Utopies made in monde: Le
sage et l'économiste, T - Jean-Joseph Boillot, Odile Jacob
L’utopie n’est pas la fuite
vers l’irréel, c’est l’exploration des possibilités objectives du réel et la
lutte pour leur concrétisation. » Utopies
made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Paul Ricœur dont le livre
L’Idéologie et l’Utopie ne quittera plus ma table de chevet. D’une part, le
philosophe réhabilite le rôle nécessaire de l’utopie pour imaginer le futur
lorsque les idéologies du système existant se révèlent dépassées par les
réalités. D’autre part, il propose une piste constructive pour échapper au
cercle vicieux de l’affrontement stérile, voire dangereux, entre l’idéologie
qui devient réactionnaire, et les utopies qui n’ont pas vocation à composer
avec le principe de réalité : celle du « jugement de
circonstance », c’est-à-dire la sagesse pratique au sens de Montaigne. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Russell est connu sous le
nom de « rasoir d’Ockham » avec sa formule latine : « Entia
non sunt multiplicanda praeter necessitatem » ; littéralement :
« Les entités ne doivent pas être multipliées par-delà ce qui est
nécessaire. » En bref, l’économie est la mesure du rapport entre la fin,
l’objectif poursuivi, et les moyens utilisés, et on comprend pourquoi Say en a
fait la fille de la sagesse, ou plutôt d’une certaine sagesse. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
La confiance dans la
capacité des humains à trouver par le jeu des utopies réelles et d’une sagesse
renouvelée des solutions à la crise évidente de notre civilisation industrielle
et d’une mondialisation devenue chaotique. Utopies
made in monde. Jean-Joseph Boillot,
La pollution des sols et
les réglementations européennes sont devenues telles que les Hollandais
investissent dans le monde entier, non pas pour se développer sur les marchés
locaux, mais pour réexporter vers l’Europe des légumes et des fleurs. On pourra
d’ailleurs plus facilement les faire passer en bio, voire pour du commerce
équitable, puisqu’il est quasiment impossible de le vérifier à des milliers de
kilomètres et dans cet enchevêtrement d’intermédiaires et de raisons sociales
d’entreprises. Utopies made in monde. Jean-Joseph
Boillot,
Au cœur du système mondial
actuel : concentration croissante de la production, inégalité croissante
dans la répartition, tant par pays qu’au sein des pays. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Annoncer qu’il suffirait de
continuer à jouer sur le cercle vertueux progrès technique, croissance et
démocratie politique, aurait pu faire illusion avant l’essor extraordinaire de
la Chine depuis son ouverture économique au début des années 1980. Le
problème est que ce modèle ne suit pas vraiment le modèle occidental, et
notamment pas celui d’une économie de marché, encore moins bien sûr celui d’une
démocratie politique. Utopies made in
monde. Jean-Joseph Boillot,
Aujourd’hui, le monde est
pris en tenaille entre le consensus de Washington, libéral, et le consensus de
Pékin, autoritaire. Tous deux partagent la même idéologie productiviste du
progrès. Utopies made in monde. Jean-Joseph
Boillot,
La prospérité et le gâchis
écologique de quelques-uns ne sont possibles que parce que plus de la moitié du
monde vit dans la pauvreté matérielle défi de la pauvreté de masse dans le
monde qui rend assez irréaliste la perspective d’une décroissance pour tous, Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Hannah Arendt a montré par exemple
l’appauvrissement progressif des gens avec la disparition de l’Homo faber,
l’artisan maître de son ouvrage, au profit de la production de masse qui a
réduit le travail à des tâches répétitives, « une reproduction uniforme et
mécanique dans laquelle l’humain est réduit à sa part animale ». Elle
entrevoyait même la perspective d’une société de travailleurs sans travail,
c’est-à-dire privés de la seule activité qu’il leur restait, au profit d’un
enfermement dans la consommation marchande, y compris des loisirs, au lieu de
se consacrer à produire des « œuvres » et à des activités qui mettent
en rapport les êtres humains sans l’intermédiaire des objets. On parle alors de
pauvreté morale ou culturelle, mais nul ne les mesure. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Passé un certain seuil de
niveau de revenu minimal, la poursuite de la croissance semble être sans
influence sur la perception du bien-être et du bonheur. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Les pays riches vivent de
