jeudi 3 juin 2021

Utopies made in monde: Le sage et l'économiste, T - Jean-Joseph Boillot, Odile Jacob

 

Utopies made in monde: Le sage et l'économiste, T - Jean-Joseph Boillot, Odile Jacob



L’utopie n’est pas la fuite vers l’irréel, c’est l’exploration des possibilités objectives du réel et la lutte pour leur concrétisation. » Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

 

Paul Ricœur dont le livre L’Idéologie et l’Utopie ne quittera plus ma table de chevet. D’une part, le philosophe réhabilite le rôle nécessaire de l’utopie pour imaginer le futur lorsque les idéologies du système existant se révèlent dépassées par les réalités. D’autre part, il propose une piste constructive pour échapper au cercle vicieux de l’affrontement stérile, voire dangereux, entre l’idéologie qui devient réactionnaire, et les utopies qui n’ont pas vocation à composer avec le principe de réalité : celle du « jugement de circonstance », c’est-à-dire la sagesse pratique au sens de Montaigne. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Russell est connu sous le nom de « rasoir d’Ockham » avec sa formule latine : « Entia non sunt multiplicanda praeter necessitatem » ; littéralement : « Les entités ne doivent pas être multipliées par-delà ce qui est nécessaire. » En bref, l’économie est la mesure du rapport entre la fin, l’objectif poursuivi, et les moyens utilisés, et on comprend pourquoi Say en a fait la fille de la sagesse, ou plutôt d’une certaine sagesse. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

La confiance dans la capacité des humains à trouver par le jeu des utopies réelles et d’une sagesse renouvelée des solutions à la crise évidente de notre civilisation industrielle et d’une mondialisation devenue chaotique. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

La pollution des sols et les réglementations européennes sont devenues telles que les Hollandais investissent dans le monde entier, non pas pour se développer sur les marchés locaux, mais pour réexporter vers l’Europe des légumes et des fleurs. On pourra d’ailleurs plus facilement les faire passer en bio, voire pour du commerce équitable, puisqu’il est quasiment impossible de le vérifier à des milliers de kilomètres et dans cet enchevêtrement d’intermédiaires et de raisons sociales d’entreprises. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Au cœur du système mondial actuel : concentration croissante de la production, inégalité croissante dans la répartition, tant par pays qu’au sein des pays. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Annoncer qu’il suffirait de continuer à jouer sur le cercle vertueux progrès technique, croissance et démocratie politique, aurait pu faire illusion avant l’essor extraordinaire de la Chine depuis son ouverture économique au début des années 1980. Le problème est que ce modèle ne suit pas vraiment le modèle occidental, et notamment pas celui d’une économie de marché, encore moins bien sûr celui d’une démocratie politique. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Aujourd’hui, le monde est pris en tenaille entre le consensus de Washington, libéral, et le consensus de Pékin, autoritaire. Tous deux partagent la même idéologie productiviste du progrès. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

La prospérité et le gâchis écologique de quelques-uns ne sont possibles que parce que plus de la moitié du monde vit dans la pauvreté matérielle défi de la pauvreté de masse dans le monde qui rend assez irréaliste la perspective d’une décroissance pour tous, Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Hannah Arendt a montré par exemple l’appauvrissement progressif des gens avec la disparition de l’Homo faber, l’artisan maître de son ouvrage, au profit de la production de masse qui a réduit le travail à des tâches répétitives, « une reproduction uniforme et mécanique dans laquelle l’humain est réduit à sa part animale ». Elle entrevoyait même la perspective d’une société de travailleurs sans travail, c’est-à-dire privés de la seule activité qu’il leur restait, au profit d’un enfermement dans la consommation marchande, y compris des loisirs, au lieu de se consacrer à produire des « œuvres » et à des activités qui mettent en rapport les êtres humains sans l’intermédiaire des objets. On parle alors de pauvreté morale ou culturelle, mais nul ne les mesure. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,  

Passé un certain seuil de niveau de revenu minimal, la poursuite de la croissance semble être sans influence sur la perception du bien-être et du bonheur. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Les pays riches vivent de plus en plus vieux, mais avec un nombre d’années croissant en mauvaise, voire très mauvaise santé, et pour un coût explosif sur les dépenses de santé. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

L’on vit désormais le plus vieux mais pas le plus heureux, tout particulièrement au Japon où le taux de suicide des personnes âgées ne cesse d’augmenter. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

