecté de sexisme, de racisme et même d’esclavagisme. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Saint Paul : « Il n’y a plus ni juif ni païen, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme1 », toutes les distinctions ne s’évanouissant plus dans l’union avec le Christ prêchée par l’apôtre, mais dans la lutte sociale et le renversement du maître par l’opprimé. Il n’y a plus ni animal ni homme ! s’écrient les antispécistes. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

L’accomplissement de la raison dans l’histoire doit tendre vers l’abolition des frontières morales, l’indistinction de tous les êtres dans une seule et même loi de justice et de paix. Avec l’antispécisme, il s’agit de vaincre l’ultime injustice, la barbarie suprême dont procéderaient toutes les autres. Car pour beaucoup de défenseurs des animaux, la cruauté dont nous faisons preuve à l’égard des bêtes est intimement semblable aux violences que nous infligeons aux autres hommes. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

L’antispécisme est le prolongement de ce cri. Il veut que cela finisse. Cela ? Non pas seulement la cruauté envers les animaux, mais la cruauté en elle-même. Guérir l’homme de la violence, une fois pour toutes. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Moyennisation des sociétés rend obsolète la distinction entre bourgeoisie et prolétariat. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

La société n’est pas, ou n’est plus, fondée selon eux sur l’exploitation économique des ouvriers par les propriétaires capitalistes, mais sur des « hégémonies » au sens gramscien, c’est-à-dire des relations de pouvoir favorisant les intérêts des puissants (et notamment des mâles, des Blancs ou des hétérosexuels). L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Aymeric Caron, qui a contribué à vulgariser les thèses antispécistes en France7, le clame haut et fort : « La protection animale est le marxisme du XXIe siècle8 » ! L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Une bonne part de la gauche socialiste, comme l’a montré le philosophe français Jean-Claude Michéa, a abandonné la lutte des classes pour n’être plus qu’une « religion du progrès15 ». L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Guérilla intellectuelle, qui vise notamment à s’emparer de l’université comme d’une place forte d’où partent ensuite tous les mouvements de conquête visant peu à peu à instaurer l’hégémonie des nouveaux credos professés par ces justiciers du XXIe siècle. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

L’urgence d’une libération des animaux : il suffit pour cela que les premiers voient dans les animaux des prolétaires, et que les seconds les considèrent comme des minorités. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Libéralisme économique désormais hors de tout contrôle et qui a instigué un relativisme absolu quant à la nature de nos civilisations et des principes qui les fondent) est un puits sans fonds : la conquête des droits importe moins par ses résultats que par l’acte en lui-même, le mouvement continuel de lutte qui anime ses adeptes. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

L’histoire du progressisme rappelle la légende de saint Georges et du dragon. Après des siècles de désespoir et de superstition, saint Georges est revenu dans le monde aux environs du XVIe siècle, prenant cette fois les traits de la Raison moderne. Les premiers dragons qu’il affronta de sa lance furent d’abord le despotisme et l’intolérance religieuse. Puis, après avoir triomphé, il resta là un moment car d’autres problèmes requéraient son intervention, comme l’esclavage, les conditions de détention des prisonniers ou la misère sociale. Au XIXe siècle, sa lance ne trouva pas le repos : elle s’enfonça cette fois dans les écailles des privilèges insolents de l’aristocratie. Mais contrairement à saint Georges, le progressisme n’a pas su prendre sa retraite. Plus il triomphait et plus son rêve de dépouiller une fois pour toutes le monde de ses dragons l’obsédait, à tel point qu’il devenait incapable de s’arrêter de combattre. Il lui fallait des dragons. Les affronter était sa seule raison d’être, il avait besoin de nouvelles causes à défendre – les pauvres, les exploités, les peuples colonisés, discriminés ou sous-développés. Mais tel un guerrier sénile, il finit par perdre son souffle à force de pourchasser des dragons de plus en plus minuscules – car les vrais dragons, eux, étaient devenus très difficiles à terrasser. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

On en vient à vouloir « décoloniser les arts » au point d’interrompre une pièce d’Eschyle jouée à la Sorbonne, ou qu’au nom du féminisme on finit par promouvoir l’écriture inclusive, on combat davantage des lézards que des dragons. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Sans combustible, la flamme progressiste s’éteindrait vite… La cause des animaux est pour certains de ses militants une aubaine : avec l’antispécisme, les guerriers de la justice sociale en ont pour au moins deux siècles de lutte. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Inscrire la lutte pour la libération animale dans la continuité de ces autres mouvements de libération semble chez tous ces penseurs aller de soi. L’argument est pourtant pernicieux, car si l’on accepte cette filiation, alors on est contraint, soit de tout approuver d’un bloc et d’établir une équivalence absolue entre le féminisme (antisexisme), l’antiracisme et l’antispécisme ; soit de tout refuser et de ne pas seulement passer pour un complice des bouchers et des éleveurs, mais aussi un promoteur du patriarcat et de la ségrégation raciale, voire de l’esclavage. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Le combat pour les animaux a pratiquement toujours été un combat mené par des urbains » L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Se demander si la perte du contact avec la faune sauvage ou avec les animaux de ferme n’a pas contribué à changer le regard que leur portent nos sociétés urbanisées, les animaux étant davantage idéalisés aujourd’hui qu’autrefois. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Une femme noire peut être doublement rejetée, à la fois parce qu’elle n’est pas un homme et parce qu’elle n’est pas blanche. Mais cette notion fut rapidement galvaudée par de nombreux militants pour en faire un appel à une « convergence » de toutes les luttes. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