plus en plus vieux, mais avec un nombre d’années croissant en mauvaise, voire
très mauvaise santé, et pour un coût explosif sur les dépenses de santé. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
L’on vit désormais le plus
vieux mais pas le plus heureux, tout particulièrement au Japon où le taux de
suicide des personnes âgées ne cesse d’augmenter. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
La relation qui s’avère la
plus robuste est celle entre le bonheur et la convivialité sociale, familiale
d’abord puis les proches, tant dans la vie que dans la mort. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Georges Bernanos :
« Un homme n’est pas un marchand, et l’espoir de vie n’est pas l’espérance
de vie. » Utopies made in monde. Jean-Joseph
Boillot,
L’épidémie de Covid-
La Chine est d’ailleurs
passée maître dans la révolution génétique avec des millions d’hectares sous
plastique et elle se prépare à envahir le monde avec du « bio made in
China ». Utopies made in monde. Jean-Joseph
Boillot,
De quelle modernité
voulons-nous ? Le concept de modernité constitue l’opposé non seulement
des idées d’immobilisme et de stagnation, mais aussi des idées d’attachement au
passé (tradition, conservatisme…) : “être moderne”, c’est d’abord “être
tourné vers l’avenir”. Utopies made in
monde. Jean-Joseph Boillot,
On a dépassé les
4 000 milliards de mètres cubes d’eau, soit quatre fois plus qu’en
1950 alors que la population ne faisait que doubler en gros. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Sentiment de frustration,
voire d’antagonisme, qui prévaut dans le monde émergent vis-à-vis du monde
occidental imbu de ses critères de culture et d’intelligence, alors qu’il
semble lui-même de moins en moins cultivé, Utopies
made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Les classes sociales les
plus pauvres et les moins scolarisées sont aussi celles qui votent le plus,
alors que les plus éduquées participent le moins à la vie politique. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
1) L’école obligatoire est
une institution qui impose une hiérarchie de consommation souvent sans rapport
avec les besoins du travail et des individus. Elle crée une course au diplôme
qui n’a pas vraiment de rapport avec les compétences mais crée artificiellement
de l’infériorité sociale. 2) L’école obligatoire crée l’illusion que
l’essentiel de l’éducation dont une personne a besoin vient de l’enseignement.
Or c’est faux. L’enseignement contribue bien à l’acquisition de certaines
connaissances, mais le savoir véritable de la plupart des gens vient de
l’expérience en dehors de l’école, notamment dans le travail et les loisirs. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
À quoi bon démocratiser
l’institution scolaire qui nuit à l’éducation elle-même en créant la confusion
entre enseignement et éducation. Prisonnier de l’idéologie scolaire, l’être
humain renonce à la responsabilité de son propre développement, Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
L’idéologie du
progrès-modernité bute manifestement sur le déséquilibre entre les différents
domaines du progrès : scientifique, économique, politique, social, humain
et écologique. Utopies made in monde. Jean-Joseph
Boillot,
Celui de la médecine dite
clinique avec ses deux étapes dont l’anamnèse, ou dialogue avec le patient
avant l’examen physique, et ses quatre méthodes d’observation remontant à la
nuit des temps : inspection, palpation, percussion et auscultation. Les
examens complémentaires par des laboratoires sont désormais devenus
systématiques et alimentent une médecine des algorithmes et des bases de
données sans plus aucun contact physique. La prescription, elle, sort tout
droit de l’écran d’ordinateur qui a remplacé le stéthoscope du médecin de
campagne, comme du médecin de famille en ville. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Tant dans ses versions
occidentale qu’orientale, libérale que dirigiste, toutes revendiquent un
certain héritage du siècle des Lumières : le triomphe de la raison contre
l’obscurantisme, la tradition, la religion. Utopies
made in monde. Jean-Joseph Boillot,
« Effet rebond » : les
économies obtenues grâce au progrès technique ne font en général qu’augmenter
toujours plus la consommation de ressources pourtant finies. Le modèle n’a pas
d’avenir. Un bon exemple est fourni par la révolution informatique qui regorge
