Critique de
la Raison pure, - T – Emmanuel Kant
Ce n’est pas étendre les
sciences, mais les dénaturer, que de confondre leurs limites. Or celles de la
logique sont déterminées de la manière la plus exacte par cela seul qu’elle est
une science qui expose en détail et démontre rigoureusement les règles
formelles de toute pensée (que cette pensée soit à priori ou empirique, qu’elle
ait telle ou telle origine et tel ou tel objet, et qu’elle rencontre dans notre
esprit des obstacles accidentels ou naturels). Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
Dépenser inconsidérément son
revenu, sans pouvoir discerner ensuite, lorsqu’on se trouve dans l’embarras,
quelle partie des recettes peut supporter la dépense et sur quelle partie il
faut la restreindre. Critique de la
Raison pure, Emmanuel Kant
Aucune connaissance ne
précède donc en nous, dans le temps, l’expérience, et toutes commencent avec
elle. Critique de la Raison pure,
Emmanuel Kant
Si donc on conçoit un
jugement comme rigoureusement universel, c’est-à-dire comme repoussant toute
exception, c’est que ce jugement n’est point dérivé de l’expérience, mais que
sa valeur est absolument à priori.
Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
Ces problèmes
inévitables{1089} de la raison pure sont Dieu, la liberté et l’immortalité. Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
Une partie de ces
connaissances, les connaissances mathématiques, sont depuis longtemps en
possession de la certitude, et font espérer le même succès pour les autres,
quoique celles-ci soient peut-être d’une nature toute différente. Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
Notre penchant à étendre nos
connaissances ne connaît plus de bornes. La colombe légère, qui, dans son libre
vol, [53]fend l’air dont elle sent la résistance, pourrait s’imaginer qu’elle
volerait bien mieux encore dans le vide. C’est ainsi que Platon, quittant le
monde sensible, qui renferme l’intelligence dans de si étroites limites, se
hasarda, sur les ailes des idées, dans les espaces vides de l’entendement pur.
Il ne s’apercevait pas que, malgré tous ses efforts, il ne faisait aucun
chemin, parce qu’il n’avait pas de point d’appui où il pût appliquer ses forces
pour changer l’entendement de place.
Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
Une grande partie, et
peut-être la plus grande partie de l’œuvre de notre raison, consiste dans
l’analyse des concepts que nous avons déjà des objets. Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
C’est ainsi qu’une sorte de
métaphysique se forme réellement chez tous les hommes, dès que leur raison est
assez mûre pour s’élever à la spéculation ; cette métaphysique-là a
toujours existé et existera toujours. Il y a donc lieu de poser ici cette
question : comment la métaphysique est-elle possible à titre de
disposition naturelle ? c’est-à-dire comment naissent de la nature de
l’intelligence humaine en général ces questions que la raison pure s’adresse et
que ses propres besoins la poussent à résoudre aussi bien qu’elle le
peut ? Critique de la Raison pure,
Emmanuel Kant
Comment la métaphysique est-elle
possible à titre de science ?
Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
La [68]raison est la faculté
qui nous fournit les principes de la connaissance à priori. La raison pure est
donc celle qui contient les principes au moyen desquels nous connaissons
quelque chose absolument à priori.
Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
C’est donc au moyen de la
sensibilité que les objets nous sont donnés, et elle seule [74]nous fournit des
intuitions ; mais c’est par l’entendement qu’ils sont pensés, et c’est de
lui que sortent les concepts{1107}.
Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
L’espace n’est autre chose
que la forme de tous les phénomènes des sens extérieurs, c’est-à-dire la seule
condition subjective de la sensibilité sous laquelle soit possible pour nous
une intuition extérieure. Critique de la
Raison pure, Emmanuel Kant
Ce que nous nommons objets
extérieurs consiste dans de simples représentations de notre sensibilité. Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
Le temps n’est pas un
concept empirique ou qui dérive de quelque expérience. En effet, la
simultanéité ou la succession ne tomberaient pas elles-mêmes sous [86]notre
perception, si la représentation du temps ne lui servait à priori de fondement. Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
Le temps n’est autre chose
que la forme du sens interne, c’est-à-dire de l’intuition de nous-mêmes et de
notre état intérieur. En effet, il ne peut être une détermination des
phénomènes extérieurs : il n’appartient ni à la figure, ni à la position, etc.;
mais il détermine lui-même le rapport des représentations dans notre état
intérieur. Critique de la Raison pure,
Emmanuel Kant
Le temps n’est donc autre
chose qu’une condition subjective de notre (humaine) intuition (laquelle est
toujours sensible, c’est-à-dire ne se produit qu’autant que nous sommes
affectés par des objets) ; en lui-même, en dehors du sujet, il n’est rien. Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
Cette théorie qui attribue
au temps une réalité empirique, mais qui lui refuse la réalité absolue et
transcendentale. Critique de la Raison
pure, Emmanuel Kant
Si l’on retranche de cette
intuition la condition particulière de notre sensibilité, alors le concept du
temps disparaît aussi, car il n’est point inhérent aux choses mêmes, mais
seulement au sujet qui les perçoit. Critique