La relation qui s’avère la plus robuste est celle entre le bonheur et la convivialité sociale, familiale d’abord puis les proches, tant dans la vie que dans la mort. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Georges Bernanos : « Un homme n’est pas un marchand, et l’espoir de vie n’est pas l’espérance de vie. » Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

L’épidémie de Covid-19 a d’ailleurs amplement confirmé ces phénomènes avec une surmortalité indiscutée liée au surpoids et aux difficultés respiratoires dans les villes les plus polluées. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

La Chine est d’ailleurs passée maître dans la révolution génétique avec des millions d’hectares sous plastique et elle se prépare à envahir le monde avec du « bio made in China ». Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

De quelle modernité voulons-nous ? Le concept de modernité constitue l’opposé non seulement des idées d’immobilisme et de stagnation, mais aussi des idées d’attachement au passé (tradition, conservatisme…) : “être moderne”, c’est d’abord “être tourné vers l’avenir”. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

On a dépassé les 4 000 milliards de mètres cubes d’eau, soit quatre fois plus qu’en 1950 alors que la population ne faisait que doubler en gros. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Sentiment de frustration, voire d’antagonisme, qui prévaut dans le monde émergent vis-à-vis du monde occidental imbu de ses critères de culture et d’intelligence, alors qu’il semble lui-même de moins en moins cultivé, Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Les classes sociales les plus pauvres et les moins scolarisées sont aussi celles qui votent le plus, alors que les plus éduquées participent le moins à la vie politique. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

1) L’école obligatoire est une institution qui impose une hiérarchie de consommation souvent sans rapport avec les besoins du travail et des individus. Elle crée une course au diplôme qui n’a pas vraiment de rapport avec les compétences mais crée artificiellement de l’infériorité sociale. 2) L’école obligatoire crée l’illusion que l’essentiel de l’éducation dont une personne a besoin vient de l’enseignement. Or c’est faux. L’enseignement contribue bien à l’acquisition de certaines connaissances, mais le savoir véritable de la plupart des gens vient de l’expérience en dehors de l’école, notamment dans le travail et les loisirs. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

À quoi bon démocratiser l’institution scolaire qui nuit à l’éducation elle-même en créant la confusion entre enseignement et éducation. Prisonnier de l’idéologie scolaire, l’être humain renonce à la responsabilité de son propre développement, Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

L’idéologie du progrès-modernité bute manifestement sur le déséquilibre entre les différents domaines du progrès : scientifique, économique, politique, social, humain et écologique. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Celui de la médecine dite clinique avec ses deux étapes dont l’anamnèse, ou dialogue avec le patient avant l’examen physique, et ses quatre méthodes d’observation remontant à la nuit des temps : inspection, palpation, percussion et auscultation. Les examens complémentaires par des laboratoires sont désormais devenus systématiques et alimentent une médecine des algorithmes et des bases de données sans plus aucun contact physique. La prescription, elle, sort tout droit de l’écran d’ordinateur qui a remplacé le stéthoscope du médecin de campagne, comme du médecin de famille en ville. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Tant dans ses versions occidentale qu’orientale, libérale que dirigiste, toutes revendiquent un certain héritage du siècle des Lumières : le triomphe de la raison contre l’obscurantisme, la tradition, la religion. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

 « Effet rebond » : les économies obtenues grâce au progrès technique ne font en général qu’augmenter toujours plus la consommation de ressources pourtant finies. Le modèle n’a pas d’avenir. Un bon exemple est fourni par la révolution informatique qui regorge d’effets rebond : les écrans plats prennent moins de place – chic, on en met partout ! ; ou encore, on gagne du temps à trouver des informations – chic, on passe de plus en plus de temps sur Internet ; ou enfin, tout circule sous forme d’octets électroniques – chic, on n’a jamais consommé autant de papier ! Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Dans les conditions modernes, ce n’est pas la destruction qui cause la ruine, c’est la conservation, car la durabilité des objets conservés est en soi le plus grand obstacle au processus de remplacement dont l’accélération constante est tout ce qui reste de constant lorsqu’il a établi sa domination. » Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Surdéveloppement des technosciences et de l’économique ; relatif équilibre du social, mais dont les compromis ont été alimentés précisément par la croissance économique, elle-même nourrie par le progrès technique ; en revanche, un progrès politique plus qu’hésitant en raison d’un éloignement croissant des individus de la gestion directe des affaires de la cité, qui s’ajoute aux régimes explicitement autoritaires dont le nombre augmente ces dernières années ; un progrès humain en retrait du fait du poids croissant des grandes organisations et des structures bureaucratiques et technocratiques, qui réduisent toujours plus l’autonomie des individus bien qu’ils bénéficient d’une amélioration sensible de leur niveau de vie matériel ; enfin un fort recul de l’écologie qui apparaît finalement comme le passif de tout le reste, le capital sur lequel on a puisé pour alimenter les autres : disparition abyssale des espèces, chute de la biodiversité et accumulation des passifs environnementaux de type gaz à effet de serre et triple pollution dans les airs, sur terre et dans les mers. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