d’effets rebond : les écrans plats prennent moins de place – chic, on
en met partout ! ; ou encore, on gagne du temps à trouver des
informations – chic, on passe de plus en plus de temps sur Internet ;
ou enfin, tout circule sous forme d’octets électroniques – chic, on n’a
jamais consommé autant de papier ! Utopies
made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Dans les conditions
modernes, ce n’est pas la destruction qui cause la ruine, c’est la
conservation, car la durabilité des objets conservés est en soi le plus grand
obstacle au processus de remplacement dont l’accélération constante est tout ce
qui reste de constant lorsqu’il a établi sa domination. » Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Surdéveloppement des
technosciences et de l’économique ; relatif équilibre du social, mais dont
les compromis ont été alimentés précisément par la croissance économique,
elle-même nourrie par le progrès technique ; en revanche, un progrès
politique plus qu’hésitant en raison d’un éloignement croissant des individus
de la gestion directe des affaires de la cité, qui s’ajoute aux régimes explicitement
autoritaires dont le nombre augmente ces dernières années ; un progrès
humain en retrait du fait du poids croissant des grandes organisations et des
structures bureaucratiques et technocratiques, qui réduisent toujours plus
l’autonomie des individus bien qu’ils bénéficient d’une amélioration sensible
de leur niveau de vie matériel ; enfin un fort recul de l’écologie qui
apparaît finalement comme le passif de tout le reste, le capital sur lequel on
a puisé pour alimenter les autres : disparition abyssale des espèces,
chute de la biodiversité et accumulation des passifs environnementaux de type
gaz à effet de serre et triple pollution dans les airs, sur terre et dans les
mers. Utopies made in monde. Jean-Joseph
Boillot,
L’idéologie – a une
fonction intégratrice essentielle des communautés humaines dès lors que les
religions ont perdu ce rôle. Utopies made
in monde. Jean-Joseph Boillot,
L’idéologie dominante
s’avère incapable de faire face aux nouveaux défis et qu’elle se braque sur ses
conceptions dépassées.
L’Internet est un autre
exemple significatif compte tenu du paradoxe entre l’esprit libertaire, qui a
inspiré sa naissance, et l’évolution totalitaire des réseaux actuels, avec une
poignée d’opérateurs contrôlant tout le cyberespace. Entre les deux, on trouve
une aspiration de toute la population pour profiter des incroyables fonctions
de cet outil en termes de relations sociales, d’outil d’information,
d’éducation ou encore de loisirs. Comment faire ? Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Qui ne peut souhaiter une
société optimale, ce que le grand spécialiste des utopies Frédéric Rouvillois
définit comme « plan de gouvernement imaginaire où tout est parfaitement
réglé pour le bonheur commun ». Utopies
made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Les réponses sont plus
difficiles que les questions. Utopies
made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Ils condamnent trop souvent
les villages du désert à disparaître et leur jeunesse à migrer vers la capitale
puis vers l’Europe, comme toute une littérature anxiogène se plaît à le
souligner et comme si c’était la seule destinée de l’Afrique. D’un côté
l’utopie, de l’autre l’idéologie, une idéologie de la croissance manifestement
dépassée par la sururbanisation du continent, le sous-emploi massif des jeunes
et les défis écologiques qui arrivent à la vitesse des nuages de criquets
pèlerins partis au printemps 2020 de la Corne de l’Afrique pour gagner l’Asie,
toujours plus gros semaine après semaine. Un mouvement mondial Qui ne
connaît autour de soi de tels projets de type utopique, c’est-à-dire la mise en
œuvre d’un idéal non pas parfait mais en lévitation, en retrait par rapport aux
normes et standards du système dominant : la société industrielle et ses
multiples variantes américaines, européennes, asiatiques et même africaines. Il
en existe des milliers dans le monde, non, des dizaines, peut-être même des
centaines de milliers, avec des fortunes diverses. L’expérience montre qu’il
suffit en fait de poser le doigt sur n’importe quel point d’une mappemonde pour
en trouver au moins une, donnant une fois Utopies
made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Définition indienne de la
laïcité comme affirmation positive de tous les courants de pensée y compris