La magie de la convergence des luttes est de permettre du même coup une disculpation et une convergence des détestations : la souffrance animale n’est pas le fait du groupe humain dans son ensemble, elle est seulement l’un des nombreux crimes commis par le même et éternel coupable : l’homme blanc hétérosexuel. Ce qui n’a pas échappé à l’œil avisé de Mathieu Bock-Côté : « C’est notre civilisation qui est d’abord et avant tout visée par cette mouvance. L’homme occidental ne cesse de trouver de nouvelles manières de s’accuser25 » écrivait-il dans Le Figaro. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

L’élevage comme un « holocauste » et même un « nolocauste », terme insistant sur le fait que, dans l’élevage, la naissance des animaux est programmée en vue de leur meurtre. Dans un déluge verbeux de néologismes et d’expressions douteuses, elle n’hésite pas à parler de « crime contre l’animalité ». L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Antinazisme, antispécisme : même combat… Quant aux bouchers et aux éleveurs, la sentence est terrible : ils ne seraient ni plus ni moins que des SS, et un jour viendra peut-être où leurs « crimes » seront jugés par un nouveau tribunal de Nuremberg. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Dès lors que l’on est antispéciste, toutes les formes de terrorisme animaliste se trouvent justifiées : s’il est vrai que le fait de tuer des animaux pour en faire de la viande est aussi moralement scandaleux que de commettre un génocide, tous les moyens semblent permis pour mettre un terme à cette barbarie, fussent-ils illégaux – puisqu’ils sont légitimes. Les violences commises contre les bouchers et les éleveurs, les incendies d’abattoirs… relèvent donc, du point de vue des antispécistes, d’une croisade menée au nom de la justice. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

 « Il ne faut pas renier l’intelligence. Elle est l’instrument de sa propre négation : elle s’affirme encore en se niant – et elle survit à son suicide. » L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Nous vivons fort heureusement dans un monde où l’égalité de tous, sans distinction de race, de sexe ou de religion, n’est plus seulement un grand mot mais une réalité de plus en plus concrète. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Peter Singer écrit aussi : « Nous mangeons de la chair animale bien avant de pouvoir comprendre que ce que nous mangeons est le corps mort d’un animal. Nous ne prenons donc jamais une décision consciente et éclairée de manger de la chair animale sans être soumis à l’influence qu’exerce toute habitude invétérée, renforcée par toutes les pressions qui poussent au conformisme social6. » L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Tout comme les féministes dénoncent les représentations sexistes véhiculées par ces histoires de princesses, les antispécistes s’insurgent contre les fables qui donnent le mauvais rôle aux animaux. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

 

La déconstruction systématique des opinions communes aboutit à une impasse : en suivant cette méthode, nous en viendrions rapidement à devoir rendre compte de chacune de nos conceptions ou de nos représentations du monde. Ce serait à peine vivable ! L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

 

A trop vouloir dénigrer l’acte même de construction, nous pourrions un jour nous retrouver tout bonnement orphelins du monde, rendus incapables de l’habiter. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Nous sommes des nains juchés sur des épaules de géants : si nous avons honte des géants qui nous ont précédés et du fait que nous descendons de leurs épaules, nous redeviendrons des nains. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

La suprématie de l’homme ne relève pas pour les antispécistes d’une loi de la nature mais d’une décision arbitraire des humains. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

 « Naître » : natus. Est naturel ce qui est donné dès le commencement de la vie : voilà une définition dont nous pourrons nous satisfaire dans un premier temps, avant de l’affiner à la lumière de distinctions. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

L’antispécisme propose d’abolir cette distinction en établissant que la nature et la culture doivent être de nouveau réunies, et qu’il faut se départir de tout le surplus que notre culture ajoute à la nature et qui ne sert qu’à l’enrégimenter aux intérêts humains. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Le positivisme moderne, soucieux d’arracher l’homme à toute détermination extérieure à lui-même, a refusé de considérer qu’il peut exister au-dessus de l’homme un « plus haut » que lui, qu’il s’agisse de Dieu ou de la nature. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

L’origine de l’homme n’est pas l’homme lui-même. Il existait quelque chose avant l’homme : celui-ci est donc dépassé au moins par le mystère insondable de son apparition sur la Terre. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

L’antispécisme a beau jeu de se présenter sous les traits d’un nouvel universalisme, plus prestigieux encore que le précédent, puisque plus inclusif : en déconstruisant méthodiquement notre nature commune, il fait planer au-dessus de nos têtes la menace d’un écroulement définitif des acquis les plus précieux de la civilisation humaine. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

 