L’idéologie – a une fonction intégratrice essentielle des communautés humaines dès lors que les religions ont perdu ce rôle. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

L’idéologie dominante s’avère incapable de faire face aux nouveaux défis et qu’elle se braque sur ses conceptions dépassées.

L’Internet est un autre exemple significatif compte tenu du paradoxe entre l’esprit libertaire, qui a inspiré sa naissance, et l’évolution totalitaire des réseaux actuels, avec une poignée d’opérateurs contrôlant tout le cyberespace. Entre les deux, on trouve une aspiration de toute la population pour profiter des incroyables fonctions de cet outil en termes de relations sociales, d’outil d’information, d’éducation ou encore de loisirs. Comment faire ? Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Qui ne peut souhaiter une société optimale, ce que le grand spécialiste des utopies Frédéric Rouvillois définit comme « plan de gouvernement imaginaire où tout est parfaitement réglé pour le bonheur commun ». Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Les réponses sont plus difficiles que les questions. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Ils condamnent trop souvent les villages du désert à disparaître et leur jeunesse à migrer vers la capitale puis vers l’Europe, comme toute une littérature anxiogène se plaît à le souligner et comme si c’était la seule destinée de l’Afrique. D’un côté l’utopie, de l’autre l’idéologie, une idéologie de la croissance manifestement dépassée par la sururbanisation du continent, le sous-emploi massif des jeunes et les défis écologiques qui arrivent à la vitesse des nuages de criquets pèlerins partis au printemps 2020 de la Corne de l’Afrique pour gagner l’Asie, toujours plus gros semaine après semaine. Un mouvement mondial Qui ne connaît autour de soi de tels projets de type utopique, c’est-à-dire la mise en œuvre d’un idéal non pas parfait mais en lévitation, en retrait par rapport aux normes et standards du système dominant : la société industrielle et ses multiples variantes américaines, européennes, asiatiques et même africaines. Il en existe des milliers dans le monde, non, des dizaines, peut-être même des centaines de milliers, avec des fortunes diverses. L’expérience montre qu’il suffit en fait de poser le doigt sur n’importe quel point d’une mappemonde pour en trouver au moins une, donnant une fois Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Définition indienne de la laïcité comme affirmation positive de tous les courants de pensée y compris religieux, et non leur effacement comme le préconise plutôt la laïcité française. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Enfin, à la question saugrenue pour certains mais pas en Chine « Le bouddhisme est-il scientifique ? », il est répondu, sous la haute bienveillance du Parti bien sûr : « La science est la connaissance qui peut former un système basé sur des faits avérés et testés et décrire des lois générales naturelles. Le cœur du bouddhisme correspond à cette définition car les “Quatre Nobles Vérités” peuvent être testées et prouvées par n’importe qui. En réalité, le Bouddha lui-même a demandé à ses fidèles de tester son enseignement plutôt que de prendre ses paroles à la lettre. Le bouddhisme repose plus sur la compréhension que sur la foi. » Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

On est loin du modèle type des économistes standard fondé sur la monochromie de l’Homo economicus. Le taoïsme, de nature libertaire, est centré sur l’individu et la nature, le cosmos. Sa sagesse est celle du vide (wu), de l’harmonie naturelle, du changement permanent. Le confucianisme, de nature conservatrice, est centré sur le politique. Il promeut une morale attachée à la justice, en échange de quoi chacun respecte la hiérarchie. Enfin, le bouddhisme est de l’ordre du social et du spirituel, au-delà de l’individu et du politique. Il met l’accent sur la responsabilité individuelle face à la mort et au destin, et sur la communauté comme réseau d’entraide mutuelle. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