religieux, et non leur effacement comme le préconise plutôt la laïcité
française. Utopies made in monde. Jean-Joseph
Boillot,
Enfin, à la question
saugrenue pour certains mais pas en Chine « Le bouddhisme est-il
scientifique ? », il est répondu, sous la haute bienveillance du
Parti bien sûr : « La science est la connaissance qui peut former un
système basé sur des faits avérés et testés et décrire des lois générales
naturelles. Le cœur du bouddhisme correspond à cette définition car les “Quatre
Nobles Vérités” peuvent être testées et prouvées par n’importe qui. En réalité,
le Bouddha lui-même a demandé à ses fidèles de tester son enseignement plutôt
que de prendre ses paroles à la lettre. Le bouddhisme repose plus sur la
compréhension que sur la foi. » Utopies
made in monde. Jean-Joseph Boillot,
On est loin du modèle type
des économistes standard fondé sur la monochromie de l’Homo economicus. Le
taoïsme, de nature libertaire, est centré sur l’individu et la nature, le
cosmos. Sa sagesse est celle du vide (wu), de l’harmonie naturelle, du
changement permanent. Le confucianisme, de nature conservatrice, est centré sur
le politique. Il promeut une morale attachée à la justice, en échange de
quoi chacun respecte la hiérarchie. Enfin, le bouddhisme est de l’ordre du social
et du spirituel, au-delà de l’individu et du politique. Il met l’accent sur la
responsabilité individuelle face à la mort et au destin, et sur la communauté
comme réseau d’entraide mutuelle. Utopies
made in monde. Jean-Joseph Boillot,
La particularité du monde
occidental par rapport aux autres grandes civilisations du monde antique est
l’apparition progressive d’une bifurcation entre la philosophie comme sagesse
pratique, la phronèsis, et la philosophie comme savoir « rationnel »
d’essence théorique, la sapiens. Pour le comprendre, il faut revenir aux débats
philosophiques au cours de l’Antiquité. La sagesse y est devenue une question
philosophique, mais la philosophie au sens de Platon ou d’Aristote s’est
détachée de la sagesse pratique au profit d’une sagesse réservée à la seule
connaissance. Or la connaissance n’est pas la sagesse. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Le devenir historique de la
philosophie est coextensif au déploiement de notre conception de la rationalité
[…]. Elle est le savoir rationnel, c’est-à-dire la science conçue comme un
savoir unifié ; Elle est l’exigence d’un fondement du savoir. Elle est
l’organisation d’ensemble du vécu. C’est l’unification de ces trois
déterminants en une doctrine qui constitue une philosophie [sous-entendu, dans
le monde occidental]. » En positif, l’Occident aura gagné la
« Raison », la capacité à développer les sciences comme jamais dans
l’histoire humaine. En négatif, il aura un peu perdu la raison… Un premier
problème est la rupture qui va s’accentuer au XIXe siècle entre les
différents champs scientifiques, avec une spécialisation croissante en autant
de disciplines autonomes, dont l’économie d’ailleurs qui va se donner comme
ambition de « tout » expliquer avec son propre paradigme comme on l’a
vu, jusqu’au choix du mariage. Ces disciplines vont alors laisser orpheline la
philosophie proprement dite qui se cherche depuis lors – sous le terme flou
Utopies made in monde. Jean-Joseph
Boillot,
Deuxième problème, la
séparation nette entre la philosophie et la théologie, qui s’intéresse au
domaine du religieux, de la question du ou des dieux, comme si l’on ne pouvait
plus concevoir une unité de la connaissance rationnelle et du spirituel, jugé
par définition irrationnel. C’est tout le débat en France sur la laïcité fille
de la « Raison ». Troisième problème, la finalité même de la
philosophie avec, sous-jacent, la fin de la philosophie. Le débat affleure chez
Marx, mais s’affirme avec Heidegger pour qui « il n’est pas besoin d’être
prophète pour reconnaître que les sciences modernes ne vont pas tarder à être
déterminées et pilotées par la nouvelle science de base, la
cybernétique ». Bref, la science met un point final à la prétention
générale de la philosophie. L’Occident se retrouve orphelin à la fois de la
philosophie et de la sagesse ! Utopies
made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Termes de mode de vie. D’un
côté parler le moins possible, non par mysticisme ou ascétisme dans lesquels on
enferme trop souvent les sagesses orientales, mais pour avoir le recul
nécessaire afin d’embrasser le tout et ne pas interférer dans l’expression des
contraires et des possibles.