Une critique du récit judéo-chrétien : dans la Genèse, Yahvé donne à l’homme le pouvoir de nommer les animaux. L’homme s’est ainsi octroyé le monopole du langage (Derrida soutient que les animaux aussi ont un langage, mais que nous nous refusons à les écouter) ; ce faisant, l’homme devient seul à même de produire du récit, ce que Derrida appelle l’« autobiographie ». L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

 

Comment sera-t-il possible encore de dire quelque chose du monde ? Quel discours subsistera ? La philosophie, la littérature, l’art ont-ils encore leur place dans un système gouverné par un projet si radical de déconstruction ? L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

C’est humaniser l’homme, le dépouiller de son animalité, le situer à part au sein du monde des vivants. Le seul geste créatif qui reste admis est celui qui produit du néant. Le nihilisme n’est plus une option, comme il l’était encore chez Camus, mais une injonction. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

En voulant déconstruire les fondements de l’anthropologie, la philosophie a scié la branche sur laquelle elle était assise. C’est une pensée qui se délégitime elle-même – une automutilation. Le philosophe antispéciste, s’il est cohérent, ne peut qu’en venir à détester la philosophie et à se détester lui-même. Ce faisant, il aboutira à démontrer son propre postulat, puisque l’homme, devenu incapable de conceptualiser le monde, se dépossède de ce que les hommes détiennent en propre, et que n’ont pas les animaux, cette faculté à définir les choses et non pas simplement à les regarder. Il aura donc bel et bien rompu la digue qui étanchéifiait le monde des hommes de celui des animaux, non pas en élevant l’animal jusqu’à l’homme, mais en rabaissant l’homme jusqu’à l’animal. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

 

De la chair animée par un souffle de vie, voilà bien ce que nous sommes tous, humains et animaux ; produits certainement par une même histoire évolutive qui a peu à peu différencié les espèces, mais qui laisse encore 98,77 % de parenté génétique entre les humains et les chimpanzés. Tous pareils. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Est autant une certitude qu’un défi : l’éveil philosophique commence au moment où l’homme se demande ce qu’il a en plus de l’animal. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

L’émerveillement de l’homme devant la nature est encore un réflexe spéciste, une forme d’appropriation et de mise en récit spécifiquement humaines… L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Les personnes qui adoptent un régime entièrement végan  (dont les vertus nutritionnelles sont largement contestées, certains médecins n’hésitant pas à dire que ce régime alimentaire favorise les risques pour la santé, comme récemment le docteur Édouard Pélissier8) sont pratiquement obligées de se complémenter en vitamine B12, une molécule nécessaire à l’organisme dont la plupart des végans sont carencés s’ils ne se fournissent pas auprès des laboratoires qui la synthétisent. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Effort conjoint de la technologie et de l’idéologie, de renouveler le genre humain et même le vivant tout entier. De le forcer à devenir meilleur, coûte que coûte… L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

 

L’idée même que l’accomplissement moral de l’humanité soit tributaire de ses compétences techniques nous paraît insupportable, et contraire à notre vision de l’éthique, L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

L’homme moderne, c’est-à-dire l’homme des droits de l’homme, est un homme vidé de sa substance pour n’être ramené qu’à une enveloppe formelle : celle de son individualité, qui le rend sujet de droits. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

L’homme fut jadis bien plus qu’un simple individu, et voilà peut-être ce que, tout à notre euphorie d’avoir construit l’individu moderne, réceptacle de la noble aspiration de nos sociétés à plus d’égalité et de justice, nous avons un peu trop vite oublié. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Force est de constater qu’en supprimant toute idée de Dieu, l’homme a sans doute moins cherché à l’éliminer qu’à le remplacer, et que cette illimitation de ses prétentions lui donne sans doute trop hâtivement le sentiment que son emprise bienfaisante sur l’univers pourrait être illimitée – comme devait l’être celle de Dieu. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Ce surhomme, qui se rêve en rédempteur du monde, devient si peu définissable que les contours de sa propre humanité finissent bien vite par s’estomper et laisser la voie à un parfait flottement anthropologique. L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

On peut très bien envisager l’émergence d’une humanité techniquement réformée, réanimalisée, déshominisée, où le désir ne sera plus, comme chez les bêtes, que périodique et utilitaire, et où n’entrera plus que minimalement, dans les luttes sexuelles, la question du prestige – liée aux temps historiques. Ainsi sera résolue toute cette affaire. Fin du corps sexué. Fin de l’Histoire. Fin des contradictions. Fin des conflits. Fin de la distinction entre animal et humain. Retour de la Culture au bercail de la Nature. Fin du roman. Fin, en douceur, des hasards de la séduction. Bien des gens s’emploient actuellement à nous rapprocher de cet idéal. Ces bons apôtres n’ont pas besoin de la science : il leur suffit de réclamer l’abolition de la différence abusive des sexes, génératrice d’injustices et de positions de pouvoir, au nom de l’égalité : qui oserait se dire contre ? L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

Subsiste encore est celui de la lutte postmarxiste pour l’illimitation des droits L'Extinction de l'homme: Le projet fou des antispécistes Paul Sugy

 

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