La particularité du monde occidental par rapport aux autres grandes civilisations du monde antique est l’apparition progressive d’une bifurcation entre la philosophie comme sagesse pratique, la phronèsis, et la philosophie comme savoir « rationnel » d’essence théorique, la sapiens. Pour le comprendre, il faut revenir aux débats philosophiques au cours de l’Antiquité. La sagesse y est devenue une question philosophique, mais la philosophie au sens de Platon ou d’Aristote s’est détachée de la sagesse pratique au profit d’une sagesse réservée à la seule connaissance. Or la connaissance n’est pas la sagesse. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Le devenir historique de la philosophie est coextensif au déploiement de notre conception de la rationalité […]. Elle est le savoir rationnel, c’est-à-dire la science conçue comme un savoir unifié ; Elle est l’exigence d’un fondement du savoir. Elle est l’organisation d’ensemble du vécu. C’est l’unification de ces trois déterminants en une doctrine qui constitue une philosophie [sous-entendu, dans le monde occidental]. » En positif, l’Occident aura gagné la « Raison », la capacité à développer les sciences comme jamais dans l’histoire humaine. En négatif, il aura un peu perdu la raison… Un premier problème est la rupture qui va s’accentuer au XIXe siècle entre les différents champs scientifiques, avec une spécialisation croissante en autant de disciplines autonomes, dont l’économie d’ailleurs qui va se donner comme ambition de « tout » expliquer avec son propre paradigme comme on l’a vu, jusqu’au choix du mariage. Ces disciplines vont alors laisser orpheline la philosophie proprement dite qui se cherche depuis lors – sous le terme flou Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

 

Deuxième problème, la séparation nette entre la philosophie et la théologie, qui s’intéresse au domaine du religieux, de la question du ou des dieux, comme si l’on ne pouvait plus concevoir une unité de la connaissance rationnelle et du spirituel, jugé par définition irrationnel. C’est tout le débat en France sur la laïcité fille de la « Raison ». Troisième problème, la finalité même de la philosophie avec, sous-jacent, la fin de la philosophie. Le débat affleure chez Marx, mais s’affirme avec Heidegger pour qui « il n’est pas besoin d’être prophète pour reconnaître que les sciences modernes ne vont pas tarder à être déterminées et pilotées par la nouvelle science de base, la cybernétique ». Bref, la science met un point final à la prétention générale de la philosophie. L’Occident se retrouve orphelin à la fois de la philosophie et de la sagesse ! Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Termes de mode de vie. D’un côté parler le moins possible, non par mysticisme ou ascétisme dans lesquels on enferme trop souvent les sagesses orientales, mais pour avoir le recul nécessaire afin d’embrasser le tout et ne pas interférer dans l’expression des contraires et des possibles.

Les économistes occidentaux vont progressivement poser l’hypothèse de l’Homo economicus comme paradigme central de leurs modèles explicatifs. L’Homo economicus est un individu égoïste et rationnel qui cherche à maximiser son utilité (son intérêt économique) au travers d’un calcul coût-bénéfice. Ils vont petit à petit en oublier le « si ». Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

L’approche pluridisciplinaire, mêlant l’économie aux autres sciences sociales comme l’histoire ou la sociologie, n’a toujours pas droit de cité dans les grands manuels de référence en économie. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Karl Polanyi avec l’exemple de la grande crise du modèle libéral des années 1930, qui provoque selon lui la dérive totalitaire occidentale et le conflit le plus meurtrier de l’histoire humaine. Le raisonnement est lumineux : à force de pousser les gens à se conformer à tout prix aux « lois économiques » du marché, les sociétés se rebellent tout à la fois contre les conséquences négatives de ces lois et contre la négation même de ce qu’ils sont humainement et culturellement. C’est en partie ce que les écologistes d’aujourd’hui résument en une phrase lapidaire : « La Terre n’est pas à vendre ! » D’où une interrogation légitime sur la sagesse de l’économie et des économistes. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Economic Possibilities for our Grandchildren (Perspectives économiques pour nos petits-enfants). John Maynard Keynes y expose sa vision d’une économie prospère où les humains, débarrassés des soucis économiques du quotidien qui les ont obnubilés depuis des millénaires, pourraient enfin envisager un art de vivre dans une société de loisirs et d’abondance relative. La vertu et la sagesse remplaceraient l’avarice, la cupidité, l’obsession de l’accumulation pour l’accumulation, ou le désir de vouloir toujours s’élever au-dessus des autres, comme il l’observe chez la plupart des riches qui l’entourent. L’art de vivre remplaçant cette finalité de moyens, l’argent, au profit de finalités supérieures, comme les arts, la culture, la convivialité, le plaisir de vivre ensemble, de se préoccuper de son voisin, des autres, de profiter de l’heure et du jour, de prendre un plaisir direct aux choses, comme les « lys dans les champs qui ne tissent ni ne filent ». Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Les humains confrontés à la fin de l’obsession économique risquent notamment la dépression, Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Pour réussir, toute stratégie de développement doit d’abord être « endogène », c’est-à-dire déclenchée de l’intérieur même du pays et en puisant dans son héritage unique qu’il soit géographique, historique ou politique. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Le développement, on pourrait dire le progrès, a peu de chance de suivre une trajectoire médiane, équilibrée, planifiée ou linéaire. Car les déséquilibres sont en réalité au cœur des mécanismes qui engendrent les progrès. Comme dans l’innovation, on trouve la plupart du temps des solutions qui ne sont pas vraiment recherchées mais qui répondent à des contraintes, à des tensions dont on cherche à s’affranchir. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Cela correspond d’ailleurs à une des meilleures définitions de la sociologie que l’on doit à l’Américain Robert Merton : l’étude des conséquences non intentionnelles des actes humains, qu’elles soient positives, négatives, ou à l’origine d’effets pervers de type enfer pavé de bonnes intentions. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Tout développement ne peut jamais être durable en raison des lois de l’entropie, et que toute croissance économique diminue par définition le stock de ressources naturelles finies. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Le marché est incapable de tenir compte des besoins des générations futures comme des populations pauvres, puisqu’elles ne peuvent exprimer une demande solvable sur le marché. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Dans les conditions actuelles, la baisse de consommation humaine mènerait à la croissance du chômage, à la chute de la compétitivité et à une spirale récessionniste. » Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Certaines vertus dont la capacité sans précédent de mobiliser du capital et les meilleures technologies pour atteindre des niveaux de productivité qui peuvent s’avérer utiles socialement. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

L’équation de Rajan serait plutôt de type EMC = 2, où la combinaison optimale de l’État, du marché et des communautés donnerait un rendement deux fois supérieur à toute autre combinaison. Chaque pôle a sa place mais à sa place. Si le marché est trop faible, la société est peu productive. Si l’État est trop faible, l’insécurité menace la société. Si les communautés sont trop faibles, le cronisme ou la captation de l’État par le marché s’installe partout. Inversement, si le marché est trop puissant, la société est de plus en plus inéquitable. Si l’État est trop fort, la société devient autoritaire. Si les communautés sont trop fortes, la société se fragmente et devient statique, voire régresse. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Les populismes s’appuient sur les bonnes questions au croisement des conséquences négatives de la mondialisation et des bouleversements technologiques en cours. Tous deux provoquent des dégâts considérables sous forme d’explosion des inégalités, de la précarité, des insécurités de toutes sortes, comme du sentiment croissant de ne plus pouvoir peser sur le cours des choses, et d’abord sur sa propre vie. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

L’idée est qu’un pays en développement ne peut lutter à armes égales dans la concurrence internationale, et qu’il est donc légitime qu’il se dote de protections spécifiques. C’est du reste la même position à Pékin, dont l’exemple des deux guerres de l’opium est encore dans toutes les mémoires de la population chinoise, justifiant l’argument des autorités de ne pas désarmer l’État dans la compétition internationale. Mais quelle souveraineté ? Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

La nouvelle histoire est celle de la rivalité sino-américaine et de ses ramifications aux quatre coins du monde, sur fond d’une multiplication de crises locales alimentées par les extrémismes de tous horizons. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

Avec sagesse ensuite, c’est-à-dire en prenant conscience et en apprenant à maîtriser les asymétries cachées dans la vie quotidienne, celles qui nous privent d’une information transparente. Ces asymétries forment le socle des fables et sagesses populaires du monde, et elles sont à la source de la popularité des réseaux sociaux en dépit de leurs dérives certaines. Rien n’interdit de penser qu’après une certaine période de flottement, les médias traditionnels ne reprendront pas leur rôle d’« intermédiaires » entre l’actualité et les citoyens, et non de prescripteurs de la pensée. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

 

On est surpris du cloisonnement paradoxal des cultures à l’âge de l’Internet global. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,

 

 

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