Les économistes occidentaux
vont progressivement poser l’hypothèse de l’Homo economicus comme paradigme
central de leurs modèles explicatifs. L’Homo economicus est un individu égoïste
et rationnel qui cherche à maximiser son utilité (son intérêt économique) au
travers d’un calcul coût-bénéfice. Ils vont petit à petit en oublier le
« si ». Utopies made in monde. Jean-Joseph
Boillot,
L’approche
pluridisciplinaire, mêlant l’économie aux autres sciences sociales comme
l’histoire ou la sociologie, n’a toujours pas droit de cité dans les grands
manuels de référence en économie. Utopies
made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Karl Polanyi avec l’exemple
de la grande crise du modèle libéral des années 1930, qui provoque selon
lui la dérive totalitaire occidentale et le conflit le plus meurtrier de
l’histoire humaine. Le raisonnement est lumineux : à force de pousser les
gens à se conformer à tout prix aux « lois économiques » du marché,
les sociétés se rebellent tout à la fois contre les conséquences négatives de
ces lois et contre la négation même de ce qu’ils sont humainement et
culturellement. C’est en partie ce que les écologistes d’aujourd’hui résument
en une phrase lapidaire : « La Terre n’est pas à vendre ! »
D’où une interrogation légitime sur la sagesse de l’économie et des
économistes. Utopies made in monde. Jean-Joseph
Boillot,
Economic Possibilities for
our Grandchildren (Perspectives économiques pour nos petits-enfants). John
Maynard Keynes y expose sa vision d’une économie prospère où les humains,
débarrassés des soucis économiques du quotidien qui les ont obnubilés depuis
des millénaires, pourraient enfin envisager un art de vivre dans une société de
loisirs et d’abondance relative. La vertu et la sagesse remplaceraient
l’avarice, la cupidité, l’obsession de l’accumulation pour l’accumulation, ou
le désir de vouloir toujours s’élever au-dessus des autres, comme il l’observe
chez la plupart des riches qui l’entourent. L’art de vivre remplaçant cette
finalité de moyens, l’argent, au profit de finalités supérieures, comme les
arts, la culture, la convivialité, le plaisir de vivre ensemble, de se
préoccuper de son voisin, des autres, de profiter de l’heure et du jour, de
prendre un plaisir direct aux choses, comme les « lys dans les champs qui
ne tissent ni ne filent ». Utopies
made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Les humains confrontés à la
fin de l’obsession économique risquent notamment la dépression, Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Pour réussir, toute
stratégie de développement doit d’abord être « endogène »,
c’est-à-dire déclenchée de l’intérieur même du pays et en puisant dans son
héritage unique qu’il soit géographique, historique ou politique. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Le développement, on
pourrait dire le progrès, a peu de chance de suivre une trajectoire médiane,
équilibrée, planifiée ou linéaire. Car les déséquilibres sont en réalité au
cœur des mécanismes qui engendrent les progrès. Comme dans l’innovation, on
trouve la plupart du temps des solutions qui ne sont pas vraiment recherchées
mais qui répondent à des contraintes, à des tensions dont on cherche à
s’affranchir. Utopies made in monde. Jean-Joseph
Boillot,
Cela correspond d’ailleurs
à une des meilleures définitions de la sociologie que l’on doit à
l’Américain Robert Merton : l’étude des conséquences non intentionnelles
des actes humains, qu’elles soient positives, négatives, ou à l’origine
d’effets pervers de type enfer pavé de bonnes intentions. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Tout développement ne peut