de la Raison pure, Emmanuel Kant
Le phénomène doit toujours
être envisagé sous deux points de vue : l’un, où l’objet est considéré en
lui-même (indépendamment de la manière dont nous l’apercevons, mais où par cela
même sa nature reste toujours pour nous [94]problématique) ; l’autre, où
l’on a égard à la forme de l’intuition de cet objet, laquelle doit être
cherchée dans le sujet auquel l’objet apparaît, non dans l’objet lui-même, mais
n’en appartient pas moins réellement et nécessairement au phénomène qui
manifeste cet objet{1122}. Critique de la
Raison pure, Emmanuel Kant
Or, dans l’espace considéré
en soi, il n’y a rien de mobile ; il faut donc que le mobile soit quelque
chose que l’expérience seule peut trouver dans l’espace, par conséquent une
donnée empirique{1124}. L’esthétique transcendentale ne saurait non plus
compter parmi des données à priori le concept du changement, car ce n’est pas
le temps lui-même qui change, mais quelque chose qui est dans le temps. Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
Toutes nos intuitions ne
sont autre chose que des représentations de phénomènes. Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
Quand même nous pourrions
porter notre intuition à son plus haut degré de clarté, nous n’en ferions point
un pas de plus vers la connaissance de la nature même des objets. Car en tous
cas nous ne connaîtrions parfaitement que notre mode d’intuition, c’est-à-dire
notre sensibilité, toujours soumise aux conditions d’espace et de temps
originairement inhérentes au sujet ; quant à savoir ce que sont les objets
en soi, c’est ce qui nous est impossible même avec la connaissance la plus
claire de leurs phénomènes, seule chose qui nous soit donnée. Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
Peut être, comme
représentation, antérieur à tout acte de penser quelque chose, est l’intuition. Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
Notre connaissance dérive de
deux sources, dont la première est la capacité de recevoir des représentations
(la réceptivité des impressions), et la seconde, la faculté de connaître un
objet au moyen de ces représentations (la spontanéité des concepts). Par la
première un objet nous est donné ; par la seconde, il est pensé dans son
rapport à cette représentation (considérée comme simple détermination de
l’esprit). . Critique de la Raison pure,
Emmanuel Kant
Intuition et concepts, tels
sont donc les éléments de toute notre connaissance, de telle [111]sorte que ni
les concepts sans une intuition qui leur corresponde de quelque manière, ni
l’intuition sans les concepts ne peuvent fournir une connaissance. . Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
La sensation est la matière
de la connaissance sensible. L’intuition pure ne contient que la forme sous
laquelle quelque chose est perçu ; et le concept pur, que la forme de la
pensée d’un objet en général. Les intuitions et les concepts purs ne sont
possibles qu’à priori ; les empiriques ne le sont qu’à posteriori. . Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
Sans la sensibilité, nul
objet ne nous serait donné ; sans l’entendement, nul ne serait pensé. Des
pensées sans matière sont vides ; des intuitions sans concepts sont
aveugles. Aussi est-il tout aussi nécessaire de rendre sensibles les concepts
(c’est-à-dire d’y joindre un objet donné dans l’intuition), que de rendre
intelligibles les intuitions (c’est-à-dire de les ramener à des concepts). . Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
L’entendement ne peut rien
percevoir, ni les sens [112]rien penser. La connaissance ne peut résulter que
de leur union. . Critique de la Raison
pure, Emmanuel Kant
Comme logique pure, elle n’a
point de principes empiriques ; par conséquent (bien qu’on se persuade
parfois le contraire) elle ne tire rien de la psychologie, qui ne saurait avoir
aucune influence sur le canon de l’entendement. Elle est une doctrine
démontrée, et tout y doit être parfaitement certain à priori. . Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
La morale pure, qui contient
uniquement les lois morales nécessaires d’une volonté libre en général, et
l’éthique{1141} proprement dite qui examine ces lois par rapport aux obstacles
qu’elles rencontrent dans les sentiments, les inclinations et les passions
auxquelles les hommes sont plus ou moins soumis. . Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
La vérité est l’accord de la
connaissance avec son objet, . Critique
de la Raison pure, Emmanuel Kant
La dialectique, qu’elle n’était autre chose
pour eux que la logique de l’apparence. C’était en effet un art sophistique
dont on se servait pour donner à son ignorance ou même à ses artifices
calculés{1143} la couleur de la vérité, de manière à imiter cette méthode de
solidité{1144} que prescrit la logique en général et à en mettre la topique à
contribution pour faire passer les plus vaines allégations.
Mais, comme il est
très-attrayant de se servir de ces connaissances et de ces principes purs de
l’entendement sans tenir compte de l’expérience, ou même en sortant des limites
de l’expérience, qui seule peut nous fournir la matière (les objets) où
s’appliquent ces concepts purs, l’esprit court le risque de faire, à l’aide de
vains raisonnements, un usage matériel des principes simplement formels de
l’entendement pur, et de prononcer indistinctement sur des objets qui ne nous
sont pas donnés et qui peut-être ne peuvent l’être d’aucune manière. . Critique de la Raison pure, Emmanuel Kant
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