La feuille de paye et le
caddie, - T – Lionel Fontagné, Sciences Po
Tension perceptible dans l’opinion publique
entre appétence pour la mondialisation et inquiétude devant la montée des
inégalités et des menaces qu’elle fait peser sur l’emploi. La mondialisation a
offert plus d’opportunités, de variété et des prix plus bas, tout en exacerbant
la valorisation des compétences et l’adaptabilité. La feuille de paye et le caddie, Lionel Fontagné
Seulement 42 % des Français jugent la
mondialisation positive ; 75 % pensent qu’elle accroît les
inégalités ; 59 % y voient une menace pour les emplois et les
entreprises. La feuille de paye et le
caddie, Lionel Fontagné
La mondialisation a d’autres dimensions susceptibles
d’affecter l’opinion des citoyens : migrations, circulation des idées,
homogénéisation des modes de vie, impact sur l’environnement. La feuille de paye et le caddie, Lionel
Fontagné
Moins gagner que son voisin, est-ce déjà
perdre ? La feuille de paye et le
caddie, Lionel Fontagné
L’évolution respective des prix des biens
contenus dans le panier de consommation et des salaires détermine in fine
les gains ou pertes de pouvoir d’achat. La
feuille de paye et le caddie, Lionel Fontagné
La « fatigue de la
mondialisation » vient de ce que l’on n’a pas su, ou voulu, redistribuer
vers les perdants : redistribuer les revenus mais surtout
« redistribuer les cartes », c’est-à-dire offrir une formation
complémentaire, un socle de connaissances, de nouvelles possibilités grâce à
des compétences moins spécifiques. Cette « fatigue » a fait passer au
second plan du débat public les bénéfices, diffus mais réels, de la
mondialisation. La feuille de paye et le
caddie, Lionel Fontagné
En France : les villes concentrent les
entreprises les plus productives ; les entreprises les plus productives
exportent ; les gains de la mondialisation sont donc concentrés dans les
villes. La feuille de paye et le caddie, Lionel
Fontagné
La thématique des inégalités territoriales
occupe une place grandissante dans les mouvements sociaux et a pris à
contrepied à la fois les partis politiques et les corps intermédiaires. La feuille de paye et le caddie, Lionel
Fontagné
L’impact de la mondialisation, là où il est
perçu négativement, renforce l’identification à un groupe social (la
« white working class ») et accroît du même coup la demande de
protection par des élus au programme plus clivant La feuille de paye et le caddie, Lionel Fontagné
Les ménages américains s’endetteraient pour
financer un excès de consommation de produits importés, excès qui serait
lui-même financé par l’épargne étrangère : La feuille de paye et le caddie, Lionel Fontagné
Le développement d’internet a réduit à quasiment
zéro le coût de transmission de consignes : la gestion en temps réel de la
complexité d’un bout à l’autre du globe n’est plus limitée que par les
différences de fuseaux horaires. Cela a entraîné une modification en profondeur
de l’organisation des entreprises et des délocalisations de fonctions non
stratégiques La feuille de paye et le
caddie, Lionel Fontagné
Les entreprises ont moins besoin de
certaines catégories de salariés et plus d’autres catégories, et ce à salaire
donné. Les salaires ne sont donc pas en cause, mais des évolutions extérieures
au marché du travail, comme la mondialisation ou le progrès technique. La feuille de paye et le caddie, Lionel
Fontagné
Les deux faces de la mondialisation :
d’importants gains de pouvoir d’achat pour le consommateur, mais un moindre
besoin des entreprises en salariés dotés de compétences spécifiques dans les
secteurs concurrencés par les importations. La
feuille de paye et le caddie, Lionel Fontagné
La France est chaque année relativement plus
petite dans un monde toujours plus grand, et qui grandit plus fortement du côté
des pays à bas salaires vis-à-vis desquels les frictions aux échanges ont été
fortement réduites. La feuille de paye et
le caddie, Lionel Fontagné
Gu point de vue de l’impact sur les
salaires, ce qui compte est moins les produits que l’on importe que le travail