jamais être durable en raison des lois de l’entropie, et que toute croissance
économique diminue par définition le stock de ressources naturelles finies. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Le marché est incapable de
tenir compte des besoins des générations futures comme des populations pauvres,
puisqu’elles ne peuvent exprimer une demande solvable sur le marché. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Dans les conditions
actuelles, la baisse de consommation humaine mènerait à la croissance du
chômage, à la chute de la compétitivité et à une spirale récessionniste. »
Utopies made in monde. Jean-Joseph
Boillot,
Certaines vertus dont la
capacité sans précédent de mobiliser du capital et les meilleures technologies
pour atteindre des niveaux de productivité qui peuvent s’avérer utiles
socialement. Utopies made in monde. Jean-Joseph
Boillot,
L’équation de Rajan serait
plutôt de type EMC = 2, où la combinaison optimale de l’État, du
marché et des communautés donnerait un rendement deux fois supérieur à toute
autre combinaison. Chaque pôle a sa place mais à sa place. Si le marché est
trop faible, la société est peu productive. Si l’État est trop faible,
l’insécurité menace la société. Si les communautés sont trop faibles, le
cronisme ou la captation de l’État par le marché s’installe partout.
Inversement, si le marché est trop puissant, la société est de plus en plus
inéquitable. Si l’État est trop fort, la société devient autoritaire. Si les
communautés sont trop fortes, la société se fragmente et devient statique,
voire régresse. Utopies made in monde. Jean-Joseph
Boillot,
Les populismes s’appuient
sur les bonnes questions au croisement des conséquences négatives de la
mondialisation et des bouleversements technologiques en cours. Tous deux
provoquent des dégâts considérables sous forme d’explosion des inégalités, de
la précarité, des insécurités de toutes sortes, comme du sentiment croissant de
ne plus pouvoir peser sur le cours des choses, et d’abord sur sa propre vie. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
L’idée est qu’un pays en
développement ne peut lutter à armes égales dans la concurrence internationale,
et qu’il est donc légitime qu’il se dote de protections spécifiques. C’est du
reste la même position à Pékin, dont l’exemple des deux guerres de l’opium est
encore dans toutes les mémoires de la population chinoise, justifiant
l’argument des autorités de ne pas désarmer l’État dans la compétition
internationale. Mais quelle souveraineté ? Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
La nouvelle histoire est
celle de la rivalité sino-américaine et de ses ramifications aux quatre coins
du monde, sur fond d’une multiplication de crises locales alimentées par les
extrémismes de tous horizons. Utopies
made in monde. Jean-Joseph Boillot,
Avec sagesse ensuite,
c’est-à-dire en prenant conscience et en apprenant à maîtriser les asymétries
cachées dans la vie quotidienne, celles qui nous privent d’une information
transparente. Ces asymétries forment le socle des fables et sagesses populaires
du monde, et elles sont à la source de la popularité des réseaux sociaux en
dépit de leurs dérives certaines. Rien n’interdit de penser qu’après une
certaine période de flottement, les médias traditionnels ne reprendront pas
leur rôle d’« intermédiaires » entre l’actualité et les citoyens, et
non de prescripteurs de la pensée. Utopies
made in monde. Jean-Joseph Boillot,
On est surpris du
cloisonnement paradoxal des cultures à l’âge de l’Internet global. Utopies made in monde. Jean-Joseph Boillot,
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