qu’ils contiennent et les tâches que ce travail a nécessitées. La feuille de paye et le caddie, Lionel
Fontagné
Les salaires sont-ils déterminés d’abord par
la qualification, les tâches et l’effort, ou par la géographie La feuille de paye et le caddie, Lionel
Fontagné
Les gagnants de la mondialisation gagnent
deux fois avec la mondialisation : leur salaire augmente parce que le
métier qu’ils exercent est plus demandé et parce que l’indice des prix à la
consommation baisse (même à salaire inchangé, on peut acheter plus de biens et
services). La feuille de paye et le
caddie, Lionel Fontagné
Les perdants de la mondialisation perdent en
salaire : ils doivent accepter un emploi moins rémunérateur, généralement
dans les services, car leur métier, caractérisé par des tâches répétitives et
codifiables, a été remplacé par des machines ou transféré dans des usines
délocalisées ; et même s’ils bénéficient eux aussi de la baisse des prix,
il est probable que cela ne suffira pas à compenser leurs pertes de salaire. La feuille de paye et le caddie, Lionel
Fontagné
Gains et pertes, les premiers compensant ou
non les secondes selon la localisation dans l’espace et la spécificité des compétences
des salariés. Nous comprenons mieux désormais la « fatigue de la
mondialisation ». La feuille de paye
et le caddie, Lionel Fontagné
On obtient une différence de coût du caddie
d’au minimum 100 euros par ménage et par mois en 2010 si l’on remplace les
produits français par des produits fabriqués dans les pays à bas salaires, à
marges constantes des distributeurs. La
feuille de paye et le caddie, Lionel Fontagné
En cas de retour à l’autarcie, les pertes de
pouvoir d’achat seraient quatre fois plus élevées pour les consommateurs
français situés dans la tranche des 10 % des plus bas revenus que pour
ceux appartenant à la tranche des 10 % des plus hauts revenus La feuille de paye et le caddie, Lionel
Fontagné
Ce n’est pas la mondialisation mais le
progrès technique qui est responsable de la dégradation de la situation
relative des « cols bleus », c’est-à-dire des ouvriers non qualifiés,
aux États-Unis. La feuille de paye et le
caddie, Lionel Fontagné
Les importations à bas prix libèrent du
pouvoir d’achat qui peut être utilisé pour partie pour acheter des services
généralement produits en France26. Avec les économies réalisées sur vos
chemises, vous allez dîner plus souvent au restaurant. La feuille de paye et le caddie, Lionel Fontagné
Apparaît que quitter un emploi industriel
pour se réorienter vers les services entraîne une perte conséquente de salaire
réel (de 12 à 17 %, en tenant compte de la baisse du prix du caddie). Ces
pertes sont concentrées sur les salariés échangeant des tâches routinières dans
l’industrie contre des tâches routinières dans les services (quittant par
exemple une chaîne d’assemblage de General Motors pour un emploi de cariste
chez Walmart) : pour ces salariés subissant un déclassement social, le
gain de pouvoir d’achat lié aux importations ne compense pas les pertes de
revenu. Ce sont eux les vrais perdants de la mondialisation aux États-Unis. La feuille de paye et le caddie, Lionel
Fontagné
Les pertes d’emplois touchent
particulièrement les salariés effectuant des tâches routinières, localisés dans
des zones d’emploi spécialisées dans les activités fortement concurrencées par
les pays à bas salaires. Ces impacts négatifs locaux ont pour contrepartie un
gain pour le consommateur, qui profite de la baisse des prix des biens
importés : la mondialisation a des circonstances atténuantes. La feuille de paye et le caddie, Lionel
Fontagné
Ce n’est pas tant la mondialisation qui doit
être accusée que les politiques publiques n’ayant pas su en redistribuer les
bénéfices vers les perdants. La feuille
de paye et le caddie, Lionel Fontagné
La « fatigue de la
mondialisation », thématique porteuse politiquement tant les pertes
induites par la mondialisation sont concentrées et les gains diffus. La feuille de paye et le caddie, Lionel
Fontagné
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire